Quand James Harden a quitté Philadelphie, beaucoup ont tourné la page. Pourtant, même avec le temps, un morceau de lui semble être resté en Pennsylvanie. Pas dans les stats, ni dans les vestiaires, mais dans le jeu d’un jeune guard désormais incontournable : Tyrese Maxey.
Cet article a été écrit par Mathis Wurtz.
Arrivé comme une superstar controversée, Harden n’a pas seulement bouleversé la hiérarchie des Sixers. Il a aussi, peut-être sans qu’on s’en rende compte, contribué à la progression du feu follet Maxey. Ce n’est plus Harden qui brille à la mène de Philly, mais son ombre rôde encore dans le jeu de son successeur. Et si, sans même le vouloir, James Harden avait façonné le nouveau visage de la franchise ?
Lorsqu’il se présente à la Draft NBA, Tyrese Maxey sort d’une saison solide sous les couleurs des Kentucky Wildcats, avec 14 points, 4,3 rebonds et 3,2 passes décisives par match. Si le bilan collectif est mitigé — avec des défaites marquantes face à South Carolina, Tennessee ou Utah — le programme termine néanmoins fort, avec 9 victoires sur les 10 derniers matchs.
Tyrese Maxey est alors décrit comme un slasher agressif, explosif balle en main, capable de marquer sur demi-terrain comme en transition. Mais un chiffre retient l’attention dans son draft profile : 29,2 % à trois points. En clair, son tir extérieur est jugé irrégulier , et sa capacité à créer par lui-même à longue distance reste limitée lui qui se concentre quasiment exclusivement sur du catch-and-shoot classique .Un combo guard au potentiel clair, mais encore brut — surtout sur le plan technique.
L’évolution de Tyrese Maxey
Lorsque James Harden débarque à Philadelphie en février 2022, les projecteurs se braquent logiquement sur le duo qu’il doit former avec Joel Embiid. Tyrese Maxey, lui, est vu comme une pièce secondaire, jeune et prometteuse, mais encore loin des standards d’un créateur de haut niveau.
Pourtant c’est dans l’ombre de ce trade que Tyrese Maxey va progresser techniquement et mentalement. Aux cotés d’un Harden qui le prend sous son aile il va apprendre à ralentir son jeu, à lire les aides, à se créer de bons tirs par lui même sur du 1v1 bref, à transformer sa vitesse brute en contrôle.
James Harden, malgré ses critiques, reste l’un des meilleurs créateurs de tirs de sa génération. Il attire les défenses, impose ses tempo, et ouvre des angles de tir qu’un jeune joueur seul ne verrait pas. Cette progression se reflète d’abord de manière très nette dans les chiffres. Avant l’arrivée de James Harden à Philadelphie, Maxey tentait environ 4,1 tirs à trois points par match. Après le trade, ce chiffre grimpe à 6,2 tentatives selon les chiffres de Nba.com . Une hausse notable, mais qui n’est qu’un avant-goût de son évolution plus profonde.
Là où la transformation devient vraiment frappante, c’est dans sa capacité à créer ses propres tirs : sur les deux saisons qui suivent le passage de Harden. Toujours selon nba.com, Tyrese Maxey prend en moyenne près de 9 tirs en pull-up par match, un volume énorme pour un joueur qu’on présentait à la base comme un slasher pur. Cela montre qu’il est capable d’initier le jeu et de finir au-delà de la ligne, ce qu’il ne faisait presque jamais à Kentucky.
Au-delà des chiffres, l’influence de Harden saute aux yeux quand on regarde jouer Tyrese Maxey. Il a clairement intégré certains des moves caractéristiques du Barbu, à commencer par le step-back à trois points, qu’il déclenche désormais avec beaucoup plus de confiance comme en témoigne cette isolation face aux Kings.
Mais ce n’est pas juste un copier-coller mécanique : Maxey a aussi appris à manipuler le rythme, à ralentir pour mieux accélérer, à poser son défenseur avant de déclencher. Il y a dans son jeu cette fausse lenteur héritée de Harden, cette capacité à dicter le tempo plutôt que de le subir comme le résume Maxey dans GQ : « If you ever find out how to change pace and go from slow to fast, then fast to slow, then slow to fast… » Là où il fonçait tête baissée à ses débuts, il est aujourd’hui capable de lire, temporiser, changer de vitesse et punir.
Depuis le départ de Harden vers les Clippers , le combo guard a pris le relais sans trembler. La saison 2023-24 a été celle de la confirmation. Pour la première fois, Tyrese Maxey tourne à plus de 25 points de moyenne, avec un volume de tir en hausse et une efficacité remarquable (presque 60% en true shooting). Il a été nommé All-Star et MIP a surtout prouvé qu’il pouvait assumer le rôle de créateur principal dans une équipe ambitieuse.
Ces 2 saisons montrent que Tyrese Maxey est un shotmaker moderne, capable de punir en pull-up, de jouer le pick & roll avec Embiid, de créer en transition comme en demi-terrain. Il a absorbé ce que Harden lui a transmis sans jamais perdre ce qui faisait sa force : la vitesse, l’agressivité, l’explosivité. Il prend plus de pull-up 3s, il provoque plus de fautes, il joue avec beaucoup plus de contrôle. À 23 ans, il n’est plus seulement un slasher, mais un scoreur total.
Aujourd’hui, la question est claire : jusqu’où peut aller Tyrese Maxey ? Il a prouvé qu’il peut tenir une attaque en saison régulière, qu’il peut s’imposer comme All-Star, qu’il peut gérer un gros volume tout en restant efficace. Il a répondu présent en playoffs, là où beaucoup de jeunes guards s’écrasent. Sa série face aux Knicks l’a prouvé : 46 points dans le Game 5, à l’extérieur, avec la saison de Philly sur les épaules. Clutch, propre, agressif… Maxey a lavé New York, seul ou presque, quand Joel Embiid était diminué.
Personnellement, je pense que Tyrese Maxey n’est pas qu’un lieutenant de luxe pour Embiid. Il a les armes pour devenir le visage de la franchise à long terme. Son jeu est moderne, il est de plus en plus efficace et il a le mental pour prendre feu quand ça compte. Il a toutes les clés pour être plus qu’un simple All-Star et quelque chose me dit qu’il ne va pas demander la permission pour les prendre et créer sa propre histoire dans les années à venir.