Peut-être n’avez vous jamais entendu parler du meneur de jeu Javon Small ? Les Mountaineers ont eu une saison compliquée en même temps : Amani Hansberry n’a pas fait la saison attendue, la famille DeVries a passé l’année à glander pour permettre à Tucker de garder une année supplémentaire de NCAA et au moment du Selection Sunday, on a vu des équipes (coucou UNC) leur voler la place en March Madness. Cependant, Javon Small reste un joueur super intéressant pour la draft dont on va vous parler ici.
Se battre pour se faire sa place
Javon Small n’est pas du tout un joueur qui était attendu ici il y a 3-4 ans. Sorti de AZ Compass Prep (un lycée qui sort de plus en plus de bons joueurs comme TyTy Washington, DaRon Holmes, Kylan Boswell ou même Jeremiah Fears), Small était un prospect 3 étoiles qui a signé à East Carolina, une faculté très mineure du basketball universitaire. D’ailleurs, il joue peu sur sa première saison. Sur la deuxième saison, il revient fort pour être le leader offensif de l’équipe, devenant meilleur scoreur et passeur de l’équipe avant de se blesser. A ce moment-là, Javon commence à intéresser les équipes des grosses conférences.

C’est à Oklahoma State que Javon Small signe, université déjà bien plus cotée avec une vraie histoire et des joueurs historiques comme Cade Cunningham, Bryant Reeves, Marcus Smart ou encore la doublette historique des années 40 avec Bob Kurland et son coach Hank Iba.
Cependant, la saison ne va pas du tout se passer comme prévu collectivement : Bryce Thompson va se blesser pendant la saison, les freshmen vont faire de leur mieux sans non plus être si ouf et Javon Small se retrouve à leader, un peu esseulé, une attaque au plafond clair. Dans une équipe avec seulement 12 victoires, Javon fait son effet : gros scoreur qui développe son jeu au panier, sachant qu’il était déjà un solide provocateur de lanceur et un bon shooteur.
Après cette année difficile, Javon Small quitte Oklahoma State et rejoint West Virginia pour former une grosse équipe sur le papier : Darian DeVries arrive au coaching avec son fils Tucker, double MVC POY mais il y a également des talents comme Amani Hansberry ou Sencire Harris, le phénomène défensif Toby Okani ou même des joueurs expérimentés comme Joseph Yesufu ou Eduardo Andre. Même le freshman Jonathan Powell a fait une bonne saison. Mais si vous avez lu l’introduction, vous savez bien que tout ne s’est pas passé comme prévu et, encore une fois, Javon Small rate le tournoi NCAA à cause de la famille DeVries et de sélection douteuse au Selection Sunday.
Cependant, Javon Small a quand même fait une grosse saison en Big 12. Le meneur des Mountaineers a annoncé son arrivée à la draft avec une belle cote mine de rien si les GMs ont l’oeil.
Small Lethal Weapon
Petit par le nom mais grand par le pouvoir du get buckets. Rien ne correspond mieux à Javon Small. Partout où il est passé, Javon a montré que c’était un scoreur de très bonne qualité. Déjà, faisons le point sur l’efficacité dont il fait preuve en NCAA.

On va expliquer ce graphique fait sur Barttorvik : sur l’axe des abscisses, on a l’usage, c’est-à-dire la part d’utilisation du joueur dans les systèmes de son équipe. Sur l’axe des ordonnées, on a le TS%, une statistique de mesure de l’efficacité au scoring qui, contrairement à l’eFG%, prend en compte les lancers francs. Les joueurs qui sont sur le graphique répondent à un critère : celui d’avoir un usage supérieur à 25%.
On voit donc que, comparativement à quelques de meneurs scoreurs dont on parle le plus pour une draft 2025 ou 2026 (Tahaad Pettiford, Bennett Stirtz, Mark Sears, Kam Jones et Jeremiah Fears), Javon Small est au dessus de tout le monde en terme d’efficacité hormis Stirtz. Sears et Pettiford sont moins utilisés (logique car effectifs plus denses à Alabama et Auburn) et moins efficace. Kam Jones est moins efficace que Javon Small (logique, la perte de Tyler Kolek fait mal) et dans le même range de volume. Fears a beaucoup plus de volume mais moins d’efficacité, explicable par la faiblesse du roster des Sooners comparé à celle des autres meneurs cités ici. Mais pour quelles raisons Javon Small est un si bon scoreur ?
La première chose qu’on remarque chez Small, c’est son registre de tirs. On est clairement sur un joueur de type « analytics » : selon Barttovirk, Javon Small prend 111 de ses tirs au cercle, soit 25.3% de ses tirs totaux, mais aussi 235 tirs à 3 points sur la saison, soit 53.6% de ses tirs totaux. Ce qui fait qu’il ne reste que 21% de ses tirs qui sont envoyés à mi-distance, soit moins de 100 sur sa saison. Mais en plus de ça, Javon Small est très efficace au cercle malgré sa petite taille : si on prend les joueurs NCAA de cette année qui ont pris 100 tirs au cercle et 200 tirs à 3 points, il est 11ème avec 62.2% sur une population de 40 joueurs.

Cependant, contrairement à la quasi-totalité de cette liste de 10 joueurs meilleurs que lui, Javon Small allait chercher du lancer franc en gros volume. Hormis Ian Martinez, Javon Small a un meilleur FTr que la totalité des joueurs ici. Encore plus impressionnant, avec .379 de FTr, il est 4 points au dessus du troisième (Knueppel) et 10 points au dessus du quatrième (Alijah Martin).
Par rapport à la moyenne NCAA, Javon Small est très haut en FTr. Quand on fait un graphique des meilleurs FTr en fonction de l’Usage avec un minimum de 150 tirs à 2 points et 200 tirs à 3 points, on a Javon Small dans la moyenne très haute avec une 7ème place derrière John Tonje, Mark Sears, Ian Martinez, Wade Taylor, Ray’sean Taylor et Simeon Cottle.

Mais comment ce meneur d’1m88 fait pour être un scoreur si efficace d’un point de vue statistique ? La première arme qu’il possède, c’est son pull-up :
Il y a énormément de bonnes choses dans son pull-up : il a un handle exceptionnel qui lui permet de créer de vraies décalages mais dans le cadre du pull-up, c’est son step-back qui le rend léthal. Avec une telle matrise de ses appuis, il s’assure d’avoir toujours de l’espace si jamais un cross n’a pas le travail nécessaire. La longueur de ses bras est aussi un vrai plus car elle lui offre une plus grande marge pour ne pas se faire contrer sans pour autant impacter négativement la vitesse du dégainage. Il est moins à l’aise sur son Catch & Shoot mais il en rentre bien quand même et vu son toucher, ça finira par venir.
Il a également une panoplie de tirs au cercle qui est très intéressante : c’est un meneur qui possède des bons lay-ups avec un bon hangtime, il tank assez bien les contacts pour son physique et il sait utiliser ses bras pour esquiver un contest. Il possède également des floaters qu’il maitrise bien et si ça ne rentre pas, il se débrouille pour créer des lancers francs. Sur les drives de manière plus générale, c’est la décélération qui lui offre des espaces fabuleux. Que ce soit son dribble ou lui, il arrive à s’arrêter et se mettre en situation de shooter en un rien de temps pour dégainer à mi-distance (ou à 3 points avec un step-back comme on en a parlé plus tôt). Athlétiquement, c’est un joueur explosif en plus, capable d’envoyer des gros dunks en transition.
Le vrai point noir de son jeu offensif, c’est la passe. Globalement, les quelques séquences de passing que l’on peut voir, c’est un Pick & Roll simple avec une bounce pass. C’est peu varié (même si l’efficacité est présente, on parle d’un ratio de 5.6 assists pour 2.7 turnovers). Même si il montre des capacités de vision qui font penser qu’il a un avenir solide en connecteur offensif, le niveau de passe reste trop léger aujourd’hui et c’est un problème au vu de son poste et du rôle qu’il pourrait occuper.
Small guy with long arms
Un des points les plus impressionnants chez Javon Small, c’est probablement son jeu défensif et notamment son playmaking défensif.
Il a énormément d’armes qui font de lui un provocateur d’interceptions et de contres impressionnant pour son physique :
- La première arme, ce sont ses longs bras qui le rendent naturellement dangereux. S’il les utilise aussi pour finir aisément au cercle, c’est aussi une arme de contest qui est très dangereuse et qui lui offre une plus grande couverture du terrain.
- La deuxième, c’est la réactivité. On voit très souvent Javon Small sauter et mettre les bras sur le dribbleur dans le bon timing. Il est réactif, précis et net dans sa défense, peu de fioritures ou de timing foireux. C’est aussi lié à des appuis assez dingues qui lui permettent d’accélérer et décélérer de manière très rapide.
- La troisième, c’est l’énergie qu’il met sur le terrain. Small est une véritable pile électrique et ça se ressent en défense. Il est rarement mal placé ou en position de ne rien faire comme d’autres (coucou Ace Bailey). Ce qui le rend évidemment dangereux.
En gros, Javon Small est une menace constante car il possède à la fois les outils physiques, la coordination mécanique et l’envie pour défendre. Cependant, il faudra surveiller comment sa petite taille (1m88) peut survivre en NBA défensivement. Bon nombre de joueurs ont l’énergie et les outils athlétiques pour défendre mais la limite que pose leur taille fait que leur niveau défensif est assez moyen voire mauvais comme Collin Sexton.
Au final, on a quoi de bon chez Javon Small ? En entrée, on a un shoot très efficace avec une capacité à pull-up et un toucher élite sur la ligne de lancers francs. En plat de résistance, on a un athlète explosif qui peut finir avec une palette créative. Enfin, en dessert, on a un playmaker défensif de bonne facture. C’est un mix vraiment intéressant au global qui peut donner envie de le drafter, pourquoi pas, au premier tour.