Le Utah Jazz n’a pas surpris la planète NBA cette saison. La franchise de Salt Lake City était loin d’être vue comme une prétendante au titre. Au final, l’équipe ne s’est pas qualifiée pour les playoffs, ni pour le play-in. Bons derniers de la conférence Ouest, les dirigeants du Jazz n’attendent que la loterie et la draft maintenant. Cependant, dans cette saison qui n’atteindra pas les 20 victoires, quels points positifs tirer ?
Dans le top 10 du dernier Rookie ladder, le meneur Isaiah Collier rentre dans cette case de positif à retenir pour la franchise. Avec des moyennes de 8,7 points et 6,3 passes décisives par match, il a étonné les amateurs de la grande Ligue en seconde partie de saison, lui qui n’avait été que le 29e choix de la draft. Mais nous en avons déjà parlé sur Le Roster.
À noter que les blessures n’ont pas épargné le Jazz. Dès le troisième match de la saison, Taylor Hendricks se fait une affreuse blessure à la cheville et au péroné, alors qu’il entamait sa saison sophomore. Jordan Clarkson, John Collins et Lauri Markkanen aussi ont vu leur saison écourtée à cause des bobos. Respectivement 37, 40 et 47 matchs joués pour ces trois joueurs. Un mal pour un bien, puisque les jeunes ont pris le pouvoir, ce qui était déjà prévu par le coach du Jazz, Will Hardy. La saison fut dure à regarder pour les fans, mais aussi pleine de promesses.
Les jeunes en tête d’affiche à Utah
Outre Isaiah Collier, quelques minots ont été intéressants à suivre : Walker Kessler évidemment, mais aussi Brice Sensabaugh. Le rookie Kyle Filipowski, Keyonte George ou encore Johnny Juzang ont été intéressants sur le parquet, toutefois, ce sera sur les deux premiers que nous allons nous concentrer.
Walker Kessler est un pivot à l’ancienne, il n’écarte pas vraiment le jeu, ne converti pas ses lancers francs, mais c’est un rim protector élite, un excellent rebondeur et un big extrêmement efficace au cercle.

Je ne cesse de parler à Walker de son énergie, de ses efforts, de ses déplacements, de sa capacité à perturber, à donner de l’énergie à notre équipe, et je pense qu’il répond à cet appel. »
Will Hardy, après la défaite à Toronto le 7 mars
Après une saison sophomore où on attendait mieux de lui, Kessler a sorti la tête de l’eau cette saison. Meilleur rebondeur offensif de la ligue et meilleur contreur, il s’impose comme un futur pivot important en NBA. Il tourne à 11 points, 12 rebonds (dont 4,6 offensifs) et 2,4 contres de moyenne sur la saison, ce qui a fait saliver les équipes en manque de pivot à la deadline (coucou les Lakers). Néanmoins aucune offre n’a été convaincante pour que Danny Ainge lâche son joyau.
Toujours en manque de vrai franchise player, le Jazz semble avoir un pivot parfait pour accompagner l’équipe. Il travaille même sur son shoot extérieur depuis quelque temps, puisque Utah n’a plus rien à jouer , alors autant se développer. Sans réussite pour l’instant, puisqu’il n’a réussi que 6 de ses 34 tentatives de loin. Ce n’est pas un soucis pour Will Hardy, qui ne veut pas faire de Kessler un sniper, mais au moins une menace en catch-and-shoot. S’il développe son tir extérieur et qu’il est capable de marquer plus régulièrement, il va vite devenir un problème pour les défenses adverse, lui qui en est déjà un très gros pour les attaques.
Il m’a en quelque sorte donné, pour ces quinze derniers matchs, le feu vert pour essayer de travailler dessus […] Je lui suis très, très reconnaissant de me donner l’opportunité de travailler là-dessus, et je crois en moi, je sais que je peux le faire. »
Walker Kessler
Avec un énorme TS+ de 114, il montre qu’il est à l’aise avec ses mains dans la raquette, mais avec un arsenal plus complet, il pourrait s’affirmer encore plus en NBA, et pourquoi pas même devenir le pivot titulaire de Team USA. Il ne lui reste qu’une année de contrat, et le Jazz va très certainement lui offrir une extension de contrat à l’intersaison ou au début de la saison prochaine, à voir quel en sera le montant.

Brice Sensabaugh a aussi été plus efficace que la moyenne, avec 105 de TS+ ! Grâce notamment à une adresse honorable à trois points. Cette saison, en jouant moins de 20 minutes par match, Sensabaugh plante 10 points, à 41,5% à trois points (5 tentatives par match), il accompagne cette ligne de stats avec 3 rebonds et 1,4 passe décisive.
Si Utah avait été plus compétitif, il aurait l’étoffe d’un contender au Sixth Man Of The Year. C’est un tueur dans les corners, où il tourne à près de 50%, il est le joueur parfait pour les drives and kicks. Isaiah Collier et Keyonte George se régalent avec lui, eux qui cumulent près de 20 drives par match, et n’hésitent pas à lui faire la passe s’il est seul dans le coin.
Je lui ai dit qu’à un moment donné, nous allons avoir besoin de lui. C’est un shot maker, et il peut marquer aux trois niveaux […] Quand il est agressif, nous sommes une meilleure équipe. »
Keyonte George

Il balance des bombes du parking avec succès, mais comme le notifie Keyonte George, il est aussi adroit dans toutes les autres zones du terrain. Même si le volume est moindre qu’à trois points, il montre une régularité respectable. Il n’est pas un défenseur extraordinaire, sans être un plot non plus. Surtout qu’il fait les efforts pour aider l’équipe, même si ça ne se voit pas à travers les statistiques. Lui-même le dit : « Je m’assure de donner le maximum d’effort, d’essayer de me placer aux bons endroits pour ne pas jouer en retard » avant de lancer un message subtil à son coach en demandant plus de temps de jeu. « Plus je vais jouer, plus cela deviendra naturel ».
Un public fidèle malgré les tempêtes

Si les résultats sportifs ont manqué de lustre, une constante a illuminé la saison du Jazz : l’incroyable soutien des fans de Salt Lake City. Dans une ligue où l’affluence chute pour les équipes qui sont en plein tanking, le Delta Center a résisté à la tendance. Nuit après nuit, les supporters ont rempli les gradins, offrant une énergie rare même lors des défaites les plus douloureuses.
« C’est incroyable. Je n’arrête pas de vanter nos fans. Je pense que nous avons la meilleure fanbase de la ligue », confie Walker Kessler, ému par cette loyauté inébranlable. Un sentiment partagé par Kyle Filipowski, stupéfait par la comparaison entre l’ambiance à domicile et celle des autres tribunes : « Même dans une saison difficile, ils sont là à chaque match. Ça compte énormément pour nous ».
Le match contre les Wizards mi-mars, opposant les deux pires équipes de la ligue, en est l’illustration parfaite. Malgré un enjeu sportif inexistant, l’arène du Jazz affichait une affluence supérieure à celle de nombreuses autres salles pour des rencontres bien plus cruciales.
Pour Will Hardy, cette ferveur montre aussi que le public de Utah est un public de connaisseurs : « Cela montre la connexion que nos fans ont avec cette organisation. Je pense que cela témoigne également de la connaissance générale du basketball que nos fans ont. Ils savent que nous traversons des saisons de reconstruction »
Cette symbiose entre l’équipe et son public devient un pilier du rebuild. Les joueurs, y voient une motivation supplémentaire. « Ils nous poussent à grandir. On leur doit de tout donner, même quand les résultats tardent », glisse Brice Sensabaugh.
Entre l’éclosion de jeunes pousses, la résilience face aux blessures et un public aussi bruyant qu’indéfectible, le Jazz cultive un terreau fertile pour ses ambitions futures. Les promesses de Kessler, Collier ou Sensabaugh ne sont que les prémices d’un projet plus vaste, porté par une organisation patiente et des fans prêts à patienter. La loterie et la draft approchent, mais Utah peut déjà s’appuyer sur des fondations solides : une génération de joueurs affamés, un coach visionnaire et une communauté qui croit, contre vents et marées. La renaissance passera par là.