Dans ce troisième épisode, nous allons nous concentrer sur les fratries françaises. Entre Centre Fédéral, NBA, Pro A, Europe, WNBA, et équipe de France, les fratries françaises sont de plus en plus présentes dans le monde du basket.
Iliana et Rayan Rupert : deux espoirs du basket français
Parlons de la grande soeur de la famille, Iliana. Intérieure d’1,94 mètre et talent précoce du basket français, elle est médiatisée depuis de nombreuses années. Elle passe par l’INSEP puis en 2018, à 17 ans, elle rejoint l’équipe des Tango Bourges, l’un des clubs français les plus prestigieux.
En constante progression depuis son arrivée, elle termine MVP de la wonder ligue, lors de la saison 2021-2022, avec environ 14 points et 7 rebonds. Au bout de cette saison, Bourges finit champion de France et remporte l’Eurocoupe, la seconde compétition européenne. Sélectionné à la 12ème position de la draft 2021, elle rejoint la ligue en 2022 aux Las Vegas Aces où elle est championne WNBA pour sa première saison.
Une année 2022, chargée en titres.
A l’occasion de l’expansion WNBA en 2023 et l’ajout d’une nouvelle franchise, les Golden Stats Valkyries, Iliana est choisie en première par cette équipe lors de la draft d’expansion, au côté d’une autre Française, Carla Leite. Un duo de tricolores dans une franchise à l’accent international prêt à monter dans la ligue américaine féminine à partir de cette année 2025.
En 2024, après deux années en Italie sans grand succès collectif, elle décide de partir pour la Turquie et le CBK Mersin où elle rejoint Marine Johannes et Marine Fauthoux, son amie de toujours. Là-bas, elle prend encore une autre dimension avec 18 points, 9 rebonds et 3 passes de moyenne. Malheureusement pour elles, le trio de Françaises échoue en finale d’EuroLeague cette saison face à Prague et Valériane Ayayi.
Présente avec l’équipe de France sénior depuis 2019 alors qu’elle n’a que 17 ans, elle est donc déjà multimédaillées avec 2 médailles d’argent aux championnats d’Europe, et une d’argent et de bronze aux Jeux Olympiques. Gros espoir du basket français et symbole d’une jeune génération déjà présente, qui devrait rester longtemps au top niveau, Iliana n’est qu’aux prémices d’une carrière s’annonçant majestueuse.

Le petit frère, Rayan, est lui aussi passé par l’INSEP de 2018 à 2022 avant de partir en Nouvelle-Zélande chez les Breakers. Une tendance à la mode chez les jeunes joueurs, afin d’avoir du temps de jeu et de se montrer auprès des scouts NBA. Cela porte ses fruits en sachant qu’il réussit à être drafté en second tour, en 43ème position aux Portland Trail Blazers.
Malgré son profil défensif d’arrière/ailier avec une grande envergure (2m18), son début de carrière NBA est compliqué. Il a du mal à gratter du temps de jeu dans une équipe de Portland en reconstruction de plus en plus séduisante. Il a même vu son temps de jeu baisser par rapport à sa saison rookie. Son principal défaut reste l’aspect offensif, particulièrement sa grande inefficacité dans l’adresse extérieure (27% à 3 points cette saison).
A l’instar de beaucoup de joueurs dans son cas, il fait des aller-retour en G-League, et son avenir aux États-Unis est incertain. Il faut être patient avec lui, mais d’autres jeunes Français avant lui ont vécu cette situation et il devra sûrement, tôt ou tard, faire le choix de poursuivre le rêve NBA ou de revenir en Europe dans un rôle plus intéressant pour lui.
Comme beaucoup de famille, les numéros que le frère et la sœur portent ont une signification. Le 12, porté par Iliana en club et par Rayan en équipe de France Jeune fait référence au numéro de leur père, Thierry, ancien international tricolore tragiquement décédé, après un malaise respiratoire lors d’un entraînement en 2012.
La famille Ayayi : une grande sœur comme exemple
Comme tout à l’heure commençons par la grande sœur, Valériane, désormais appelée Vukosavljevic depuis son mariage. Après trois ans au centre fédéral, elle rejoint le Basket Landes jusqu’en 2014 avant de partir un peu plus à l’est à Montpellier. Changeant d’équipe trois fois entre 2016 et 2018, elle remporte le titre de championne de France … 3 fois. La première avec le Basket-Lattes Montpellier, puis à Villeneuve d’Ascq et enfin avec le Tango Bourges.
Ayant marre de gagner, elle s’en va encore plus à l’est, en République-Tchèque … et remporte deux fois le titre national. Après la crise du COVID, elle décide de retourner en France, dans les Landes et est sacrée championne de France 2021, remportant donc un cinquième trophée nationale avec une cinquième équipe différente. Meilleure que LeBron James ?
En 2022, elle retourne à Prague où elle évolue toujours et continue de performer individuellement, comme collectivement en sachant que son équipe est championne de République-Tchèque tous les ans depuis 2009. Alors qu’il ne lui manquait seulement le titre européen, Prague vient de remporter l’EuroLeague en battant l’équipe turque du CK Mersin.
Valériane est surtout connue pour être une des joueuses majeures de l’équipe de France depuis des années, où elle a honoré 150 sélections, à 30 ans. Comme toute une génération, elle accumule les médailles d’argent aux championnats d’Europe (2013, 2017, 2019, 2021) et le bronze en 2023. La seule fois où elle a été absente (en 2015), c’est parce qu’elle rejoint la WNBA et l’équipe de San Antonio (maintenant les Las Vegas Aces), mais l’aventure ne durera qu’un petit été.
Elle est également double-médaillée olympique, elle est même élue dans le second cinq majeur des Jeux de Paris. D’ailleurs, depuis cet été, et l’arrêt de la carrière internationale de Sarah Michel, elle est la capitaine de l’équipe de France.
Pour résumer très simplement, Valériane est une gagnante, remportant un trophée quasiment tous les ans depuis ses débuts professionnels.

Dans la famille, elle a ouvert la voie pour ses deux petits frères, qui ont du chemin à parcourir s’ils veulent rattraper le palmarès de leur grande sœur.
Joël Ayayi, également passé par la case centre fédéral, est rapidement parti aux États-Unis, en cumulant trois belles saisons à Gonzaga. Après sa saison freshmen où il n’a pas eu sa chance, il enchaîne deux saisons en tant qu’arrière titulaire dans une des meilleures facs du pays. Dans l’équipe, il est avec un autre français Killian Tillie, lui aussi issu d’une grande famille de sport, mélangeant basket et volleyball.
Le natif de la région bordelaise a bien marqué l’histoire de Gonzaga notamment en signant le premier triple double de l’histoire de cette université avec 12 points, 13 rebonds et 14 passes en 2021. Pour sa troisième saison, les Bulldogs sont ultradominants avec 31 victoires pour 1 seule petite défaite. Lors de la March Madness, son équipe va même jusqu’en finale, s’inclinant face à Baylor.
Sa côte est en hausse, et c’est tout logiquement qu’il est attendu au second tour de la draft NBA. Joël ne sera malheureusement jamais appelé. Repêché par Washington, il passera le clair de son temps avec l’équipe de G-League et aura à peine sa chance en NBA avec 20 minutes jouées au total. Il décide de continuer de tester le rêve américain et réalise une année avec l’équipe G-League du Orlando Magic sans plus de succès.
A seulement 23 ans, pour la saison 2023-2024 il prend la décision de rentrer en France, à Nanterre, avec qui il jouera le haut de tableau toute la saison. Désormais à Bourg-en-Bresse, Joël est un atout majeur de l’équipe dans laquelle il apporte tout son bagage, c’est à dire un jeu complet avec de la passe, du rebond, tout en étant efficace au shoot en 20 minutes.

Le nom Ayayi est bien connu en Betclic Élite, en sachant qu’un affrontement entre Gérald, le deuxième frère, et Joël, a déjà eu lieu à plusieurs reprises.
On reste en France cette fois, pour le benjamin, qui est d’abord passé par le centre de formation de la JSA Bordeaux avant de rapidement partir pour Pau. C’est à la saison 2020-2021 qu’il se lance pleinement avec les professionnels avec 34 matchs à 13 minutes de moyenne avec l’Elan béarnais. En 2023, alors que le club béarnais est relégué, il quitte la région pour rejoindre Cholet.
Sur le parquet c’est un profil assez similaire à son frère, même si Gérald est peut être un peu moins passeur et rebondeur. Sa qualité à scorer est légèrement meilleure, bien qu’il soit moins efficace, surtout derrière l’arc. En progression depuis ses débuts professionnels, Gérald tourne cette saison à 10 points, 3 rebonds, 3 passes en 22 minutes en moyenne.
On espère pour les deux frères d’avoir un palmarès aussi rempli que la grande soeur, mais il va falloir commencer à gagner rapidement. Seulement âgés de 24 et 25 ans, les duels dans la famille Ayayi devraient encore durer quelques années au plus haut niveau français voire européen … à moins qu’ils décident de se réunir.
Les frères et sœurs Ayayi ont tous un point commun : ils portent le numéro 11. Là-encore, c’est un hommage à leur papa, ancien basketteur professionnel et international avec le Bénin.
La famille Piétrus : la Guadeloupe au plus haut niveau
Les deux frères guadeloupéens ont chacun marqué le basket français à leur manière.
Mickaël va vivre l’aventure NBA en étant sélectionné en 11ème position, en 2003, dans l’une des meilleures drafts de toute l’Histoire de la NBA. Il tombe dans la baie de San Francisco, où il restera 5 saisons, avec en point d’orgue cette année 2007. En effet, Piétrus fait partie des mythiques Warriors « We believe ».
L’équipe se qualifie sur le fil pour les playoffs et affrontent les Dallas Mavericks, 1er de l’ouest et équipe de Dirk Nowitzki, MVP cette saison-là. En utilisant principalement du small ball, avec Baron Davis et 4 ailiers aux alentours de 2 mètres, Don Nelson, ancien coach des Mavs qui s’est fait viré l’année d’avant, fait déjouer tous les systèmes de ses anciens protégés. Résultat de la série : 4 à 2 avec une dernière victoire à domicile dans une ambiance électrique.

En perte de temps de jeu, il est laissé libre à l’été 2008 et décide de rejoindre Orlando de Dwight Howard. Il s’intègre parfaitement dans cette équipe qui expérimente un spacing anormal pour l’époque, avec 4 joueurs capable de shooter à 3 points en fer à cheval autour de Dwight. Ce système exploite magnifiquement les deux qualités de Mike.
Shooteur et fort défenseur, Mickaël Piétrus est bien Un 3 and D, avant que c’en soit le nom. Spécialiste du shoot dans le corner, « Air France » tourne à plus de 35% en carrière derrière l’arc, avec 3,4 tentatives en moyenne.
En 2009, il y a ce run de playoffs où il défend successivement sur LeBron James puis Kobe Bryant lors des finales NBA. Bien qu’il fasse son maximum pour gêner l’arrière de L.A., Kobe finit à 32.4 points de moyenne et Orlando s’incline plutôt logiquement 4 à 1.

De 2010 à 2012, il navigue entres différentes équipes avant de quitter définitivement la NBA en 2013. Après une année blanche puis une aventure à Porto-Rico, il s’offre une dernière danse en France avec le SLUC Nancy. Il arrête définitivement sa carrière de joueur en 2015, à 31 ans seulement. On retient de Mickaël Piétrus qu’il était un des role players de la NBA des années 2000, dans des équipes historiques, mais avec une carrière freinée par les blessures.
Mickaël est le jeune frère de Florent, qui possède une carrière assez opposée. Pour commencer, ses titres arrivent rapidement, en étant champion de France en 2001 mais surtout en 2003 et 2004 où il a un rôle majeur avec l’Élan béarnais. Très fort défenseur, on peut aisément ranger Florent dans la catégorie des soldats sur un parquet. Il est même élu meilleur défenseur de pro A en 2002 et 2015, signe de sa défense donc, mais surtout de sa longévité.
Sa carrière est bien plus longue avec près de 20 années à jouer au plus haut niveau. Ses clubs sont partagés entre la France où il a réalisé son début et sa fin de carrière, et l’Espagne où il a joué durant 9 saisons, particulièrement à Valence et Malaga avec qui il est champion d’Espagne en 2006.
Une autre grande différence entre les deux frères, c’est l’équipe de France. Bien que Mickaël compte quelques sélections, Florent fait partie des légendes de l’équipe bleue. Effectivement, avec 230 sélections, il se hisse au quatrième rang du nombre de matchs joués avec l’EDF masculine. Né en 1980, il est présent avec la génération de Boris Diaw et Tony Parker avec qui il remporte des médailles sur le plan européen.
La plus belle est certainement celle en or de 2013, véritable consécration pour toute une équipe après l’argent 2011 puis le bronze en 2015. Mais il ne faut pas oublier la médaille de bronze du mondial 2014 et du championnat d’Europe de 2005. Bref, Florent Piétrus est un des plus grand palmarès du basket français.

Et peut-être que 10 ans, on devra refaire cet article en développant le petit dernier de la famille, Ilan Piétrus fils de Florent, et espoir français. Meneur de jeu, il évolue avec la SIG depuis quelques années et a même joué ses premiers matchs avec les professionnels cette saison, à seulement 19 ans.
Janelle et Tidjane Salaün : deux autres espoirs du basket français
Les deux membres de cette famille, ont une histoire assez similaire à celle d’Iliana et Rayan Rupert. Tout d’abord, Janelle est de la génération 2001 comme Iliana et Marine Fauthoux, avec qui elle a joué en équipe de France jeune, sénior et au Centre Fédéral. Après une première saison professionnelle décevante, elle rejoint Villeneuves d’Ascq, une autre équipe légendaire du basket féminin de 2020 à 2024.
Dès 2022, l’intérieure tourne à 11 points et 6 rebonds dans une équipe qui joue le haut de tableau. Ses performances au haut niveau lui ouvrent la porte de l’équipe de France avec qui elle a joué les dernières compétitions internationales. Elle était bien présente lors des derniers J.O. et le parcours fabuleux des Françaises jusqu’à la médaille d’argent.

Cet été 2024 vient clôturer une formidable saison durant laquelle son équipe parvient à remporter la LFB où elle affiche d’impressionnantes moyennes : 14.5 points, 5.5 rebonds et 2 passes de moyenne. De plus, Villeneuve d’Ascq se hisse en finale de l’EuroLeague mais échoue face au Fener.
Après une bonne année en Italie avec la Famila Schio où elle a bien performé en EuroLeague, il est déjà officiel qu’elle rejoint le club de Prague avec Pauline Astier. En ce début d’année 2025, Janelle s’est engagée en WNBA et rejoint deux joueuses déjà mentionnée puisqu’elle apporte ses talents aux Golden State Walkyries.
Pour son frère, sa côte n’a fait que monter depuis qu’il a mis les pieds avec les professionnels. La raison est assez simple, il a tout pour réussir en NBA. A Cholet sur la saison 2023-2024, il monte en puissance et termine à 9 points, 4 rebonds et 1 passe de moyenne. Au bout du compte, les Hornets ont un coup de cœur pour le Français et le choisissent en 6ème position de la draft 2024.
Sauf que l’on peut difficilement dire que sa saison rookie soit pleinement satisfaisante. Pour commencer, il joue dans une équipe catastrophique, ravagée par les blessures qui a encore déçue cette saison. D’un point de vue personnel, Tidjane fait partie des joueurs les moins efficaces de la NBA avec 42% d’eFG. Pourtant, on a déjà vu qu’il était largement capable de rentrer ses trois points.

Il va falloir que l’adresse vienne, car ses autres qualités ne compensent pas ce problème qui est, pour l’instant, majeur. Pas de panique, il faut surtout laisser du temps à Tidjane pour se développer et trouver sa place dans un effectif d’une franchise pas spécialement réputée pour gérer correctement ses joueurs. Dans son interview pour Le Roster, il annonce avoir bien mûri, après avoir vécu des hauts et des bas.
Rupert ou Salaün sont des exemples de familles françaises de plus en plus présentes au plus haut niveau du basket mondial. Mais l’exemple des frères Piétrus ou de Valériane Ayayi montrent également que cela fait des années que l’on suit des Français, pour notre plus grand plaisir. Dans tous les cas, le futur du basket tricolore semble radieux, tant chez les hommes que les femmes, notamment grâce à ses frères et soeurs en place.