Johnny Green, Pionnier du Dunk

/

Johnny Green n’est pas un joueur de premier plan dans les années 60. Cependant, sans être une star, il est à bien des égards un des pionniers de la grande ligue. Son style de jeu et son parcours singulier font de lui un joueur attachant qui devient un favori des observateurs et des fans de son époque. Pourtant, comme beaucoup de ses contemporains, son nom est aujourd’hui oublié du plus grand nombre, voici son portrait. 

Des débuts tardifs

Nous sommes au début des années 50, Johnny Green étudie au lycée Paul Laurence Dunbar situé à Dayton dans l’Ohio. Parfois, il lui arrive de se rendre dans un YMCA local pour taquiner la balle orange. Malgré son intérêt pour le basketball, il ne cherche même pas à être recruté par l’équipe de son école. La raison est simple, comme il fait moins de 1m80, il estime être trop petit pour prétendre en faire partie.

Une fois son cursus terminé, il travaille dans une casse automobile et sur des chantiers avant d’être appelé à rejoindre les forces armées en 1954. Green rallie un régiment de GI sur la base navale et aérienne de Atasugi pour prendre part au conflit qui oppose les États-Unis et la Corée. C’est là-bas qu’il est l’objet d’une poussée de croissance tardive qui le voit atteindre les 1m96 alors qu’il a plus de 20 ans. Dorénavant, il affiche une carrure qui tape dans l’œil de Tom Foster, l’entraîneur de l’équipe de basketball de la base.

C’est ainsi qu’il commence son apprentissage des rudiments du jeu. Très vite, ses capacités athlétiques impressionnent. C’est un autre coach de la base qui permet à Johnny Green de rejoindre l’université de Michigan State. Dick Evans, coach de l’équipe de football, est un ancien Spartan. Il rédige une lettre de recommandation à la destination de Forddy Anderson, son homologue de l’équipe de basketball de MSU. Johnny profite alors d’une permission pour se rendre sur le campus.

Le premier contact est cordial, et on lui conseille de regrouper son relevé de notes et toute la paperasse administrative nécessaire à son inscription et de revenir à la fin de son service militaire. Janvier 1956, Johnny se présente comme convenu, mais on ne se souvient plus de lui. Forddy Anderson passablement énervé à cause de la défaite de la veille beugle sur tout le monde. Il n’en a que faire de ce jeune venu proposer ses talents. Il demande alors à son assistant de s’occuper de lui afin de découvrir ce qu’il a dans le ventre.

Johnny se retrouve à prendre des tirs sous le regard de Bob Stevens sans en rentrer beaucoup. Puis, il lui fait capter des rebonds et c’est là qu’il est stupéfait par la détente du garçon. Persuadé de tenir une pépite, il accourt vers Anderson et le somme de le suivre à l’étage. Une fois sur le terrain, Forddy Anderson voit Johnny Green attraper un câble situé à 3m65 de hauteur. Sans même chercher à en savoir plus, il demande à son assistant de se renseigner sur ce prodige athlétique et de lui donner tout ce dont il a besoin.

Difficile de dire si cette anecdote est exagérée ou non, mais lorsqu’on observe la hauteur à laquelle s’élève Johnny Green pour capter certain rebond, on se dit que cela ne l’est sûrement pas tant que cela. Pour voir la nouvelle recrue porter les couleurs des Spartans, il faut attendre un an. Green est inéligible et il doit faire preuve de patience, au même titre que toute l’équipe qui sait qu’elle possède un joueur capable de changer beaucoup de choses.

La recrue ne déçoit pas, arrivée après 8 rencontres déjà disputées, il permet à Michigan State de terminer l’année avec un superbe bilan de 16 victoires et 10 défaites. Avant son intronisation dans l’effectif, le bilan est de 4 victoires pour 9 défaites, mais grâce à 12 succès en 13 rencontres, MSU se qualifie pour les phases finales du tournoi NCAA.

Johnny Green au rebond, fait démonstration de sa légendaire détente. © FPG/Archive Photos/Getty Images
Johnny Green au rebond, fait démonstration de sa légendaire détente. © FPG/Archive Photos/Getty Images

Premier round mémorable pour Johnny qui sort un match titanesque à 20 points et 27 rebonds pour vaincre Notre-Dame de deux petites longueurs. Puis c’est l’exploit face au Kentucky du controversé Adolph Rupp. L’entraîneur à la réputation d’être raciste, il se rend pourtant à la fin de la rencontre vers Johnny pour lui dire qu’il aurait aimé l’avoir dans son équipe. Une anecdote qui en laisse plus d’un perplexe, car il faut encore attendre 14 avant que Kentucky ne se décide à signer un joueur de couleur.

Pour le tour suivant, c’est North Carolina qui se dresse sur la route de « Jumpin’ Johnny » et les siens. Une fois de plus, il domine au rebond avec 19 prises, mais MSU s’incline 74 à 70 dans cette demi-finale. C’est une petite soirée au scoring pour lui, avec seulement 11 points, auquel il faut ajouter 7 contres non officiel, mais qui montre bien son impact en défense. Le match anecdotique pour la troisième place face à San Francisco est également perdu, cela reste malgré tout une campagne réussie pour Michigan State et Green en est l’un, si ce n’est, le principal artisan.

Cette première saison à MSU est sa plus belle épopée collective lors de son cursus NCAA. Par la suite c’est individuellement qu’il s’illustre avec 18 points et 18 rebonds de moyenne, et il est choisi par deux fois dans le meilleur cinq majeur de la division Big Ten. Ses qualités athlétiques sont folles, mais sa formation tardive limite son développement. De plus, Michigan State capitalise sur son point fort, le rebond.

C’est donc au poste de pivot qu’il évolue malgré qu’il soit loin de dépasser les deux mètres. La tactique est bonne, après tout il capte presque 18 rebonds par rencontre. Toutefois, cela ne participe pas à faire progresser son tir qui reste son talon d’Achille. An 1959, du haut de ses 26 ans, il est temps pour lui de se présenter à la draft de la NBA, un âge avancé qui ne refroidit pas les New York Knicks qui le sélectionnent avec le 6e choix de loterie.

Johnny Green porté par les fans des Spartans. © 1957 Wolverine Yearbook
Johnny Green porté par les fans des Spartans. © 1957 Wolverine Yearbook

Retard à l’allumage

Le néoNew-Yorkais doit ronger son frein sur le banc de touche des Knicks, barré par son homologue Kenny Sears. Ce dernier est plus expérimenté, plus grand, et surtout beaucoup plus efficace offensivement que Johnny. Malgré tout, il parvient à gratter quelques minutes, 18 pour sa saison rookie et 22 pour la sophomore. Dans ce court laps de temps, il aligne quand même un double double avec 10 points et 10 rebonds de moyenne. Finalement, celui qui lui barre la route vers le cinq de départ devient son meilleur allier.

Kenny Sears, décide malgré les contraintes contractuelles de vendre ses talents à une ligue concurrente, l’ABL. Il obtient gain de cause et file en Californie rejoindre l’équipe basée à San Francisco. La place de titulaire tend les bras à Johnny Green et il saisit sa chance avec brio. Il devient immédiatement All Star lors de cette saison mythique de 1961/62, avec 16 points et 13 rebonds de moyenne en 35 minutes.

Johnny remet ça la saison suivante avec 18 points et 12 rebonds en gardant son statut d’All Star. Malheureusement pour lui, la NBA est comme bien souvent en quête de taille. C’est ainsi que la franchise de la Big Apple décide de signer Bob Boozer et Len Chappell, des gabarits plus imposants qui le relèguent au second plan. Il conserve un rendement conséquent avec 14 points et 10 rebonds par rencontre, mais il ne joue plus que 27 minutes.

© Neil Leifer /Sports Illustrated via Getty Images
© Neil Leifer /Sports Illustrated via Getty Images

La situation s’aggrave encore plus pendant l’exercice 64/65 avec l’arrivée de Willis Reed. Dorénavant, il ne passe plus que 22 minutes sur le terrain. Malgré tout, il parvient à être choisi pour l’All Star Game alors qu’il ne tourne qu’à 11 points et 7 rebonds de moyenne. C’est la blessure de l’ailier des Celtics Tom Heinsohn qui lui permet d’obtenir cet honneur, mais cette sélection demeure une anomalie.

Les New York Knicks sont catastrophiques depuis plusieurs saisons, mais en 1965, la providence semble pointer le bout de son nez. Walt Bellamy n’est plus désiré à Baltimore, car il vient d’en finir d’agacer tout son monde et les Bullets décident de le transférer. Johnny Green fait alors partie du package pour recevoir la bête et le voilà donc sur le départ. C’est le début de sa traversée du désert.

Un succès, une reconnaissance, qui n’arrive pas

Les Bullets se sont débarrassés de Bellamy, mais cela ne veut pas dire que la place est libre dans leur raquette, bien au contraire. Puisque sur le poste d’ailier fort, on trouve deux pointures avec Bailey Howell et Gus Johnson. Green voit son temps de jeu rester le même que lors de sa dernière saison avec les Knicks et affiche le même rendement. Cependant, la blessure de Gus Johnson à l’entame des playoffs lui permet de retrouver un statut de titulaire. Avec 14 points et 9 rebonds en 32 minutes, et comme à son habitude, Johnny a saisi sa chance.

Cela n’empêche pas les Saint-Louis Hawks de Bill Bridges de s’imposer. Baltimore vient de faire une saison encourageante avec 38 victoires. Mais comme à chaque fois depuis leur arrivée dans la ligue, les Bullets vont faire preuve d’instabilité. La star Howell s’en va et trois coachs différents se succèdent pour un bilan final bien triste de seulement 20 victoires.

De son côté, Johnny déprime sévère, car il ne passe plus que 15 minutes sur le terrain. Gus Johnson est de retour et il en a fini avec ses pépins physiques. Puis, Ray Scott en provenance de Detroit s’installe dans le cinq majeur. Les deux ailiers combinent 40 points et 25 rebonds de moyenne, la présence de Green ne semble plus nécessaire. C’est d’ailleurs confirmé dès la fin de saison lorsque les Bullets décident de le placer sur la liste des joueurs disponible pour la future draft d’expansion.

Deux nouvelles franchises font leur apparition en 1967, les San Diego Rockets et les Seattle SuperSonics. Bien souvent, se retrouver dans une équipe d’expansion est synonyme de saison compliquée avec peu de victoires à la clé. C’est pour beaucoup une situation peu enviable, mais qui ne semble pas perturber Johnny Green qui prend cela avec philosophie.

Un joueur peut envisager une expansion de deux manières. Pour certains, c'est décourageant. Vous savez que vous allez perdre. Je ne vois pas les choses de cette façon. Les perdants peuvent faire des ajustements. Pour moi, l'expansion est une pause, une opportunité d'atteindre mes capacités. S'asseoir sur le banc est la pire chose qui soit. Je voulais jouer. Je savais que je n'étais pas fini. Quand je suis allé à San Diego, j'ai joué 35 minutes par match.

Le bilan de Johnny Green avec les San Diego Rockets est de 12 victoires pour 30 défaites. Car oui, il ne participe qu’à 42 rencontres pour sa nouvelle franchise qui sans lui termine l’année avec 3 succès pour 25 revers. De l’autre côté du pays, les champions en titre recherchent un intérieur pour compléter leur effectif. En effet, les Philadelphia Sixers de Hal Greer et Wilt Chamberlain manquent de profondeur sous le cercle. En cas de blessure, la possibilité de jouer à nouveau le titre serait compromise.

Johnny Green retrouve le sourire, il vient d’être transféré dans une équipe capable de remporter la compétition, le rêve de tout athlète selon lui. Mais une fois de plus, sur les ailes se trouvent des partenaires envahissants qui ne lui laissent que des miettes. Il ne prend part qu’à 10 minutes de jeu chaque soir, barré par Luke Jackson et Billy Cunningham. Ce dernier se blesse après trois rencontres lors des phases finales. Johnny comme toujours voit son temps de jeu augmenter pour atteindre 18 minutes. Comme toujours, il saisit cette opportunité et offre de bons passages à son équipe avec 8 points et 6 rebonds de moyenne.

Hélas, les Sixers s’inclinent en sept matchs face aux Boston Celtics et les solides performances de Johnny Green ne lui servent pas à faire son trou dans l’effectif. Pourtant, le géant Chamberlain s’en est allé en Californie pour rejoindre Elgin Baylor et Jerry West dans la cité des anges, de quoi libérer de l’espace. Mais Billy Cunningham est en embuscade et saute sur l’occasion pour devenir titulaire alors que Luke Jackson se mue en pivot. Puis, pour des raisons de gabarit, Jack Ramsay, entraîneur de Philadelphie, préfère donner du temps de jeu à l’intérieur d’expérience de 2m08 fraîchement recruté, Darall Imhoff.

via nasljerseys.com

Johnny se retrouve à nouveau en bout de banc, à peine 10 minutes de jeu dans cette équipe qui sans Wilt Chamberlain ne peut plus nourrir d’espoir de titre. De plus, les Sixers ont besoin de faire de la place dans leur roster à l’aube de la prochaine saison qui se profile. Jack Ramsay contacte Johnny pour lui apprendre qu’il est coupé, c’est un véritable choc pour cet athlète qui a désormais 36 ans. Pour lui les choses sont claires, aucun club ne va lui proposer un contrat.

Plus un joueur est vieux, plus son allocation de retraite est grande. La dernière franchise pour laquelle il évolue paie la totalité de cette pension. Signer quelqu’un de son âge est un risque trop élevé, mais Johnny Green sait qu’il en a encore sous la semelle. Il est même prêt à tenter de rejoindre l’ABA s’il le faut.

Mieux vaut tard que jamais

Quand la chance ne veut plus vous sourire, c’est peut-être le moment d’abandonner, ceci est inconcevable pour Johnny Green qui décide de provoquer la sienne. Il envoie des courriers à plusieurs franchises afin de proposer ses services, une seule d’entre elle accepte de voir le vétéran à l’œuvre.

Bob Cousy, l’ancien magicien des Boston Celtics, vient de prendre les commandes des Cincinnati Royals au poste d’entraîneur. Au départ, il promet d’offrir de la jeunesse à cette franchise qui pédale dans la semoule depuis bien trop longtemps. Il a en horreur Jerry Lucas et il ne souhaite pas conserver Oscar Robertson qu’il trouve trop vieux pour mener une équipe au jeu rapide comme il se l’imagine. Il doit attendre pour se débarrasser du Big O qui a posé son veto, mais ce n’est pas le cas de Jerry Lucas.

Bob Cousy veut à tout prix se séparer de son ailier fort qu’il juge trop lent et trop mou, il a besoin d’une solution de repli et la candidature de Johnny Green tombe à pic. Il convoque ce dernier pour un work-out de 15 minutes. C’est largement suffisant pour convaincre Houdini. Les qualités athlétiques du vétéran sont toujours aussi incroyables malgré les années passées, et elles sont parfaites pour ce coach qui désire faire courir ses joueurs.

Johnny Green vient d’arracher un nouveau contrat et même mieux que cela. Jerry Lucas est envoyé chez les San Francisco Warriors après seulement quatre rencontres, et laisse vacante sa place de titulaire qui revient de fait à Johnny. Après tant d’années, le voilà enfin à nouveau pensionnaire d’un cinq majeur. Bien entendu, comme vous l’avez sûrement deviné, il saisit cette chance sans décevoir.

via nasljerseys.com

Ses espérances vont même être dépassées puisqu’il est en passe de recevoir une reconnaissance qu’il a perdue depuis longtemps. Le bondissant vétéran aligne 16 points et 11 rebonds de moyenne à 56 % de réussite aux tirs alors qu’il a désormais 36 ans. C’est une performance qui ne laisse pas indifférents les fans et les observateurs qui font de lui leur chouchou. Les résultats collectifs sont anecdotiques, mais ce n’est pas grave et il conserve sa place de titulaire pour la saison 1970/71 à venir.

Tiny Archibald et Norm Van Lier sont pour lui de véritable rampe de propulsion sur contre-attaque qu’il conclue bien souvent par un dunk tonitruant. Johnny s’éclate avec les Royals et il fournit 17 points, 9 rebonds chaque soir à 59 % de réussite aux tirs. C’est ainsi qu’il redevient All Star à 37 ans, c’est la première fois de l’histoire de la ligue, qu’un joueur avec un âge aussi avancé reçoit cette distinction.

Le championnat et ses acteurs redécouvrent ses qualités comme s’il était un jeune rookie fraîchement débarqué de NCAA. Les années n’ont pas d’emprises sur ses capacités athlétiques, sa vitesse et sa détente semblent toujours intactes. S’il n’est pas un grand shooteur, il reste un rebondeur exceptionnel et sa verticalité en laisse plus d’un sur le carreau. Dave DeBusschere, élu quatre fois meilleur défenseur de la NBA par les entraîneurs, en témoigne.

 C'est difficile de le décrire. Il est rapide et dangereux alors qu'il a 37 ans. Il est phénoménal. Il est tellement efficace autour du panier. Il est vraiment difficile à défendre. Je n'aime pas ça.

Cependant, le temps fait son œuvre et Johnny Green décline logiquement bien qu’il garde un rôle d’importance dans la rotation des Royals. Il offre encore une vingtaine de bonnes minutes de jeu à son club pour ses deux dernières saisons avec environ 9 points et 6 rebonds de moyenne. Les Royals deviennent les Kings et évoluent désormais à Omaha et Kansas City. Si la direction artistique de la franchise change, les résultats restent décevants.

Johnny Green ne participe à aucune campagne de playoff avec les Royals, mais il s’est retrouvé un endroit pour briller une ultime fois. Il quitte le monde du basketball professionnel à 39 ans avec la tristesse de ne jamais avoir remporté un championnat, mais avec le sentiment d’avoir tout donné.

Johnny Green, stats et profil

Lors de cette période du Run & Gun, les stars de la ligue passent beaucoup de temps sur le terrain. Ainsi, elles participent à un nombre bien plus élevé de possessions que les vedettes du basketball moderne. Cette caractéristique fausse la vision du rendement de ces joueurs et peut causer des erreurs d’appréciations.

Ce n’est pas le cas pour Johnny Green, car son temps de jeu reste bien souvent raisonnable. Au cours de de la saison 62/63 et 69/70 (ses pics statistiques), il enregistre 15 points et 10 rebonds de moyenne. Lorsqu’on aligne ses chiffres sur 75 possessions, ses stats se voient revues légèrement à la hausse, mais s’il ne cumule pas plus de minutes c’est à raison. Sa verticalité fait de lui un rebondeur de premier plan, mais il demeure un joueur fruste en attaque.

Sa rapidité lui permet de conclure des fast breaks et de prendre certains de ses adversaires de vitesse, mais son shoot reste perfectible. Lors de la saison 1962/63, il est très bon, mais il n’est pas si efficace que cela avec seulement 1,15 points/tirs tentés. Avec l’âge il apprend à jouer sur ses qualités et pendant l’exercice 1969/70 il score avec plus de réussite en inscrivant 1,42 points/tirs tentés.

Comme le souligne Dave DeBusschere, c’est autour du cercle que Johnny Green est le plus dangereux. Cela en est fini des tirs à hautes prises de risques comme en est la coutume au début des années 60, cette période où même les piètres shooteurs tentent leurs chances, que le tir soit ouvert ou non. C’est aussi de cette manière qu’il a impressionné son monde dans ses vieux jours en étant l’intérieur le plus adroit de la ligue avec pas loin de 60 % de réussite.

Johnny Green est aussi dépeint comme un défenseur très actif et spectaculaire. Avec sa verticalité, les contres sont nombreux, mais à regret non comptabilisés. Une détente qui fait de lui le leaper originel de NBA, un dunkeur remarquable grâce à sa capacité à écraser le ballon appel deux pieds, un fait vraiment rare pour un joueur de sa taille à cette époque. Il est également décrit comme hyperactif, recherchant sans cesse à couper les lignes de passes pour intercepter la balle.

Duel en haute altitude entre Johnny Green et Wilt Chamberlain. © Getty Images

Il est possible de trouver de nombreux ailiers forts qui alignent le même rendement statistique, mais le comparer avec tel ou untel n’a pas de sens. Sa taille fait qu’il est un joueur vraiment particulier et difficile de retrouver dans l’ère moderne. Mais dans l’idée, c’est un poste quatre, sous-dimensionné, rapide et spectaculaire, adepte de dunks et de contres tonitruants.

Bien qu’il soit un athlète de premier ordre, il lui manque bien des armes pour s’imposer comme un des tops intérieurs des années 60. C’est pour cela qu’il traverse des moments compliqués, barrés par des ailiers forts plus talentueux offensivement. Johnny Green se serait bien vu évoluer avec les Boston Celtics. Dans cet effectif au jeu basé sur la course, en compagnie de Bob Cousy ou K.C Jones, sa vitesse et sa détente auraient eu de quoi faire des ravages. De plus, il avait largement les capacités défensives pour s’incorporer à merveille dans le collectif bostonien.

Le coaching dans le plus pur style Run & Gun de Bob Cousy avec les Kings, lui permet de redevenir performant dans ses vieux jours. Néanmoins, on peut totalement lui concéder qu’un rôle à la Satch Sanders dans un club de premier plan aurait été parfait pour lui. Johnny Green n’aura cependant jamais cette chance. Il passe le plus clair de son temps dans des équipes sans ambitions, ce qui lui offre l’occasion d’avoir parfois de belles statistiques, mais qui le prive quasi systématiquement de jouer les playoffs.

Conclusion

Johnny Green c’est un peu le lapin blanc dans Alice aux pays des merveilles, toujours en retard. Il fait une poussée de croissance tardive, il commence le basketball à plus de 20 ans, se fait drafter en NBA à 26 ans, et reçoit un succès d’estime à 37 ans. Toutefois, cette tendance à être à la bourre, ne l’empêche pas d’être d’une certain façon, un précurseur.

Si un joueur comme Wilt Chamberlain martyrise les arceaux au début des années 60, il faut se rappeler qu’il mesure près de 2m20. Celui qu’on surnomme « Jumpin Johnny Green » est lui un pionnier chez les petits gabarits. Elgin Baylor est souvent cité comme étant le premier joueur aérien de NBA, il ne peut cependant pas rivaliser avec les envolées réalisées par Green. Gus Johnson, Tom Hawkins et Joe Caldwell sont comme lui, les pères fondateurs oubliés de la confrérie des dunkeurs fous de NBA.

Autre aspect qui fait de lui un pionnier, son rendement d’All Star alors qu’il a 37 ans. Il est, en quelque sorte, le premier vieil homme de la NBA. Il est celui dont le temps n’a pas altéré le physique et dont les journalistes n’ont de cesse de rappeler l’âge. Tous les articles le mentionnent dans leurs titres, il devient « Johnny Green the old man of the NBA ». Il faut attendre 1977 pour voir John Havlicek être également All Star à 37 ans, et ensuite aller jusqu’à la saison 1984/85 pour que Kareem Abdul-Jabbar fasse de même.

Sans être un grand nom de l’Histoire de la NBA, Johnny Green a quand même marqué les années 60, il lui a juste manqué une qualité, la ponctualité. S’il est souvent en retard, c’est à cause de la seule chose qu’on peut lui reprocher, son manque de confiance lors de son adolescence. Si seulement il avait osé rejoindre l’équipe de son lycée. Imaginons ce jeune garçon de moins de 1m80 apprendre les rudiments du poste d’arrière dès son plus jeune âge. Puis grandir pour atteindre presque deux mètres avec des qualités athlétiques largement au-dessus de la moyenne de sa génération. Je ne suis pas un grand fan des « what if », mais celui-ci me plaît beaucoup.

C’est enfin Michigan State University qui tarde à l’intronisé dans son Hall Of Fame, puisqu’il doit attendre 1992 pour que son maillot soit retiré. Son jersey trône fièrement à côté de celui de légendes comme Scott Skiles, Steve Smith, Draymond Green ou encore Magic Johnson. Johnny Green c’est bien plus qu’un simple role player des années 60, c’est l’archétype du joueur spectaculaire et du professionnel dévoué. Il reste dans l’histoire comme un athlète extraordinaire à la longévité hors du commun, un favori du public, une vraie légende de la NBA et un pionnier du dunk.

Richard DRIE

43 ans - Rédacteur - Contrairement à ce qui se raconte, je n'ai pas côtoyé George Mikan. Mais je m'efforce de raconter du mieux que je peux l'histoire de la NBA. Avec un gros penchant pour les années 60 et 70. Le bon vieux temps des moustaches et des shorts courts.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.