Championnes en titre, armé d’un effectif All-Star, le New York Liberty semblaient taillé pour régner à nouveau sur la WNBA. Et pourtant, malgré un départ canon, la machine new-yorkaise commence à montrer des signes d’essoufflement à l’image de leurs  6 défaites sur leurs 9 derniers matchs. Entre blessures et irrégularité, les ingrédients d’une saison plus complexe qu’attendu sont déjà réunis.

La saison 2025 débute sous les meilleurs auspices pour le Liberty. Avec un bilan de 9 victoires pour aucune défaite pour démarrer la saison, New York occupait les sommets de la Ligue lors des premiers matchs de régulière.

Au fil de ses premiers matchs de la saison, le Liberty est inarrêtable démarrant la saison sur un bilan de 9-0.  Pendant cette période, New York brille dans les statistiques d’efficience : l’équipe affiche une Offensive Rating de 110,8, classée meilleure performance de la ligue, tandis que son Defensive Rating est de 91,3, également première sur ce plan. Sur le plan du rythme, le Liberty imposent un jeu très rapide (97.76 de pace), les plaçant au sommet de la ligue en vitesse d’exécution.

Résultat ? Un Net Rating exceptionnel de +19,5, soit près de 20 points de différentiel par 100 possessions, encore une fois en tête de la ligue. Ces chiffres traduisent une domination claire : sur une quarantaine de minutes, le New York Liberty édition 2025 surclasse ses adversaires d’environ 20 points pour 100 possessions, combinant une attaque ultra-efficace et une défense étouffante.

Notre banc et notre profondeur nous distinguent des autres. On sait qu’on peut compter sur ce qu’on fait, avec constance  » – Breanna Stewart en conférence de presse après la victoire face au Washington Mystics le 31 Mai.

Le collectif dirigé par Sandy Brondello continue de briller grâce à la constance de ses cadres. Breanna Stewart, MVP 2023 et 2024, mène toujours la charge avec 20,5 points et 6,5 rebonds par match. Natasha Cloud, arrivée à l’intersaison, apporte 6,5 passes décisives par rencontre, un leadership défensif, et une expérience bienvenue dans les moments chauds. Kennedy Burke, dans un rôle de tireuse d’élite bien rôdé, tourne à 50,7 % à trois points , meilleure marque de la ligue sur au moins 50 tentatives.

Autour de ce noyau, Sabrina Ionescu continue d’orchestrer le jeu avec créativité, tandis que Leonie Fiebich s’affirme comme une cinquième titulaire précieuse, occupant le rôle de liant entre toute ces stars. Avec un cinq majeur Stewart–Jones–Ionescu–Cloud–Fiebich et une profondeur de banc correcte, l’équipe du Liberty paraît calibrée pour défendre son titre. Mais dès la mi-juin, le vernis commence à craquer.

L’équipe 2025 du New York Liberty a connue un départ tonitruant, démarrant la saison en 9-0. Crédit : Getty Images

 Les premiers signes d’essoufflement du Liberty  

Le premier coup dur survient avec la blessure de Jonquel Jones. La tour de contrôle intérieure du Liberty s’est blessée à la cheville le 19 juin face au Phoenix Mercury et se retrouve loin des parquets pour une durée de 4 à 6 semaines. Son absence fragilise considérablement la raquette, tant en défense qu’au rebond. Dans le même temps, Leonie Fiebich à dû s’absenter pour jouer l’EuroBasket avec la sélection Allemande, et viens juste de revenir, tandis que Sabrina Ionescu est gênée par un cou douloureux qui la prive de plusieurs minutes importantes ainsi que de constance au tir.

Malgré des chiffres encore flatteurs, le jeu du Liberty trahit une baisse de régime. Lors des neufs derniers matchs, l’équipe affiche un bilan de 3 victoires pour 6 défaites. L’intensité défensive faiblit, les erreurs de communication se multiplient, et la fluidité offensive laisse parfois place à des possessions stériles.

Contre Phoenix, New York se fait punir par Satou Sabally, auteure d’un 7/10 à trois points. Contre Atlanta, le cinq de départ est dépassé en vitesse, et la rotation peine à inverser la tendance. Le jeu rapide, marque de fabrique de l’équipe, est moins tranchant, moins létal.

Dans la presse, Sandy Brondello alerte : « On doit jouer les 40 minutes ». Pour Natasha Cloud, la priorité est simple : retrouver les fondamentaux défensifs qui ont fait la force du groupe.

Les premières défaites et l’absence de certaines joueuses ont plongée le Liberty dans le doute. Crédit : Ethan Miller/GettyImages

Ces turbulences surviennent au pire moment : en plein road trip à l’Ouest, contre des équipes comme Seattle ou Phoenix. L’équipe enchaîne les déplacements, les ajustements forcés de rotation, et les défaites frustrantes. L’écart entre la constance du début de saison et l’instabilité actuelle se creuse. Le collectif n’est pas encore en crise, mais l’alchimie semble fragile. Le banc manque de répondant, et les joueuses majeures sont sollicitées jusqu’à l’épuisement. 

Cette baisse d’intensité a mis en lumière un déficit de profondeur inquiétant. Ivana Dojkic, qui oscille entre les postes 1 et 2, affiche un pourcentage de tir modeste (36,5 %) et une irrégularité qui fragilise les rotations extérieures. Nyara Sabally, dont le potentiel athlétique est évident, souffre d’un excès de fautes personnelles et d’un manque de constance dans le repli défensif.

Marine Johannès, elle, a pris le rôle que Le Roster lui prévoyait en début de saison. Avec près de 8 points par match à 45 % au tir et 38 % à trois points, elle offre une alternative offensive précieuse dans les moments creux. Capable de créer en sortie de dribble, de punir en transition ou de distribuer, son apport est fondamental, même s’il reste encore irrégulier. Dans une rotation parfois à court de solution, sa créativité et son adresse extérieure font office de soupape. Son rôle pourrait encore monter en importance si Sandy Brondello choisit d’augmenter ses minutes sur la seconde moitié de saison.

C’est vrai que c’est difficile , mais je pense que tout le monde garde une vision d’ensemble et ne panique pas vraiment. Il y a juste cette prise de conscience : on a besoin que certaines prennent le relais. On a besoin que chacune continue d’essayer de compenser l’absence des joueuses qui ne sont pas là, et ce sont de sacrés rôles à endosser. Donc on doit juste continuer à avancer, petit à petit.  » – Sabrina Ionescu lors de l’entraînement du mercredi 2 juillet.

Sans Jones ni Fiebich, la défense du Liberty en plein doute

Après un road trip cauchemardesque, le Liberty rentre à Brooklyn avec la nécessité urgente de se recentrer. Plus qu’une simple série de défaites, cette séquence a révélé des lacunes structurelles, notamment sur le plan défensif et organisationnel. Sans Jones, la défense intérieure devient poreuse. L’équipe encaisse 106 points contre Phoenix le 28 juin, puis 90 contre Atlanta quelques jours plus tard. Deux défaites nettes qui mettent en lumière les failles défensives d’un collectif pourtant réputé solide. Privé des sa pivot titulaire ainsi que d’une autre abonnée du 5 de départ, Léonie Fiebich, le collectif a perdu ses repères. Le Defensive Rating de l’équipe, jusque-là numéro un de la ligue, a chuté à la troisième place. 

 Nous avons trop aidé sur les écrans, la communication est tombée, et des erreurs se sont multipliées » – Olaf Lange, assistant de Sandy Brondello et coordinateur défensif

L’absence de Jones ne se mesure pas uniquement en points ou en rebonds : elle est la voix qui oriente les rotations, celle qui appelle les aides et sécurise les arrières. Fiebich, de son côté, est une joueuse précieuse dans les tâches invisibles : repli défensif, discipline collective, anticipation. Sans elles, New York a vu son Net Rating chuter de +20 à -1,25 en l’espace d’une semaine.

Le retour de l’ailière allemande début juillet a été perçu comme une bouffée d’oxygène. «  On sent qu’on est davantage dans nos marques : chacun sait son rôle, ses minutes  », affirmait Ionescu après la victoire contre Washington sur Fox Sports. La native de la province bavaroise de Landsberg am Lech à d’ailleurs noté à son retour que l’intensité des entrainement était montée d’un cran. 

 J’étais là et j’ai assisté à l’entraînement hier, et j’ai trouvé que c’était une très bonne séance,  il y avait beaucoup d’énergie… et ça s’est clairement prolongé aujourd’hui. On a mis du rythme. Tout le monde s’est donné à fond, donc ça fait vraiment du bien d’être de retour.  » – Leonie Fiebich à son retour a l’entrainement mardi.

Cette période d’absence explique aussi les difficultés de Nyara Sabally, propulsée titulaire en l’absence de Jones. Non seulement elle ne possède pas encore les qualités de protectrice d’arceau de sa coéquipière, mais elle revient aussi d’une coupure de trois semaines sans compétition. « Elle fait ce qu’elle peut, mais elle n’est pas encore à 100 % d’elle-même. Et forcément, la chimie en prend un coup, des deux côtés du terrain », constate Lange

Quand on regarde les matchs où Léonie et Jonquel sont là, tout le monde est plus confiant. On reste calmes, on exécute. Dès qu’elles ne sont pas là, certains essaient d’en faire trop, et ça devient chaotique. » – comme le rappelle l’assistant Olaf Lange

L’absence de Jonquel Jones (ici à gauche) à complétement déséquilibré le Liberty, notamment défensivement. Crédit : Wendell Cruz-Imagn Images

Mais la défense n’est pas le seul souci. L’attaque manque d’harmonie, les pertes de balle restent trop nombreuses, et le spacing se dégrade dès que la première création est coupée. Sonia Raman, autre assistante de Brondello, résumait la situation ainsi : «  On se retrouve trop souvent en avance sur la balle, avec personne à qui la passer. « . Le jeu de transition, si efficace en début de saison, est devenu brouillon.

Dans ce contexte, le retour attendu de Jonquel Jones mi-juillet est capital. Avec elle, le Liberty récupère son ancre défensive, sa protectrice du cercle, mais aussi un pilier offensif capable de punir dos au panier ou en pick-and-pop. Son absence du cinq du All-Star Game est d’ailleurs révélateur : la Ligue ne l’a que trop peu vue en action cette saison, malgré des moyennes de 15,3 points et 11,3 rebonds en neuf matchs.

À cela s’ajoute un calendrier plus clément à domicile, avec des affrontements plus abordables avant un retour en road trip en août. Si le Liberty veut reprendre le fil de sa domination, cela passera par un retour aux fondamentaux : défendre ensemble, parler plus sur le terrain, retrouver le plaisir de courir et punir en transition.

La saison 2025 du New York Liberty est encore très loin d’être un échec. Avec une fiche de 12-6, l’équipe reste dans le haut du tableau. Mais le contraste avec les débuts éclatants interroge. La suite dépendra de la capacité du groupe à réagir. Si Jones revient vite, si Fiebich retrouve son rôle, si les leaders gardent leur niveau, alors le Liberty pourra reprendre sa marche en avant. Mais si ces ajustements tardent, la domination new-yorkaise pourrait bel et bien s’essouffler.

Ne manque pas un article !

Rejoins la communauté Le Roster en t'abonnant à notre newsletter !

Damian Lillard indique l'heure