Tiny Archibald

Tiny Archibald, meneur modèle

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Aujourd’hui on traite le cas d’un joueur qui n’a finalement passé que peu de temps dans l’ère du Run & Gun. Seulement 3 saisons pour lui dans cette période culte. Cela lui a suffi pour réaliser une des campagnes de régulières parmi les plus mythiques de tous les temps. Focus sur la carrière du lutin génial des Royals, Nate « Tiny » Archibald.

Ce qu’on dit de lui

C’est le petit rituel de ces articles dédiés aux stars du R&G. On commence avec ce que l’on sait de Tiny Archibald, ou du moins comment il nous est présenté dans les différents médias lorsqu’on évoque sa carrière. De quoi nous donner un peu de matière pour traiter son cas.

Seul joueur de l'histoire meilleur marqueur et meilleur passeur lors de la même saison, on titre avec les Boston Celtics, Ses nombreuses blessures, Un garçon timide venu du Bronx.

Shy Guy

L’histoire de Nathaniel « Tiny » Archibald commence dans le quartier de South Bronx à New York. Au départ peuplé par la classe ouvrière immigrée il devient lors des années 60 majoritairement afro-américain. De nombreux facteurs poussent la population a déserté cette zone et la pauvreté s’installe. Les immeubles se vident et le Bronx se retrouve à l’abandon. La violence, la drogue, la prostitution, le meurtre, le suicide et le viol sont le quotidien des résidents de ce lieu décrit comme cauchemardesque. C’est au milieu de ces tours inhabitées, de ces boulevards insalubres et gangrénés par le vice que grandit celui que ses parents appellent affectueusement Tiny. Le principal danger pour lui et de ne pas se faire happer par la rue. Il est à deux doigts de se laisser prendre quand arrive dans sa vie Floyd Layne.

Ce dernier remarque le jeune Tiny sur les playgrounds. Il faut dire qu’il y passe le plus clair de son temps. Son talent saute aux yeux et s’il continue de progresser, il peut devenir un joueur professionnel. Seulement, il y a un hic. Tiny Archibald sèche les cours depuis un moment et il ne fait désormais plus partie de l’équipe de son lycée. Floyd Layne parvient à le convaincre de retourner en classe et persuade le coach de son école de le reprendre. Le jeune prodige trouve en Layne un mentor et également un père de substitution. Son vrai père ayant quitté le foyer alors qu’il n’avait que 14 ans.

S’ensuivent de nombreux exploits et son intégration au sein de l’université d’UTEP (Texas El-Paso) où il passe 3 années. Ce qui frappe chez Tiny Archibald c’est son immense timidité. Il ne s’exprime et ne se montre sous son vrai jour qu’avec une balle orange dans les mains. Le basketball est son obsession, il joue sans arrêt. C’est sur les terrains qu’il est à l’aise, le reste du temps c’est un garçon sage et peu loquace. Pourtant, après quelques saisons en NBA, se pose la question de savoir si ce gentil jeune homme n’est pas devenu un monstre.

L'image montre le quartier de South Bronx complètement en ruine où les enfants joue au milieu des détritus et des carcasses de voitures abandonnées.
Un exemple de ce qu’était le Bronx dans les années 70. Un quartier à l’abandon . ©imgur.com

Tiny 400K

Pour comprendre l’origine de ces interrogations, il faut remettre en contexte l’état dans lequel se trouve son club lors de son arrivée en NBA. Les Cincinnati Royals viennent de faire table rase du passé en se séparant tout d’abord de Jerry Lucas, puis de leur meneur légendaire Oscar Robertson. L’homme à l’origine de ce changement n’est autre que Bob Cousy. L’ancienne star des Celtics est depuis une saison le nouvel entraîneur des Royals. Arrivé dans un climat délétère, c’est sans regret qu’il transfert les deux vedettes de la franchise. Lorsqu’il prend son poste, il fait beaucoup de promesses. L’une d’elles est de scouter lui même les futures recrues avant chaque draft. Toutefois, c’est sans avoir observé et sans connaître Archibald qu’il le sélectionne au second tour de la loterie.

La première fois que Cousy croisent Tiny Archibald, ils pensent avoir affaire au groom de l’hôtel. Le petit homme discret, silencieux et à l’aspect juvénile n’a pas l’air d’un tueur des parquets. Puis arrive le moment de le voir jouer lors de matchs composés de All Star universitaire. Une rencontre à 40 points et deux autres à 50 points plus tard, les doutes s’effacent. Les Royals veulent offrir un contrat de 25 000 dollars l’année au rookie, mais ses agents ont de quoi négocier fort grâce aux performances que vient de réaliser leur protégé. Pendant que le contrat se discute, le petit génie fait la sieste, quand il se réveille, il vient d’obtenir un contrat de 465 000 dollars sur 3 ans.

Pourtant, les Royals ne manquent pas de meneur de jeu. Il y a déjà les très talentueux Norm Van Lier et Flynn Robinson dans l’effectif. Sur le terrain, la cohabitation avec Van Lier se déroule à merveille tandis que Robinson mange son pain blanc. Tiny Archibald joue tous les matchs de cette saison 1970/71 et passe 35 minutes en jeu pour 16 points et 5 passes décisives de moyenne. Mais cet embouteillage à la mène n’est pas tenable sur la longueur.

Angry Archibald

Avec tous ces point guard et un manque de taille criant, les Royals proposent un échange aux Chicago Bulls. Ils envoient Tiny à Windy City et reçoivent le pivot Tom Boerwinkle à la place. Les taureaux ne l’entendent pas de cette oreille et se montre peu intéressés par le jeune meneur de poches. Car s’il est annoncé à 1m85, il est de l’aveu de bons nombres de ses contemporains qu’il ne mesure pas plus de 1m80. Ils font alors une contre-offre et c’est finalement Norm Van Lier qui prend ses valises et le pivot Jim Fox de faire le voyage inverse. Ce transfert attriste Van Lier qui prenait son pied au côté de Tiny Archibald. Peu importe, ce sera dorénavant leur rivalité qui ravira les fans avec des oppositions toujours de hautes volées entre ces deux anciens partenaires.

Alors que le poste était surpeuplé, voilà qu’il se retrouve seul maître à bord. Ses minutes explosent et il en passe désormais 43 sur le terrain. Son jeu est encore perfectible, on trouve qu’il dribble trop et sa sélection de tirs est douteuse. Malgré cela il aligne 23 points et 8 passes décisives de moyenne. Mais un événement change les choses et le pique au vif. Il n’est pas choisi pour participer au All Star Game de Los Angeles. L’affront est énorme pour lui qui pense mériter sa place dans cette rencontre de prestige. Pas de déclarations tapageuses, comme à son habitude, Tiny va exprimer son mécontentement avec un ballon entre les mains.

« Oui, j’étais amer. J’étais là pour faire payer tout le monde de m’avoir écarté de l’équipe. Peu importe contre qui je jouais, tout le monde allait payer, les entraîneurs, les arrières, les attaquants et les gros joueurs. »

Vexé et en colère, il affiche lors des 36 derniers matchs de la saison une moyenne de 34 points et 10 passes décisives. La NBA découvre que le minuscule guard des Royals a du caractère. Il fait étalage de tout son talent et prend son rôle de leader au sérieux. Il terrorise les défenses tout en faisant tourner le ballon et en offrant caviar sur caviar à ses coéquipiers. Cependant, les résultats demeurent modestes avec seulement 30 victoires pour 52 défaites.

Tiny House

Un bouleversement majeur s’opère en cette saison 1972/73. La franchise déménage et s’installe à Kansas City. Mais ce n’est pas tout, puisque certaines rencontres se tiendront également à Omaha. Une ville qui a déjà accueilli les Royals en 1968 lors de quelques matchs. Après 15 ans passés à Cincinnati il est temps de changer. Cette cité ne s’est jamais vraiment liée d’amour avec son équipe de basketball. Les causes de ce manque d’intérêt sont multiples. Les Royals ont depuis plusieurs années une réputation calamiteuse et sont la risée de la ligue. Les résultats sont médiocres, les choix de draft sont souvent catastrophiques et l’ambiance qui règne dans le vestiaire à la fin de l’ère Robertson n’arrange rien.

D’ailleurs c’est cette image peu flatteuse qui est à l’origine de la venue de Bob Cousy pour diriger l’effectif. Les journalistes ont aussi coutumes d’être très offensifs quand il s’agit de parler des Royals. Oscar Robertson se fait tirer dessus à boulets rouges, à tort comme à raison. Il en est de même avec le jeune Sam Lacey, un pivot talentueux même si plutôt besogneux. Il refuse de s’adresser à la presse et boude les fans qui ne cessent de le dénigrer. Cette délocalisation ne peut faire que du bien et la franchise espère se trouver un public plus chaleureux.

L’identité change également, désormais on parle des Kansas City-Omaha Kings. Ce choix est tout simplement fait pour ne pas avoir le même nom que l’équipe locale de baseball. La seule constante dans ce déménagement est la médiocrité de l’effectif. Il y a bien foule de nouveaux arrivants, mais rien qui ne peut changer les résultats collectifs. Dans ces conditions, il est difficile d’imaginer le public se déplacer pour voir évoluer un club si moribond. Le coach des Kings, Bob Cousy, a pour remédier à cela une petite idée derrière la tête.

Tiny est définitivement trop rapide pour Rick Adelman des Portland Blazers
Tiny est définitivement trop rapide pour Rick Adelman des Portland Blazers. ©hoopnotions

Au summum

Bob Cousy qu’on surnomme Houdini ne peut pas faire de tour de magie et rendre son équipe playoffable en un coup de baguette. S’il ne peut pas offrir à Kansas City une grande équipe, il s’apprête à leur offrir une superstar. C’est ainsi qu’il décide de donner les pleins pouvoirs à son meneur de jeu. Absolument, tout va passer par Tiny Archibald, et comme le dit Bob Cousy, il suffit de « laisser la nature suivre son cours ». De cette façon, les observateurs et les spectateurs auront de quoi parler. Après tout, Tiny c’est l’assurance d’avoir 30 points et 10 passes par soir l’an dernier. Il peut très bien le refaire, et il ne va pas décevoir. Le micro meneur continue sur sa lancée de l’exercice précédent et domine. Cependant, son coach commence à s’inquiéter de cette situation et de l’impact qu’elle peut avoir sur son jeune talent.

« C’est un gentil gamin. J’espère que nous ne sommes pas en train de créer un monstre. »

Récemment, James Harden a déclaré être un système à lui seul. On peut dire la même chose de Tiny Archibald lors de cette saison 1972/73. Il score en masse, se joue de ses adversaires grâce à sa vitesse d’exécution et tourmente ses défenseurs. Il martyrise l’opposant, et quand celui-ci décide de durcir le ton, il sort ses plus belles passes pour tromper l’ennemi. Tiny Archibald garde toujours un œil sur son entraîneur qui s’est avec le temps entiché de lui. Il communique sans cesse et suit à la lettre les conseils de celui qui fut en son temps le meilleur point-guard de NBA. De l’aveu de Tiny, il n’aurait jamais pu atteindre ce niveau sans l’ancien Celtics. Cependant, ce dernier ne pense pas avoir été si influent.

« Personne ne peut arrêter Archibald. Il a tellement de talent. J’aimerais m’en attribuer le mérite. J’aimerais dire qu’il y a beaucoup de moi en lui, mais je ne peux pas. Je ne lui ai rien appris. Tiny, c’est du pur Nate Archibald. Ce qu’il fait, c’est sa propre créativité, son propre flair. »

Maintenant, et sans aucune contestation possible, Tiny Archibald est un All Star. Il en est si heureux qu’il arrive en premier à l’entraînement d’avant-match avant de se rendre compte qu’aucun autre joueur ne compte venir assister à cette séance. La rencontre est terne pour un All Star Game, mais Tiny apporte une touche funky à ce match raté par la conférence Ouest. Il finit meilleur marqueur de la rencontre avec 17 points. C’est toutefois Dave Cowens qui est élu MVP.

Comme prévu, la saison des Kings n’est pas extraordinaire. Cependant, ils terminent cette campagne 1972/73 avec 36 victoires. C’est une progression qui est en grande partie due aux talents de Tiny Archibald. Il finit l’année en étant à la fois meilleur passeur et marqueur de la ligue avec 34 points et 11 passes décisives de moyenne. Il devient ainsi, le premier et encore aujourd’hui l’unique joueur à réussir pareil exploit. Reste à savoir si le succès ne lui a pas monté à la tête.

Une saison unique ?

Comme d’habitude, on s’attarde un court instant sur les statistiques. On le sait, il faut se méfier d’elles lorsqu’on se trouve dans l’ère du R&G. Cependant, s’il y a bien un ajustement de ses chiffres qui les voient forcément à la baisse, cela n’enlève rien à la singularité de cette saison 1972/73. Même si l’on aligne les performances des meilleurs marqueurs et passeurs de cette saison sur un même nombre de possessions, il reste au sommet des deux disciplines.

Cet exercice 72/73, est sur un rythme de 25 points pour 8 passes décisives si on s’ajuste sur 75 possessions. Tiny est formidable tout au long de l’année. Il est aussi plutôt très efficace avec 1,29 points par tirs tentés et il est 11 % plus adroit que la moyenne de la ligue. Ce n’est pas sa meilleure performance dans ce domaine, mais c’est on ne peut plus normal tant tout le jeu des Kings passe par lui. Côté stats, on reste sûr du lourd et cela n’entame en rien son prestige.

Par contre, on peut trouver quelque chose d’intéressant et qui montre bien l’importance d’aligner les stats des différentes époques sur le même nombre de possessions. Pour comprendre, il faut faire un bon dans le temps et se rendre dans l’Ohio. Direction Cleveland et la saison 1995/96. Les Cavaliers disposent d’une équipe de jeunes complétée par les vétérans Dan Majerle et Michael Cage. On est à des années-lumière du R&G, l’effectif coaché par Mike Fratello joue 82,3 possessions par rencontre. C’est tout simplement le Pace le plus bas de la NBA moderne.

La star de la franchise se nomme Terrell Brandon. Un petit meneur de jeu qui mesure 1m80 et qui affiche 19 points et 6 passes de moyenne en 34 minutes de jeu. Tout comme Tiny Archibald, c’est lui qui a les commandes au sein d’un effectif peu talentueux en attaque. Cependant, quand Tiny Archibald participe à 105 possessions chaque soir, Brandon n’en joue que 59. Je vous le donne en mille, sur 75 possessions on passe à 25 points et 8 passes comme pour le meneur des Kings en 1973.

Terrell Brandon réussit deux saisons consécutives de cet ordre et devient deux fois All Star grâce à cela. Avec des bilans flatteurs de 47 et 42 victoires malgré la faiblesse des effectifs. Toutefois, à la vue de ses stats brutes personne ne considère ces saisons comme des exploits. Pourtant, il est tout aussi efficace et génial de talent malgré sa petite taille que l’est Tiny dans son temps. On oubli cependant la valeur de ce lutin qui n’a malheureusement pas eu l’occasion de jouer suffisamment de possessions lors de ces meilleures années et de marquer l’histoire à coup de grosses statistiques. Alors que dans les années 90, il a également marqué les esprits en étant un des tops meneurs de NBA.

Terrell Brandon et Tiny Archibald en couverture du plus grand magazine de sport américain.
Terrell Brandon et Tiny Archibald en couverture du plus grand magazine de sport américain. ©Sports Illustrated

Quid du monstre

De l’avis de beaucoup, Tiny Archibald a changé. C’est ce qui circule à son sujet suite à ses débuts tonitruants dans la grande ligue. Cela intrigue le journaliste John Devaney du magazine SPORT qui décide de partir à la rencontre de Nate Archibald. Il connaît bien la réputation du gosse timide venu de South Bronx et il est intrigué par ces rumeurs de changement de comportement. Le rendez-vous se déroule dans le quartier new-yorkais cher à la jeune star. Il y revient chaque été pour jouer en Rucker League et bosser avec les gamins du secteur.

Devaney, découvre un homme qui s’adresse à la jeunesse avec l’expérience et la confiance des vieux sages. Il est un vrai moulin à parole, sans pour autant raconter n’importe quoi. S’il s’exprime autant, c’est avant tout pour montrer aux ados de sa ville qu’avec du travail, il est possible de faire mieux que traîner dans les rues. Il les encourage à aller en cours et choisir une autre voie que celle de l’argent facile et de la drogue. Il connaît bien ses méfaits, deux de ses frères sont passés par la case prison. C’est même lui qui en parallèle de sa carrière a aidé ces derniers à se sortir de la spirale infernale de l’addiction.

Alors oui, Tiny Archibald n’est plus le même. La confiance qu’il affiche dorénavant est sans doute prise pour de l’arrogance par beaucoup. En réalité, il a évolué. Il peut désormais s’exprimer autrement qu’avec un ballon. Le meneur de jeu se veut maintenant meneur d’hommes, et cela pour le bien d’une communauté qu’il n’a jamais oubliée. Il aurait pu fuir le Bronx et ne jamais se retourner. Au lieu de cela, il a consacré tout son temps libre à tenter d’apporter du positif dans ce lieu glauque aux perspectives minces.

En ce qui concerne le jeu, on a fait un parallèle avec James Harden. Un joueur qui a connu quasiment la même expérience que Tiny en devenant le meneur omnipotent de l’attaque des Rockets. Quelques années plus tard, on constate qu’il affiche une arrogance qui malgré son talent peut paraître consternante. Cela n’arrivera pas à Tiny Archibald. Lors de sa saison de tous les records, Bob Cousy n’a cessé de lui rappeler qu’il devait par la suite penser à ses partenaires et distribuer le jeu pour eux. Il lui fait comprendre qu’il ne doit pas rester le centre de l’attention, qu’il doit tenir compte du contexte exceptionnel de cette saison 1972/73.

Sa place dans l’Histoire

Nous sommes ici pour parler de l’ère du R&G et Tiny Archibald n’y passe que 3 saisons. C’est pourtant ses performances dans cette période qui font toute sa renommée, la suite étant bien plus compliquée. Sa saison prend fin après seulement 35 matchs en 1973/74. Une année foutue dès la première rencontre puisque Tom Boerwinkle (encore lui) écrabouille le tendon d’Achille droit de Nate. Il tient bon un temps, mais il est difficile pour lui d’être régulier et ses stats au scoring sont presque divisées par deux.

Le bilan de Tiny avec les Royals/Kings n’est pas fameux. En six saisons, il ne participe qu’une seule fois aux playoffs pour une élimination 4-2 face aux Bulls de Norm Van Lier et Bob Love (deux anciens de Cincinnati). Il est temps de changer son fusil d’épaule et un transfert envoie la star locale chez les New York Nets. Le sort s’acharne et après 34 rencontres il se blesse à nouveau, toujours le tendon d’Achille. Il reste éloigné des parquets un an et demi.

Qui va bien vouloir d’un meneur aux pieds d’argile et qui affiche un surpoids inquiétant. Les Celtics tentent leur chance et récupèrent Tiny Archibald lors d’un échange avec les Buffalo Braves pour qui il n’a pas joué le moindre match à cause de sa blessure. La première saison n’est pas fameuse et on comprend qu’il ne sera plus jamais le même. Seulement 11 points et 5 assists, avant de retrouver des couleurs et d’enchaîner 3 saisons de All Star en 13/8. Il est même élu MVP du ASG de 1981, grâce à 9 points et 9 passes décisives en 25 minutes de jeu.

Le plus bel exploit de sa période Celtics est sans doute la finale de Conférence Est de la saison 1980/81. Les Celtics affrontent les Philadelphia Sixers de Julius Erving et du redoutable guard défensif Maurice Cheeks. Ce dernier ne peut rien face à Tiny qui finit la série avec 19 points et 7 passes. Il permet à Boston de remporter ce tour en 7 rencontres. En Finale, il n’est pas vraiment à son avantage (10 points à 36 %), mais cela n’empêche pas les C’s de glaner un nouveau titre, le premier de l’ère Larry Bird.

Si c’est en fin de compte un beau parcours, il n’en demeure pas que son rang dans l’histoire au milieu des 100 meilleurs joueurs All Time peut être discuté. Une saison folle boostée statistiquement par le Pace envoie une bonne dose de poudre dans nos yeux et il n’a pas était un franchise player victorieux. Bien qu’il soit extraordinaire, la place au débat peut être ouverte.

Cette saison mythique en tant que meilleur marqueur et passeur de la ligue et aussi celle d’un fort joueur dans une équipe faible. Un rendement de 24 points et 7 assists par rencontre est atteint 78 fois dans l’histoire de la NBA. Une liste qui ne contient que des pointures de la ligue. Des joueurs qui pour beaucoup on réussit à reproduire ces statistiques sur plusieurs saisons. Dans le cas de Tiny c’est un one-shot rendu possible par la médiocrité de son équipe et son rôle omniscient. On est définitivement plus proche du profil d’un Terrell Brandon, que de celui d’un Russell Westbrook ou Stephen Curry.

Son prime, c’est plus de 400 matchs à 19 points et 6 passes de moyenne sur 75 possessions. Les meneurs qui se trouvent dans ce rang statistique sont soit de très forts joueurs, soit des guards d’une classe inférieure qui ont surperformés dans des équipes sans talents. On y trouve d’autres merveilleux petits lutins comme Terrell Brandon, Calvin Murphy, Dana Barros ou encore Damon Stoudamire. Eux aussi sont des meneurs courts sur pattes qui réalisent leurs meilleures performances statistiques dans des équipes peu talentueuses.

Tiny reçoit son trophée de MVP du All Star Game
Interview d’après match pour le MVP du All Star Game de 1981. ©Pinterest

Conclusion

Pionnier révolutionnaire dans l’art du dribble, passeur élite, rapide comme l’éclair et casseur de défense au style intemporel. Tiny Archibald a construit sa légende sur une saison des plus individualiste, mais il compense par un titre gagné en chef d’orchestre. Distributeur de génie au sein d’une équipe des Celtics qui s’entend à merveille.

Alors, il n’est sans doute pas un des 10 meilleurs joueurs de l’histoire comme le dit Julius Erving. Mais s’il est considéré de la sorte par Dr J c’est aussi grâce à son impact sur le basketball des années 70 et 80. Combien de jeunes meneurs se sont inspirés de lui, cherchant à fendre les défenses avec la même grâce. Du dribble, de la vitesse et aucune peur pour celui qui n’a jamais reculé devant les géants des raquettes, du Iverson avant l’heure. Une vraie légende, un vrai daron des rues du Bronx qui n’a jamais cessé de transmettre son amour infini pour le basketball avec son sourire si communicatif.

Surtout, son histoire est celle d’un jeune homme timide et effacé qui prend confiance en lui à mesure que son talent se révèle. Une assurance qui finit par le changer sans pour autant que ses pieds ne cessent de toucher le sol. Tiny Archibald reste ancré dans la réalité, malgré son statut de star et ses gros contrats. Aucune arrogance et aucune suffisance de sa part.

Après sa carrière, il reprend ses études et obtient un doctorat. Il pousse d’autres anciens joueurs à faire de même, comme l’ancien Nets, Kenny Anderson. C’est là que se trouvent sa nouvelle fierté et motivation. Il développe un programme intitulé P.R.I.D.E, qu’on peut traduire par, prise de décision, respect, intelligence, rêve, éducation et effort. Le silencieux Tiny Archibald est devenu un orateur de talent, qui n’a de cesse de vouloir inspirer les nouvelles générations à s’éduquer afin de prendre leurs vies en main. Bob Cousy peut être rassuré, Nate Archibald n’est pas devenu un monstre. Il est en revanche à force de travail et de bienveillance devenu, un véritable modèle.

Richard DRIE

43 ans - Rédacteur - Contrairement à ce qui se raconte, je n'ai pas côtoyé George Mikan. Mais je m'efforce de raconter du mieux que je peux l'histoire de la NBA. Avec un gros penchant pour les années 60 et 70. Le bon vieux temps des moustaches et des shorts courts.

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