Si les Celtics sont sur leur rythme de croisière en ce début d’exercice 2024-25, un joueur en particulier n’est pas là pour faire du tourisme. Payton Pritchard est une très bonne surprise pour les Bostoniens et occupe une place importante au sein d’un effectif champion en titre. Joe Mazzulla lui fait entièrement confiance et le meneur le lui rend parfaitement. A quel point ? Au point d’être cité parmi l’un des favoris pour le trophée de 6ème homme de l’année. Rien que ça.
Payton Pritchard, un shooter d’exception
Payton Pritchard est petit par la taille, mais il est immense par le shoot. Il possède la panoplie complète des meilleurs shooteurs de la planète, une panoplie qui s’exprime parfaitement bien dans une équipe très orientée vers le 3-point.
L’adresse ? 39,8% en carrière. Le volume ? 4 tentatives par match et une montée à 9 3-points tentés (!) sur la première quinzaine de matchs jouée. Le catch-and-shoot ? 43,4% dont une réelle capacité à les prendre en mouvement. Le pull-up ? Pas une spécialité mais il est honorable avec une moyenne de 33,6%. Aux lancers ? 86,6% sur la ligne. Et enfin, la distance ? C’est simple, elle n’existe pas pour lui et il en a informé le monde entier lors du match 5 des Finales NBA 2024 avec ce shoot du milieu du terrain pour clore une mi-temps magnifique.
Cette saison, PP participe plus que jamais au spacing historique de la maison verte. Lorsqu’il est sur le terrain, c’est l’assurance que toute aide sur le porteur de balle sera punie. Pour une équipe qui compte des bons créateurs comme Jayson Tatum, Jaylen Brown ou Derrick White voire Jrue Holiday et Al Horford dans un profil plus connecteurs, c’est ce qui pourrait ressembler le plus à un paradis sur terre pour le meneur back-up.
Il faut dire que la présence de Payton Pritchard est plus importante que jamais. Avec l’absence de Kristaps Porzingis et un Al Horford qui joue moins, les Celtics jouent plus souvent avec un non shooter. Que ce soit Neemias Queta, Luke Kornet ou Xavier Tillman sur le terrain, la capacité de Pritchard à écarter le terrain est fondamentale pour la réussite de Boston. A l’image d’un Sam Hauser, il est une menace un mètre voire deux mètres derrière la ligne à 3-point ce qui force les adversaires à effectuer des stunts moins agressifs… ou à subir la précision du sniper originaire de l’Oregon. S’il a toujours été ce shooter depuis la draft, ce début de saison est spécial.
Une augmentation de responsabilités assumée pour Payton Pritchard
L’histoire de Payton Pritchard avec les Celtics n’est pas un long fleuve tranquille. Il a joué respectivement 66 et 71 matchs pour ces deux premières saisons mais son premier exercice sous Joe Mazzulla a été pour le moins compliqué. Seulement 48 matchs, seulement 13 minutes par match, Marcus Smart et Malcolm Brogdon dans les pattes ainsi qu’une demande de transferts pour montrer son talent ailleurs, voilà un contexte peu favorable. Pourtant, il est encore là. Payton Pritchard s’est accroché et a prolongé en 2023 pour 4 ans dans le Massachusetts tout en gagnant la confiance du coaching staff.
« Sa capacité d’avoir plusieurs rôles, il s’en fiche des circonstances. Il ne prête attention à rien d’autres que de jouer au plus haut niveau. C’est un pure compétiteur, j’apprécie vraiment ça chez lui. » – Joe Mazzulla.
Le résultat, c’est un feu vert complet et des responsabilités qui ont augmenté cette année. Il joue 28 minutes par match, contre 22 la saison dernière, et son usage rate a augmenté en conséquences atteignant environ 20%. Comme dit plus haut, il prend 9 3-points par match et si les pourcentages sont insolents (42,7%) mais peu représentatifs au vue du faible échantillon, la tendance est à la hausse dans tous les secteurs.
On connaissait un Payton Pritchard flamboyant sur les derniers jours de saison régulière quand aucun membre du 5 majeur habituel n’était sur le terrain, on connaît désormais un Payton Pritchard qui impacte régulièrement les matchs grâce à son scoring et son énergie. En attaque, il est capable de coups de chauds impressionnants comme face aux Bucks lors du 4ème match de la saison où il a inscrit 28 points à 8/12 à 3-points dont 19 en 1ère mi-temps. Rebelotte lors du deuxième match face à Milwaukee dans lequel il a gardé en vie les C’s dans le premier acte alors qu’ils étaient largement menés. Récemment, ce sont aussi 23 points qui ont participé à la victoire face aux Nets.
Si son shoot fait de lui un joueur viable à mettre sur le parquet, il n’est pas que ça. Malgré son mètre 85, il est plutôt costaud et arrive étonnement bien à se frayer un chemin vers le cercle. En général, il shoote, mais sa dangerosité pousse les défenseurs à défendre très haut sur lui ce qui peut permettre un drive plus simple. Pour aller avec cette arme, Fast PP va très vite, a un très bon handle et un toucher de balle soyeux ce qui peut expliquer un pourcentage de réussite au cercle élite l’année dernière (74%).
Près du panier, il est aussi l’un des meilleurs rebondeurs offensifs chez les petits, preuve d’une activité incessante. Fast PP est un bon surnom mais The Little Demon ça lui irait tout aussi bien. Si quelqu’un veut bien transmettre le message à Shaq…
The Little Demon est aussi un bon moyen de le décrire en défense. Malheureusement pour Pritchard, il n’est pas grand à l’échelle NBA et par dessus le marché, il a des petits bras. Pourtant, s’il joue autant c’est qu’il n’est pas catastrophique en défense. Il va vite et comme on l’a dit, est plutôt costaud ce qui lui permet de résister au contact face à des joueurs de son gabarit.
Son activité est impressionnante mais il ne résiste pas aux limites naturelles de son profil physique qui en font un défenseur neutre au mieux. La saison régulière ne le met pas forcément en difficulté à ce niveau, cependant, il a déjà été ciblé fortement par Jimmy Butler lors de séries de Playoffs par exemple.
Les Celtics sont un paradis offensivement pour lui, ils le sont aussi défensivement puisque ses lacunes peuvent être atténuées par d’excellents défenseurs off-ball. Des gars comme Derrick White, Jrue Holiday ou Jayson Tatum sont toujours prêts à venir en aide au cas où. Oui, Payton Pritchard peut être sur le terrain 28 minutes par match et c’est un atout pour son équipe
Payton Pritchard, phénomène de début de saison ou tendance durable ?
Dans l’optique où Payton Pritchard continue sur cette lancée, il va boucler la saison en 16 points – 3 rebonds – 3 passes avec une efficacité folle. Réaliste ? Peut-être pas, ou peut-être que si. Les joueurs, les dirigeants, les fans et la ville entière de Boston lui font confiance. S’il maintient ce niveau au shoot, rien n’indique que ses statistiques vont drastiquement baisser et le retour de Kristaps Porzingis devrait impacter la rotation intérieure plus que ses minutes. Pourquoi pas imaginer un retour à 13-14 points de moyenne mais ça resterait une progression importante pour les leprechauns en vue d’un 19ème titre. La réalité se trouve donc sûrement entre ces deux chemins !
Il pourrait même régler un problème qu’il pouvait avoir en début de carrière : celui de trop tenir la balle et moins se concentrer sur la finition. Sur ce début de saison, il garde en moyenne moins la balle à chaque fois qu’il la touche (3,8 secondes contre 4,3 la saison dernière) tout en ayant beaucoup plus de points par touches : 0,33 contre 0,23 les deux dernières saisons. Ce ne sont que des tendances mais elles pourraient le rendre beaucoup plus intéressant puisqu’il se concentrait sur ses principales qualités.
A 27 ans, il rentre dans son prime et après 4 saisons en NBA, son jeu commence à être de plus en plus mature, suffisamment pour s’imposer au sein d’un effectif qui joue pour effectuer un back-to-back.
Payton Pritchard va peut-être retourner sur Terre à un moment dans la saison. Pour l’instant, il a la tête dans les étoiles et la lunette bien aiguisée. Dans le cas très improbable (non) où les Celtics finissent tout en haut de la Conférence Est, et s’il continue à jouer de la sorte, il pourrait bien gagner quelques centimètres en étant tranquillement installé sur le podium du 6ème Homme de l’année.