Avec la montée des idéaux réactionnaires à travers le monde, et surtout au sein des grandes puissances, les vies des personnes trans, déjà menacées, sont de plus en plus en danger. Du duo Trump-Musk aux USA qui signent décrets sur décrets pour interdire à peu près tout et n’importe quoi à celles-ci à Poutine qui envoie directement sa milice dans des bars LGBT+ en passant par Macron qui s’attaque aux personnes trans pour draguer un électorat d’extrême droite dans le cadre des législatives, les puissants, des hommes cisgenres, continuent de déverser la haine anti-trans. Il est temps que cela cesse.

A notre échelle, on souhaite donner ce qu’on peut donner pour défendre la vie et les droits des personnes transgenres. Dans cet article, nous allons donc vous décrire le vécu d’une personne transgenre et vous expliquer pourquoi il faut laisser les personnes transgenres jouer au basketball. Enfin, nous vous démontrerons en quoi les arguments classiques contre cette idée sont faux.

Être une personne transgenre

Quand on parle de personnes transgenres, on parle avant tout de personnes. Ces personnes, comme chacun et chacune d’entre nous, doivent subvenir à leurs besoins dans un système capitaliste vorace où la volonté des ultra-riches à s’enrichir passe au-dessus du besoin de survivre du reste de la population.

Sauf que voilà, être une personne transgenre, c’est un défi supplémentaire monstrueux. Selon une enquête menée en 2021 par l’association FLIRT, 64% des personnes transgenres vivent sous le seuil de pauvreté (soit moins de 1199 euros par mois). De plus, 33% se contente de 600 euros par mois. A titre de comparaison, une étude de 2022 de l’INSEE révèle que 14.4% de la population française vit sous le seuil de pauvreté.

L’écart est très significatif et s’explique par la violence que subissent les personnes transgenres. Et cela, à tous les niveaux. Petite équation mathématique : pour obtenir une bonne paie, il faut les bons diplômes ou la bonne expérience. Pour avoir les bons diplômes, il faut évoluer dans un environnement propice à la réussite scolaire. Pour avoir la bonne expérience, il faut tenir longtemps et avoir les opportunités. Sauf que les personnes trans n’ont rien de tout ça :

  • Selon une étude de l’INED, les personnes trans vivent des violences au sein du cadre familial dans 60.9% des cas. En plus, Arnaud Alessandrin, sociologue spécialiste de la question LGBT, a mesuré un mal-être chez les personnes transgenres dans le cadre scolaire dans 82% des cas, en parlant notamment de défaillance voire d’absence de dispositif face au cas de transphobie à l’école. Tout ça n’est pas vraiment un cadre propice pour la réussite scolaire
  • Pour ce qui est du travail et de l’accès à l’embauche, ce n’est pas beaucoup mieux. En 2014, le gouvernement français a rapporté une étude qui dit que 8 personnes trans sur 10 ont vécu une discrimination à l’embauche. Dans une autre étude du Boston Consulting Group, 72% des personnes trans ont vécu une situation discriminatoire au travail en Europe, soit 19% de plus que le reste des personnes LGBT. Parmi les formes de discrimination, on a le rejet, les moqueries, les insultes ou encore la non-prise au sérieux. C’est une situation de travail désastreuse.

Toutes ces situations sont un vrai problème pour vivre en tant que personne transgenre. Dans une étude de Science de 2020, dans le contexte de la pandémie, les personnes aux revenus les plus bas ont 1.3 à 1.5% de fois plus de risques de vivre la dépression, l’anxiété ou des soucis de santé mentale. Alors dans le cas des personnes trans, qui combinent la pauvreté et la transphobie, c’est 42.9% de probabilité de troubles psychiatriques comparativement à 7.1% chez le reste de la population. Le taux de suicide est d’ailleurs largement supérieur chez elles comme vous pouvez vous en douter.

L’accès au soin est très compliqué. Selon une étude récente, on parle de 60% de personnes trans qui ressentent un malaise face aux médecins. Les raisons sont multiples : de la transphobie médicale, une absence de soutien psychologique notamment.

Légalement, depuis 2019, l’avis d’un psychiatre n’est plus nécessaire (car la transidentité n’est plus considérée comme une maladie mentale) mais dans les faits, énormément de médecins généralistes n’acceptent pas ou prennent énormément de temps pas nécessaire pour donner l’ALD. Certaines études très récentes ont montré qu’offrir du soin (thérapie hormonale) aux personnes transgenres réduit drastiquement les problèmes de santé mentale.

En bref, être une personne transgenre est très compliqué : la violence d’état, la violence médicale, la violence du monde du travail et les problèmes de santé, tout ça mène à des complications.

Personne transgenre et sport comme outils de sociabilisation

Maintenant, on va lier toutes ces problématiques avec la question du sport et du basketball. Selon le site officiel de ministère des sports, de la jeunesse et de la vie associative, on nous dit très clairement que :

En Europe, le sport est reconnu en tant que facteur d’insertion et d’intégration sociale et les pratiques sportives sont des supports essentiels de la vie sociale, source d’engagement et d’épanouissement personnel. Elles peuvent donc constituer des supports éducatifs à part entière.

Selon le gouvernement lui-même, le sport est censé être un lieu de sociabilisation qui est ouvert à toutes et tous et devrait, en théorie, permettre à des personnes transgenres, qui subissent au quotidien des violences de trouver un lieu où elles peuvent tranquillement vivre d’une passion ou même simplement s’amuser sans être jugées.

On a fait un sondage pour savoir où et comment les gens ont découvert le basketball.

Ce que l’on constate en lisant les réponses, c’est qu’il y a énormément de liens, qu’ils soient familiaux ou amicaux, qui ont mené à se rapprocher du basketball. Le problème, c’est comment avoir ces liens quand, comme on l’a cité plus haut, vous avez 60.9% de violences intrafamiliales avec 1 jeunes sur 5 qui finit jeté du domicile familial, 82% de violences dans le milieu scolaire et 80% de violence dans l’espace public.

La deuxième explication qu’on lit beaucoup, ce sont les jeux vidéos. Là encore, c’est très compliqué pour une personne trans d’y avoir accès. Vous avez autant le souci de l’absence de liens familiaux que de précarité, dont on a parlé au-dessus. Au final, l’accès au sport est compliqué mais l’accès à la connaissance et la passion le sont tout autant.

La troisième explication, qu’on lit surtout dans les réponses, c’est les réseaux sociaux. En effet, avec le travail que la NBA fait et le nombre exponentiellement grandissant de comptes, chaînes et sites qui parlent de basketball, ça devient une voie de premier accès pratique. Cependant, on a, là encore, un problème.

On a proposé à des personnes transgenres de remplir un sondage pour cet article et voici les réponses à la question de la transphobie au sein des différentes communautés de fans de sports sur les réseaux sociaux :

Résultat de jugement de la transphobie au sein des communautés fans de sports sur une échelle à 5 réponses

L’échantillon est faible (6 personnes) mais on a :

  • 4 personnes qui estiment que la communauté est transphobe pour la majorité d’entre eux
  • 2 personnes qui estiment que la communauté a pas mal de transphobie intériorisé parmi les comptes connus

C’est plutôt logique comme résultat et pour plusieurs raisons. La première raison, c’est que le milieu compétitif du sport est propice à un environnement à son image, c’est à dire proche du masculinisme et de la prédation naturelle de la compétition. La seconde raison, c’est la transphobie ambiante, autant dans le monde en général que dans le sport amateur et professionnel.

Pour le monde en général, on en a cité dès le départ : Donald Trump, Vladimir Poutine ou Emmanuel Macron sont des exemples de leaders de puissances impérialistes qui aident à la diffusion de la transphobie dans le monde. Evidemment, ils sont aidés par un système médiatique de plus en plus réactionnaire qui fait des personnes transgenres des boucs émissaires, notamment en faisant des analogies plus ou moins assumées entre les personnes trans ou les drag queens avec des pédophiles, une rhétorique qui puise dans les théories des années 70 de Anita Bryant et dans l’Allemagne nazie.

La NBA, logiquement, n’échappe pas à cette amère réalité. Michael Porter Jr, joueur des Denver Nuggets, racontait dans un podcast le fait que certains joueurs côtoient des personnes transgenres de manière sexuelle en les appelant « tranny », un mot profondément péjoratif.

Dans un style différent, Rudy Gobert avait liké un post de Elon Musk qui se moquait ouvertement des personnes transgenres. Si, à l’époque, il avait retiré avant de s’excuser, sa propension à se rapprocher constamment de la sphère libertarienne étatsunienne (comme le tweet en soutien à Robert Kennedy Jr quand il a été nommé au gouvernement avec Musk et compagnie) interroge sur la sincérité de ses excuses, surtout quand on voit comment ce pan de la politique US tend à se radicaliser toujours plus dans la haine des personnes transgenres.

Evidemment, avec la montée en puissance de la WNBA, il est évident que, d’un point de vue médiatique, ça devient la chasse aux sorcières pour trouver qui serait transgenre dans la ligue féminine. Enes Freedom, connu également pour être proche des franges réactionnaires des Etats-Unis, s’est ouvertement opposé au fait que des femmes transgenres jouent en WNBA.

Sur les réseaux, vous avez énormément de théories du complot sur Teaira McCowan, Kalani Brown, Caitlin Clark ou encore la jeune prodige de UCLA Lauren Betts. On reviendra plus tard sur ces cas mais quand tout le monde se met à faire la chasse à la sorcière, en tant que personne trans, vous avez légitimement peur pour votre sécurité.

Jouer au basketball pour une personne transgenre

Allez, soyons sympas avec la société. Partons du principe que malgré tout ça, des personnes trans arrivent à accéder au statut de basketteur ou basketteuse professionnel/professionnelle. Imaginons une personne qui réussit à défoncer toutes les statistiques sociales. Là encore, il y a plusieurs soucis qui ressortent bien dans les témoignages qu’on a pu recueillir. Les questions, en l’occurrence, étaient tournées autour de l’impact de la transition et du traitement d’autrui de la transidentité sur la pratique sportive dans un cadre collectif.

1er témoignage du sondage transidentité dans le sport

Voici un des témoignages qu’on a reçus. Ce témoignage appuis bien sur la peur mais surtout sur sa position genrée en tant que personne trans. Les catégories binaires ayant défini comment fonctionne le sport (même si les règles sont plus souples au niveau amateur), la question de la légitimité est une conséquence logique. En effet, la tendance à expliquer que les femmes transgenres ne sont pas de vraies femmes n’aide pas à trouver sa place. Ici, ça a mené à un changement de sport, passant du football au badminton, un sport de culture plus mixte que le football.

2ème témoignage du sondage transidentité dans le sport

Ici, on a un autre témoignage qui parle notamment du courage de passer d’une catégorie genrée à une autre dans un contexte où les gens vous connaissent. En effet, avec les habitudes ou la non-acceptation, le fait de se faire mégenrer voire appeler par son deadname peut vite arriver. Cette analyse est confirmée par un autre témoignage (affiché ci-dessous) qui mentionne ces faits dans le cadre de la pratique sportive de la personne.

Petit point lexical :

  • Le verbe « mégenrer » fait référence à l’action de parler d’une personne avec le genre non-approprié. Pour prendre un exemple qui parlerait à tous, ça revient à genrer Philippe Poutou en utilisant le pronom « elle », en accordant les adjectifs pour le qualifier au féminin, etc. Pour les personnes trans, c’est une attaque profonde de l’identité qui renvoie à la condition de transgenre en effaçant le genre dont elles se revendiquent.
  • Dans la majorité des cas, les personnes trans changent leur prénom de naissance pour choisir un qui convient mieux à leur identité de genre. Le prénom de naissance devient donc le « deadname ».

Il est important de préciser qu’ici, on a adopte un point de vue très occidentalisé et que cette relation au genre et à la transidentité est très différente dans les autres régions du monde, qu’elles soient africaines, asiatiques, océaniques ou sud-américaines.

3ème témoignage sondage transidentité dans le sport

Si, parfois, ces dynamiques sont liés à une méconnaissance du sujet ou de la maladresse, il est récurrent de voir des attaques verbales voire physiques arriver. Il ne faut pas sous-estimer l’intentionnalité de ces agressions, parfois défendues au prétexte de la compétition et du trashtalking.

4ème témoignages transidentité dans le sport

Enfin, le témoignage nous parle d’un soutien au sein du club après un travail d’éducation au sujet. Cependant, la personne parle aussi d’attaques homophobes et transphobes des équipes adverses. Utiliser la transidentité pour blaguer n’est pas du trashtalking, c’est au mieux une blague de très mauvais goût mal venue et dans la majorité des cas des attaques transphobes.

Les banaliser n’aidera pas à combattre la transphobie, bien au contraire. On notera tout de même un soutien important au sein de l’équipe. Evidemment, on montre ici les différentes problématiques mais toutes les personnes transgenres n’ont pas subi un traitement social inhumain dans le cadre sportif (et heureusement), même si la majorité en subisse malheureusement.

Ces témoignages sont corrélés par des études comme celle de Ipsos qui parle de 67% des personnes LGBT+ qui ont subi une insulte LGBTphobe, une agression qui devient physique pour 44% des personnes LGBT+. Si certaines personnes tendent à individualiser les dynamiques transphobes, il est plutôt issus d’un problème systémique du sport et des communautés sportives. D’ailleurs, c’est à cause des ses problèmes que de nombreux collectifs et associations ont mis en place des clubs de sport LGBT+ un peu partout en France.

Les personnes transgenres dans le sport compétitif

Une fois qu’on a vu ce qu’est la vie d’une personne transgenre et le vécu moyen de celle-ci dans un milieu du sport, on doit parler de la question compétitive. Déjà, faisons le point sur les règles d’accès en vigueur à différents niveaux.

En NCAA, dans la ligue universitaire des USA, il y a eu des premières règles en 2010. Celles-ci permettaient aux hommes transgenres de jouer pour les équipes masculines avec ou sans traitement hormonal. En revanche, c’est plus compliqué pour les femmes transgenres. Avec traitement hormonal, les femmes trans doivent attendre 1 an de traitement de suppression de testostérone pour participer aux matchs des équipes féminines. Sans traitement, les femmes trans n’ont tout simplement pas le droit de jouer dans les équipes féminines.

En 2025, ces règles ont changé avec l’administration Trump. Les nouvelles règles font que tout le monde peut participer dans le sport masculin. En revanche, pour le cas des équipes féminines, c’est très différent. Ni les femmes trans, ni les hommes trans sous testostérone n’ont le droit de jouer les matchs même si ils et elles ont le droit de participer aux entraînements.

Pour le cas des Jeux Olympiques, c’est différent. Le comité appuie ses autorisations et interdictions sur des mesures de taux de testostérone chez les femmes ou les personnes à chromosomes XY avec des variations du développement sexuel. Une personne est éligible si elle possède moins de 5 nanomoles par litre dans le corps.

Cependant, ces techniques posent plusieurs problèmes :

  • Le premier, c’est celui de la mesure de la testostérone qui est probablement la pire mesure possible à prendre. La preuve est que, lors des JO de 2021, 6 femmes ont été interdites à cause de ça (Christine Mboma, Beatrice Masilingi, Caster Semenya, Margaret Wambui, Francine Niyonsaba et Aminatou Seyni). Sauf que problème, elles sont toutes des femmes cisgenres selon la catégorisation en 2 sexes.
  • Le deuxième problème, qui vise plutôt les lois NCAA que olympiques, c’est l’exclusion des personnes intersexes dans les règles. Les personnes intersexes, ce sont des personnes qui ne répondent pas aux catégories sexuelles de la société occidentale. On a vu, par exemple, Imane Khelif, une femme intersexe qui a subit une vague d’attaques honteuse lors des JO en raison de son sexe, malgré le fait qu’elle respectait les lois olympiques sur tous les points.

Car oui, le corps humain est bien plus complexe qu’un modèle binaire. En vérité, même les gens qui parlent au nom de ce modèle binaire ne sont pas d’accord entre eux. Certains défendent l’idée que le sexe est désigné par les organes génitaux, d’autres par les chromosomes et d’autres par les deux. Les personnes intersexes, qui ne rentrent pas dans ces cases-là, représentent environ 1.7% des naissances. A titre de comparaison, les personnes aux yeux verts représentent 2% de la population mondiale et on est entre 1 et 2% pour les personnes avec les cheveux roux. Pourtant, la société ne nie pas l’existence de ces personnes au prétexte de la prétendue faiblesse de l’échantillon.

Ces mesures, donc, ne se reposent pas sur des faits biologiques concrets. Pour 2 raisons, la première c’est qu’il y a énormément de facteurs de décision (testostérone, organes génitaux, gonades, taux d’hormones, etc.) qui sont différents. La deuxième, c’est que des gens ne rentrent pas dans ces cases.

Ces mesures, en réalité, sont fondés sur une vision profondément misogyne de la femme. Si en effet, on a des liens (même si plus mitigé que ce qu’on en dit) entre testostérone et performance sportive, c’est avant tout une vision de la femme qui est défendue. Cette vision de la femme, c’est la défense d’une femme fragile, qui n’est pas forte et surtout qui ne peut pas rivaliser physiquement avec un homme.

Limiter une femme à un certain taux de testostérone, c’est empêcher des profils plus forts d’entrer, même parmi les femmes cisgenres. Les personnes physiquement plus fortes abandonnent la possibilité d’entrer et c’est contraire à l’évolution du sport comme on l’a connait chez les hommes notamment. C’est une mesure excluante pour des femmes, cisgenres ou transgenres, qui ne peuvent pas vivre de leur passion à cause d’un prétexte tout simplement faux.

Mais surtout, c’est une vision transphobe qui est défendue. Le vrai souci de la question, c’est pas l’équité et la justice pour les femmes que les gens défendent. En effet, ces gens qui « défendent les femmes » sont moins bruyants quand il s’agit de défendre l’égalité salariale, les congés menstruels, les victimes de VSS, etc. Ce qui est défendu, c’est plutôt une vision des personnes transgenres : une femme transgenre n’est pas et ne sera jamais une femme à leurs yeux. Or, le genre est une sociabilisation avant de la biologie, une sociabilisation que les personnes transgenres vivent aussi via la transmysoginie.

Du coup, est-ce que les personnes transgenres ont un avantage dans le sport féminin ? C’est certain qu’il y a un avantage (qui, ceci étant dit, est largement atténué de manière rapide par la transition hormonale, que beaucoup de personnes transgenres en occident décident de faire). Cependant, il existe d’autres avantages physiques dans le sport qui ne dérangent personne. On peut citer plusieurs exemples d’avantages qui, pourtant, ne dérangent pas :

  • Il est scientifiquement prouvé que les personnes gauchères ont un énorme avantage dans le sport. Lié à la coordination, l’effet de surprise qu’elles représentent et à la sociabilisation dans un monde pas adapté aux gauchers, les études sur la question sont unanimes. D’ailleurs, on le voit avec James Harden, un exemple typique d’un gaucher qui en joue. Ceci le rend si dominant qu’Harden a fini 11 fois All-Star et 5 fois dans le top 3 du MVP et personne, logiquement, ne le disqualifie par le simple fait d’être gaucher.
  • Autre exemples : comparons Victor Wembanyama (un intérieur de 2m24, plus de 100 kilos, une envergure gigantesque et une mobilité folle pour son physique) et Tyler Herro (1m96 certes mais 88 kilos et une envergure négative). Les deux joueurs ont un écart physique énorme mais surtout indéniable. Pourtant, il viendrait à l’idée de personne de faire une ligue de freak avec Wemby, Amen et Ausar et une ligue de sous-athlète avec Trae, Herro et Maledon.

Dans l’autre sens, imaginons une femme transgenre avec un corps puissant (comme on l’imagine souvent, même si c’est pas vraiment la réalité du terrain), elle aura certes un avantage de force mais se fera avoir en mobilité, en vitesse latérale et pourrait donc devenir un poids en défense (de la même manière que malgré ses mensurations incroyables, Tacko Fall n’a pas fait sa place en NBA).

Au final, on a une politique qui : exclut des femmes cisgenres des compétitions, exclut également les personnes intersexe des compétitions, ne se base sur rien de scientifique et sérieux et défend une vision misogyne de la femme dans le sport.

On peut aussi aller voir quel est le vécu de femmes transgenres du monde compétitif :

  • Hariette Mackenzie est une joueuse universitaire canadienne qui joue à l’université de Vancouver Island University. C’est une personne transgenre qui a transitionné extrêmement tôt et qui n’a pas eu le temps d’avoir une puberté masculine (donc production de testostérone, etc). Cependant, elle subit un gros harcèlement moral et physique par différents coachs adverses et différentes joueuses. Si elle a l’air bien supportée par ses coéquipières, la violence qu’elle subit à fini par la forcer à prendre la parole contre ça.
  • Lexi Rogers est une joueuse australienne qui a tenté de rentrer au sein de la NBL1, ligue semi-professionnelle, mais qui s’est faite refuser l’entrée. La réalité, c’est qu’en plus d’avoir l’interdiction de jouer, elle se retrouve aussi à se faire attaquer de toute part comme dans les commentaires de son interview avec Under The Surface. Ces attaques ne sont pas étonnantes quand on entend les propos d’Andrew Bogut, figure majeure du basketball australien aux idées proches de l’extrême droite.
  • Mais la violence transphobe atteint aussi les femmes cisgenres. On en a parlé plus haut mais beaucoup de femmes cisgenres se font attaquer et « accuser » de transidentité, ce qui donne lieu à une véritable chasse aux sorcières. On peut parler de Teaira McCowan qui est régulièrement suspectée d’être « un homme qui se fait passer pour une femme », reprenant les thèses de l’extrême droite qu’on peut voir chez des personnalités transphobes (mais aussi racistes) comme Marguerite Stern ou Dora Moutot. Dans sa version la plus violente, ces discours font le lien avec des meurtres de femmes cisgenres considérés comme transgenres.

Si on prend la réalité du terrain, les personnes transgenres ne dominent pas des compétitions. Oui, certaines personnes transgenres ont gagné des compétitions, des matchs ou des combats (dans une carrière, ça arrive même à des joueurs et joueuses moyens et moyennes). Mais il n’y a pas de liens prouvés entre les personnes transgenres et la domination dans le sport.

Il faut défendre le droit inconditionnel des personnes transgenres à participer au sport à tous les niveaux. Pour permettre une sociabilisation nécessaire, pour permettre d’aider à la santé des personnes et pour permettre une représentation des personnes trans dans les milieux comme le sport professionnel. Il faut déconstruire les discours faux sur la biologie des sexes mais aussi les relations genrées avec celle-ci. C’est un devoir que l’on a pour faire face à des discours de plus en plus violents.

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