Pour cet épisode des Previews LNB Élite, nous remontons dans le Nord pour se rendre dans la Sarthe. Le club du Mans Sarthe Basket entame sa 34ème saison consécutive dans l’élite du basket français, avec toujours autant d’ambitions malgré une saison collective assez décevante. Seront-ils capables de remonter la pente et de retourner en Playoffs ?
2023-24, une saison en-deçà des attentes
- 11ème de la saison régulière d’Élite : 15 victoires / 19 défaites
- Coupe de France : Éliminé en 8ème de finale par Dijon 80 à 85
- Basketball Champions League : 2ème du Groupe A (3 victoires / 3 défaites), éliminé au play-in contre Patras (Grèce)
Le Mans est une équipe historique du championnat français. 5 fois champion de France, 4 fois vainqueur de la Coupe de France, et institution du basket hexagonal. Depuis le titre de 2018 autour des Justin Cobbs, Romeo Travis, Mykal Riley, Antoine Eïto ou encore Pape-Philippe Amagou, Le Mans oscille entre la 6ème et 9ème place du championnat, toujours à la lutte pour les Playoffs.
Cette année, Le Mans visait le même objectif. L’effectif construit pour le coach Elric Delort avait les cartes pour atteindre les Playoffs. Mais cela n’a jamais vraiment fonctionné. Ce fut assez chaotique, et finalement, les Manceaux n’ont jamais trouvé leur rythme. Notamment à domicile, où ils finiront à 9 victoires et 7 défaites. Beaucoup trop peu pour espérer mieux et atteindre le top 8. Le bilan final de cette saison est une 11ème place avec un bilan de 15 V/19 D, le pire classement depuis 2017, pour une équipe qui n’aura jamais vraiment été dans la course au Top 8. Un bilan mitigé qui s’est également ressenti en BCL, où Le Mans aurait pu aller plus loin que le play-in.
Des satisfactions sont cependant ressortis de cette saison. Davante’ Adams a été un véritable leader, mais à presque surnagé dans cette saison. L’arrivée surprise de William Howard a été une réussite, tant il a semblé en jambes et dominant sur la fin de saison. Mais c’est finalement peu comparé aux attentes de début de saison. Une saison un peu à oublier donc, pour la dernière du coach Elric Delort.
Le moment fort : L’invincible Malaga tombe à Antarès (22 novembre 2023)
Au sein d’un mois de novembre marqué par 3 victoires consécutives sans vraiment rassurer, Le Mans accueille l’Unicaja Malaga. Un gros défi pour le MSB puis à cette époque, les Andalous étaient invaincus : 9 victoires consécutives, toutes compétions confondues. Même le grand Real Madrid n’avait pas réussi à mettre fin à la série du club du sud de l’Espagne 3 jours auparavant. Sauf que ce jour là, à Antarès, le MSB avait des comptes à régler avec son public et lui-même.
Les Manceaux vont enfiler leur tenue de gala et complètement dominé Malaga durant les 3 premiers quart-temps. Dans le sillage d’un excellent Davante’ Jones, bien aidé par Tyran De Lattibaudière et Matt Lewis, va envoyer un 13-2 au second quart et mené jusqu’à 13 points à la fin du second quart, face à une équipe espagnole bien défendue et peu en réussite. Finalement, Le Mans tient face au retour dans le dernier quarts des Andalous et l’emporte 85 à 78.
Cette victoire de référence n’aura cependant pas eu l’effet d’un déclic, puisque Le Mans continuera sa saison compliquée. Mais elle a mis fin à la série d’une équipe en pleine bourre, qui finalement ne perdra que 2 matchs sur 19 durant leur série de victoires : une contre les Grecs de Peristeri, et surtout une contre Le Mans.
Les départs et arrivées
Départs
- DeVante’ Jones (vers Olimpija Ljubljana, ABA League / Slovénie)
- D’Shawn Schwartz (vers Rostock, Bundesliga)
- Dragan Apic
- Matt Lewis
- Raphaël Djasrambaye (vers Feurs, Nationale 1)
- William Howard
Sur le plan des départs, le MSB enregistre quelques pertes, et non des moindres. Les deux plus grosses sont le meneur DaVante’ Jones et William Howard. L’Américain de 1m84, qui a explosé la saison dernière avec près de 16 points de moyenne, a signé cet été à Ljubljana, qui lui permettra de disputer pour la première fois l’ABA League. Quand à l’ailier international français, il revenait de près de 2 ans sans jouer, et ce fut une belle réussite personnelle. Il vise désormais un retour à un plus haut niveau, avec notamment l’Euroleague dans un coin de la tête.
Du côté des autres joueurs, l’Américain D’Shawn Schwartz s’en va en Allemagne après une saison en dent de scie, avec une alternance de pointes et de matchs plus difficile. L’autre américain Matt Lewis, pour sa première expérience à l’étranger, et l’intérieur serbe Dragan Apic qui évoluait pour la première fois en France n’auront pas forcément répondu aux attentes et s’en vont également. Enfin, le jeune Raphaël Djasrambaye ira chercher du temps de jeu dans le Forez, à Feurs, en Nationale 1.
Arrivées
- David DiLeo (depuis ESSM Le Portel, Élite)
- Hugo Mienandi (depuis Angers, Pro B)
- Hugo Nguyen (depuis Paris Basket, Espoirs Élite)
- Mathias Van den Beemt (depuis Aix-Maurienne, Pro B)
- Noah Penda (depuis Vichy, Pro B)
- TaShawn Thomas (depuis Tortone, Série A)
- Tray Buchanan (depuis La Rochelle, Pro B)
Le recrutement du Mans Sarthe Basket version 2024-2025 est particulièrement ambitieux, énormément basé sur la Pro B, d’où provient le nouveau coach, Guillaume Vizade
Une des figures de proue du recrutement manceau estampillé Pro B, c’est l’extérieur américain Tray Buchanan. Que dire de ce dernier à part qu’il a absolument tout explosé en Pro B ? 17,4 points de moyenne et un titre de MVP de Pro B pour un joueur qui a fait étalage d’un talent exceptionnel au Stade Rochelais, comme lors de ses 45 points inscrits contre Denain.
Le recrutement Pro B s’accompagne de la venue de 3 jeunes joueurs. Tout d’abord, on retrouve Noah Penda, qui suit Guillaume Vizade de Vichy au Mans, et dont nous parlerons par la suite. En provenance d’Angers, l’ailier fort de 21 ans Hugo Mienandi découvrira le plus haut niveau, après une saison convaincante dans le Maine-et-Loire. Enfin, le pivot néerlandais Mathias Van den Beemt revient de son prêt plutôt mitigé à Aix-Maurienne, et devra aller chercher des minutes dans l’équipe mancelle. Un défi qui semble difficile à relever, mais qui sait ?
Hors de la Pro B, le MSB a recruté le meneur américain David DiLeo, venant du Portel. Il sort d’une saison très convaincante dans le Pas-de-Calais, où il aura tourné à 43.3% de moyenne derrière l’arc pour un volume de shoots relativement important. Venant de l’étranger, c’est le retour dans la Sarthe d’un ancien de la maison, TaShawn Thomas. Ce dernier avait tourné en 2021-2022 en 13,7 points et 6,2 rebonds, et été un des meilleurs joueurs de l’effectif cet année-là. Il tentera de rebondir à Antarès après une saison en Italie très compliquée.
Enfin, en provenance de l’équipe Espoirs du Paris Basket où il était un des leaders de l’effectif, Hugo Nguyen viendra s’intégrer dans un double projet Élite/Espoirs.
L’effectif 2024-25 du Mans Sarthe Basket
- Meneurs : Trevor Hudgins (US), Léopold Delaunay (FR), Hugo Nguyen (FR)
- Arrières : Tray Buchanan (US), Abdoulaye Ndoye (FR)
- Ailiers : David DiLeo (US), Noah Penda (FR), Loïs Grasshoff (FR)
- Ailiers-fort : Williams Narace (CAM), Hugo Mienandi (FR), David Simonovic (FR)
- Pivots : TaShawn Thomas (US), Wilfried Yeguete (FR), Matthias Van Den Beemt (NER)
- Entraîneur : Guillaume Vizade (FR)
En italique, les jeunes joueurs en double projet Elite / Espoirs
Cette équipe du Mans version 2024-2025 a ce côté très underdog qui s’en dégage. Des joueurs qui n’ont pas connu l’Élite, qui veulent se racheter, entourés par des gars du cru : cette équipe pour l’année 1 de l’ère Guillaume Vizade est particulièrement intéressante.
Il faudra surveiller la traction arrière qui a tout pour détonner. Le duo constitué de Trevor Hudgins, excellent scoreur et très bon passeur bien qu’on l’ait peu vu dans ce registre cette saison, et du feu-follet Tray Buchanan peut en faire l’un des secteurs extérieurs les plus performants de l’élite du basket français, si tout fonctionne. Ils seront épaulés derrière par les français Léopold Delaunay et Abdoulaye Ndoye, qui connaissent respectivement leurs 2èmes et 3èmes saisons dans l’élite. Léopold Delaunay retrouvera d’ailleurs Guillaume Vizade, avec qui il avait explosé en Pro B à Vichy. De quoi envisager un nouveau cap passé pour le meneur de 22 ans ?
À l’aile, ce sera une rotation constitué du shooteur David DiLeo et du très prometteur Noah Penda que nous verrons à l’oeuvre. Deux joueurs très complémentaires, le shoot de DiLeo compensant la faiblesse au tir de Penda, et inversement puisque Noah est très fort pour attaquer la raquette, à l’inverse d’un David DiLeo qui attendra plutôt derrière l’arc.
Le secteur intérieur a ce doux mélange de revanchard, d’expérience et de talent qui qualifie bien ce nouveau cru manceau. Williams Narace, 5ème année au club, sera toujours là pour encadrer les plus jeunes et impacter de toute sa puissance la raquette adverse. Il évoluera aux côtés de l’ancien TaShawn Thomas, pour reconstituer la raquette mancelle de la saison 2020-2021, qui avait fait beaucoup de mal aux adversaires. Ils seront accompagnés du jeune Hugo Mienandi pour sa première dans l’Élite, et de l’expérimenté champion de France 2018 Wilfried Yeguete.
Enfin, trois joueurs auront un double projet Élite / Espoirs cette saison. Il s’agit du meneur parisien de 18 ans Hugo Nguyen, de l’intérieur de 19 ans David Simonovic, et du joueur formé au Mans, l’ailier de 20 ans Loïs Grasshoff.
Le joueur à suivre : Noah Penda, Ailier, 19 ans
Le phénomène Noah Penda arrive en Élite ! Et ce n’était finalement qu’une question de temps. Car cet ailier de 19 ans, formé au Pôle France, est pétri de talent.
Noah Penda, c’est une carrière qui est sur une vraie pente ascendante. Jouant à seulement 15 ans avec l’équipe N1 du Pôle France après seulement 5 années de basket dans les jambes, il s’affirme comme un leader de la promo 2021-2022, aux côtés des Rayan Rupert ou Melvin Ajinça. Ses statistiques : 10.9 points, 6.1 rebonds et 2.7 assists en 29 minutes de jeu, ce qui en fait le meilleur rebondeur et passeur de l’équipe avec un an de moins que la plupart de ses coéquipiers. Un génération qui signera d’ailleurs le meilleur bilan du Pôle France avec 10 victoires.
Forcément, un tel succès attire les regards, et c’est l’équipe de Vichy, coaché par Guillaume Vizade, qui met le grapin sur le jeune talent français. Après une première saison d’apprentissage, Noah prend des responsabilités avec la Jeanne d’Arc en 2023-2024, au point de devenir une pièce importante de l’effectif.
Il finit la saison avec 9.3 points et 5.9 rebonds en 22.3 minutes de jeu, à seulement 18 ans et dans une équipe qui atteigna les demi-finales des Playoffs. Il fut nommé meilleur jeune de Pro B, et son duo avec l’arrière de 20 ans Ilias Kamardine, sur lequel nous avons consacré un article, n’est pas anodin au succès de l’équipe des bords de l’Allier. Et cet été, il a montré tout son talent à l’Euro U20, guidant son équipe vers le titre avec ce shoot exceptionnel face à l’Espagne en quarts de finale.
Cette saison, Noah Penda accompagne son coach Guillaume Vizade au Mans. Sa puissance, ses attaques vers le panier et sa prise de position seront des atouts dans un championnat où il faut être physique. Il faudra cependant qu’il s’améliore à 3 points, un axe de progression bien identifié dans son jeu. Mais s’il y a bien un joueur qui sera scruté à Antarès, c’est bien l’ailier parisien.
L’avis du rédacteur
Après une saison 2023-24 assez décevante, Le Mans aura à cœur de se racheter en 2024-25. Des choix ont été effectués et l’équipe qui s’en dégage est très séduisante. De là à revenir dans le top 8 ? Les premières analyses que l’on peut en faire est celle d’un effectif trop court et pas assez expérimenté pour pouvoir prétendre aux Playoffs.
Mais le propre d’une équipe comme Le Mans, c’est qu’elle peut surprendre absolument n’importe qui. Chaque joueur peut amener un grain de folie sur un coup de chaud, et enflammer Antarès à tout moment. Le potentiel du cru 2024-25 du Mans Sarthe Basket est grand, et peut devenir le chouchou du public sarthois.
L’équipe 2024-25 du MSB est excitante. Elle sera observée de près par les observateurs, et si tout fonctionne bien, pourrait déjouer quelques pronostics. Avec un nouveau coach, Le Mans repart de zéro, mais l’an zéro pourrait être une très belle année. Cela annonce une saison de toutes les surprises à Antarès !
