On ne va pas se mentir, les Suns construisent l’équipe de leur saison prochaine en prenant des risques max de chez max. Inhabituel pour la fanbase des cactus, qui sort soudainement, en 6 petits mois, de l’ère Sarver, cette pourriture sexiste et raciste qui rechignait à investir dans l’équipe, de l’ère Monty Williams, qui n’est pas sans responsabilités dans les échecs du vestiaire et de l’équipe, pour se voir projetée à 2000 km/h dans l’ère Ishbia, nouveau proprio bien YOLO bien Carpe Diem de la franchise arizonienne.
En 4 mois, depuis son arrivée en Février, le milliardaire natif du Michigan a réussi à réaliser le souhait de Devin Booker : laisser parler son attractivité de Franchise Player pour construire autour de lui une « superteam« . A titre personnel, le terme superteam n’est pas hyper compréhensible : souvent péjoratif, il est dans l’imaginaire de Booker le moyen pour lui d’accéder au but ultime de toute une franchise et sa fanbase. La Bague. Et finalement pourquoi pas ?
Où en est-on donc, à l’orée de cette draft 2024 déjà historique, alors que les questionnements ne manquent pas autour de Phoenix ? Le banc ? Ayton ? Le payroll ? Vogel ? L’infirmerie ? Durant est-il un snake responsable de l’inflation et du goût infâme de l’eau à Paris pendant l’été ? Devin Booker est-il meilleur qu’Alec Burks ?
On va essayer d’y voir plus clair à travers 4 clefs, en 4 articles :
- le fit de Bradley Beal (ici donc)
- le cas Deandre Ayton
- la free agency
- le playbook de Frank Vogel (à venir)
Zébardi.
Bradley Beal : ça fit ou pas ?
Il n’y aurait pas comme un parfum de déjà-vu dans cette question ? On ne l’aurait pas déjà entendue à propos des deux Jay’s du côté des Celtics ? On n’a pas déjà eu la réponse, un peu quand même, quand les C’s ont atteint les finales NBA l’an dernier ?
Si, bien sûr. Et bien évidemment que Beal et Booker ça fit grave sur le papier comme sur le terrain. La question est plutôt de savoir quel Beal on récupère dans ce trade, et comment ils vont jouer ensemble pour maximiser le potentiel infernal de ce trio d’attaque.
Revenons sur le profil du Big Panda (je ne sais pas pourquoi il s’appelle comme ça, je ne sais même pas si je veux savoir, pour rien vous cacher…), du tout tout tout début. Les scouting reports à la draft 2012 annoncent un joueur excellent au shoot, dans tout type de situation (périmètre, catch and shoot, off the dribble, pénétration…), correct au rebond offensif, bien au-dessus de la moyen en défense. Il sera drafté logiquement par les Wizards de Washington, 3ème (les Hornets le ratent sur le pick 2 et choisissent MKC ptdr), en 2012.
A Washington, Beal forme avec Wall un duo de guards impressionnant. Si Wall est le franchise player et le meilleur joueur de l’équipe, Beal n’est pas en reste. En plus d’être très capable en défense, il va devenir un joueur offensif de très haut niveau, explosif, capable de mettre des grosses pressions dans la raquette en attaque, tout en étant une menace de plus loin. Sur les saisons 2020 et 2021, Bradley Beal tape 30 puntos de moyenne. Un scoring en baisse depuis les deux dernières saisons pendant lesquelles l’ambiance à Washington n’était pas au beau fixe entre l’arrière et son Front Office.
Les Suns récupèrent donc un arrière de talent, très fort en attaque, et loin d’être un point faible en défense. Sans doute aussi un joueur revanchard, qui sait qu’il doit retrouver son meilleur niveau pour ne pas passer pour un clown à côté des deux candidats MVP que sont Devin Booker et Kevin Durant, et faire mentir les bouches qui l’enterrent depuis 2 saisons. Compatibles ? Sans aucun doute. Mais alors comment ?
De l’air dans l’attaque des Suns
La saison dernière, les Suns sont la 30ème équipe d’attaque sous le cercle, pour la 3ème année consécutive. Joli palmarès éclaté au sol, qui n’avait besoin que d’un slasher capable de finir sous le cercle avec efficacité pour retrouver un peu de sa superbe. La dépendance au shot making difficile des Suns, particulièrement visible contre l’excellente défense des Nuggets en Playoffs, pourrait donc se réduire. Suffisamment pour donner de l’air aux shooters en question, et peut-être même les repositionner dans leur modèle préférentiel. En effet, avec Devin Booker ET désormais Bradley Beal capable d’initier une attaque, Kevin Durant devrait retrouver le rôle dans lequel il est le plus tranchant et efficace : un shooter mid-post et off-ball qui se régale à conclure une attaque initiée par ailleurs.
Quant à la question du doublon de style entre Booker et Beal, elle se pose, mais la réponse arrive vite. La capacité à driver de Booker la saison passée a été utilisée par Monty dès le début de saison, et a permis à l’équipe de faire de très jolies choses très vite à l’automne. Au retour de blessure, Book prend son temps pour retourner fort dans la peinture, mais devient absolument ingérable en Playoffs, en étant une menace partout sur le parquet, et notamment dans la peinture. Les Suns ont besoin de cela : pour faire vivre Durant et maximiser son apport offensif, comme vu juste au-dessus, mais aussi pour permettre à un autre attaquant de récupérer la gonfle une fois la défense aspirée. C’était le rôle théorique de Paul, dont la transition vers du catch and shoot a foiré. Ce sera celui de Beal (et de Booker lorsque BB sera à la créa). Le résultat devrait être un tantinet meilleur qu’avec CP3, à n’en pas douter.
Enfin, la menace du parking. C’est vrai, avec Bradley Beal et les deux autres furieux, le mid-range a de beaux jours dans l’Arizona. Mais quid des 3 points ? Le manque de réussite derrière la ligne des 3 a été un véritable couperet dans les espoirs des Suns face aux Nuggets (props à leur défense sans relâche). Les pourcentages difficilement viables des cactus, et notamment sur les shoots ouverts et ou peu contestés des role-players, ont mis Booker et sa bande dans une salsa verde pas possible. Bradley va-t-il compenser ce manque ? Ce n’est pas impossible. Sur les 5 dernières saison, Beal, c’est un peu plus de 37% du parking en catch and shoot. Il ne sera donc pas oublié des défenses adverses comme ont pu l’être Okogie, Craig et les autres parce que leur adresse n’était pas une menace.
Plus d’infos précises sur le profil de Bradley Beal disponible dans le podcast Valley Oop.
Analyse complète et tactique du potentiel apport de Beal, par Jackson Frank.
Tous les problèmes sont résolus alors, ça y est ?
Absolument. Pas.
Faut pas non plus faire de Bradley Beal le messie qu’il n’est pas. Cet article a pour but de montrer la compatibilité dans le jeu et sur le papier. Il reste tout de même à coach Vogel et au Front Office un sacré taf de mise en place tactique et d’effectif pour que cette équipe des Suns ait une petite chance face aux cadors de leur conférence.
Bradley Beal ramène des certitudes et des perspectives en attaque qui vont rendre la vie plus facile au trio. Durant devrait moins avoir la balle en main, et ses petits défauts au ball handling ou à la passe devraient être moins pénalisant. Booker sera moins seul, et quand la défense sera fixée par l’un de ces trois gars, les options pour ressortir seront viables et plus dangereuses que la saison passée pour les défenses adverses.
Néanmoins, il reste toujours la question des role-players, qu’il va bien falloir trouver, et pas juste pour remplir numériquement le banc des Suns. Retour probable de l’adorable clique Biyombo, Landale, Craig, et puis Cam Payne est aussi encore sous contrat (non-garanti, on le rappelle). Quelques Wizards devraient accompagner Beal dans le deal en échange de Paul et Shamet. Quid d’Okogie ? Quid de Yuta Watanabe qu’une rumeur envoyait rejoindre son ancien coéquipier des Nets, Kevin Durant, chez les Suns ? Et quid du reste du payroll ? De Deandre Ayton ?
Arrosez vos plantes, buvez de l’eau fraîche, et appelez vos grands-parents : l’été des Suns commence à peine.
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