Un Sun vous marque et tout est repeuplé. Dans un bon début de saison de Phoenix, le rookie Ryan Dunn brille et s’impose comme un élément important du système de Mike Budenholzer. Il était déjà mon coup de cœur avant la dernière draft : retour sur l’ascension d’un ailier défensif qui passe à l’attaque et conquiert le cœur d’autres passionnés.
Les Phoenix Suns prenaient un nouveau départ cet été avec l’arrivée d’un nouveau coach, Mike Budenholzer. Connu pour son sacre avec Milwaukee dans un système fort défensivement et armé de talents offensifs générationnels, coach Bud retrouvait chez les Suns cette partie offensive démentielle – avec Devin Booker, Kevin Durant ou encore Bradley Beal – mais une défense qui pouvait pêcher par manque d’investissement ou par déséquilibre l’an dernier.
Le choix des Suns de Mat Ishbia sonnait alors comme une évidence : la franchise de l’Arizona sélectionne au premier tour (via un trade de picks avec Denver) l’un des meilleurs si ce n’est le meilleur défenseur de la draft : Ryan Dunn. L’arrière/ailier formé à Virginia m’avait personnellement tapé dans l’œil pour sa faculté à verrouiller les meilleurs attaquants des postes 2/3/4 en NCAA.
Dès sa saison freshman, il comptabilisait 33 contres et 13 interceptions sur 31 matchs, à 13 minutes de moyenne. Puis en saison sophomore, son temps de jeu doublé lui avait permis d’ajouter du rebond à sa palette défensive (7 de moyenne) et d’intercepter 1,3 ballon par match. Il était par ailleurs le meilleur contreur de la conférence ACC, le seizième du pays. Pas mal pour un arrière !
Si les garanties défensives étaient bien présentes et pouvaient rassurer les franchises, un élément primordial pouvait en rebuter plus d’une : le shoot.
Dunn était bien trop maladroit, au point de terminer sa saison sophomore avec à peine 55 % au tir, autant aux lancers et surtout : 20 % à trois points sur un très faible volume. Sa marque ne se cantonnait qu’à des shoots en pénétration, sans grossir le trait. Un sacré point noir dans une époque où les 3&D sont précieux et prisés. Mais pour son coach de l’époque, Tony Bennett, pas de quoi s’inquiéter : il fallait bosser ses points forts et délaisser ses faiblesses criantes.
La métamorphose
C’était donc un profil brut, décrié par beaucoup pour finir au premier tour, qui se présentait à la draft. Les Suns saisissent son potentiel et le sélectionnent en 28° position.
Le défenseur fiable parvient à reproduire avec une faculté déconcertante ce qu’il faisait à la fac : verrouiller les meilleurs attaquants adverses. En une semaine, Dunn se colle des match-ups face à Luka Dončić, James Harden et LeBron James. Bien malin qui aurait pu imaginer l’issue de ces duels.
James Harden, leader offensif des Clippers, s’est vu se faire verrouiller par le rookie, qui l’a limité à 42 % au tir et 30 % à trois points, alors que le Barbu était à 5/11 derrière l’arc la veille contre Portland.
Comme à l’accoutumée, LeBron James profite de ses duels face aux rookies pour les entrainer dans un face-à-face au poste. Résultat, la vitesse de réaction et la longueur de Dunn lui permettent de pousser le King à forcer des shoots compliqués en fadeaways qui ne rentrent pas. Le Laker se casse aussi les dents en sortie d’écran, grâce à la bonne navigation du jeune Dunn. Pas de quoi empêcher Phoenix de s’incliner, mais Ryan Dunn confirme l’impact défensif que l’on voyait de lui depuis deux ans.
L’éclosion d’un shooteur
Mais surtout, surtout, le joueur de 21 ans connait une métamorphose inespérée pour beaucoup, attendue pour certains regards sous le charme du joueur. Au lieu de peser sur les possessions offensives de son équipe, il devient une véritable arme de destruction massive à trois points puisqu’il se découvre une adresse déconcertante derrière les 7m23.
D’une moyenne de 20 % à trois points l’an dernier, il en marque désormais 44 %, à volume très correct ! Sans doute mieux entouré par Booker, KD et Beal aux Suns plutôt que par Kyle Guy à Virginia, Dunn semble être en confiance et tente même beaucoup plus sa chance : sur ses cinq premiers matchs, le numéro 0 à marqué 11 trois points sur 25 tentés ; quand il n’en avait inscrit que 12 sur 51 tentés… en deux ans de fac !
Il devient donc difficile de s’imaginer se passer de lui. Et quand Bud a l’opportunité de le titulariser, il le fait ! Bradley Beal indisponible face aux Clippers, Royce O’Neale et Grayson Allen n’ont pu que contempler la fiabilité des deux côtés du terrain du rookie, qui plante seize points à 4/9 à trois points en 34 minutes.
De quoi imaginer, ou espérer, un rôle aussi important tout au long de la saison. Ryan Dunn s’inscrit comme une garantie de la stabilité lorsqu’il est intégré au cinq. Cela permettrait indirectement d’apporter de la menace en sortie de banc s’il était amené à prendre la place de Bradley Beal. La star acceptera-t-elle cette « rétrogradation » au profit de l’équipe ?
Pour l’heure, Beal n’a pas l’air enclin à céder sa place : son début de saison est très bon, et va dans le sens de l’attaque. Son activité incessante lui permet d’initier et de maintenir le mouvement sur les phases de possession des Suns. Nul doute que Ryan Dunn aura un rôle à jouer dès cette saison, en cas de pépin physique des anciens par exemple, mais son rôle devrait se jouer en sortie de banc. Ses facultés défensives en font en revanche un élément crucial pour un bon parcours de Phoenix en play-offs. La saison de Ryan Dunn, et des Suns, pourrait alors en ressortir grandie. Et titrée ?
Crédit photo Une : USA Today via AZ Central.