Retransmission NBA. Crédit : ESPN

Retransmission NBA : vous ne passez que 37,2% du temps devant du basket

Quel pourcentage de vos nuits passées devant vos équipes préférées est réellement consacré à regarder du basket ? En d’autres termes, comment est découpé le produit NBA ? Si vous estimez que plus de la moitié de la retransmission NBA d’un match est consacré au jeu, bravo, vous êtes optimistes mais votre intuition n’est pas la bonne. Lors du match entre les Lakers et les Suns ce vendredi 26 octobre, un fan a calculé le temps de jeu effectif sur toute sa durée et le résultat est tombé… Il a seulement représenté 37,2% du broadcast ESPN.

Disclaimer : Les statistiques utilisées pour calculer les différentes catégories durant une retransmission ne se basent que sur un match à chaque fois. Ce ne sont donc pas des valeurs à prendre au pied de la lettre mais bien des indications pour chaque ligue. 

Le constat d’un faible temps de jeu en NBA

Pour aller plus loin, c’est un compte TikTok qui s’est amusé à découper la retransmission télé en 4 phases : le temps de jeu effectif, les publicités et les fins de quart-temps dont la mi-temps, les moments où la balle n’est pas en jeu et les lancers francs. Si l’on veut se rassurer, le playtime reste la catégorie la plus importante avec 37,2% du temps occupé à l’écran. Si l’on veut s’inquiéter, 32,3% d’une retransmission revient aux publicités ou aux pauses entre les quart-temps. Pour le reste, les temps où la balle n’est pas en jeu représentent 21,2% et 9,3% pour les lancers francs.

Un constat qui fait partie intégrante du produit NBA. Cette répartition influence même directement le jeu avec des temps morts publicitaires imposés au premier arrêt de jeu après 5 minutes s’il n’y en a pas eu avant. Mais on pense aussi aux dernières minutes d’un match qui peuvent être très longues en raison des lancers francs ou des temps morts entre chaque possession.

C’est pourquoi la gestion de ces derniers par la Ligue a beaucoup bougé. En 2017, la NBA est revenue au modèle pré 2001 avec 7 temps morts autorisés par équipe contre 9 et 2 dans les 2 dernières minutes contre 3. Ils ont également mis fin à ceux dédiés aux médias dans le deuxième et le quatrième quart. Pourtant, ils subsistent encore et toujours au début des matchs et Adam Silver, le commissioner de la NBA, l’assume pleinement.

« Ce qu’on a fait, c’est qu’on a trouvé d’autres opportunités dans le format pour garantir qu’on ait la totalité de nos publicités présentes […] C’est la réalité des émissions de télé. » 

Outre le nombre de temps morts, c’est aussi leur durée qui a varié. Toujours en 2017, les équipes ont perdu le droit de choisir entre 20 secondes – 60 en réalité – et 100 secondes. Une durée est fixée à 75 secondes et permet d’avoir un rythme plus élevé. Pourtant, la durée des matchs n’a pas été drastiquement réduite. Comment l’expliquer ? L’une des explications tient en une nouveauté instaurée lors de la saison 2019-20 : les challenges. Si les replays instantanés sont une raison pour laquelle un match peut s’éterniser, ils sont présents depuis 2002. Mais ils peuvent jouer un rôle puisqu’ils continuent de voir leur domaine de compétences augmenté.

Les challenges, au même titre que la VAR au football, permettent en théorie un meilleur arbitrage mais coupent totalement le jeu.  Pour donner un exemple concret, durant le match entre les Bucks et les Celtics ce lundi 28 octobre, Joe Mazzulla a utilisé son pouvoir. Résultat : un peu plus de 2 minutes sans basket. Cela contribue à expliquer le pourcentage si faible de jeu effectif durant les quelques 2 heures 15 que dure une retransmission NBA.

Arbitre pendant un challenge. Crédit - Sporting News
Des arbitres en pleine réflexion pendant un challenge. Crédit – Sporting News

Un autre domaine impacte le produit NBA et ce sont les lancers francs. D’après notre vidéo, ils occupent un peu moins de 10% d’un broadcast. Ils ont aussi une place essentielle dans le jeu en lui-même ;  notamment en fin de match serré. C’est un composant consubstantiel au basket en général même s’il n’a pas toujours eu la même importance dans le temps de jeu. Nous sommes actuellement dans la période avec le moins de lancers accordés par match avec 21,7 tentés par match en 2023-24. Pour situer, il s’agit de la marque la plus basse à égalité avec la saison 2017-18. Les 13 saisons avec le moins de lancers tentés se trouvent entre 2011-12 et 2023-24.

L’écart est même pharamineux avec les 40 premières années de la NBA où 32,2 lancers étaient tirés en moyenne avec une pointe à 38,3 en 1957-58. Le rythme devait donc être très différent à l’époque de nos grands-pères. Et malgré le fait que notre ère soit faible en lancers, cela représente tout de même près de 10% du temps d’écran. L’épisode des Finales NBA 2021 avec Giannis Antetokounmpo nous a montré à quel point le jeu peut être haché par les lancers.

Giannis Antetokounmpo au lancer franc. Crédit - Mark J. Rebilas, USA TODAY Sports
Giannis Antetokounmpo au lancer franc. Crédit – Mark J. Rebilas, USA TODAY Sports

La NBA face aux autres grandes ligues sportives américaines

Pour commencer, on peut se demander si la NBA n’est pas un produit de son environnement. Qu’en est-il des autres ligues de sports américains ? Le même compte a réalisé des vidéos similaires concernant la NFL pour le football américain et la NHL pour le Hockey.

Pour les suiveurs de football américain, il ne vous aura pas échapper que c’est très séquencé. Les réelles phases de jeu sont espacées et ce constat est suivi par les chiffres. 9%. Sur environ 3h de retransmission télé d’un match, le jeu ne représente que 9% du temps contre 25% de publicités et 66% d’arrêt de jeu. Concernant la NHL, on se rapproche plus des valeurs NBA avec 39% de temps de jeu effectif, 32% de publicités et 29% de pause.

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La grande différence avec la Grande Ligue se situe dans la fluidité. En effet, en plus d’avoir calculé ces différentes catégories, il a pu compter la durée moyenne d’une période de jeu ainsi que sa plus grande occurrence. Pour la NHL, on est à 59 secondes sans arrêt de jeu en moyenne contre 42 pour la NBA. 

L’Europe épargné par ces problématiques ?

Quittons les Etats-Unis pour s’intéresser au vieux continent et son sport le plus populaire, j’ai nommé… le football. Si les statistiques concernant la place du temps de jeu sont rares dans certains sports, le football a d’ores et déjà intégré cette notion. Il s’y intéresse différemment en raison de l’absence d’arrêt du chronomètre et de l’absence de temps morts à l’initiative des entraîneurs.

Puisque le temps ne s’arrête jamais, on essaye de calculer le temps de jeu effectif dans le cadre des 90 minutes plus le temps additionnel. Les valeurs varient beaucoup selon les championnats mais en moyenne on se situe entre 60% pour les bons élèves du temps de jeu effectif et 50% pour les cancres selon l’Observatoire du Football CIES. En prenant en compte la mi-temps dans la retransmission, on arrive à un total de 51,4% de réel jeu soit bien plus que les sports déjà observés. 

Pour autant, les débats autour de ce sujet sont apparus lors de la coupe du monde 2022 au Qatar. La possibilité d’un temps additionnel permet de répondre directement à ces problématiques ce qui a amené à des matchs allant jusqu’à plus de 100 minutes. L’exemple le plus marquant reste celui entre l’Angleterre et l’Iran avec 14 minutes de temps additionnel en 1ère mi-temps !

 

14 minutes de temps additionnel. Crédit -AFP
14 minutes de temps additionnel lors de la première mi-temps d’Angleterre – Iran. Crédit – AFP

Tout comme les challenges ou les replays instantanés en NBA, la Var a joué un rôle dans la coupure du rythme des matchs. Les décisions sont lourdes de conséquences et créent de la frustration chez les fans tant elles prennent du temps à être prises. 

En observant les chiffres, le découpage NBA serait il influencé par le modèle américain de retransmission télé ?  Pas nécessairement, si les temps morts publicitaires sont une spécificité, les problématiques se retrouvent aussi dans le basket européen. Les challenges font tout autant parti intégrantes du jeu et Donatas Urbonas, journaliste pour BasketNews, a relevé que la durée des matchs augmente. Dans un article, il note qu’entre la saison d’EuroLeague 2021-22 et celle de 2023-24, les matchs les plus récents durent en moyenne 7 minutes de plus. On passe de 1 heure et 48 minute à 1 heure et 55 minutes, soit proche des temps moyens NBA.

Le tout en considérant qu’un match européen dure 8 minutes de moins, que les temps morts sont moins nombreux et qu’ils ont moins de temps pour tirer les lancers. Selon lui, ce sont donc bien les temps morts et les replays qui créent cette différence puisque l’augmentation de la durée des matchs est corrélée à une augmentation du nombre de challenges utilisés par match. 

Pour donner un exemple plus récent, Cholet a affronté Fribourg en FIBA Europe Cup dans une rencontre de 2 heures et 12 minutes. Si c’est allé en prolongation, il faut voir que la dernière minute 24 a duré 10 minutes. Si c’est allé en prolongation, il faut voir que la prolongation a duré 24 minutes. Si c’est allé en prolongation, il faut voir que le dernier quart-temps et la prolongation ont duré 53 minutes pour 15 minutes de jeu soit 28,3% – moins qu’en NBA. Si c’est allé en prolongation, Donatas Urbonas a aussi assisté à un match de presque deux heures qui s’est pourtant fini avec 26 points d’écart. 

En comparant avec d’autres ligues, on s’aperçoit que la NBA ne fait pas exception. Ce faible temps de jeu réel est en partie intrinsèque au basket et ses règles modernes.

Quel bilan pour la NBA ?

Lorsque l’on évoque les barrières à l’entrée pour de potentiels nouveaux fans venus d’Europe, le décalage horaire est le plus évident. Cependant, la durée des matchs ajoute une couche supplémentaire et peut être un facteur repoussant. En effet, si se lever la nuit est déjà un défi, ça l’est d’autant plus qu’un match de 48 minutes devient rapidement 2 heures 15 voire 2 heures 30. Pour un fan qui maudit les challenges, les lancers et les temps morts durant une fin de match, c’est un futur fan qui ne le deviendra pas. 37,2% de basket pour sacrifier une nuit, ça n’en vaut probablement pas la peine se dit-il. 

Une saison supplémentaire à se gratter les veines devant une fin de match interminable, une saison supplémentaire à voir des arbitres décider entre 0,3 et 0,4 seconde pour finir un premier quart temps, une saison supplémentaire à se dire que, quand même, c’est aussi ça la NBA qu’on aime.

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