Tamatoa Isaac

Tamatoa Isaac, le meneur du futur pour la Nouvelle-Zélande

Tamatoa Isaac représente un futur radieux pour le basketball néo-zélandais. Découvrons ensemble ce jeune meneur de jeu intriguant.

Souvent dans l’ombre de son voisin australien, la Nouvelle-Zélande a cependant démontré une capacité à être compétitive à l’échelle internationale depuis le début du nouveau millénaire. La nation de l’Océanie fait régulièrement des performances honorables, et la 3e place obtenue à l’Asia Cup en 2022 indique que celle-ci continue de se développer. Et avec de jeunes talents comme Tamatoa Isaac, le futur semble radieux pour les Tall Blacks.

Le parcours de Tamatoa Isaac

Tamatoa Isaac est né à Sydney en Australie et a grandi à Maitland en Nouvelle-Galles du Sud pendant 16 ans. Tama a commencé à jouer au basket à l’âge de 6 ans pour les Maitland Mustangs et à jouer dans les catégories juniors avant de finir ses études lycéennes à Christ’s College à Christchurch sur l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande.

C’est d’ailleurs avec Christ’s College que Tamatoa Isaac remporte le titre de champion national des lycées en 2024, un sacre dont il est très fier. Il est également repéré par Mainland Eagles Academy, une organisation dont l’objectif est de soutenir les parcours de développement des joueurs et des entraîneurs juniors dans toute l’île afin d’ouvrir des opportunités pour les équipes nationales, les bourses d’études des universités américaines et les parcours de carrière.

Pour Tamatoa Isaac, ses succès chez les jeunes lui ont permis d’avoir un avant-goût de la NBA. Participant au Camp d’Asie de Basketball Without Borders en 2023, organisé par la FIBA et la NBA, il est sélectionné dans l’équipe des All-Stars masculins à la fin du camp. Tamatoa Isaac a continué sur cette bonne trajectoire en brillant lors du Championnat d’Océanie FIBA U17, où il a aidé son équipe à terminer deuxième de la compétition et fut nommé dans l’équipe du tournoi après avoir enregistré des moyennes de 10,2 points, 5,2 rebonds, 4,6 passes décisives et 1,6 interceptions par match. Une belle prestation pour quelqu’un qui a toujours rêvé de représenter son équipe nationale.

« Chaque fois que j’enfile le maillot noir et blanc, je pense aux anciens joueurs qui ont porté ce maillot et au respect que j’ai pour chacun d’entre eux et à ce qu’ils ont fait pour notre pays. »

Tamatoa Isaac 2024 NZNBL Early Season Highlights
Tamatoa Isaac évolue dans la meilleure équipe de Nouvelle-Zélande. Crédit : Canterbury Rams

Après avoir signé un contrat amateur avec les Canterbury Rams, il est officiellement devenu professionnel à l’âge de 17 ans, le 6 mars 2024, rejoignant l’équipe où jouait déjà son grand frère Kaia. Dans un entretien avec Le Roster, Tamatoa Isaac a parlé de ce que ce moment signifiait pour lui et sa famille.

« Signer mon premier contrat professionnel avec les Canterbury Rams a été un moment spécial pour moi et ma famille. J’ai toujours rêvé d’avoir mon frère Kaia Isaac, qui joue pour les Canterbury Rams depuis deux saisons, et de savoir que j’avais l’occasion de jouer avec lui, c’était quelque chose dont j’avais toujours rêvé ». a déclaré Tamatoa Isaac. […] »En y repensant, c’était un moment très spécial d’entrer sur le terrain en même temps que mon frère, d’être en même temps, en finale ensemble, c’était vraiment incroyable ».

En finale oui, car les Rams sont l’équipe la plus dominante du pays ces dernières années et ainsi, le temps de jeu dans l’équipe qui remporta son deuxième titre consécutif allait être limité. Cela dit, les 9 minutes de moyenne en 18 matchs représentent de l’expérience importante pour son développement. La première saison de Tamatoa Isaac peut être considérée comme un succès quand on prend en compte les objectifs qu’il s’était fixés, en plus d’avoir remporté un titre si tôt dans sa carrière.

« J’avais quelques objectifs au début de la saison. Je voulais participer à autant de matches que possible et entrer sur le terrain au moins cinq fois, et je crois que j’y suis parvenu puisque j’ai participé à la plupart des matches pour lesquels j’étais disponible, à l’exception de deux matches où j’étais absent en raison d’une commotion cérébrale. » […] »Gagner cette finale était incroyable. Pour ma première saison professionnelle, gagner un championnat, c’était une expérience irréelle et j’en ai aimé chaque instant. »

Être un athlète professionnel à cet âge là n’est jamais facile, et un bon encadrement est crucial dans ces conditions où on alterne entre les études et les matchs comme le meneur des Rams le fait. Heureusement pour Tamatoa Isaac, c’est ce dont il a bénéficié.

2024 Sal’s NBL Champions: Canterbury Rams
Les Canterbury Rams sont une organisation très bien gérée. Crédit : NZ NBL

« Je me sentais assez nerveux à l’idée de me lancer dans ma première saison professionnelle, mais une fois que j’ai parlé avec l’entraîneur Judd Flavell et l’entraîneur adjoint Quinn Clinton, ils m’ont donné beaucoup de confiance et ils m’ont fait confiance pour tout ce que j’avais à faire et ils ont cru en moi, ce qui m’a aidé à devenir ce que je suis et à avoir vraiment confiance en moi sur le terrain. » […] « J’ai pu partager le terrain avec de très bons athlètes comme Taylor Britt, Lachlan Obritt, Max Darling, Walter Brown, Kaia Isaac, qui m’ont tous fait confiance pour les aider à remporter un championnat. »

En parallèle, Tama et Kaia ont joué ensemble à la Rapid League, un championnat destiné à accélérer le développement des joueurs locaux et à offrir davantage d’opportunités aux joueurs prometteurs. Avant le match régulier de la NBL néo-zélandaise, il y a un match de Rapid League en lever de rideau qui débute une heure avant.

Ces matchs comportent des quarts temps de quatre minutes avec arrêt du chronomètre à chaque coup de sifflet. La prise de décision des joueurs est prioritaire en Rapid League, car les entraîneurs n’ont pas le droit de prendre de temps mort pendant les matchs. Au lieu de cela, chaque équipe dispose d’un temps mort par mitemps pris par un joueur. Les joueurs ont droit à cinq fautes personnelles et les équipes entrent dans le bonus à la troisième faute d’équipe par quarttemps. Si le score est à égalité à la fin du temps réglementaire, une période de prolongation d’une minute commencera immédiatement.

Dans la Rapid League, le joueur de 17 ans a bénéficié de plus de minutes et un temps de jeu plus régulier, ainsi qu’un environnement où il pouvait expérimenter et apprendre de ses erreurs. Il a été un joueur majeur de l’équipe qui a terminé deuxième du championnat.

En septembre, Tamatoa Isaac est de retour en équipe nationale pour la Coupe d’Asie FIBA U18. Encore une fois, il guida son pays à une deuxième place, mais en étant encore plus impressionnant que l’année précédente. 17,3 points, 5,7 passes décisives, 6,7 rebonds et 1,7 interceptions de moyenne ainsi qu’une nouvelle sélection dans l’équipe du tournoi. Isaac est revenu sur son expérience en Jordanie avec nous.

« Jouer sous le maillot noir et blanc est une chose que j’ai toujours rêvé de faire. Je suis parti en Jordanie où j’ai pu jouer contre les meilleurs pays de la région asiatique. Lors du tournoi, nous avions deux objectifs : nous qualifier pour la Coupe du monde, c’est-à-dire atteindre le top 4, et remporter la Coupe d’Asie. » […]

« Lors du premier match contre la Jordanie, l’équipe locale, nous étions tous impatients de jouer, mais aussi nerveux. Nous étions nerveux parce que nous devions jouer à un nouveau niveau international, mais une fois que le match a commencé, nous étions tous excités et nous avons gagné le match avec au moins 9 points d’avance. » se souvient Tamatoa Isaac.

« Une fois que nous avons réussi à atteindre notre objectif de terminer dans le top 4 et de nous qualifier pour la Coupe du monde, nous étions heureux, mais nous savions qu’il nous restait encore deux matches pour atteindre notre deuxième objectif, qui était de remporter la Coupe d’Asie. »

La lourde défaite en finale ne retire pas à la bonne prestation de la Nouvelle-Zélande durant ce tournoi. Crédit : FIBA

« Nous avons joué contre la Chine, je crois que nous avons fini par les battre par 10 points ou quelque chose comme ça, et ensuite nous avons joué contre l’Australie en finale. La rivalité est là évidemment, mais c’était génial de jouer contre eux, car je connaissais certains d’entre eux parce que j’ai grandi en Australie. C’était très bien de jouer contre eux, mais malheureusement nous avons perdu ce match. »

C’était une expérience incroyable de pouvoir jouer à un niveau international avec des pays différents, avec la barrière de la langue […] mais le simple fait de les saluer et de leur dire « bonjour » était une expérience incroyable. J’ai adoré chaque instant et chaque fois que j’enfile ce maillot noir et blanc, je suis heureux de soutenir mon pays. Je le représente avec fierté. »

Désormais, l’ambition pour Tamatoa Isaac est de s’imposer petit à petit en équipe première afin de pouvoir viser haut et il a exprimé auprès du Roster la possibilité de rejoindre les Etats-Unis dans les années à venir pour jouer dans les universités américaines.

Le style de jeu de Tamatoa Isaac

Lorsqu’il fut interrogé sur son style de jeu, Tamatoa Isaac s’est décrit lui-même comme un« meneur de jeu altruiste, un passeur d’abord », et c’est quelque chose qui est très facile à repérer quand on l’observe sur le parquet ou quand on regarde ses statistiques.

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Avant tout, Tama Isaac est un organisateur offensif. Crédit : FIBA

Tamatoa Isaac possède une bonne vision du terrain et est un bon passeur. Avec 2,4 AST/TO lors de l’Asia Cup U18 et un ratio de 3,27 en Rapid League, il a démontré une capacité à contrôler efficacement le rythme du jeu lorsqu’il joue avec des joueurs de son âge. Mais chez les pros, ce ratio tombe à 1,33. Cela démontre que Isaac a encore du chemin à parcourir dans ce domaine.

Que ça soit en club ou en sélection, Tamatoa Isaac a démontré une bonne capacité à pénétrer jusqu’au panier et il termine bien avec les deux mains. Mesurant 1,88 m, il n’est pas le plus explosif, mais possède une bonne science du placement et du déplacement, tout en étant à l’aise avec ses dribbles ce qui lui permet de mettre en danger la défense adverse selon s’il décide de conclure l’action, notamment avec son floater qui est de bonne qualité pour quelqu’un de son âge, ou ressortir la balle pour un de ses coéquipiers.

Le floater de Tamatoa Isaac se démarque par l’aise qu’il a quand il l’utilise. S’il ne rentre pas tout le temps, cela reste une arme qu’il peut employer régulièrement pour forcer la défense à respecter ses pénétrations vers le panier car il a démontré que c’est une option viable pour lui. Et comme il l’a démontré avec ce tir qui a permis à son lycée de remporter le titre national en 2024, il peut être très décisif quand il a l’opportunité de l’employer.

Tamatoa Isaac est par ailleurs plutôt bon avec le pick-and-roll. Combinant son aisance balle en main, l’utilisation de son corps pour gêner l’adversaire et sa vision du jeu durant cette action classique du sport, il a montré avec les Rams et avec la Nouvelle-Zélande qu’il a un beau potentiel en tant que floor general. Pourtant, le pick-and-roll est un autre point qu’il estime doit être amélioré.

Le jeu en pick-and-roll, une priorité pour Isaac. Crédit : FIBA

« Une autre amélioration est probablement ma prise de décision dans le pick-and-roll. Je dois juste comprendre quand je dois retenir mon dribble, si la drop coverage se prend un écran à la (Marcin) Gortat, si je dois tirer, distribuer la balle ou une passe en crochet dans les coins, etc. J’ai l’impression que c’est la partie la plus importante de mon jeu où je dois faire un pas de plus pour une autre saison en pro et potentiellement en université américaine contre de longs athlètes. »

Pour un meneur de la taille de Kyrie Irving, Tamatoa Isaac s’est montré très actif aux rebonds au cours de sa carrière. Au-delà d’en prendre à haut volume avec son équipe nationale, il sait également comment se placer et bloquer les opportunités adverses, ce qui est également crucial.

En défense, sa vision du jeu lui permet d’être compétent et ne pas être perdu la plupart du temps, mais il n’est pas non plus un talent exceptionnel de ce côté du terrain. S’il réussit à obtenir des interceptions à un volume respectable face à des jeunes de son âge, Tamatoa Isaac n’a pas encore démontré une même efficacité chez les pros. Mais il reste un joueur calme, évitant de concéder trop de fautes peu importe le niveau, ce qui est une qualité notable pour un joueur de son âge. Un élément qui ne retranscrit pas dans les statistiques, c’est la capacité à être un leader sur le parquet.

« Le fait de faire partie d’une équipe professionnelle m’a permis de devenir un leader, d’utiliser ma voix de manière défensive et offensive, d’utiliser ma voix. En tant que meneur de jeu, vous devez être capable d’utiliser votre voix dans une arène bruyante, ainsi qu’à l’entraînement, ce qui est une chose très importante à comprendre pour un jeune athlète. » […]

« Je me considère également comme un leader, essayant de m’améliorer et d’améliorer mes coéquipiers autour de moi, et je veux simplement avoir un impact sur la victoire à chaque fois que j’entre sur le terrain. Même si je ne suis pas sur le terrain, quand je suis sur le banc, je parle. Tout ce que je veux, c’est m’améliorer un peu dans ces cas de figure. »

Tamatoa Isaac – Mainland Eagles
Le tir de Tamatoa est une raison de s’inquiéter. Crédit : FIBA

S’il y a un point sur lequel Tamatoa Isaac va devoir travailler, c’est sa mécanique de tir, et c’est un point faible auquel il est conscient. Bon aux lancers francs, tournant à 85% pour son club et 78,8% pour son équipe nationale. Cette régularité ne se retranscrit pas à mi-distance et à 3 points.

« L’une des améliorations que je pense devoir apporter à mon jeu concerne mes tirs à 3 points en pull-up et mes tirs à 3 en catch-and-shoot. Je pense que c’est une grande partie du jeu dans le basket-ball d’aujourd’hui. Vous devez être capable de tirer à trois points, donc je pense que c’est l’une des choses que je dois améliorer. »

42,9% à 2 points et 32% à 3 points lors de la dernière Asia Cup U18 n’est pas flamboyant, mais c’est mieux que ce qu’il a fait chez les pros. 44,7% à 2 points et 18,8% à 3 points ne sont pas des chiffres glorieux. 56,3% et 21,1% respectivement en Rapid League est une amélioration, mais il est clair que Tamatoa Isaac va devoir travailler sur sa mécanique s’il veut percer au haut niveau.

Avec Tamatoa Isaac, tout est une question de régularité. Il a déjà démontré de très bons flashs des deux côtés du terrain, mais maintenant la question de savoir si ce jeune joueur va pouvoir devenir constant dans son jeu, et si son potentiel peut se transmettre efficacement chez les professionnels. Qu’on le retrouve en NBA, Euroleague, NBL australienne ou ailleurs, Tama a les moyens pour être le général d’une nouvelle génération néo-zélandaise.

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