Pour la première fois depuis 35 ans, les Knicks de New York et les 76ers de Philadelphie se retrouvent en play-offs. Un face à face entre deux franchises mythiques qui joueront très gros lors de cette série. Celle-ci risque d’ailleurs d’être très disputée, en particulier pour un affrontement entre une 2e et une 7e tête de série au premier tour.
Deux équipes en très grande forme
Malgré la différence au niveau du classement, les deux franchises ont réussi à très bien conclure leurs saisons régulières. Car en effet, les 76ers sont parvenus à terminer la saison à la 7e place au terme d’un exercice marqué par la blessure de leur meilleur joueur : Joel Embiid. Les Knicks, eux, ont chipé la deuxième place aux Milwaukee Bucks lors du dernier match de la saison régulière, qu’ils ont remporté in extremis en prolongation face aux Chicago Bulls.
Sur leurs dix derniers matchs, les Knicks compilent 6 victoires pour 4 défaites, mais surtout, une série de 5 victoires pour terminer. Parmi ces résultats, des succès de référence en vue des play-offs, comme celui face aux Celtics, aux Bucks ou encore une double confrontation face aux Bulls. Mais on y trouve aussi des défaites qui font tâche, comme celle subie face aux Spurs ou bien un match perdu face à Chicago, qu’ils ont donc affronté à 3 reprises lors de leurs 10 dernières rencontres.
Le momentum est tout de même positif côté New Yorkais, notamment grâce à un Jalen Brunson en fusion qui tourne à 38 points et 8 passes par match sur ces fameux dix derniers matchs. Malgré son petit gabarit, il parvient à se servir de son corps à merveille pour driver et finir par-dessus son adversaire direct. Il est évidemment capable de se créer ses propres tirs, et de les rentrer bien comme il faut. Cette série de matchs lui a permis de se démarquer parmi les tout meilleurs attaquants de la ligue et même de grimper dans le top 5 de certains classements MVP.

Dans son sillage, les Knicks ont pu se détacher de l’image d’outsider qui leur collait à la peau sur cette fin de saison. Ils font désormais figure de concurrent sérieux pour le trône de la conférence Est, d’autant plus avec cette victoire face à Boston, pour le moment grand favori.
Côté 76ers, la fin de saison est encore plus impressionnante en terme de résultats. C’est simple, sur les 10 derniers matchs de saisons régulières disputés, ils ont remporté les 8 derniers. Eux aussi ont pu enregistrer des victoires importantes face au Miami Heat, au Orlando Magic ou encore au Thunder d’Oklahoma City, les leaders de la conférence Ouest.
Cette série de victoires est en grande partie due au retour de blessure de Joel Embiid. Le pivot Americano-Franco-Camerounais a réussi haut la main son come-back sur les parquets et Philadelphie s’est imposée lors des 5 matchs auxquels il a pris part. De plus, le MVP 2023 n’a même pas eu spécialement à forcer : 30 points en 30 minutes par soir, une petite frayeur face au Magic, mais rien de bien grave au final. L’intérieur a pu finir le match sans trop d’accrocs.
A l’issue de cette saison régulière, les 76ers ont eu le privilège, si on peut appeler ça comme ça, de disputer un match lors du play-in tournament. Ils ont donc déjà pu enclencher le mode play-offs le temps d’un match lors duquel ils se sont, non sans mal, défaits du Heat de Miami. Notamment grâce à un énorme Nicolas Batum, qui met en lumière la force du collectif de ses coéquipiers.
Les deux équipes ont donc un momentum encourageant à l’aube de cette série, et malgré un écart de 5 places au classement, les Knicks ne comptent que 3 petites victoires de plus que Philadelphie. Ce qui n’aurait certainement pas été le cas si Embiid n’avait pas manqué une bonne partie de la saison à cause de sa grosse blessure.
Léger avantage pour les Knicks sur la saison régulière
Les Knicks et les 76ers font partie de la même conférence et de la même division. Ce qui fait qu’ils se jouent 4 fois au cours de la saison régulière. Lors de ces 4 affrontements, les Knicks sont ressortis victorieux à 3 reprises, dont une fois où le franchise player de Philly était bel et bien présent, et a vu son équipe perdre de 36 points.
Cette rencontre était la première opposant les deux franchises, s’en est suivie deux victoires convaincantes des Knicks sous forme de blowouts (matchs sans réel suspens au vu du score). Avec, entre les deux, une petite victoire aux forceps des 76ers, qui sont venus s’imposer de 6 points au Maddison Square Garden sans Embiid.
Lors de chacun de ces matchs, les coéquipiers de Joel Embiid n’ont jamais dépassé la barre des 96 points et ont même été à deux reprises contenus sous les 80 points. Ce qui a notamment été dû à une défense des Knicks excellente, à l’image de ce qu’ils ont montré tout au long de la saison. De plus, les 76ers ne sont jamais parvenus à remporter la bataille aux rebonds lors de ces rencontres. En en prenant même 20 de moins que leurs adversaires lors du dernier match de cette série de régulière.

Toutes ces rencontres sont tout de même à prendre avec de grosses pincettes. Tout d’abord car 3 d’entre elles se sont déroulées en l’absence du MVP en titre, mais également car lors de la première, Julius Randle était présent côté Knicks. Ce qui ne sera pas le cas pour ce premier tour lors duquel les coéquipiers de Randle vont devoir se débrouiller sans lui, et se passer d’un de leurs meilleurs éléments en attaque.
Les Knicks vont devoir garder leur intensité
Pour pouvoir remporter cette série, les Knicks vont devoir réussir à garder leur intensité de la saison régulière. Bien que ce soient les 76 qui ont pu disputer un match qui avait déjà l’odeur de post season lors du play-in, les New Yorkais sont prêts et conditionnés pour de tels matchs.
Par exemple, le dernier match de leur saison régulière face aux Bulls sentait d’ores et déjà la poudre. Tandis que certaines équipes ont tendance à faire reposer leurs meilleurs éléments pour l’occasion, ça n’a pas du tout été le cas au Maddison Square Garden. Face à des taureaux désireux de bien terminer leur saison avant de se rendre eux aussi au play-in, l’équipe préférée de Spike Lee a fait le job dans un match ultra serré.
Avec des rotations de 8 joueurs côté Bulls, et 9 chez les Knicks, les deux équipes ont déjà pu avoir un avant-goût des play-offs. Le match était ultra disputé, la plupart des starters ont disputé au moins 40 minutes dans ce match que les Knicks ont remporté sur le fil, d’un petit point, au terme d’une prolongation irrespirable dans un Garden lui aussi en mode post season.
Cette intensité se traduit naturellement par une prise de rebonds énormes. Qui est un domaine où les Knicks excellent, tant grâce à leurs intérieurs besogneux qu’à l’arrière/ailier Josh Hart. Malgré son poste et sa taille d’1m98, est le 21e meilleur rebondeur de la ligue, avec deux pointes à 19 unités cette saison. Dans son sillage les Knicks se classent d’ailleurs 5e de la NBA au global en terme de rebonds et sont premiers au niveau des rebonds offensifs glanés.
Mais aussi par une excellente défense collective. Classés 9e de toute la NBA dans cette catégorie, les hommes de Tom Thibodeau sont capables de très bien défendre dans beaucoup de circonstances. A l’image par exemple d’un Josh Hart hyperactif sur l’homme, de la rotation de pivots Robinson – Hartenstein tous deux excellents proche du cercle, ou encore de la présence des très fiables O.G. Anunoby et Donte DiVincenzo qui risquent de poser bien des problèmes aux lignes arrières pennsylvaniennes.
En attaque par contre, la blessure de Julius Randle vient mettre des bâtons dans les roues du coach Thibodeau. Surtout dans l’animation offensive de son équipe. Néanmoins, les Knicks ont appris à jouer sans lui en attaque, et sans chercher à discréditer le triple All-Star, New York n’a pas tout perdu la main pendant l’absence de son ailier fort. Depuis sa blessure, les Knicks affichent un bilan de 21 victoires pour 15 défaites et Brunson s’est définitivement mué en patron offensif de l’équipe.
Les performances du meneur vont d’ailleurs être un autre facteur déterminant dans le résultat de la série. Lui qui a clairement été le meilleur joueur de l’équipe lors des play-offs de l’année dernière va devoir réitérer ses exploits dès le premier tour si New York veut venir à bout de Philadelphie. Si les 76ers ont le malheur de mettre un joueur de sa taille sur lui (comme Kyle Lowry ou Cameron Payne), il va surexploiter le matchup pour scorer à foison comme il l’a fait en régulière. Et si ce n’est pas le cas, eh bien il pourra abuser des écrans pour forcer des switchs. En plus, avec les intérieurs qu’il a autour de lui, ce ne sont certainement pas les poseurs d’écrans qui vont manquer à New York.
JALEN BRUNSON HAS BEEN ON A HEATER 🔥
He dropped 39 PTS in Boston tonight which is his 5th-straight game with 35+ PTS.
39 PTS | 6 3PM | 15-23 FGM | W pic.twitter.com/2x0xue0LeL
— NBA (@NBA) April 12, 2024
Si jamais il ne parvient pas à se défaire de l’étreinte qui sera certainement mise en place par Philadelphie, il a du très très bon shooter à ses côtés sur qui il peut ressortir le ballon en cas de prises à deux, comme les très efficaces DiVincenzo et Hart. Mais aussi des intérieurs assez habiles de leurs mains comme Precious Achiuwa ou Hartenstein, qui sauront quoi faire s’ils se retrouvent avec un missmatch proche du cercle provoqué par la rotation défensive des 76ers.
Comment les 76ers peuvent répondre ?
Chez les protégés de Nick Nurse, il va falloir réussir à répondre au défi physique qui sera imposé par leurs adversaires. Déjà, on sait que cela risque d’être compliqué pour Embiid qui ne semble pas encore être de retour à 100% physiquement. L’absence de Robert Covington retire une arme défensive de l’arsenal de l’ancien coach Toronto. De plus, De’Anthony Melton, qui aurait eu le profil idéal pour défendre sur Jalen Brunson, risque de manquer au moins le début de la série. On ne sait pas encore pour quand est prévu son retour exactement, mais c’est sûrement ce que les 76ers attendent avec le plus d’impatience.
C’est plutôt de l’autre côté du terrain, c’est-à-dire en attaque, que les 76ers pourraient bien faire la différence. Effectivement, même s’il n’est pas complètement apte physiquement, Embiid reste un des tout meilleurs attaquants de la ligue. Il a notamment su être clutch à la passe, en décalant magnifiquement ses coéquipiers, ainsi qu’en shootant à 3 points lors du play-in game. S’il garde cette adresse derrière l’arc, il aura donc moins besoin d’aller à l’intérieur pour se frotter aux gros des Knicks qui risquent de l’attendre de pied ferme. Il forcera également ces derniers à sortir sur lui, ouvrant des possibilités de drives accrues pour Tyrese Maxey, Kelly Oubre Jr, ou encore Tobias Harris qui ne vont pas se faire prier pour en abuser.
D’autant plus que les Knicks ne semblent pas être l’équipe idéale quand il s’agit de provoquer des fautes et se retrouver sur la ligne des lancers. C’est même la 6e équipe qui fait le moins de fautes en NBA. Et avec les coups de sifflets qui ont tendance à se rarifier davantage une fois les play-offs lancées, les provocations de fautes d’Embiid pourraient rapidement s’avérer moins efficaces que lors de la saison régulière.
Le principal objectif des 76ers sera donc de trouver comment contourner le plan qui sera mis en place par Tom Thibodeau pour ralentir les forces offensives en présence. Car maintenant, on connaît bien le bonhomme, et on sait tous très bien qu’il a probablement déjà pas mal d’idées à proposer l’ami Tom. Embiid va donc devoir assumer son rôle de plaque tournante en attaque et continuer sur la lancée de son match du play-in. C’est-à-dire qu’il va devoir peser sur le jeu malgré son état physique pas forcément idéal, et pouvoir trouver d’autres solutions lorsqu’il n’est pas spécialement en réussite.
Pour cela, il peut évidemment compter sur de très bons attaquants aux profils très polyvalents. Tyrese Maxey, Kelly Oubre Jr, et Tobias Harris déjà évoqués plus tôt vont également jouer un rôle clé, celui de tenir la baraque et de soulager leur pivot lorsque celui-ci sera usé par la défense New Yorkaise. Et pour cela, il n’y a aucun doute que Maxey sera le premier à répondre à l’appel. Lui qui a réalisé la meilleure saison de sa carrière avec 26 points de moyenne se doit de confirmer son nouveau statut de All-Star et permettre à ses 76ers de mettre à mal cette défense de la grosse pomme.

Ce 76ers – Knicks n’est pas une série comme les autres, en effet, elle sera le théâtre de l’affrontement de deux des meilleurs attaquants au monde à l’heure actuelle, avec des styles bien différents. Nombreux sont les compartiments du jeu, et les petits détails qui pourraient faire basculer la série d’un côté. Malgré l’écart au classement, l’issue de ce premier tour est très difficile à prévoir, et les 76ers pourraient bien être la 7e équipe à se qualifier au 2e tour des play-offs en éliminant un 2e de conférence…