L’histoire de Karl-Anthony Towns aux Wolves, le roller-coaster de la vie

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Dans la nuit du vendredi 27 septembre au samedi 28 septembre, une bombe dans le monde de la NBA a été relayé par Shams Charania : Karl-Anthony Towns, le visage des Timberwolves depuis 2015, a été transféré chez les Knicks en échange de Julius Randle, Donte DiVincenzo, Keita Bates-Diop et un futur premier tour de draft de Detroit protégé. On a également appris plus tard que New York envoyait du cash et de la draft compensation aux Hornets.

L’occasion de revenir sur le parcours de Karl-Anthony Towns, un parcours semé d’embuches mais qui aura fini de la plus belle des manières avec une finale de conférence historique pour une équipe qui n’en avait pas connu depuis la légendaire année 2004 des Wolves de Kevin Garnett.

Un prospect historique

Quand les Wolves obtiennent le pick 1 de la draft 2015, le débat autour de qui va être pris ne va pas en être un longtemps. D’Angelo Russell ou Jahlil Okafor font de très bonnes performances dans leurs universités respectives et les gens sont hypés par le meneur d’Ohio State ou le pivot de Duke. Mais le prospect numéro 1, c’est Karl-Anthony Towns.

Pourtant, l’intérieur de Kentucky ne tourne qu’à 10 points et 7 rebonds de moyenne. Mais en même temps, les Wildcats sont blindés des meilleurs prospects high school cette année et forme une véritable superteam qui roulera sur tout le monde pendant la saison NCAA :

  • Aaron Harrison, 6ème meilleur lycéen selon ESPN en 2013
  • Karl-Anthony Towns, 5ème meilleur lycéen selon ESPN en 2014
  • Devin Booker, 23ème meilleur lycéen selon ESPN en 2014
  • Andrew Harrison, 5ème meilleur lycéen selon ESPN en 2013
  • Willie Cauley-Stein, 38ème meilleur lycéen selon ESPN en 2012
  • Trey Lyles, 12ème meilleur lycéen selon ESPN en 2014
  • Dakari Johnson, 9ème meilleur lycéen selon ESPN en 2013
  • Tyler Ulis, 18ème meilleur lycéen selon ESPN en 2014
  • Marcus Lee, 18ème meilleur lycéen selon ESPN en 2013
  • Alex Poythress, 8ème meilleur lycéen selon ESPN en 2012

Enfin, l’équipe va rouler jusqu’au Final Four où la surprise de Wisconsin, autour de Frank Kaminsky et Sam Dekker, va mettre fin au run de 38 victoires des Wildcats dans un épisode d’anthologie du basketball universitaire

Mais Karl-Anthony Towns au milieu de tout ça ? Jonathan Givony, ponte du scouting de l’époque, le présente comme un freak athlétique explosif, mobile et qui sait courir. Un joueur avec une production en trompe-l’œil car il ne joue que 21 minutes de moyenne, ce qui en fait un des prospects les plus productifs à la minute. Offensivement, si KAT ne shoote pas à 3-points de manière constante et efficace (même si il l’a fait en High School et avec la République Dominicaine), le toucher est déjà là.

Le technicien au près est formidable, son toucher est soyeux et son jump shot dans le périmètre se développe très bien. Givony en parle déjà comme un excellent intérieur de poste haut grâce à un dribble et un jeu de passe bien bon pour sa taille. Défensivement, le prospect est tout autant formidable et Givony parle même de Towns comme un prospect défensif avant tout : son timing de contre est élite, il est extrêmement mobile pour switcher sur les forwards et assez fort pour tenir les pivots.

Karl-Anthony Towns, c’est le prospect de l’intérieur du futur en 2015. L’intérieur mobile, puissant, explosif et techniquement très doué à la passe et au scoring.

Dès les débuts, ça se complique

Minnesota hérite donc du prodige. Flip Saunders croit en son jeune intérieur et veut le mettre au mieux dans la franchise pour réussir ce qu’il n’avait pas fait avec Kevin Garnett : lui offrir un contexte compétitif pour jouer le titre chaque année autour de lui et du ROY 2015, Andrew Wiggins.

Cependant, le General Manager des TWolves décède à 3 jours du démarrage de la saison régulière. Towns découvre la mort à 19 ans à ce moment-là, quand son mentor, rencontré quelques mois plus tôt, quitte le monde. Cependant, avant que Flip parte, Towns lui a fait une promesse qui sera la ligne directrice de l’intérieur:

« J’ai promis à Flip Saunders que nous allions gagner et en finir avec ces années sans playoffs. Et j’ai l’intention de tenir ma promesse. »

Dès les premières années, Karl-Anthony Towns montre qu’il mérite sa place de premier et donne tout pour gagner. Aux côtés de Andrew Wiggins, Zach LaVine et d’un plus âgé Ricky Rubio, Karl-Anthony Towns s’inscrit vite comme le patron. Dans sa saison rookie, il est directement le ROY et apporte des deux côtés du terrain. Sa simple arrivée (et le retour de Rubio) fait passer les Wolves de la 25ème attaque à la 12ème et défensivement, il protège bien son cercle et prend pas mal de rebonds.

L’année 2 est une autre année incroyable : son 3-points évolue à vitesse grand V et, même s’il fait une mauvaise saison défensivement, son 25-12 de moyenne fait de lui de manière claire le meilleur joueur des TWolves, et de loin. Malgré ses stats énormes, le bilan collectif et la grosse concurrence sur les forwards de l’Ouest (AD, Durant, Draymond, Cousins, Gasol, Kawhi, DeAndre et Hayward) l’empêche d’être All-Star. Mais une chose est sure: Tom Thibodeau, coach et GM, doit travailler pour construire une équipe autour de son phénomène qui s’inscrit, assurément, comme l’un des meilleurs joueurs de l’avenir.

Tom Thibodeau, Jimmy Butler et le retour en playoffs

C’est en ce sens que Tom Thibodeau et les Wolves vont réaliser un incroyable été 2017. Avec le pick 7 et en sacrifiant les jeunes Zach LaVine et Kris Dunn, ils récupèrent Jimmy Butler qui n’était plus en odeur de sainteté malgré 24 points par match, une All-NBA Team et des PO. Autour, le management remplace Ricky Rubio par Jeff Teague qui sort d’une belle saison à Atlanta et sont ajoutés les vétérans Jamal Crawford et Taj Gibson pour offrir aux Wolves une équipe digne d’un contender, ou pas si loin.

D’ailleurs, ils se comportent ainsi pendant 60 matchs et sont dans les hauteurs d’un Ouest ultra serré autour du nouveau trio qui mène les TWolves : Karl-Anthony Towns, Jimmy Butler et Tom Thibodeau ramènent Minnesota en PO après 14 ans d’absence. Le chat continue de dominer en envoyant du gros double-double avec 42% de loin et l’équipe est le 4ème Offensive Rating.

Même si la blessure de Butler sur les 15 derniers matchs fait du mal aux Wolves au niveau du ranking dans une conférence ouest où le 3ème à 3 victoires d’écart avec le 9ème, Minnesota revient en playoffs. Au premier tour, logiquement, tu tombes face aux Rockets qui, avec les Warriors, forment les 2 équipes largement au dessus du reste de la concurrence et Minny tombe donc dès le premier round. Cependant, l’espoir est là.

Le début de l’enfer

Cependant, il se murmure que le groupe vit, finalement assez mal. Jimmy Butler trouve Karl-Anthony Towns trop soft et en manque de rage de vaincre, Thibodeau et Buckets ont des problèmes avec Andrew Wiggins qu’ils considèrent trop gentils et le coach-GM ne sait plus quoi faire. Le climax de ce climat délétère sera ce légendaire practice où Jimmy Butler va botter le cul au 5 majeur en jouant avec les bouts de banc.

Ce climat devient toxique et mène, inévitablement, à un nouveau rebuild autour de Karl-Anthony Towns. Jimmy Butler part à Philadelphie et Tom Thibodeau laisse sa place à Scott Layden en GM et Ryan Saunders, le fils de Flip, pour le poste de coach. Si le talent de Andrew Wiggins continue de décevoir et n’est plus vraiment dans le projet, Karl-Anthony Towns domine et envoie une énorme saison qui termine 11ème d’une conférence ouest toujours aussi hardcore.

Mais ceci n’était que le début des emmerdes pour KAT car la saison 2019-20 va être terrible pour le chat. Déjà, la Draft de Jarrett Culver est un immense flop et cela se voit très vite. Tandis qu’Andrew Wiggins patauge encore et toujours.

Cependant, la 14ème place est aussi liée au fait que Karl-Anthony Towns, réputé comme un Iron Man de la NBA jusque-là (5 matchs loupés depuis son arrivée en NBA), se blesse. Dans la même saison, Karl-Anthony Towns perd d’abord le genou gauche, ce qui lui fait rater 1 mois, puis la cheville gauche qui lui fait rater 1 mois également.

Sauf que Karl-Anthony Towns ne reviendra pas en fin de saison. En fait, il n’y aura pas de fin de saison : la pandémie Covid a commencé et la saison s’arrête le 10 mars 2020 pour les Wolves. Cependant, si ce point est important a mentionné, c’est parce que KAT va être l’un des joueurs qui va avoir le plus de problèmes avec le virus.

En effet, l’intérieur a perdu pas moins de 8 proches à cause du Covid, dont sa mère, son soutien principal avec qui il partageait, il y a 2 ans, la joie de retrouver les playoffs. Une perte qui va signer un grand changement pour lui, qui aura du mal à retrouver le sourire et une joie de vivre aussi intense.

« Ce jour-là m’a changé en tant qu’homme. Je ne retrouverai plus jamais ce jeune garçon innocent. C’est fini… Depuis ce jour-là, j’ai l’impression que le monde m’a rendu un peu plus froid. Il m’a pris ce que j’avais de plus précieux, donc je n’ai plus ce genre de sentiment à son égard. »

KAT aura du mal à revenir autant mentalement que physiquement. 50 matchs joués sur les 72 sur la saison 2020-2021, saison durant laquelle il sera hospitalisé à son tour à cause du Covid-19. Cette saison signe, d’ailleurs, une année de baisse d’efficacité pour le pivot. Alors qu’il tournait à plus de 110 de TS+ et autour des 110 en terme de eFG+. Pourtant, les Wolves travaillent pour l’entourer avec les arrivées de D’Angelo Russell puis d’Anthony Edwards. Mais KAT n’y est pas, il reste très fort, mais mentalement, il n’y est pas.

Deux prodiges, une magie, un exploit

Karl-Anthony Towns a du mal à revenir mais les Timberwolves se tiennent près. En effet, le rookie Anthony Edwards se montre vite comme un crack du poste d’arrière, l’antithèse de Andrew Wiggins. Edwards est confiant, bon client des médias et surtout pas mauvais avec un ballon dans les mains. À côté de ça, le retour de Tricky Ricky et les progrès de quelques jeunes comme Naz Reid ou Josh Okogie donnent de belles prespectives aux Wolves. En plus, le nouveau coach, Chris Finch, commence à mettre 2-3 trucs sympas en place autour de ses joueurs. Si ça clique, ça peut finir très haut.

La saison 2021-22 est une magnifique saison des Timberwolves. Anthony Edwards confirme sa grosse saison rookie, KAT revient en forme et la défense s’améliore drastiquement avec les développements de Jaden McDaniels et Jarred Vanderbilt mais surtout l’arrivée de Patrick Beverley qui va changer le mindset de l’équipe.

Karl-Anthony Towns retrouve la All-NBA Team, le All-Star Game après deux années compliquées. Il redevient ce profil défensif très intéressant en terme de mobilité et il rentre des tirs à des pourcentages indécents (53/41/82). Bref, le chat est de retour.

Les Grizzlies battent les Wolves au premier tour mais l’avenir est beau. Cependant, l’année suivante sera plus compliquée. KAT va se blesser au mollet et ne jouer que 29 matchs sur la saison et l’énorme arrivée de Rudy Gobert va pas être aussi incroyable que prévu. Cependant, l’effectif gratte à nouveau les PO autour d’un grand Anthony Edwards.

El gato sonrie

Karl-Anthony Towns est né dans le New Jersey d’un père afro-américain, Karl Towns Sr. et de Jacqueline Cruz, mère dominicaine. À l’été 2023, Karl-Anthony Towns retourne à ses racines maternelles : la République Dominicaine. À l’occasion de la Coupe du Monde, il joue pour l’équipe nationale. Pour la première fois depuis un long moment, on a vu un KAT souriant, heureux de jouer dans son équipe.

Si les résultats n’ont pas été exceptionnels, c’est le retour du sourire pour Karl-Anthony Towns. Comme un hommage, il retrouve le sourire en se retrouvant avec les origines qu’il avait perdu en 2020, avec la mort de sa maman. Le chat n’est plus un chaton triste mais un félin qui se prépare à mener les Timberwolves loin. Karl-Anthony Towns le sait, il a une promesse à faire respecter, celle qu’il a faite il y a 8 ans.

Contender.

Il n’est plus le franchise player, c’est Anthony Edwards. Rudy Gobert, qui a une offseason de repos, va faire sa meilleure saison défensive de sa carrière. Au milieu de tout ça, Karl-Anthony Towns va être le facteur X primordial de l’équipe qui va apporter un incroyable spacing pour l’attaque et faire des tâches de couverture défensif.

Et quelle saison. Il revient au All-Star Game et les Wolves font une saison dingue. 56 victoires, candidat pour la première place à l’ouest toute la saison avant de se faire passer sur le gong. Avec ça, les Wolves veulent gagner et savent qu’ils ont une superbe fenêtre de titre.

Au premier tour, les Suns de Booker et KD sont aisément cuisinés avec un sweep. Au second tour, ce sont les Nuggets, champions en titre, qui se dressent sur la route des Loups. Un duel ultra serré qui se termine en 7 matchs avec un match 7 durant lequel Edwards est plutôt mauvais en attaque et c’est donc Karl-Anthony Towns qui doit s’occuper de finir le boulot avec un 23-12 bien solide. L’équipe arrive en Finales de conférence. Il en est fini des avis douteux sur le fait que l’une des 4 meilleures équipes de la saison n’est pas contender.

Karl-Anthony Towns et Anthony Edwards lors de la victoire contre les Nuggets

Cependant, les Mavericks vont battre les Wolves et Karl-Anthony Towns ne sera pas satisfaisant dans ces 5 matchs qui mèneront Dallas en finales. Mais malgré tout, la joie est de mise dans le Minnesota. L’exploit a été réalisé. Un exploit que Al Jefferson, Kevin Love, Ricky Rubio, Andrew Wiggins ou Jimmy Butler n’ont pas su faire. Le moment mythique d’une franchise qui n’a pas connu les hauteurs depuis 2004 et une saison légendaire de Kevin Garnett. Flip est fier, les Wolves sont officiellement une équipe solide de l’ouest.

Si Karl-Anthony Towns est attristé de quitter le Minnesota auquel il a tout donné, il peut partir l’esprit léger : Flip serait surement fier et la promesse est respecté et le flambeau est rendu à Anthony Edwards qui doit toucher le plafond jamais atteint.

L’histoire de Karl-Anthony Towns, c’est celle d’un grand prospect devenu grand joueur, celle d’un homme qui a tout perdu mais a réussi à remonter la pente, celle d’un des meilleurs intérieurs de son temps. Certains vont se moquer de lui car il a dit qu’il était le meilleur big man shooter de l’histoire. D’autres vont le critiquer car trop soft. En attendant, KAT est un grand joueur de l’histoire des Wolves qui mérite le respect.

Karl-Anthony Towns aura-t-il son maillot retiré à Minnesota quand il prendra sa retraite ? En attendant, que les Knicks profitent de leur nouvel intérieur et que les fans des Wolves sèchent leur larme. L’histoire est dramatique, mais l’histoire est magnifique.

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Sapphire Monteil

19 ans - Charlotte Hornets - rédactrice -
Je parle des frelons de Caroline du Nord à mon grand désarroi. Tu seras jamais la première dans mon coeur si tu ne t'appelles pas Kemba Walker ou Cody Zeller. Pratique l'hormonothérapie en club depuis 2007.

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