Nate Thurmond

Nate Thurmond – L’Art de Défendre

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Dans ce nouvel épisode de la série Run & Gun, on continue de s’intéresser aux joueurs les plus fameux de cette période. On démystifie les statistiques hors norme de l’époque et l’on découvre le parcours de ses plus illustres légendes. Aujourd’hui, c’est un des pivots les plus coriaces de cette ère qui est à l’honneur. Focus sur la carrière de la star des San Francisco Warriors, Nate « The Great » Thurmond.

Ce qu’on dit de lui

C’est le petit rituel de ces articles dédiés aux stars du R&G. On commence avec ce que l’on sait de Nate Thurmond, ou du moins comment il nous est présenté dans les différents médias lorsqu’on évoque sa carrière. De quoi nous donner un peu de matière pour traiter son cas.

Ce qu'on dit de lui : On le surnomme The Great, Ses saisons à 20 points et 20 rebonds, le club des plus de 15 rebonds, le meilleur compromis attaque/défense, Son duo avec Chamberlain, son duo avec Rick Barry, Premier quadruple double de l'histoire.

Je s’appelle Great

Nate « The Great » Thurmond, un surnom qui en dit long. Un sobriquet qui ne tombe pas du ciel, car il est durant ses meilleures années un des joueurs les plus formidables de la ligue. Ses contemporains sont unanimes, il est le défenseur le plus difficile à affronter de son époque. Le meneur de jeu Archie Clark dit de lui que contrairement à Wilt Chamberlain ou Bill Russell, il n’a aucune faille qu’on puisse exploiter. C’est également ce dont témoigne Kareem Abdul-Jabbar avec cette citation très souvent reprise.

De tous les joueurs que j’ai affrontés, c’est le plus dur. Quand je marque sur Nate, je sais que j’ai fait quelque chose. Il transpire, et il veut que vous transpiriez aussi.

Il est sans conteste un des plus gros travailleurs de son époque. Il veut devenir et être considéré comme un des meilleurs. Lors d’un congé, il s’achète un billet pour aller voir Kareem Abdul-Jabbar jouer contre les Lakers. Il souhaite trouver comment faire déjouer la star des Bucks. Le lendemain, le pivot de Milwaukee finit son match face à Thurmond avec un piteux 7/20 aux tirs. On est sur ce niveau d’acharnement vers l’excellence.

De plus, avec lui, pas de sale coup, pas de tricherie. Il défend loyalement et cela renforce son image auprès des joueurs, observateurs et fans de l’époque. Sa barbe, sa calvitie ainsi que son corps longiligne et musclé accentuent le sentiment de magnificence qui transpire de son jeu. Nate Thurmond est le boss de fin qu’il faut affronter si vous souhaitez vous approcher du cercle. Bob Rule, le pivot scoreur des Seattle SuperSonics en fait l’expérience. Il se retrouve abasourdi à la mi-temps d’un match ou Thurmond vient de bloquer six de ses sept tentatives. Il avoue même à son coach que Nate a été sympathique, car le septième tir aurait pu être également contré. On parle là d’un joueur capable d’en planter 40 à Bill Russell ou Wilt Chamberlain.

Il ne fait aucun doute que Nate est Grand. Quand la NBA tout entière est d’accord pour faire de vous le défenseur le plus coriace, il n’y a plus de questions à se poser. Pourtant, il ressent comme une injustice. Pour lui, il n’a pas reçu la reconnaissance qu’il mérite.

Double Double

Run and Gun oblige, les statistiques de Nate Thurmond sont colossales. On le sait, il faut se méfier d’elles. Tout comme Jerry Lucas dans le dernier article, il affiche des saisons avec 20 points et 20 rebonds de moyenne. Pour être plus précis, à son prime c’est 681 rencontres à 19 points et 18 rebonds. Des chiffres énormes et possibles grâce aux nombres élevés de possessions jouées. Alors qu’est-ce que cela représente hors du contexte du R&G ?

Thurmond passe de 19 points et 18 rebonds de moyenne à 14 points et 13 rebonds sur 75 possessions. Il score 1.12 points par tirs tentés et affiche un TS+ de 96, soit une efficacité 4% en dessous de la moyenne de la ligue.

On est vraiment dans un cas de figure identique que l’épisode précédent. Pourtant nous ne sommes pas du tout sur le même type de parcours et de style. Ici, on est complètement sur le profil du pivot défensif. On trouve environ 50 joueurs avec au moins une saison de cet ordre en carrière. La plupart sont de grands protecteurs de cercle comme Dikembe Mutombo, Marcus Camby, Tyson Chandler et aussi notre Rudy Gobert national. Tous sont d’anciens DPOY (meilleur défenseur de l’année), une récompense qui n’existe pas au temps de Nate Thurmond. Un trophée qui aurait sans doute réussi à combler son besoin de reconnaissance.

Ses statistiques brutes laissent alors à penser qu’il est à ranger dans la catégorie des scoreurs. Pourtant on peut le voir grâce au TS+, il est en dessous de la moyenne de la ligue (100) en ce qui concerne l’efficacité. Il marque des points, car il reste 43 minutes sur le terrain. Ce qui l’amène à jouer environ 105 possessions par rencontre. Pour comparer, une star en joue environ 75 de nos jours. On peut lire sur le site de la NBA que « certains observateurs le considèrent comme le meilleur compromis attaque/défense de l’histoire ». Se laissant aveugler par les stats brutes de l’époque, certains ont surestimé cette partie de son jeu. Chose qu’il a peut-être sur estimé lui-même lors de sa carrière. Pour savoir pourquoi, il faut s’intéresser à ses plus célèbres partenaires et à ses plus fameux adversaires.

Les Twin Towers

C’est l’appellation qu’on donne aujourd’hui à l’association de deux Big Men de talent. Certains n’hésitent pas à citer le duo Thurmond/Chamberlain comme les premières tours jumelles de l’histoire. Sauf que dans les faits ce n’est pas si évident. Thurmond arrive en NBA lors de la saison 1964/65. Wilt a quelque peu calmé sa gourmandise en attaque en se tournant un peu plus vers ses partenaires. Mais sa mue est encore loin d’être terminée.

Le vrai binôme de Wilt à l’intérieur se nomme Wayne Hightower. Un ailier fort maigrichon de 2m03 qui passe cette saison-là à peu près 32 minutes sur le terrain. Nate de son côté joue environ 26 minutes dans un rôle de remplaçant sur le poste 4, mais aussi sur celui de small forward. Ce qui n’est pas un cadeau pour lui.

Au fil des matchs, il grappille des minutes à Hightower et devient titulaire à côté du Stilt. En playoff, il reste plus de 34 minutes en jeu et aide les Warriors à se hisser en finale. Le fait est qu’à ce moment là de sa carrière, il ne ramasse que les miettes que veut bien lui laisser Chamberlain. Il score peu, s’illustre honorablement aux rebonds et défend. Il est totalement dans son rôle même s’il ne le fait pas à son poste de prédilection.

Nous ne sommes pas encore sur une vraie association, Nate étant le faire valoir de Wilt pour le moment. La saison à venir commence mal, Chamberlain souffre d’une pancréatite. Nate Thurmond est titularisé pour la première fois au poste de pivot pour les San Francisco Warriors. Ce n’est qu’un match, mais cela annonce la suite pour lui. Car l’échassier est transféré après 38 rencontres et rejoint la ville de Philadelphie pour des raisons d’ordres économiques.

Quand il est aligné à côté de Chamberlain, il score 14 points et prend 14 rebonds en moyenne. Une fois le géant parti, il tourne à 18 points et 18 rebonds. Cependant, les chances de retrouver les finales se sont évaporées. Les Twin Towers n’ont en fin de compte que peu évolué ensemble. De quoi nourrir de premiers regrets pour Thurmond même si cela lui offre une place assurée au poste de pivot. Il peut compter sur l’enthousiasme de son entraîneur Alex Hannum qui adore son joueur :

Il est la clé de l’avenir du club

D’abord coéquipier puis adversaire. Wilt Chamberlain aura était un partenaire envahissant mais de bon conseil pour Nate. ©Pinterest

Un scoreur peut en cacher un autre

Wilt Chamberlain à peine parti que les Warriors s’offrent dans la foulée les services d’une recrue extrêmement talentueuse avec Rick Barry. Il devient immédiatement le franchise player de l’équipe. Quand lui s’occupe d’enfiler les paniers comme des perles, Nate sécurise la raquette et les rebonds. Une petite année pour prendre ses marques et dès la saison suivante San Francisco se retrouve à nouveau en finale.

Malheureusement pour eux, Chamberlain a fini sa mue. Il est désormais un joueur collectif et efficace qui bonifie l’attaque et la défense des Sixers au cours d’une saison devenu légendaire. Les Warriors s’inclinent, mais le duo Barry/Thurmond semble avoir l’avenir pour lui. Une fois de plus, ce n’est qu’un leurre. Rick Barry se laisse attirer par les sirènes (l’argent) de la ABA et Nate se retrouve à nouveau privé de son leader.

Cette fois, c’est plus difficile à encaisser pour Thurmond qui voyait bien son tandem avec cet ailier de génie le mener au sommet. Il s’imaginait gagner des titres, de la même manière que Bob Cousy et Bill Russell, comme Hal Greer et Wilt Chamberlain. Côté Warriors, on recrute des scoreurs pour pallier le départ de Rick Barry. Rudy LaRusso et Jeff Mullins débarquent dans la baie pour apporter des points tout en étant loin d’avoir son efficacité. Nate décide alors de forcer le trait offensivement. Cependant, il n’exagère pas, mais il prend quand même plus de tir et il termine la saison avec plus de 20 points de moyenne. Une campagne ternie par une sale blessure qui ne l’empêche pas de se mettre au travail pour progresser encore en attaque.

Depuis que je suis à l’école secondaire, je n’ai été le meilleur marqueur de mon équipe qu’une ou deux années. Je n’ai jamais été numéro 1 à quoi que ce soit. J’ai toujours été derrière quelqu’un. J’aimerais être n° 1 pour changer. J’aimerais que mon équipe soit aussi n° 1. Je suppose que j’ai du pain sur la planche.

Rick Barry et Thurmond tout sourire. Un duo iconique mais qui n’a jamais vraiment profité du meilleur de Nate. ©Pinterest

Hard Work

Il charbonne, travaille ses moves et son shoot. En réalité, il passe de joueur d’attaque très moyen à scoreur moyen tout court. En même temps, il n’est pas évident de briller offensivement quand on se donne autant en défense et qu’on passe autant de minutes en jeu. Un constat qu’il fait lui-même :

Jouer 45 minutes à chaque match nuit à ma moyenne de tirs. Quand je suis fatigué, mes tirs ne rentrent plus. Avec plus de repos, je serais un meilleur tireur.

Avec toutes ces saisons autour des 20 points, il se dit qu’il mérite plus de considérations. Après tout, Bill Russell n’a jamais effectué cela. Le pivot des Celtics est en réalité moins gourmand et un peu plus efficace que lui, il tire juste moins. Peu importe, il s’estime supérieur à Russell en attaque et meilleur en défense que Wilt. Les deux phares dans la nuit auxquels il ne cesse d’être comparé. Il ne sera jamais récompensé comme eux pour ses prouesses individuelles.

Il est sans doute un des premiers à ressentir la frustration du manque de reconnaissance. La NBA vient de connaître une expansion, plus d’équipes, plus de talents et pas assez de trophées pour tout le monde. Avec une pointe d’aigreur, il pense que cela est dû à son jeu qui n’est pas du tout flashy.

Être tape-à-l’œil demande des efforts inutiles. Une fois, j’ai fait le beau et je me suis déchiré un muscle de la jambe qui m’a tenu à l’écart du terrain pendant quatre semaines. J’ai eu trop de blessures pour risquer ce genre de chose à nouveau. Je suppose que je pourrais me faire une réputation en dunkant le ballon et d’autres choses. Mais qu’est-ce que cela m’apporterait ?

Ses heures de dur labeur pour parvenir au niveau des meilleurs de son temps ne payent pas. Il cultive alors un sentiment d’injustice, ils seront nombreux à faire de même ensuite et c’est même toujours le cas de nos jours. Si les piliers de défenses ont eu la côte pendant des années, la tendance est en train de s’inverser. Seuls Wes Unseld et Dave Cowens arrivent encore à gagner un titre de MVP avec un jeu axé sur la défense, cela ne se produira plus jamais après eux. S’ils remportent le plus prestigieux des trophées, c’est grâce à des saisons collectives exceptionnelles. Quand Thurmond de son côté galère avec les Warriors.

Sa place dans l’Histoire

Nate Thurmond est l’un des meilleurs si ce n’est le meilleur défenseur de son époque, mais il y a trop de beaux mondes à son poste pour recevoir une récompense. Malgré son niveau d’excellence dans la protection de son panier, en dépit d’avoir ébloui ses pairs, il est à la traîne derrière les monstres qui peuplent la ligue lors du Run & Gun. Son image de muraille infranchissable n’a pas perdu de sa superbe au fil des ans. Elle est arrivée jusqu’à nous grâce à de nombreux témoignages. On trouve tout de même quelques exemples de médias qui sur estime la partie offensive de son jeu, mais dans l’ensemble sa réputation est justifiée.

Dans les faits, il n’a jamais eu l’aura de Russell, n’a pas marqué les esprits de la même manière que Wilt, n’a pas régné sur une saison comme Willis Reed et n’a pas la classe offensive d’un Kareem Abdul-Jabbar. Quand on parle de lui, on évoque ses saisons en 20/20, ses 42 rebonds sur un match, le club des 15 rebonds en carrière. Tout est en grande partie possible grâce aux 105 possessions qu’il a jouées lors de son prime.

Malheureusement pour lui, le trophée de DPOY n’existe pas en son temps. Mais au regard de son parcours, il n’est pas évident de se prononcer sur le nombre de fois où cette distinction était susceptible de lui revenir. Après la finale de 1967, les choses se compliquent collectivement. Pour ne rien arranger, il vit deux saisons écourtées pour cause de blessures.

J’ai eu tellement d’opérations que mes genoux ressemblent à des cartes routières.

La saison 1971/72 est sans doute celle où sa défense a été la plus remarquable. Les Warriors ne font pas rêver sur le papier est pourtant ils terminent avec 51 victoires dans une conférence Ouest des plus relevées. Bien entendu, la défense est au cœur de ce succès, seul Milwaukee, New York et Chicago encaisse moins de points. Nate Thurmond est formidable et c’est en playoff qu’il est au sommet de son art.

Capable de se faire ovationner par une salle au complet tandis qu’il vient de limiter Kareem Abdul-Jabbar à 40 % sur une série entière de phases finales. Forçant Larry Costello, alors entraîneur des Bucks à venir lui dire ceci :

Vous avez eu une excellente série. Vous avez été absolument fantastique. Il n’y a personne comme toi, Nate.

Ce qui est incroyable, c’est que cette foule qui l’acclame est le public de Milwaukee. Par contre, ce qui est une fois de plus désolant pour Nate Thurmond. C’est que cette série de playoff est une défaite en 5 matchs. Cela résume en soi à merveille son parcours en NBA. Une carrière où il est magnifique d’excellence, de travail et d’abnégation. Pour qu’au bout du compte ce soit systématiquement la déception qui l’emporte.

L’année suivante il obtient sa revanche sur Kareem avec l’aide du revenant Rick Barry. Une nouvelle fois il tient le géant du Wisconsin à seulement 42 % de réussite, mais c’est aussi un peu le début de la fin. Les exploits de Thurmond sont admirables, mais toujours teintés d’une dose de regrets et de manque de chance. Une carence de résultat qui peut tout à fait ouvrir le débat sur sa place dans l’histoire.

Nate a été un vrai poison pour Kareem. Il a détourné plus d’un Sky Hook et gêné le géant des Bucks comme personne. ©Pinterest

Comparaison

En ce qui concerne les comparaisons, il est possible de repérer bon nombre de successeurs à Nate « the Great ». Tous les pivots au profil défensif sont de sa lignée. En choisir un en particulier est difficile. Les joueurs de ce genre sont souvent assez atypiques, et trouver un copier-coller statistique n’a pas vraiment de pertinence dans son cas. On pourrait évoquer le nom de Dikembe Mutombo par exemple. Autre immense défenseur à être nommé parmi les 100 plus grands joueurs de l’histoire et qui comme lui n’a pas de bague de champion.

Cependant, de voir Thurmond ressentir le besoin de prouver à toute la NBA qu’il peut scorer sans pourtant en être totalement capable, me fait venir à l’esprit un nom. Il s’agit d’un joueur en activité qu’on connaît bien, le français Rudy Gobert. Malgré ses prestations impeccables en défense, sa collection de trophées de DPOY, il s’est un temps perdu à trop souhaiter briller dans un domaine qu’il ne maîtrise pas pleinement.

Pousser par les fans et observateurs qui en espèrent toujours plus de sa part, il a forcé le trait en attaque et cela ne lui a pas servi. Il n’a pas cherché à devenir un scoreur, mais en tentant de prouver qu’il est capable, il s’est pris de nombreuses fois les pieds dans le tapis. Ainsi, il a vécu la même expérience que son ancêtre Nate Thurmond. Trop fort en défense, distinguée par tous ses pairs pour cela, et cependant il lui manquera sans cesse un petit quelque chose pour satisfaire la plèbe. On se souvient également de ses larmes, d’apprendre qu’il n’est pas retenu pour le match des étoiles.

C’est la dure réalité des joueurs défensifs. Leur impact est fantastique, leur capacité de dissuasion est hors normes, et pourtant la reconnaissance reçue n’est pas à la hauteur du travail fourni. Une frustration qui les a poussés à s’égarer hors de leur zone de confort. Alors qu’il n’y avait pas besoin de cela, leur domination est ailleurs. Même si celle-ci est incomplète, elle est suffisamment extraordinaire pour en faire des vraies légendes de NBA.

Le parallèle est fait entre Rudy Gobert et Nate Thurmond. Sans être des copies conformes ils ont vécu le manque de reconnaissance.

Fin de Carrière

L’anecdote est connue, pour sa première rencontre avec les Chicago Bulls en 1974, Nate réalise un incroyable quadruple double. Sa réaction après le match est de signaler aux journalistes que cet exploit n’est sûrement pas le premier. Il le devient, car depuis une saison seulement la NBA comptabilise les contres et les interceptions. Ils ne sont que quatre à avoir réussit telle performance.

Ce match incroyable masque la réalité du début de son déclin. Il ne passe qu’une saison complète chez les taureaux avant de se voir transférer à Cleveland. Usé physiquement, il perd de sa superbe et reste dorénavant moins de 20 minutes sur les parquets. Il prend sa retraite à 35 ans à la fin de l’exercice 1976/77, une carrière pleine de déceptions s’achève.

Car son parcours est parsemé d’actes manqués. Des duos avortés avec Rick Barry et Wilt Chamberlain, des finales perdues, des blessures, des saisons aux résultats désastreux ou trop juste, des récompenses qui lui passe sous le nez, les Warriors qui deviennent champions sans lui. Mais son plus grand regrets est peut-être ailleurs.

Nate Thurmond est amoureux de San Francisco, il chérit cette ville et la vie qu’il mène là-bas. Il y ouvre des bars et des restaurants, des lieux où il souhaite voir blancs et noirs cohabiter dans la convivialité. Dans les faits les choses sont plus compliquées dans cette Amérique des années 60. Il s’est également fait construire une magnifique villa, et il exprime son envie de finir sa carrière avec les Warriors. C’est sans doute avec une grande tristesse qu’il quitte la baie après son transfert.

Nate Thurmond sous le maillot des Chicago Bulls. ©Pinterest

Conclusion

La NBA de l’époque est unanime, Nate Thurmond est trop fort. Toutefois, il ne l’est pas assez pour être le plus grands parmi les plus grands. On en revient à cette triste réalité qui frappe les joueurs à vertus défensives. Sans résultats collectifs probants, il devient compliqué pour eux d’obtenir le respect qu’ils méritent. Un défenseur qui gagne est un joueur fabuleux. Il devient trop limité en attaque dans la défaite, et un poids pour son équipe.

Devenir un joueur d’élite en défense demande beaucoup de travail et il peut être frustrant de ne pas en être récompensé. Abandonné par ses meilleurs partenaires, Nate a tenté de changer son destin et de prendre les choses en main, mais il n’en avait pas les moyens. Néanmoins, il a marqué la NBA en étant le meilleur dans son domaine. Un véritable titan des raquettes, fort, mobile, vif et intelligent. Il a autant écœuré qu’ébloui ses adversaires, c’est cela la principale raison qui fait que sa réputation a traversé le temps sans perdre de son éclat.

De mon côté, je reste toujours hypnotisé par le charisme magnétique de ce grand barbu qui contre tous ceux qui osent s’approcher de son panier. Un homme élégant, humble et simple, un défenseur d’une classe inégalable, qui a fait de sa spécialité un art.

43 ans - Rédacteur - Contrairement à ce qui se raconte, je n'ai pas côtoyé George Mikan. Mais je m'efforce de raconter du mieux que je peux l'histoire de la NBA. Avec un gros penchant pour les années 60 et 70. Le bon vieux temps des moustaches et des shorts courts.

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