Un derby ne se joue pas, il se gagne. Et Paris l’a bien compris en s’imposant largement 98 à 67 à Nanterre. Jamais mis en difficulté, les Parisiens montent provisoirement à la deuxième place du championnat, et s’affirment un peu plus comme un sérieux prétendant au titre.
Un choc décisif en haut du classement
Pour le compte de la 8e journée de Betclic Élite, Nanterre recevait à domicile l’équipe de la capitale. Cette rencontre importante pour le classement — les deux teams étaient à 5 victoires pour 2 défaites avant ce match — l’est d’autant que c’est un véritable derby que nous offre la LNB dans le cadre de son week-end centré autour des rivalités.
Les hommes de Pascal Donnadieu sont sur une excellente dynamique après leurs succès dans les dernières minutes la semaine dernière contre l’Asvel. L’équipe produit depuis le début de la saison un joli basket collectif avec une bonne circulation. Ils sont notamment 4e en passes décisives avec 19,6 assists par rencontre. C’est par ailleurs la 2e team à perdre le moins de ballon (11,6) alors qu’ils proposent un jeu très rapide.
Les Nanterriens sont notamment très agressifs vers le cercle où ils tentent 52 % de leurs tirs, pour une réussite average (8e de la ligue avec 62 %). Cela reste tout de même des shoots rémunérateurs, et qui permettent d’obtenir des points faciles (7e en lancers provoqués). Ce n’est pas étonnant si les Franciliens possèdent le 6e meilleur offensive rating du championnat.
Mais c’est surtout à la maison qu’ils se montrent intraitables en étant invaincus. Ils ont remportés leurs 4 matchs sur un écart moyen de 11 points. Pascal Donnadieu expliquait d’ailleurs en conférence de presse qu’il « savourait d’avoir retrouvé une identité à domicile ».
Pourtant Paris n’a pas à rougir. L’équipe fondée en 2018 a passé un cap cette année. Cela est notamment dû aux nombreuses arrivées en provenance Bohn, tant au niveau des joueurs que du coach avec Tuomas Lisalo.
Malgré quelques déconvenues regrettables contre Nancy et surtout Le Portel à domicile, Paris réalise un très bon début de saison. C’est l’une des meilleures équipes puisqu’ils dominent des deux côtés du terrain. Ils sont en effet 1er à l’offensive rating et 3e au defensive rating.
Tout comme Nanterre, les Parisiens sont très agressifs vers le panier. Les joueurs prennent 44 % de leurs tirs proches du cercle pour une réussite un peu meilleure (6e avec 62 %). C’est surtout au niveau de l’intensité que Paris impressionne, car le coach leur demande beaucoup d’activités. C’est d’ailleurs pour cette raison que Paris est la meilleure équipe aux rebonds.
La différence se fait surtout sentir au niveau du tir extérieure puisque Paris prend beaucoup sa chance de loin (1er en tentative de loin), avec une réussite qui reste néanmoins à désirer (11e à 34,5 %).
L’équipe réalise également un très bon début de saison en Europe avec 3 victoires sur les 3 premières rencontres, et est légitimement l’un des favoris au titre final. Certaines rumeurs laissent d’ailleurs entendre que le club pourrait intégrer l’Euroleague dès la saison prochaine, preuve que Paris passe dans une nouvelle dimension.
Un début de rencontre à l’avantage des Parisiens
Cette rencontre est bien évidemment particulière pour Juhann Begarin qui retrouve son ancienne équipe. L’arrière drafté par les Celtics en 2021 connait toutefois un début de saison compliquée. Il a du mal à se mettre en évidence dans le système de Donnadieu (8,3 points, 3,8 rebonds, 1,8 passe) où sa maladresse le limite fortement (seulement 29,3 % de loin). Mais comme l’année dernière, il montre qu’il est l’un des joueurs les plus athlétiques du championnat. C’est ce qui lui permet de finir efficacement proche du cercle (71 % ; 78e centile).
Le français se montre immédiatement en drivant fort vers le panier pour inscrire les deux premiers points du match. Son agressivité est contagieuse sur ses coéquipiers puisque Ibrahim Fall Faye obtient un super and-1 sur la possession suivante.
Pourtant c’est bien Paris qui prend un premier avantage par l’intermédiaire de Tyson Ward très actif en attaque (7 points en 3 minutes), mais aussi en défense où il gêne les lignes de passes (3 interceptions au final). Cela lui permet notamment de se remettre en confiance, lui qui était en difficulté dernièrement après avoir réalisé un très bon début de saison.
Même si Desi Rodriguez essaie de maintenir les siens dans le match, Nanterre a du mal à suivre le rythme. Comme depuis la reprise, Paris est très agressif en défense avec beaucoup de hard-hedge face auquel les Franciliens n’ont pas la réponse.
Les tirs manqués du côté de Nanterre s’enchaînent, ce qui permet à Paris d’aller vite en contre-attaque afin d’obtenir des paniers faciles. Tuomas Lisalo n’hésite pas à s’appuyer sur son banc en procédant à de nombreuses rotations..
Mehdy Ngouama, arrivé il y a une semaine, impacte immédiatement la rencontre. Très bon pour scorer (8 points à 6/6 aux lancers), il montre par ailleurs de jolies choses sur pick-and-roll (6 assist) face auquel les Nanterriens n’ont pas la solution.
Néanmoins la rentrée de Joel Ayayi fait du bien à Nanterre. Alors qu’il connaît un début de saison contrastée (5,7 points, 4,6 rebonds, 2,6 passes), il réalise un très bon premier quart-temps. Jouant très bien off-ball, il sanctionne les espaces laissés par le hard-hedge parisien (10 points au final).
On voit d’ailleurs Pascal Donnadieu essayer de limiter l’impact de T.J. Short en proposant une box-and-one sur lui. L’objectif est alors de chercher à le couper de la balle. Cela fonctionne assez bien puisque Nanterre revient à -8 à la fin du premier quart-temps, alors qu’ils avaient compté une dizaine de points de retard.
Un deuxième quart-temps dévastateur
Paris commence le second quart-temps de plain-pied en étouffant les Nanterriens. T.J. Short se met en évidence en inscrivant très rapidement cinq points. Il fait taire le public, comme depuis le début de la saison où il prouve qu’il est l’un des meilleurs meneurs en Europe (18,3 points, 6,6 passes).
Véritable métronome sur pick-and-roll, il présente une propreté assez folle balle en main (seulement 0,9 turnover de moyenne) et est ultra-efficace au cercle avec un gros volume (63 % de réussite ; 56e centile). Ce n’est pas étonnant qu’il soit à la fois le meilleur scoreur et passeur du championnat.
De l’autre côté, Nanterre s’entête à attaquer la raquette parisienne et enchaîne tirs manqués et ballons perdues. Paris ne se fait pas prier pour passer un run de 14-0 en 5 minutes afin de prendre largement le lead. Il faut d’ailleurs un gros shoot en pull-up à trois points de Ayayi pour mettre fin à l’hécatombe.
Mikael Jantunen est l’un des acteurs du run Parisien en étant très actif en défense. C’est le cas depuis le début de la saison où il s’est affirmé comme l’un des hommes forts de sa team. Ce n’est pas surprenant que Tuomas Lisalo l’ait titularisé sur les deux dernières rencontres.
À la mi-temps, Paris mène 54 à 28, grâce à ce super deuxième quart (26-8). L’équipe impressionne par son énorme intensité défensive. Il y a beaucoup de communication — contrairement à l’année dernière — pour faire les rotations au bon moment. C’est notamment au niveau athlétique qu’ils dominent, comme aux rebonds où ils ont deux fois plus de prises que leur adversaire (22 rebonds, dont 9 offensifs) après vingt minutes.
Nanterre ne peut pas compter sur un grand Justin Bibbins (3 points à la mi-temps) qui est mis en difficulté par la défense adverse (1/7 au tir). Il est pourtant l’un des hommes majeurs du système de son équipe de par le rythme qu’il impose. Il a réalisé quelques gros cartons cette saison, que ce soit contre l’Asvel (29 et 7 passes) ou contre Le Portel (16 points et 14 passes).
Une deuxième mi-temps sans suspense
Pour freiner l’équipe parisienne, Pascal Donnadieu opère des changements au retour des vestiaires en réintroduisant Bibbins et Ayayi, ainsi qu’en mettant en place une défense de zone. Cela marche dans un premier temps puisque Paris perd le ballon pour violation des 24 secondes. De l’autre côté, Nanterre propose un meilleur mouvement de balle et un meilleur spacing.
Pourtant les Parisiens se réveillent et appréhendent très bien cette défense en prenant plus de temps en attaque pour trouver des espaces. L’équipe prend complètement feu et annihile tout espoir de comeback grâce à une adresse folle (41 % de loin au final).
On assiste néanmoins à quelques jolies actions, comme le dunk de Begarin au buzzer (11 points, 7 rebonds, mais 7 ballons perdus). Voyant que le sort de la rencontre est scellé, Donnadieu ouvre son banc avant le dernier quart en faisant rentrer le jeune Lucas Fisher.
Passé un quatrième quart-temps sans réel intérêt, Paris remporte ce match assez largement 98 à 67. L’équipe a montré une véritable domination sur cette rencontre, en étant méchant quand il fallait pour stopper les tentatives de comeback de Nanterre.
Nadir Hifi est pourtant passé à côté de son match. Alors qu’il était en forme récemment (19,0 points de moyenne sur les 4 dernières rencontres), il n’a jamais semblé être en rythme. Son scoring (14 points à 4/9) n’est pas vraiment représentatif puisqu’il est surtout intervenu en 4e quart lorsque la rencontre était pliée.
Son association avec Ngouama n’a pas été fructueuse pour lui puisqu’il a dû évoluer davantage off-ball. On a d’ailleurs vu Tuomas Lisalo le rappeler plusieurs fois à l’ordre à cause de ses mauvais choix. Le français déclarait il y a quelques semaines être encore en train d’apprendre le système, précisant que cela devrait prendre « trois à quatre matchs selon le coach ».
Nanterre de son côté n’a jamais été en mesure de jouer son jeu, à savoir proposer beaucoup de possesion rapide et d’agressivité vers le cercle. La différence s’est surtout faite athlétiquement où ils ont complètement explosé (41 rebonds à 26). Leur adresse extérieure leur a également fait défaut puisqu’ils ont shootés à un très faible 26 %.
Grâce à cette win, Paris monte provisoirement à la deuxième place du championnat avant de se déplacer à Londres mardi en coupe Eurocup et de recevoir Chalon le week-end prochain. Nanterre de son côté, qui a connu sa première défaite à domicile de la saison, se déplacera la semaine prochaine à Cholet (5 victoires en 7 matchs) dans une rencontre décisive pour la lutte aux playoffs.
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