Il n’y a plus de débat, Victor Wembanyama a tué la course pour remporter le titre de rookie de l’année. La hauteur de ses exploits pousse à se poser la question : Victor Wembanyama réalise-t-il la meilleure saison rookie de l’histoire ?
Pour répondre, on va utiliser huit des meilleures saisons rookie pour en tirer les leçons du passé et comparer avec la saison de Victor.
Les 8 dossiers suivants sont classés dans un ordre croissant chronologique.
Wilt Chamberlain (1959-1960)
Alors qu’il vient de passer une année avec les Harlem Globe Trotter, Wilt Chamberlain est choisi par les Philadelphia Warriors grâce au territorial pick. Pour sa première saison en NBA, Wilt pose les bases de sa future carrière avec des statistiques hors du commun et inatteignable : 37.6 points, 27 rebonds et bon nombre de contres non comptabilisés à l’époque. Il réalise un exploit en finissant MVP de la ligue devant Bill Russell, chose qui ne sera reproduite que par Wes Unseld en 1968 (dont on ne développera pas la saison rookie).
Du côté collectif, son équipe engrange 17 victoires de plus que l’année précédente, mais échoue en finale de la division est, face aux Celtics, futur champion en titre. Même si c’est une autre époque et qu’il n’y a que 8 équipes en NBA, il ne faut pas absolument pas minimiser la performance de la saison rookie de Wilt.
Lew Alcindor (1969-1970)
Quand arrive la draft 1969, tout le monde sait que Lew Alcindor sera choisi en première position. Durant les trois années précédentes, il vient de gagner le titre universitaire avec UCLA tout en étant élu meilleur joueur NCAA. A l’époque le choix du l’équipe qui aura l’honneur de drafter en première se décide sur un simple pile ou face. Ce sont les Milwaukee Bucks qui remportent le gros lot, eux qui ne sont présents dans la grande ligue que depuis une petite saison, et qui choisissent logiquement Lew Alcindor, futur Kareem Abdul-Jabbar.
L’impact est immédiat, l’équipe des Bucks gagnant 29 victoires de plus que la saison précédente avec un bilan de 56 victoires pour 26 défaites. Alcindor a des moyennes époustouflantes avec 28.8 points, 14.5 rebonds, 4 passes en sachant que les contres ne sont toujours pas comptabilisés. Il est All-Star, a sa place dans une All-NBA 2nd team et termine troisième du vote MVP. Cette saison est également marquée par l’arrivée du skyhook, l’un des mouvements les plus iconiques de la NBA qu’il a développé après que la NCAA interdise le dunk car Alcindor était trop dominant.
Earvin « Magic » Johnson (1979-1980)
Magic est drafté en première position de la draft 1979 par les Los Angeles Lakers, équipe ayant déjà gagné 47 matchs la saison d’avant et mené, entre autres, par un certain Kareem Abdul-Jabbar de 31 ans. Lors de son arrivée, Magic rayonne dans le jeu avec 18 points, 7.3 passes et 7.7 rebonds. Point important de ce dossier, il n’est pas élu Rookie of the Year mais est tout de même dans le 5 majeur du All-Star Game. Ce qui compte le plus ici, c’est ce que va faire Magic en playoffs au sein de son équipe des Lakers.
Los Angeles va jusqu’en finale et affronte les Philadelphia Sixers. Après 5 matchs, le score est de 3 à 2 pour l’équipe californienne qui vient de perdre, sur blessure, Kareem Abdul-Jabbar le meilleur joueur de la série avec 33 points et 14 rebonds. Magic a l’idée de jouer pivot pour le remplacer et convainc son coach Paul Westhead de le faire joueur à ce poste. Le pari est risqué mais il est surtout gagnant. Le rookie termine la série avec 42 points, 15 rebonds et 7 passes décisives. Ce match est le meilleur match par un rookie de toute l’histoire. Il lui permet également d’être élu MVP des finales, inédit pour un rookie, et donc d’être champion NBA dès sa première année.
Larry Bird (1979-1980)
Si Magic Johnson n’est pas élu rookie de l’année c’est parce que Larry Bird gagne le trophée marquant le début d’une décennie de rivalité en NBA. Larry est drafté en 6ème position de la draft 1978 mais ne signe son premier contrat qu’en juin 1979 car il avait promis à sa mère de qu’il ne quitterait sa fac d’Indiana State qu’après-avoir reçu son diplôme. Avec 21.3 points, 10.4 rebonds, 4.5 passes il est lui aussi présent au All-Star Game et il s’impose déjà comme le meilleur joueur de cette équipe des Celtics.
Mais le plus impressionnant est l’impact collectif qu’a Larry. Sur la saison 1979-1980, Boston gagne 61 matchs, soit 29 de plus que la saison précédente. La force individuelle de Bird et collective des Celtics permet au rookie de finir 4ème du vote MVP et d’honorer une place dans la All-NBA 1st team. Dès sa première saison NBA, Larry Bird incarne le nouveau chapitre des Celtics pour la décennie 1980 et le visage de la NBA avec son rival de toujours Magic Johnson.
Michael Jordan (1984-1985)
Jordan séduit l’ensemble de la sphère NBA et on assiste dès sa saison rookie à la naissance d’une superstar. Pour le All-Star Game, les fans votent en masse pour lui et il est titulaire du match aux étoiles. La légende raconte que MJ payait une amende de 5000 dollars à chaque match, car il portait une paire de Air Jordan 1 Bred rouge et noir, ne respectant pas les codes imposés par la NBA.
Bien que la vérité soit certainement différente, Nike qui a réussi à signer le joueur en 1984, utilise cet élément pour en faire du marketing. Cette paire devient une sorte de symbole de rébellion, ne coûtant, au début, que 65$ et devenant la chaussure à la mode avec environ 60 000 paires de Air Jordan Bred 1 vendues dans les premiers mois de l’année 1985. Grâce à ce coup marketing et au talent de Michael Jordan, il devient dès la saison 1984-1985 une icône de le NBA.
À la fin de sa saison, Jordan, au total, celui qui marque le plus de points sur la saison NBA. Il a des moyennes statistiques de 28.2 points, 6.5 rebonds, 5.9 passes, termine 6ème au vote de MVP et est titulaire de la All-NBA 2nd team. Du côté du bilan collectif, les Bulls, une équipe très moyenne jusque-là et passent de 27 à 38 victoires. Ils se qualifient en playoffs pour s’incliner au premier tour, les joueurs autour de Jordan ayant un niveau trop faible pour espérer quoi que soit dans le début de carrière du célèbre numéro 23.
David Robinson (1989-1990)
Avec le premier choix de la draft de 1987, les San Antonio Spurs sélectionnent David Robinson. Ce dernier a un déjà un engagement avec l’US Navy le forçant à passer deux années dans la marine américaine, qui lui vaudra le surnom d' »Amiral ». Robinson joue alors son premier match en octobre 1989 et est possiblement déjà le joueur le plus athlétique de la ligue. Ses qualités physiques lui permettent d’être un défenseur et un contraire hors pair. Pour preuve, les Spurs ont le 3ème defensive rating de toute la ligue cette saison. Mais attention, David Robinson brille aussi en attaque. Sur sa première saison sa ligne statistique est de 24.3 points, 12 rebonds et 3.9 contres. Il fête une première sélection de All-Star et termine la saison 6ème du vote MVP ainsi que dans la All-NBA 3rd team.
L’impact sur l’équipe est colossal. L’année précédente, les Spurs ne gagnent que 21 petits matchs alors qu’après l’arrivée de l’amiral, ils en engrangent 56 faisant un différentiel de 35 victoires. De plus, les Spurs vont jusqu’en demi-finale de la conférence ouest, perdue 4 à 3 face aux Portland Trail Blazers. Dès sa première saison, David Robinson s’impose à San Antonio, où il sera le meilleur joueur et une première pierre de la dynastie Spurs jusqu’à l’arrivée d’un certain Tim.
Shaquille O’Neal (1992-1993)
Sorti de la fac de LSU, Shaquille O’Neal est choisi en première position de la draft 1992 par le Orlando Magic, franchise présente en NBA depuis 1989 seulement. Très rapidement le Shaq régale : des paniers cassés, de la vitesse, de la puissance, de la domination physique, en bref un showman qui devient le chouchou du public. Il est le pivot qui récolte le plus de voix (826 727 votes) pour être titulaire au All-Star Game, devant David Robinson, Hakeem Olajuwon ou encore Patrick Ewing.
Pour résumer, O’Neal montre qu’il sera le prochain joueur dominant de la NBA avec 23.4 points, 14 rebonds et 3.5 contres et une 7ème place du vote MVP. Le Magic passe de 21 à 41 victoires et l’arrivée du Shaq place enfin Orlando sur la carte NBA, qui jouera ses premières finales 3 ans plus tard avec l’arrivée de Penny Hardaway.
Tim Duncan (1997-1998)
Lors de la saison 1996-1997, les Spurs ont un bilan famélique de 20-62, notamment à cause d’une blessure de David Robinson qui lui fera manquer 76 matchs. La franchise hérite du premier choix et cette année-là tout le monde sait que le choix numéro sera Tim Duncan qui vient de passer 4 années à Wake Forest à dominer la NCAA. Et pour sa saison rookie, Tim forme le meilleur duo intérieur de NBA avec un David Robinson vieillissant mais toujours aussi performant. Si Duncan hérite du surnom The Big Fundamental c’est que son jeu utilise des mouvements, en apparence, simple mais qui sont si létaux. Son mouvement le plus symbolique : le tir à 45° avec la planche, indéfendable.
Les Spurs gagnent 36 matchs de plus par rapport à l’année précédente et vont jusqu’en demi-finale de conférence perdue face au Jazz. D’un point individuel, Tim Duncan marque 21 points, prend 12 rebonds et bloque 2.5 tirs. Il est All-Star, termine 5ème du vote MVP et 5ème du vote pour le DPOY, et est présent dans la All-NBA 1st team et la NBA All-Defensive 2nd Team. Sa saison rookie donne le ton d’une longue carrière remplie de régularité et de titres NBA avec les San Antonio Spurs.
Mentions honorables : Oscar Robertson (en quasi triple double pour sa première saison) et Wes Unseld (MVP de la ligue avec 14 points et 18 rebonds)
On peut maintenant dégager des points communs que l’on retrouve plus ou moins dans chaque cas :
- des récompenses individuelles : All-Star, des votes de MVP ou de DPOY et une place dans All-NBA Team.
- des statistiques excellentes : la comparaison des statistiques entre époques est difficile, surtout que les statistiques avancées sont difficilement trouvable pour les époques les plus anciennes, mais tous ces rookies ont déjà une ligne statistique bien au-dessus la moyenne.
- une amélioration directe des résultats collectifs. Ce point est le plus injuste, car dépend fortement de l’équipe déjà en place au moment de la saison rookie. D’ailleurs la détermination du ROY ne tient pas compte de l’aspect collectif mais si l’on veut discuter de la meilleure saison rookie de l’histoire, cet aspect doit, un minimum, peser dans la balance. On peut ajouter que ces joueurs sont des symboles du renouveau de leur franchise. Ce point peut sembler contradictoire car se fait a posteriori de la saison rookie, mais il influe plus ou moins consciemment dans notre perception d’une première saison.
- une domination quasi totale d’un aspect du jeu : le physique de Shaq, Wilt ou Robinson, la défense de Duncan, le scoring de Jordan…
- une explosion médiatique
- une impression visuelle
La saison rookie de Victor Wembanyama
Les points positifs :
- Des statistiques à foison. Les statistiques brutes de sa saison sont les suivantes : 20.7 points, 10.4 rebonds, 3.5 passes, 3.5 contres, 1.3 interception à 51.5 % d’eFG. Mais il y a un aspect que je n’ai pas affiché dans la présentation des différents dossiers, c’est le nombre de minutes jouées. La plupart sont a minima 36-38 minutes par match, quand Victor ne joue que 29 minutes par match. Et simplement en utilisant les statistiques par 36 minutes, le français est à 25.8 points, 13 rebonds, 4.3 passes, 4.3 contres et 1.6 interception.
- Des matchs références. Sur cette saison Wemby a déjà fait un triple double avec des contres et un triple double avec des passes. Ses records en carrière sont déjà meilleurs que l’écrasante majorité des joueurs NBA : 38 points (face aux Suns le 2 novembre), 20 rebonds (face aux Bulls le 20 décembre), 10 passes décisives (face aux Pistons le 10 janvier), 10 contres (face aux Raptors le 12 février). On ne compte plus le nombre de fois où l’on a vu des tweets annonçant que Victor avait fini un match avec des statistiques jamais réalisées. Bien que cette tendance est parfois ridicule avec des chiffres capillotractés, elle montre bien le niveau auquel Victor joue.
- Une élite défensive. Dans un premier temps, il est leader statistique en contres par match et est leader en block percentage. Ensuite, sa dissuasion est hors du commun, et il n’est pas rare de voir les attaquants ne même pas regarder le cercle quand Wemby est face à eux. L’impact défensif est plus difficilement mesurable par les statistiques avancées, mais la différence quand il est présent ou non sur le terrain (on/off diff) est flagrante, où l’on voit que la présence du pivot réduit les chances de réussites aux tirs, notamment ceux proche du cercle.
Depuis le All-Star Game, quand il est sur le terrain les Spurs ont le 1er rating défensif, mais dès qu’il sort, l’équipe a le 28ème rating. De fait, l’alien aura des votes pour le DPOY et il est, à l’heure actuelle, favori pour terminer deuxième du podium juste derrière Rudy Gobert.
- L’impression visuelle. On ne le répétera jamais assez mais on a jamais vu un joueur avec ce corps avoir une telle mobilité. Il a un handle et une gestuelle de tir d’arrière, une capacité à faire des passes de haut niveau, une envergure de bras lui permettant de tirer dans n’importe quel endroit du parquet, bref il faut regarder Victor jouer au basket.
- Le nouveau visage des San Antonio Spurs. Comme à l’époque de David Robinson et Tim Duncan, certains y voit un signe d’un éternel recommencement avec un intérieur numéro 1 de draft qui domine à San Antonio … en espérant que Wemby ait, au moins, la même carrière. On débat parfois sur qui sera le nouveau visage de la NBA quand la génération des KD, LeBron et autre Curry seront définitivement hors de la NBA. Et bien Victor Wembanyama est l’une des réponses.
- Une star médiatique. À la mi-saison, la NBA annonce quels maillots ont été les plus vendus et le numéro 1 des Spurs est en 4ème position juste derrière Curry, Tatum et LeBron James, signe de son impact médiatique et marketing dans le monde. Mais son ultra médiatisation n’a pas commencé depuis octobre. La saison précédente, la NBA avait acheté les droits des matchs des Mets 92 et avant la draft il avait lancé la première balle d’un match des Yankees. Avant même ses premiers pas en NBA, Nike a signé le garçon pour sortir la Nike G.T. Hustle et il est maintenant affilié avec la marque de luxe Luis Vuitton. Dans une autre époque, où l’influence et la pression médiatique sont des poids supplémentaires, Victor Wembanyama gère parfaitement cette charge. Il suffit d’écouter ses interviews pour comprendre la maturité qu’il a malgré son jeune âge.
Les points négatifs :
- Pas de sélection au All-Star Game. « Seulement » 8ème du vote des fans pour les forwards à l’ouest et 8ème des rangs selon les joueurs, le dossier Wembanyama n’a pas suffit pour faire partie des 12 privilégiés de la conférence ouest. Il a tout de même participé au All-Star weekend, en se faisant éliminer dès le premier match des rookies et en participant au Skills Challenge avec un Anthony Edwards qui shootait main gauche.
- Un bilan collectif (beaucoup) trop faible. L’équipe des Spurs n’était pas taillée pour viser les playoffs et même si on a pu y croire les 4 premiers matchs, on a vite était déçu. Le français pâtit du fait que les joueurs de son équipe ont mis du temps à correctement le servir. Victor n’a pas été aidé par la décision de le faire jouer avec Sochan en meneur et Collins en pivot. Mais depuis, Wemby a été replacé en poste 5 et joue ses pick and roll avec Tre Jones, on le sent plus épanoui dans le jeu. La saison précédente les Spurs n’ont gagné que 22 matchs et ils ne vont pas en gagner plus cette année. Évidemment la concurrence des équipes NBA est plus féroce qu’à une époque, mais face aux autres dossiers, ce bilan collectif ne dépassant pas les 20 victoires est l’un des plus gros points négatifs pour Victor.
Je ne rentrerai pas dans le débat Holgrem – Wembanyama mais il est certain que s’il avait été dans une équipe performante avec les mêmes prestations individuelles, il aurait plus de chance d’être considéré comme le meilleur rookie de l’histoire.
Les rookies, c’était mieux avant ?
Même si les exemples développés plus haut ne font pas office de classement, on pourrait très bien prendre l’ordre dans lequel les saisons sont présentées et dire que la meilleure se situe au tout début. Ainsi, Wilt Chamberlain serait en première position et la « moins bonne » saison serait celle de Tim Duncan. Dans tous les cas, on voit que les meilleurs saisons rookie sont assez anciennes et qu’il y en a de moins en moins quand on se rapproche de l’époque actuelle. Pire encore, il n’y a aucun nom cité depuis les années 2000, ce qui explique également l’absence de joueur non-américain.
Plusieurs explications possibles. Le niveau moyen du joueur et donc des stars NBA a augmenté. Il est donc beaucoup plus dur de briller dans les distinctions individuelles. Si Wembanyama n’est pas All-Star c’est entre autres parce que la concurrence sur son poste est beaucoup trop féroce. De plus, par définition, les numéros 1 de draft arrivent dans les pires équipes de la ligue, et la concurrence avec les autres équipes empêche un changement radical du nombre de victoires en une année seulement.
Une deuxième observation est l’évolution de l’âge et de la maturité des rookies. Pour donner l’âge des joueurs présents dans cet article : Lew Alcindor 22 ans, Wilt Chamberlain 23 ans, Bird 23 ans et David Robinson 24 ans. Alors certes, cela est parfois indépendant des joueurs, les règles d’éligibilité à la draft ayant évolué depuis et dans quelque cas à cause d’histoire personnelle rallongeant le parcours pré-NBA. Mais aujourd’hui, les meilleurs prospects ont à peine 18 ans, et ne font, le plus souvent, qu’une ou deux années au niveau universitaire ou européen avant de tenter le grand saut NBA.
A l’heure actuelle la plupart de ceux qui font plus de deux années de fac sont mieux préparés pour jouer directement en NBA mais ont un plafond beaucoup plus bas. De fait, la grande majorité d’entre eux ne font pas partie des lottery pick, et encore moins du podium d’une draft. L’exemple parfait est Malcolm Brogdon (36ème choix), élu rookie de l’année en 2017 avec 10 points et 4 passes le tout en sortie de banc et qui a passé 4 ans à la fac.
Sur le site TheHoopsGeek, j’ai pu comparer la distribution du nombre de joueurs en NBA classés selon leur âge. Entre 1951 et 2000, les joueurs âgés entre 18 et 21 ans représente à peine 2% du nombre total de joueurs NBA tandis qu’entre 2000 et 2021, c’est quasiment 10% !
Il est alors beaucoup plus difficile, même pour les numéros 1 de draft de complètement dominer ses opposants, qui sont plus expérimentés.
Alors non les rookies c’était pas mieux avant, mais c’était moins jeune et beaucoup moins des talents bruts qu’il faut polir avec quelques saisons dans les jambes. On peut alors dire que le profil des rookies a légèrement changés depuis quelques décennies, pouvant expliquer cette absence de joueur récent dans les meilleures saisons rookie de l’histoire. Et donc, il faut légèrement changer la question initiale : Wembanyama fait-il la meilleure saison rookie depuis les années 2000 ?
LeBron James (2003-2004)
On a entendu que Victor était le plus grand prospect depuis LeBron James. Et le King a lui aussi assuré pour sa première saison avec Cleveland : 20.9 points, 5.9 passes et 5.5 rebonds dans une période où les équipes n’ont jamais marqué aussi peu de points et à 19 ans seulement. Cependant, son équipe est de piètre qualité et n’a gagné que 17 matchs la saison d’avant. Son arrivée permet d’atteindre les 35 victoires, trop peu pour accrocher les playoffs.
Un des effets de LeBron pour la ville de Cleveland ? Le nombre de spectateurs présents dans la salle passe de 470 000 à 750 000 sur l’année. Et malgré cet amour du public, il n’est pas sélectionné au All-Star Game, ni dans une All-NBA Team (pour la seule fois de sa carrière). Mais le point commun avec Victor, c’est la surmédiatisation et les attentes placées autour de ces jeunes talents, même si cela était encore plus marquant pour LeBron au début des années 2000.
Même s’il remporte le trophée de rookie de l’année, il est tout a fait plausible de dire que Carmelo Anthony fait une meilleure saison et le méritait plus avec les Denver Nuggets
Blake Griffin (2010-2011)
Blake est un « faux » rookie, car il subit une fracture de stress avant le début de la saison 2009-2010, manque l’entièreté de l’exercice et jouera ses premiers matchs en octobre 2010. Ses qualités athlétiques en font un dunkeur hors pair et Timofey Mozgov est l’un des premiers baptisés par Griffin.
Il est choisi par les coachs pour être All-Star et il participe au concours de dunk qu’il remporte en sautant au-dessus (du capot) d’une voiture. De quoi se faire un nom qui marque en NBA et créer une identité pour la franchise des Clippers qui sera surnommé Lob City. Il couple tout cela avec des moyennes de 22.5 points, 12.1 rebonds et 3.8 passes. Cette saison coche quasi-toute les conditions décrites plus hautes, sauf pour le bilan collectif, les Clippers ne gagnant que 32 matchs. La saison rookie de Blake Griffin est parfois oubliée mais elle est exceptionnelle, à tel point que Sports Illustrated le classe parmi les 15 meilleures saison rookies de l’histoire.
Luka Doncic (2018-2019)
Luka a un profil assez similaire à notre Victor national. C’est l’un des prospects les plus attendus, raflant tout en Europe avec l’équipe du Réal. Mais malgré sa domination qui semblait évidente en NBA, il n’est sélectionné qu’en 3ème position par les Mavericks après un échange avec les Hawks.
Doncic devient le chouchou des fans et est poussé par tout le continent européen. Il termine 2ème des votes chez les forwards à l’ouest (4 200 000 votes) devant KD, Paul George, Anthony Davis, et juste derrière LeBron James (4 600 000 votes). Mais les choix des joueurs et des coachs l’empêcheront d’honorer une sélection au ASG pour sa première saison.
De manière similaire à Wemby, son équipe est avant-dernière de sa conférence avec 33 victoires. De plus, il n’a pas de vote pour être MVP et n’est pas présent dans une All-NBA Team. Du côté statistique, il est déjà omniprésent dans le jeu avec 21.2 points, 7.8 rebonds et 6 passes de moyenne pour sa première saison.
Pour répondre à la première question : sur l’ensemble de l’Histoire NBA, NON Victor Wembanyama ne réalise pas LA meilleure saison rookie de l’histoire. Mais elle fait partie des meilleures sans aucun doute possible, tant son impact visuel, défensif et médiatique est hors du commun. Malheureusement, Victor paye le fait de ne pas être All-Star, ni choisi dans une All-NBA Team et d’avoir un bilan collectif d’à peine 15 victoires. Cependant, avec l’évolution du rôle de rookie entre les époques, on peut largement défendre l’idée que Victor Wembanyama réalise la meilleure saison rookie depuis Tim Duncan.
Pour finir, le plus important n’est pas de répondre négativement à la question posée. Le fait d’y réfléchir et de poser le nom de Victor Wembanyama à côté de ces légendes NBA montre simplement à quel point nous, fans de basketball, sommes chanceux de vivre et de suivre en direct les exploits d’un tel phénomène, qui plus est français. Et au vu de son début de carrière, on peut nourrir de bons espoirs quant à sa longévité. Alors Victor, longue carrière à toi, et peut-être que dans 15 ans nous réfléchirons à : Victor Wembanyama, le meilleur joueur de l’histoire du basketball ?
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