Alors que l’Équipe de France masculine cherche à remporter la médaille d’or aux JO 2024, un autre groupe avait effectué un exploit 24 ans plus tôt, lors des JO de Sydney en l’an 2000. L’occasion de retracer leur parcours et de vous faire revivre cette compétition exceptionnelle où la France avait déjoué tous les pronostics.
La France qualifiée pour les Jeux après 16 années d’attente
En 2000, cela faisait 16 ans, depuis les Jeux de Los Angeles de 1984, que notre belle Équipe de France n’avait pas participé à cette prestigieuse compétition. Une qualification qui a d’ailleurs été vaillamment acquise lors de l’Euro 1999 en France, où les 5 premières équipes de la compétition obtenaient leur ticket pour Sydney.
L’équipe de France va donc réaliser un parcours exemplaire, finissant le second tour en deuxième position, derrière les Yougoslaves de Vlade Divac. Les Bleus affronteront donc la Turquie d’Hedo Türkoğlu pour les quarts de finales, dans ce qui s’annonce déjà comme le match décisif pour les JO.
Dans un match où la Turquie a pourtant été devant pendant plus de 30 minutes, c’est bien la France qui va venir s’imposer, 66-63. Mais c’est dans un money time totalement fou, qu’Antoine Rigaudeau, le joueur de Bologne va sortir de sa boite pour permettre à la France de remporter ce match et d’obtenir sa qualification aux JO, avec notamment deux lancers francs convertis à 5 secondes de la fin, scellant le destin des Bleus.
Après cette victoire il s’en suivra deux défaites, plaçant la France à la 4ème place. Et si la déception de ne pas figurer sur le podium de leur Euro est très forte, ils ont tout de même pu se réjouir de cette qualification aux JO et prendre cet échec pour expérience afin de mieux gérer ce genre de matchs couperets.
Un groupe expérimenté et taillé pour réussir
Cette équipe était constituée de joueurs qui avaient déjà un bon vécu ensemble, la grande majorité faisait notamment parti de l’aventure du dernier Euro en France. Le petit manque de cette liste concerne Tariq Abdul-Wahad, le seul joueur français évoluant en NBA.
Il sortait d’ailleurs de sa meilleure saison depuis son arrivée aux États-Unis avec 12,5 points, 5,2 rebonds, et 1,6 passes. Mais malheureusement pour nous, à la suite de paroles qui ont provoqué beaucoup de polémiques, l’ailier du Magic d’Orlando ne sera pas retenu par la Fédération pour les JO. Il n’en est pas moins que cette équipe reste assez compétitive pour espérer exister dans cette compétition.
Le meneur titulaire de cette équipe se nomme Laurent Sciarra. Il sort d’une saison ultra complète avec le Paris Basket Racing (10,4 points et 7,9 passes), un meneur qui a du shoot mais surtout qui a un sens de la passe très développé. Il sera épaulé sur ce poste par le joueur de l’ASVEL, Moustapha Sonko un profile moins organisateur mais plus défensif. Ces deux joueurs constitueront une paire complète, et auront tout deux leur importance dans ce grand rendez-vous.
Le poste d’arrière sera lui logiquement occupé par Antoine Rigaudeau. Un joueur qui possède un shoot très adroit, ce qui lui permettra de finir sa 3ème saison du côté du Virtus Bologna à 15,2 points de moyenne, avec une adresse de 55,6% au shoot, dont 45,8% à trois points. Un joueur qui base beaucoup sa réussite dans le jeu sur du jeu sans ballon. Il a été parfaitement bien suppléer par Makan Dioumassi, joueur pour l’équipe du Mans et Laurent Foirest, l’arrière de Tau Vitoria.
Le poste 3 sera quant à lui occupé par Stéphane Risacher, l’ailier qui disputait sa première saison du côté de Pau, a réalisé une saison pleine en prouesse avec 13,9 points à 52,4 % au shoot dont 41,2% longue distance. Très complet le père de Zacharrie Risacher a été un très bon élément des deux côtés du terrain, un profil qui comporte d’ailleurs beaucoup de ressemblance avec son fils. Il devance sur son poste Yann Bonato récent champion de France avec Limoges.
Sur le poste 4, notre capitaine, l’explosif Jim Bilba. L’ancien joueur historique de Limoges nous façonne notamment par son savoir faire défensif, lui qui est doté d’un sens du placement et d’une qualité de contre exceptionnel. Statistiquement il finira sa saison avec 1,1 steal et 0,9 block. Derrière lui se trouve le palois Thierry Gadou, et l’américain Crawford Palmer, naturalisé 2 ans plutôt.
Et pour finir la raquette est gardée par l’illustre Frédéric Weis, également champion cette année avec Limoges. Le joueur de 2m18 est le protecteur de cercles par excellence. Il est toujours un excellent joueur à l’échelle continentale et a réalisé une très bonne saison (8,1 points, 6,2 rebonds et 1,4 contre de moyenne). Pour le suppléer, Cyril Julian, le joueur du Paris Basket Racing. Un profil tout autre, plus scoreur, moins grand et moins défensif qui a été très bien utilisé par Jean Pierre de Vincenzy, le sélectionneur de l’Équipe de France.
Un premier tour compliqué
Alors que la France s’apprête a débuté sa compétition, elle ne se trouve pas dans les meilleurs conditions. En effet la dynamique des matchs de préparation n’est pas du tout bonne et le jeu proposé par nos français ne nous emballe pas. Deux lourdes défaites face à l’Espagne (82-67) et la Yougoslavie (89-64), entre temps l’Équipe de France s’est tout de même rassuré avec une courte victoire face à l’Italie (79-72).
France – Nouvelle-Zélande : une simple formalité
Dans ce match à sens unique dominé par nos français, la Nouvelle Zélande n’aura pas exister une seule seconde. Tout le monde a participé à la fête et l’homme de cette rencontre se nomme Yann Bonato, auteur d’un match à 16 points à 60% au shoot. Mais c’est la défense française qui a réellement pris le pas sur ce match. Une statistique le prouve d’ailleurs, la Nouvelle-Zélande a tiré à 26,8% au shoot, un pourcentage catastrophique qui est à mettre au crédit de nos français. Un match qui devrait permettre aux français de monter en puissance dans ces JO.
France – Lituanie : une désillusion des deux côtés du terrain
Alors qu’on pouvait entrevoir une belle dynamique se lancer après ce premier match pleinement réussi des français. Mais ce fût malheureusement tout l’inverse. La défense des Bleus aura été clairement dominé par le ball movement de la Lituanie. En attaque la copie rendu n’est pas meilleure, avec une réussite à trois points qui n’aura pas été au rendez-vous (3 sur 18), les français vont subir un lourd revers de 18 points.
France – Chine : le retour d’un patron
Face à la Chine du jeune Yao Ming, la France devait absolument l’emporter pour envisager les quart de finales. Sur les derniers matchs, le manque d’un leader s’est vraiment fait ressentir sur les premiers matchs mais deux hommes vont cette fois sortir du lot. Antoine Rigaudeau et Laurent Foirest vont clairement porter les Bleus offensivement, auteur respectivement de 29 et 22 points. De leur côté, les chinois n’ont pas été discipliné et ont perdu le total de 21 ballons, ce qui est beaucoup trop pour exister à ce niveau là et la France va donc s’imposer logiquement 70-82.
France – Italie : un match pour la qualification
Un match à enjeu donc qui n’a malheureusement pas vu les français briller. Si le match a été plutôt équilibré, un vrai manque d’intensité s’est fait ressentir, et notamment au rebond, où les italiens ont obtenu deux fois plus de rebonds offensifs. Et si la performance de Laurent Sciarra (17 points, 5 rebonds, 2 passes) va marquer un réel déclic dans ses performances individuelles, elle ne sera pas suffisante pour venir chercher ce succès face à ces italiens. Malgré tout, la France est officiellement qualifié pour les quarts, suite à la défaite des chinois face aux lituaniens.
France – USA : une confiance offensive retrouvée
Si le match n’avait que peu d’enjeu, pour la France il s’agissait d’abord de reprendre de la confiance. Et dans un match très rythmé la Team USA est venu à bout de l’Équipe de France (106-94). Les coéquipiers de Kevin Garnett ont su s’imposer avec autorité, pendant que nos français eux, n’ont absolument pas démérité et ont su tenir le rythme offensif imposer par les américains. Encore une fois des gros manques au rebond sont trop importants (19 contre 43), mais la confiance est clairement de retour du côté français qui entameront donc leur quart de finales face à la surprise canadienne.
Makan Dioumassi, le game changer du quart de finale
Alors que la France a réalisé un parcours contestable en première phase, les canadiens de Steve Nash arrivent en pleine confiance après leur victoire face aux puissant yougoslaves. Ils arrivent donc logiquement favori face aux français. Mais dans un match où nos bleus n’avaient rien à perdre, ils vont se sublimer pour venir créer un exploit mémorable.
Et tout ceci va donc commencer par la performance exceptionnelle de Makan Dioumassi qui va faire vivre le pire des enfers à Steve Nash, le condamnant à l’échec. Le meneur géni du Canada va réaliser une performance des plus désastreuse avec une réussite au shoot qui ne dépassera pas les 35% mais surtout 9 pertes balles. Il s’était d’ailleurs exprimé sur sa défense et avait expliqué que c’était en le regardant jouer qu’il avait appris sur lui :
« Pour le contrer donc, j’ai fais un travail d’assimilation. Je savais donc que j’allais rencontrer Steve Nash face à moi. Et j’ai appris énormément en le regardant jouer. Sur ce match, j’avais juste l’impression de le connaitre par cœur. C’était de la volonté. Il y avait une grosse opposition mais on va dire que je suis tombé sur le bon adversaire. »
De l’autre côté du terrain, c’est l’association entre Laurent Sciarra et Antoine Rigaudeau qui va porter la France, auteur de 17 et 15 points chacun. La France s’impose finalement 68-63 et rejoint le dernier carré. Une victoire parfaite qui sera entaché par la malheureuse blessure de Yann Bonato. Les Bleus retrouveront donc le pays hôte pour les demie finales, court vainqueur des italiens.
La France étrille l’Australie dans une demi-finale à sens unique
Après que nos français aient réalisé leur meilleur match, ils sont en pleine confiance. Et c’est une nouvelle fois leur défense et leur assurance qui vont totalement déstabiliser les australiens. Des joueurs qui vont tomber bien bas, en inscrivant seulement 51 points. Et c’est notamment le cas du pivot des Chicago Bulls, Luc Longley maintenu par Frederic Weis à 8 points et 3 rebonds.
De l’autre côté, c’est une nouvelle fois l’infatigable Laurent Sciarra qui va envoyer la France en finale. Une performance très complète (16 points, 7 passes, à 66% au shoot) qui l’affirme une nouvelle fois comme le leader de l’attaque française. On peut également noter la performance de Frédéric Weis (11 points et 9 rebonds) qui a donc dominé Luc Longley.
Une domination écrasante qui va permettre aux Français de l’emporter par 24 points d’écarts (76-52). Ils arrivent avec une confiance qui n’a jamais été aussi haute et vont affronter les Etats-Unis qui se sont difficilement défaits de la Lituanie (83-85). Un match qui s’est terminé par le tragique shoot manqué de Sarunas Jasikevicius, auteur de 27 points sur ce match. C’est bien la preuve qu’un exploit est possible.
Une deuxième finale olympique pour les Bleus face aux stars américaines
Malheureusement pour nos français, les américains ne sont pas décidés à laisser les commandes aux français. Vince Carter mène la danse et envoie les américains tout droit vers un nouveau titre olympique, ils mènent 46-32 à la mi-temps. Cet écart, les américains réussissent à le stabiliser grâce à une grosse domination au rebond, et les français ne parviennent pas à inquiéter le champion Olympique en titre. Mais alors que le match approche de plus en plus de son dénouement final, un vent de folie va venir traverser Sydney jusqu’au SuperDome.
Sur des tirs primés de génie de Laurent Sciarra, Stéphane Risacher et Antoine Rigaudeau, la France brise la dynamique des américains et le score passe en quelques minutes de 72-58 à 76-72, avec une horloge qui affiche encore 4 minutes et 30 secondes à jouer. L’exploit monumental semble à la portée des français contre des Américains qui ont donc déjà été malmenés en demie par la Lituanie. Rudy Tomjanovich se voit obliger de prendre un temps mort pour stopper cette folie infernale.
Si d’un côté la panique gagne les têtes des américains, de l’autre les français souffrent physiquement et malheureusement la dynamique va à nouveau s’inverser en sortie de temps morts. La défense agressive des américains va complètement désemparer les Bleus qui ne se relèveront plus. De l’autre côté, on s’en remet au talent de Kevin Garnett qui réalise 4 points et 1 passe dans les 3 dernières minutes, un dernier dunk de Vince Carter et c’est malheureusement fait, les États-Unis sont champions olympiques.
Une fin bien triste pour une équipe que tout le monde voyait échouer, mais c’est bien cette magie olympique qui a opéré. Au delà de cette médaille qui vaut de l’or, c’est tout un pays qu’ils ont emmené avec eux sur le toit du basket international. Et malgré cette impression de ne jamais avoir été bien loin de créer cet exploit, le plus important est de se dire qu’on a eu la chance d’avoir pu poser le nom de Laurent Sciarra à côté de celui de Jason Kidd, juste le temps d’une soirée.
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