Au terme d’une saison de tous les superlatifs, le Nyon Basket Féminin a ajouté un nouveau trophée à une armoire déjà bien remplie cette année. Pour la dernière de l’histoire au Rocher, les Nyonnaises sont allées chercher un titre qui les fuyait depuis plusieurs décennies. Retour sur une cuvée extraordinaire.
Rideau sur une saison historique
Même si la saison avait bien commencé pour le Nyon Basket Féminin avec le sacre en SuperCup, on était loin de s’imaginer que ça n’était que le début d’une folle épopée. Le NBF était engagé dans 5 compétitions. Il y avait la SuperCup, mais aussi la SBL Cup, l’European Women’s Basketball League, la Patrick Baumann Swiss Cup et bien sûr le championnat de SBLW.
Suite à l’élimination face à Troistorrents en décembre 2024 en demi-finale de SBL Cup, les Nyonnaises semblaient légèrement dans le dur après un début de saison canon. La domination était moins présente et l’attitude était moins conquérante. Il y a aussi eu le départ de Marjorie Carpréaux ce qui a obligé la formation à s’ajuster sans la meilleure passeuse du championnat. Naomi Takyi a pris le relais à la mène et même si elle a brillamment répondu aux attentes, l’arrivée de Keira Robinson l’a soulagée et l’a aidée dans sa progression.
En effet, la meneuse américaine a insufflé une nouvelle énergie au NBF. C’est simple, Nyon n’a perdu qu’un match depuis l’arrivée de la meneuse, le premier match des finales de playoffs. Même si l’effectif de la Côte était déjà impressionnant, cette arrivée a solidifié l’ensemble de l’équipe et a amené énormément de talent.

Suite à son arrivée, le NBF a donc décroché le titre européen avec l’EWBL mi-mars, puis la PBSC début avril au terme d’une rencontre d’une intensité folle face à Elfic Fribourg. Suite à ce succès, le statut de favorites des playoffs avait subitement changé de camp. Bien que les Nyonnaises avaient déjà battu Elfic en début de saison à l’occasion de la SuperCup, beaucoup s’accordaient pour dire que cela ne reflétait pas forcément le niveau des deux équipes. Cependant, le son de cloche n’était pas le même après ce sacre en coupe suisse.
Ce trophée est nettement plus considéré dans le microcosme du basket helvétique, d’autant plus qu’à ce moment de la saison, les équipes sont mieux en place. C’était donc un changement dans l’ordre établi par Elfic depuis des années. Nyon faisait désormais jeu égal avec les Elfes. Tout le monde attendait donc un affrontement entre ces deux formations pour la finale des playoffs.
Bien évidemment, les deux équipes n’ont pas déçu. Il y a eu de la maîtrise de parts et d’autres pour décrocher ce ticket pour les finales. Les attentes autour de cet affrontement étaient immenses tant cette rivalité avait grandi au fil des ans, puis au fil des mois avec les différents succès nyonnais.
Après un premier acte où les Nyonnaises n’ont pas su matcher avec l’intensité des Fribourgeoises, les premières citées ont su montrer énormément de caractère dans une deuxième manche renversante. En effet, après avoir brillamment entamé la rencontre, les joueuses du NBF se sont faites rejoindre puis devancées de plus de 10 points par des Elfes qui semblaient alors se diriger vers une deuxième victoire dans cette série au meilleur des 5.
C’était sans compter le caractère de cette équipe coachée par Loan Morand. Elles n’ont jamais baissé les bras, à l’image de la finale de PBSC où elles avaient déjà montré une grosse force mentale pour revenir dans une partie menée par les Fribourgeoises durant 37 des 40 minutes du temps réglementaires. Grâce à un tir à 3 points de la clutchissime Keira Robinson, les Nyonnaises décrochaient donc des prolongations presque inespérées dans ce deuxième acte.
Suite à cela, elles sont allées décrocher un succès précieux en overtime pour égaliser dans la série. Pour beaucoup, cette remontée a fait énormément de mal dans les têtes fribourgeoises déjà meurtries par leur défaite en coupe suisse.
Le troisième match, à domicile cette fois, a été une vraie démonstration pour le NBF qui a compté jusqu’à 32 points d’avance face à des Fribourgeoises médusées. Grâce à cette victoire, les Nyonnaises s’offraient donc une balle de match à domicile devant son public de feu. L’histoire était trop belle pour que la fin en soit autrement. En effet, ce quatrième match serait le dernier de l’histoire au Rocher, puisque la salle sera détruite d’ici le début du prochain exercice.
Pour l’occasion, la salle avait fait le plein. Le public, tout de rose vêtu, était venu jouer son rôle de sixième homme à merveille. Une ambiance dingue digne des plus belles soirées du basket suisse. Chaque panier était célébré comme une victoire, chaque perte de balle fribourgeoise était saluée comme un buzzer beater, chaque point d’écart supplémentaire rapprochait les Nyonnaises d’un quadruplé historique.
Même si la rencontre a été extrêmement disputée, jamais le public n’a failli dans son rôle, ce à quoi ont merveilleusement répondu les joueuses du NBF. Malgré l’adversité imposée par les Elfes, les pensionnaires du Rocher n’ont jamais semblé douter de l’issue de cette rencontre. Malgré plusieurs runs fribourgeois, les joueuses de la Côte n’ont jamais paniqué. Mieux, elles ont su faire mal à leurs adversaires à plusieurs moments clés du match.
Que ce soit Keira Robinson, Laure Margot, Samantha Breen ou Miriam Uro-Nilie, Nyon a toujours su proposer une réponse à la défense de zone mise en place par Romain Gaspoz, entraîneur d’Elfic. C’est suite à un 3 points de l’inévitable Samantha Breen que les Nyonnaises ont pris un avantage psychologique définitif sur des Fribourgeoises qui venaient de passer devant au prix d’efforts intenses.
S’en est suivi un run de 14-0 pour les joueuses de Loan Morand. Les visages sur le banc disaient tout ; Nyon allait être champion suisse d’ici quelques minutes. Malgré les tentatives de Danielle Rodriguez, Carolina Rodrigues ou Viktoria Ranisavljevic, les Elfes n’ont pas su revenir au score cette fois-ci.
C’était donc fait, Nyon allait être champion, 41 plus tard, devant un public en ébullition et le tout pour la dernière fois au Rocher. L’histoire n’aurait pas pu être plus belle, plus symbolique de cette saison extraordinaire pour le NBF.
Les larmes de Loan Morand au terme de la rencontre expliquaient bien toute l’implication dont il a fait preuve pour mener cette équipe au sommet du basket féminin helvétique.

Plus qu’une équipe, une famille
Rarement une équipe n’avait semblé aussi soudée. Que ce soit entre les joueuses, le coach et même le public, tout semblait les réunir ; le Nyon Basket Féminin. Au terme de la rencontre, la présidente, Carine Moura disait qu’il fallait changer le nom du club pour “Nyon Basket Familiy”. Cette phrase symbolise parfaitement ce que cette équipe a renvoyé comme image tout au long de la saison.
Malgré les moments de doutes, les difficultés rencontrées, jamais l’équipe ne s’est désolidarisée. Jamais une joueuse n’a voulu prendre la lumière sur elle. Tout ce qui comptait, c’était la solidarité, la prochaine action, le prochain match, le prochain titre.
Il peut y avoir des désaccords dans une famille, mais face aux difficultés, c’est ensemble que l’on peut les surmonter et ça, Loan Morand et tout l’effectif l’avaient compris. Chaque joueuse avait une confiance aveugle en le reste de l’effectif, du coach et du staff. Même les leadeuses de cette équipe n’ont jamais semblé se mettre au-dessus du lot. Elles n’étaient là que pour une chose : la gagne et faire gagner les jeunes en confiance.
Une rivalité pour l’avenir
Même si tout le monde parlait déjà de rivalité entre Nyon et Elfic, celle-ci en est désormais vraiment une. En effet, jusqu’à cette saison, Nyon n’avait fait “que” poser des problèmes aux Fribourgeoises sans pour autant réussir à les faire chuter de leur piédestal. C’est désormais chose faite et cela ne peut qu’être une bonne chose pour le basket féminin. Le suspens est désormais garanti en SBLW.
Cette nouvelle rivalité peut véritablement faire exploser l’engouement autour du basket féminin. L’exercice 2024-25 a été une publicité extraordinaire pour le basket féminin. Il y a eu du suspens, des retournements de situations, des larmes, de la joie et surtout beaucoup d’émotions.
Comme le soulignait Loan Morand au terme de la rencontre, cela ne peut être qu’une bonne chose.
Avoir une rivalité comme ça, cela ne peut être qu’une bonne chose pour le basket féminin et si demain il y a une autre équipe qui vient se mêler à la lutte, j’en serai le premier ravi.”
En effet, après plusieurs saisons ou le suspens et le doute n’étaient pas forcément présent au moment d’aborder les playoffs, il y a désormais une nouvelle dynamique. Nyon devra répondre à son statut, Elfic voudra prendre sa revanche et d’autres équipes comme Baden, Genève ou Troistorrents voudront se joindre à la fête. Cette nouvelle dynamique en SBLW va sans doute faire croître l’intérêt des fans autour du basket féminin voire même du basket dans ensemble même si chez les hommes, les incertitudes sont nettement moins grandes.
C’est donc ainsi que se termine cette saison historique de SBLW. Un immense merci à toutes les équipes pour cet exercice extraordinaire. Un grand bravo à toutes les joueuses qui ont toujours donné le meilleur d’elles-mêmes et ce peu importe les résultats. Finalement, encore bravo au Nyon Basket Féminin pour cette cuvée 24-25 de haut vol.