Rasheed Wallace
Rasheed Wallace

Rasheed Wallace, l’une des plus belles carrières de tête brûlée que le basket ait connu

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C’était il y’a plus de 11 ans, Rasheed Wallace mettait un terme à sa carrière après 16 ans au plus haut niveau. Le 17 septembre, il a soufflé ses 50 bougies. A la fin des années 1990 et pendant les années 2000, nombreux ont été les intérieurs à dominer le jeu, à l’époque où le jeu au poste bas était à son âge d’or. Avant que David Stern ne décide de serrer la vis afin de polir l’image du basket aux yeux des fans, les grandes gueules ne se cachaient pas entre bagarres et insultes récoltant fautes techniques sur fautes techniques, cette ère où le jeu se passait encore en grande partie près du cercle… C’est durant cette période que Rasheed Wallace a écrit sa légende à l’encre de sa détermination et de sa langue bien pendue. Bienvenue dans son univers.

Un potentiel digne des plus grands, signé Rasheed Wallace

Né le 17 septembre 1974 à Philadelphie, cet intérieur de 2m11 pour 104kg avait tout de l’intérieur complet (légèrement en avance sur son temps). Passé par son lycée local de Simon Gratz, il décide finalement de quitter la Pennsylvanie pour poursuivre son cursus Universitaire sous les couleurs de la mythique FAC de North Carolina (UNC). Rasheed Wallace passe deux saisons à faire ses gammes en NCAA aux côtés de Jerry Stackhouse. C’est durant leur deuxième et dernière saison qu’ils marqueront les esprits en se hissant jusqu’au Final Four de la March Madness après avoir éliminé Georgetown et Allen Iverson ainsi que Kentucky et Antoine Walker. Dans le dernier carré, c’est la marche des trop et ils s’inclinent contre la fac d’Arkansas portée par Corliss Williamson. Rasheed Wallace laisse derrière lui un bilan honorable avec une sélection All ACC et deux sélections All ACC Tourney pour des moyennes de 13 points, 7,4 rebonds et 2,3 contres.

Les analystes ne mâchaient pas leurs mots, ils promettaient un bel avenir pour ce profil : grâce à ses grands bras et sa carrure imposante, Rasheed Wallace peut occuper le poste d’ailier fort et de pivot avec des grosses qualités au contres et aux rebonds. Son shoot et son jeu au poste font de lui un attaquant complet doté d’un bon QI basket ; capable même de s’écarter et de tirer à trois points. Il se présente à la Draft 1995, l’une des cuvées les plus fournies en poste 4, où il est sélectionné en 4ème position par les Washington Bullets (derrière Jerry Stackhouse et devant Kevin Garnett).

Un parcours de longue durée pour une carrière accomplie

Lors de sa saison rookie dans la capitale, Rasheed Wallace peine à s’imposer derrière Chris Webber, Juwan Howard et Gheorghe Muresan mais montre une ligne statistique prometteuse avec 10,1 points, 4,7 rebonds et 1,3 passes de moyenne. D’ailleurs, il se fait remarquer pour s’être offert Dennis Rodman sur un poster.

Son passage à Portland, le début de l’ascension

Il montre déjà un caractère difficilement gérable et se fait échanger avec Mitchell Butler aux Portland Trail Blazers contre Rod Strickland et Harvey Grant. Dans l’Oregon, il lance sa carrière en étant associé au géant Lituanien Arvydas Sabonis avec qui il apprend beaucoup. Ces 8 saisons dans la Rip City seront les meilleures de sa carrière individuellement parlant. En 1998-1999, il est opposé à Chris Webber le 18 mars face aux Sacramento Kings et réalise son record de contres en carrière avec 6 dans un rencontre où il inscrit 25 points, prend 13 rebonds et vole 3 ballons. Au passage, il termine derrière Darrell Armstrong à la course au 6ème homme de l’année. Dès la saison suivante, il obtient plus de responsabilités aux côtés de Scottie Pippen, Arvydas Sabonis ou encore Damon Stoudamire et Steve Smith et participe à son premier All Star Game. Durant les play-offs, il va se montrer au rendez-vous lors des finales de conférence en noircissant la feuille du match 4 avec 34 points (son record en play-offs) et 13 rebonds contre les Los Angeles Lakers de Shaquille O’Neal et Kobe Bryant. Après cette défaite (103-91), les futurs champions se retrouvaient dos au mur. Par la suite, les Angelinos finissent par s’imposer en 7 rencontres, et c’est une nouvelle fois « Roscoe » qui sort du lot dans le collectif de Portland avec 30 unités, impuissant face à l’un des plus grands comeback de tous les temps (84-89). Dès la saison suivante, il est de nouveau all star et signe son record de rebonds le 1er janvier 2001 contre les Charlotte Hornets avec 18 prises, puis son record de points le 20 février 2001 contre les Denver Nuggets avec 42 unités, un duel de titan qu’il se livre face à son compagnon de draft Antonio McDyess (30 points 13 rebonds).

Atlanta, le point de bascule

Alors que les « Jail Blazers » sont sur la fin à l’aube de la saison 2003-2004, il est transféré aux Altanta Hawks avec Welsley Person en l’échange de Shareef Abdur-Rahim, Dan Dickau et Theo Rattliff, un cadeau empoisonné que les dirigeants ne mettront qu’un match à réaliser. Complètement ingérable malgré, 20 points, 6 rebonds et 5 contres, il est immédiatement envoyé aux Detroit Pistons, un trade qui changera sa carrière à tout jamais.

Bad Boys 2.0, la meilleure page de la carrière de Rasheed Wallace

Dès son arrivée dans le Michigan, il se font parfaitement dans le collectif de l’une des meilleures équipes de la décennie. Entouré par Chauncey Billups, Richard Hamilton, Tayshaun Prince et Ben Wallace, avec une identité de jeu très agressive et une défense rugueuse, il se sent de suite dans son élément. Il sera d’une grande utilité en tant que première option offensive à l’intérieur. Il compense ainsi les faiblesses de Ben Wallace dans ce secteur. Il était la pièce manquante qui allait faire passer un cap à ces Pistons version « Bad Boys 2.0 ».

le Sheed, dans cette équipe incroyable des Detroit Pistons
le Sheed, dans cette équipe incroyable des Detroit Pistons

Il remporte enfin la bague après laquelle il courait depuis 8 ans et renverse les Los Angeles Lakers version superteam avec Gary Payton et Karl Malone. C’est l’aboutissement de tant d’années de travail acharné, où il s’est livré corps et âme au basket pour laisser une trace dans l’histoire. Lors de la saison suivante, il voit l’arrivé dans le vestiaire de son ami drafté la même année, Antonio McDyess. Ils deviennent alors encore plus dominants et atteignent une nouvelle fois les Finals mais s’inclinent dans un ultime match 7 contre les San Antonio Spurs. La paire Wallace ne fait pas le poids face à un Tim Duncan impérial et un Robert Horry d’une clutchitude magistrale. S’il ne retrouve plus le chemin des Finals (du moins dans un rôle de titulaire), il atteint les finales de conférence lors des trois saisons suivantes en tant que pilier d’une ville de Detroit au plus bas et qui comptait sur le basket pour survivre.

Une transition réussie

Il est de nouveau All Star en 2006 et suite au départ de Ben Wallace pour les Chicago Bulls, il glisse naturellement au poste de pivot laissant le poste d’ailier fort à Chris Webber puis par la suite à Antonio McDyess. Grâce à son style de jeu bien moins athlétique que lors de ses premières saisons (mais tout autant agressif), son niveau de jeu ne baisse pas et il parvient à durer dans le temps même après la trentaine. Il est All Star pour la dernière fois durant l’exercice 2007-2008, la dernière saison de haut niveau des Pistons, la fin d’une ère. Il quitte la Motor City un an plus tard après 6 saisons de bons et loyaux services à 13,4 points, 7,2 rebonds et 1,8 passes de moyenne et marque à vif les fans des Pistons qui ont vécu une décennie dorée au sommet de la conférence est.

Le shoot exceptionnel de Rasheed Wallace

Le surnommé « Dirty 30 » était réputé comme la clé de voute de la défense intérieure des Pistons depuis la perte de « Big Ben » mais il a montré également qu’il pouvait être un shooteur longue distance, de très longue distance. Comme en ce soir du 26 mars 2007 où les Denver Nuggets menait 98-95. Alors qu’il était dans un match moyen avec 11 points, d’un tir exceptionnel de 19 mètres au buzzer, il arrache la prolongation, puis délivre les siens avec 8 des 15 points de l’équipe en overtime. Une ogive de la victoire dont il a le secret, un des premiers intérieurs à se mettre à tirer à trois points avec un volume plus soutenu, comme le 7 février 2009 où il se permet d’inscrire 7 tirs du parking contre les Milwaukee Bucks.

Le début de la fin pour Rasheed Wallace

Dans un ultime espoir de glaner un deuxième titre, il rejoint les Boston Celtics dans un rôle de vétéran en sortie de banc (9 points et 4,1 rebonds de moyenne) et échoue une nouvelle fois aux Finals au terme d’un Game 7 contre les Los Angeles Lakers. Avant le début de la free agency, il annonce se retirer des parquets à l’âge de 35 ans. Cependant, la passion pour le jeu l’anime encore et il a toujours l’énergie, deux ans plus tard après ses 38 bougies de renfiler le maillot des New York Knicks pour une tournée d’adieux en tant que remplaçant de Tyson Chandler et Ama’re Stoudemire. Le 17 avril 2013, il décide finalement de se retirer et de ne pas jouer les play-offs. Le Madison Square Garden lui réserve une ambiance digne de ce nom pour son dernier match et les 20 000 spectateurs de la Mecque du basket scandent son nom. Un des plus beaux moment au MSG de ces dernières années.

Rahseed Wallace, un caractère teigneux

Le personnage laisse tout sauf indifférents. L’un des intérieurs avec le plus d’énergie sur un parquets qui s’est fait remarquer plus d’une fois pour son comportement et son humour déjanté, lui qui avait fait du trashtalking sa première langue. Il était capable notamment de prendre une faute technique sans dire un seul mot à l’arbitre, juste en le regardant. Seul Rasheed Wallace ne était arrivé à un tel niveau de réputation auprès des reforees. D’ailleurs une règle porte son nom, la « Rasheed Wallace’s rule » suite à son record désormais imbattable de 41 fautes techniques en une saison, puisqu’un joueur se voit suspendre d’un match au bout de 15 faute techniques puis de 2 matchs à chaque technique supplémentaire.

Cependant, contrairement aux joueurs les plus fous ayant foulé les parquets de la Grande Ligue, Rasheed Wallace savait être attachant et fait partie des joueurs avec la plus grande fanbase de sa génération. Un seul point commun avec des joueurs comme Bill Laimbeer, Ron Artest & co, c’est le hustle. Lui, il en fait son culte, tout donner sur le terrain, mais son image de paria l’a rendu populaire. Un non-conformiste que les puristes admirent. Ses statistiques ne payent pas de mine comparées à ses rivaux tels que Kevin Garnett, Tim Duncan ou Dirk Nowitzki, mais sa valeur dépassait les lignes de stats. Il savait ce qu’il fallait faire pour gagner et ainsi se distinguer des éternels solistes.

Le « Sheed «  c’est une phrase devenu mythique, sa marque de fabrique : les « Ball don’t lie » (que l’on peut traduire par la balle ne ment pas) lorsqu’un joueur adverse manquait un lancer francs. Une punchline qui lui a d’ailleurs valu quelques fautes techniques (encore). C’est ce joueur qui a demandé à ce que sa bague de champion soit façonner sur son majeur afin d’ « emmerder » les haters et qui fait partie de cette listes de rares joueurs à avoir refusé de figurer dans le célèbre jeu NBA 2K (tout comme Charles Barkley ou encore Reggie Miller). Avec des lascars comme Allen Iverson, Stephon Marbury, Carmelo Anthony, il apporte au basket une culture provenant tout droit des quartiers de Philly. Ce qui ne plaisait par vraiment à David Stern jusqu’au dress code de 2004 suite au tristement célèbre Malice at the Palace, où Rasheed Wallace était évidemment évidemment présent dans les protagonistes. Autres anecdote méconnue, il est à l’origine de la célébration de Carmelo Anthony (qui sa frappe le crane en faisant le signe trois), mais qui par humilité lui a laissé le droit se l’approprier.

Voici un 5 majeur des meilleurs coéquipiers que Rasheed Wallace a eu tout au long de sa carrière :

  • Meneur : Chauncey Billups
  • Arrière : Richard Hamitlon
  • Ailier : Scottie Pippen
  • Ailier-fort : Arvydas Sabonis
  • Pivot : Ben Wallace
  • 6ème homme : Damon Stoudemire

Dans l’histoire, Rasheed Wallace a eu son empreinte, et celle-ci est loin d’être éphémère puisqu’il est le 7ème rebondeur et 3ème contreur le plus prolifique des Portland Trail Blazers ainsi que le 7ème meilleur contreur de l’histoire des Detroit Pistons. Actuellement, il s’est servi de ses connaissances basketballistiques pour sa reconversion dans le coaching en tant qu’assistant de Maurice Cheeks pour les Detroit Pistons en 2013-2014, puis en tant que coach du lycée Charles E.Jordan entre 2019 et 2021. Désormais, Rasheed Wallace est l’assistant coach de Penny Hardaway aux Memphis Tigers en NCAA depuis 2021. Jamais Hall of Famer, les plus grands joueurs sont certes les plus talentueux, mais les plus victorieux et titrés sont ceux qui mettent au profit du collectif leurs propres statistiques personnelles. Un joueur qui pouvait mettre sa tête là où d’autres n’y mettaient pas les pieds, dont le cœur reste à Motown. « Ball don’t lie » et Rasheed Wallace l’avait bien compris.

Planète_Basket

Etudiant en L2 Information-Communication dans l'objectif de faire du journalisme.
Beaucoup de sujets historiques avec un peu d'actualité sur la NBA et le basket en général, l'histoire n'a pas fini d'être raconté dans un devoir de mémoire des plus grandes légendes.

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