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Run and Gun#2 Onze titres, la recette du succès

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Run and Gun Era est une série d’articles dédiée à une des périodes les plus mythiques de l’histoire de NBA. Quand certains jugent cette époque comme celle des plombiers, d’autres y voient une ère où évolue de véritable dieu du basketball aux talents inégalables. Ces deux camps se trompent. Sortons des jugements péremptoires hâtifs, des mythes érigés sur des statistiques, pour découvrir ce que cache ces années au jeu complètement fou. Dans cet épisode, on découvre comment gagner onze titres avec la recette du succès concocté par Red Auerbach.

Lord of the rythm

Sur les 17 années du Run and Gun, les Boston Celtics remportent 11 titres de champions. Certains y voient le signe de la faiblesse de cette période. D’autres y voient la main mise d’une équipe en tout points intouchable. En réalité, les Celtics sont loin d’être parfait. C’est une équipe tout au plus moyenne en attaque, voir une des pires de la ligue en fonction des saisons.

Mais Red Auerbach à une qualité extraordinaire, il sait toujours trouver une faille lorsqu’un obstacle se trouve devant lui. On lui accorde souvent la paternité du Run and Gun, mais en réalité avec l’apparition de l’horloge des 24 secondes c’est toute la NBA qui se met à jouer sur un tempo fou. Lui, il pousse le potard à fond. Les Celtics deviennent alors les maîtres du pace outrancier. De cette manière, ils réussissent à compenser leur faiblesse en attaque en jouant un maximum de possessions.

Une grande partie du jeu se base sur la contre attaque, même si les Celtics ont bien des systèmes de jeu, comme le Scissor ou le Pistol. Plus tard, Steve Nash devient un expert du Pistol lors du fameux « 7 seconds or Less » des Phoenix Suns de Mike D’Antoni. On voit également Marcus Smart appeler ce système lors de la finale qui oppose les Celtics aux Warriors en 2022. Un classique Auerbach, exécuté à l’époque par le magicien Bob Cousy, mais qui est toujours aussi efficace de nos jours.

Des systèmes simples qui ouvrent la voie du panier rapidement. Avec ce style de jeu, on fait très peu de passes, on fonce tête baissée vers le panier en essayant de marquer le plus vite possible. Cependant avec Cousy à la mène, guidé par sa capacité innée à trouver un partenaire démarqué, il est un atout précieux pour Red Auerbach et le showman préféré du public.

Pendant 9 saisons consécutives, les C’s se placent dans le Top 3 des équipes scorant le plus de points par rencontres tout en étant faible offensivement. Le rythme de jeu des Bostoniens est intenable pour beaucoup de leurs adversaires. Ils enchaînent 4 saisons consécutives à plus de 130 possessions jouées, dont une pointe à presque 137 possessions, record absolu et record imbattable.

Lorsqu’ils se retrouvent pour la première fois sous la moyenne de la ligue en termes de Pace, la sentence est immédiate, le titre leur échappe au profit des Philadelphia Sixers de Wilt Chamberlain. Mais c’est aussi la première saison ou Red Auerbach n’est plus sur le banc de touche et c’est Bill Russell qui a pris son relais en tant que joueur/entraîneur.

Pendant longtemps les Celtics ont basé une partie de leur succès en pratiquant un jeu trop rapide et  trop suffoquant pour leurs adversaires.
Pendant longtemps les Celtics ont basé une partie de leur succès en pratiquant un jeu trop rapide et  trop suffoquant pour leurs adversaires.

La défense gagne des titres

La dynastie des hommes en vert ne peut se résumer à une simple histoire de tempo. En vieillissant, les cadres de l’équipe n’arrivent plus à se hisser largement au-dessus des autres franchises en termes de rythme. Cependant la victoire continue d’être au rendez-vous avec deux titres supplémentaires. La raison de ce maintien au sommet de la ligue tient en un mot, Défense.

En plus d’agresser l’équipe adverse en courant à tout va, les Celtics sont de 1957 à 1969, la meilleure défense de la ligue. Il ne concède cette place qu’une seule fois en 1968, aux Sixers de Chamberlain, encore eux. Il ne faut pas pour autant s’imaginer une équipe de surhommes qui joue pendant 48 minutes la contre attaque tout en défendant le plomb en même temps.

Jouer sur un rythme aussi rapide, c’est délaisser l’aspect défensif du jeu. On tire vite, pour laisser le moins de chance possible à l’adversaire de se remettre en place. Le contact est très vite sanctionné par l’arbitre, le moindre coup de pression devient une faute. Peu de défense placée ou organisée, pression défensive limitée, dans ce contexte la plus value provient des défenseurs capables de réaliser des stops et de contrôler le rebond.

C’est là qu’enfin on évoque le nom de la pierre angulaire du succès des Celtics, le pivot aux 11 bagues, Bill Russell. Ses aptitudes aux contres et aux rebonds font de lui le véritable « game changer » de cette période. Les bâches distribuées à tout va sont autant de possessions gagnées par Boston, des possessions précieuses qui font gagner des matchs.

Avec K.C Jones, John Havlicek, Tom Sanders, même constat mais dans un autre style. La hargne de ces joueurs et leurs capacités à arracher le moindre ballon qui traîne et inestimable. Les Celtics dominent également aux rebonds. Chacun participe à l’effort, même si le taulier se nomme Bill Russell. Toujours placés dans le top 3 de la ligue dans cette catégorie, les Celtics ne laissent rien aux adversaires. C’est donc cette défense de fer qui permet à Red Auerbach et ses joueurs de gratter encore deux championnats. Bien qu’il ne puisse plus compenser leurs lacunes offensives en jouant plus vite que tout le monde.

Le mythique coach aux cigares est souvent associé au « Run and Gun », qui est synonyme d’attaque. Mais c’est bien en bâtissant un effectif défensif qu’il a régné sur la NBA. Sans défense, le jeu survolté des Celtics n’avait aucune chance de remporter autant de bagues. Un coach tente de copier la recette Auerbach lors de la saison 1990/91, mais il lui manquera un petit quelque chose pour connaître le succès.

KC Jones, John Havlicek et Tom Sanders. Des soutiens de luxe pour Bill Russell et Sam Jones.
KC Jones, John Havlicek et Tom Sanders. Des soutiens de luxe pour Bill Russell et Sam Jones.

Courir ne suffit pas

Ce coach c’est Paul Westhead, le poète de la série Winning Time. Obsédé par le Run and Gun il fait des Denver Nuggets l’attaque la plus prolifique de l’histoire avec pourtant un roster offensivement plus que moyen et défensivement médiocre. Résultat des courses, 119.9 points marqués par rencontre pour 130.7 points encaissés !!! Orgie de points chaque soir de match dans le Colorado.

Leurs adversaires dépassent 36 fois la barre des 130 points, dont 15 fois celle des 140, 5 fois des 150, 3 fois des 160 et une fois des 170 ! Tout cela dans la sacro sainte NBA des 90’s ou « ça défendait dure pas comme aujourd’hui », bref.  Seulement 20 victoires pour ces Nuggets, preuve en est que sans défense une attaque prolifique ne suffit pas.

Red Auerbach et Bill Russell onze titres de champion
Red Auerbach et Bill Russell

Lors de cette ère du Run and Gun, seul les Lakers du trio Jerry WestElgin Baylor – Wilt Chamberlain parviennent à remporter un titre en 1972 en étant leader du pace et de la défense. Plus récemment, lors de la saison 2014/15 les Golden State Warriors réussissent également à devenir champion en utilisant le cocktail pace/défense. La seule différence, les Lakers de 72 et les Warriors de 2015 sont également les meilleures attaques de la ligue.

Le Run and Gun n’aura été qu’un moyen d’arriver à ses fins pour le roublard Auerbach. La leçon donnée par les Celtics durant cette période est que la victoire s’obtient en défendant. L’évolution des joueurs, les changements de règles, transforment les attaques et donc les défenses. Il est cependant impossible de soulever un trophée sans elle. Dans l’ère de l’attaque à outrance, l’impact défensif de Bill Russell est décisif, faisant de lui un des joueurs les plus dominant de l’histoire bien qu’il soit limité devant le panier adverse.

C’est la fin de cette pastille, les occasions de parler des Celtics ne vont pas manquer, tant ils ont marqué leur époque. Si la défense n’était pas une priorité lors du R&G, elle a fait les champions et les fait encore aujourd’hui. La discipline aura son heure de gloire lors des années 90 et 2000, le pace s’enfonce dans les abîmes avec seulement 80 possessions par rencontre pour certaines équipes. En attendant, nous on court et on tire, à bientôt pour le prochain épisode.

Richard DRIE

43 ans - Rédacteur - Contrairement à ce qui se raconte, je n'ai pas côtoyé George Mikan. Mais je m'efforce de raconter du mieux que je peux l'histoire de la NBA. Avec un gros penchant pour les années 60 et 70. Le bon vieux temps des moustaches et des shorts courts.

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