LeBron James ne manque pas de matchs exceptionnels ou de matchs de légende, c’est même tout l’inverse. Toutes ses soirées mythiques ne jouissent pas du même succès. Pour son 40e anniversaire, revenons sur les performances iconiques de l’ailier qui méritent, elles aussi, leur place dans le livre d’or de la NBA.
Ce 30 décembre 2024, l’homme aux quatre titres de champion NBA, aux quatre trophées de MVP et de MVP des finales, aux trois médailles d’or aux Jeux olympiques, aux 20 sélections au All-Star Game, aux 41 000 points en carrière, et à la liste de records longue comme Wembanyama, soufflera ses 40 bougies. LeBron James possède un palmarès à en perdre la tête. Au cours de ses 22 saisons, la superstar des Lakers a aussi parsemé les parquets NBA d’actions, de gestes et de souvenirs inoubliables.
Lorsqu’il faut choisir les plus grands matchs de sa carrière, les mêmes rencontres nous viennent instantanément en tête. Les plus anciens pencheront pour le game 5 face à Détroit en 2007, quand les autres évoqueront une de ses sorties en finale NBA, notamment celle de 2016 ponctuée par son mythique block sur Andre Iguodala. Les plus nombreux citeront sûrement son game 6 contre Boston en 2012, là où les plus indécis parleront de campagne de playoffs entière comme son run en 2018 ou en 2020 dans la « bulle d’Orlando ». Même les amoureux de chiffres auront leur mot à dire avec son record de points personnels inscrits en seul match avec ses 61 unités contre les Charlotte Bobcats en 2014.
Dans l’ombre de ses moments de gloire se cachent d’autres matchs spectaculaires souvent oubliés dans l’immense fresque qu’a laissé LeBron James au basketball. Dans cet article, nous allons explorer certaines de ces rencontres méconnues où LeBron a brillé par son talent, qu’il s’agisse de soirées éclipsées par d’autres exploits ou de confrontations moins médiatisées.
Pour la sélection des matchs, seules les victoires ont été retenues. De plus, voici les mentions honorables qui auraient mérité d’avoir leur place dans l’article :
- LeBron James vs Milwaukee Bucks (2009, saison régulière) : 55 points (16/29 au tir dont un 8/11 à 3-points), 15/22 aux lancers-francs, 9 passes, 5 rebonds.
- LeBron James vs Indiana Pacers (2012, demi-finale de Conférence) : 40 points (14/27 au tir), 12/16 aux lancers-francs, 18 rebonds, 9 passes.
- LeBron James vs Brooklyn Nets (2014, demi-finale de Conférence) : 49 points (16/24 au tir), 14/19 aux lancers-francs, 6 rebonds, 3 interceptions, 2 passes.
- LeBron James vs Indiana Pacers (2017, 1er tour de playoffs) : 41 points (14/27 au tir dont un 6/12 à 3-points), 7/14 aux lancers-francs, 13 rebonds, 12 passes.
« Welcome to LePlayoffs »
Nous sommes en 2006, LeBron James a 21 ans et dispute sa troisième saison en NBA. Le « Chosen One », déjà couronné de deux sélections au All-Star Game, réalise une saison d’exception à 31,4 points de moyenne (la plus prolifique de sa carrière) et porte les Cavaliers au quatrième siège de la conférence Est (50-32). Après plusieurs mois prodigieux, où il deviendra le plus jeune joueur à être élu dans la All-NBA First Team, LeBron s’apprête à vivre ses premiers playoffs depuis son arrivée dans la Ligue. Au premier tour, il doit affronter les Washington Wizards (42-40) de Gilbert Arenas. Et pour ses débuts dans la cour des grands, l’enfant d’Akron va annoncer la couleur des années à suivre.
Si on se souvient assez bien de son premier triomphe en playoffs et de son triple-double (32 points, 11 rebonds et 11 passes) au game 1, de ses 45 points et de son game winner au game 5, et de ses murmures dans les oreilles de Gilbert Arenas dans les derniers instants du game 6 (“If you miss these free throws, you know who’s going to win it“), on a plutôt tendance à oublier le gros chantier de LBJ lors du game 3.
À ce moment-là, les deux équipes sont à égalité quand la série débarque à Washington. Bandeau visé sur la tête, l’ailier de l’Ohio fait parler sa force offensive dès la première période. À la mi-temps, LeBron a déjà inscrit 22 points sur les 50 marqués par son équipe. Il permet aux siens de ne pas être trop distancé par les locaux (58-50). Dans le troisième quart-temps, les Cavaliers reviennent à hauteur de leurs adversaires, l’égalisation s’effectue sur une passe sensationnelle de LeBron James pour Zydrunas Ilgauskas.
This is the best play of LeBron's career IMO.
— Barry (@BarryOnHere) December 30, 2022
Absolute superhuman pass for an assist to Big Z.
I can watch it all day. pic.twitter.com/kGJJi4Gjcd
Les deux franchises se rendent coup pour coup jusqu’à la fin de la rencontre. À 30 secondes du terme, LeBron donne l’avantage à Cleveland mais « l’Agent Zero » répond dans la foulée avec un panier plus la faute pour remettre ses partenaires devant (96-95). Mené d’un point à 23 secondes du buzzer, James monte la balle, s’isole poste haut, élimine Antonio Daniels et attaque le cercle où il se frotte à Michael Ruffin. Dans les airs, le numéro 23 se débat comme il peut, tire sur la fin de sa redescente, et transperce la capitale d’un coup de poignard dont elle ne se relèvera pas (96-97). Le héros du soir termine la rencontre avec 41 points (16/28 au tir) au compteur, devenant ainsi le joueur ayant inscrit le plus de points lors de son premier match à l’extérieur en playoffs.
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Avec plus de 35 points de moyenne sur la série, et des money time gérés d’une main de maître, LeBron James a répondu aux attentes placées en lui. Particulièrement celles des journalistes d’ESPN et de leur « Welcome to LePlayoffs ». Signe que toute la planète basket était impatiente de découvrir les miracles de l’enfant de la prophétie.
Au Madison Square Garden : Veni, Vidi, Fifty
Mars 2008. Les Cavaliers, finalistes NBA la saison passée, sont de sérieux candidats au titre. C’est donc avec le statut de favori que les joueurs de Cleveland arrivent à New-York pour affronter les Knicks, franchise qui végète dans le fond de la conférence Est depuis plusieurs années.
Ce match, à l’aspect anodin, va être le théâtre d’une des plus grandes représentations de LeBron James. Et quel autre lieu aurait pu être plus approprié pour accueillir un tel festival ? Dans le mythique Madison Square Garden, où les grandes stars de la balle orange ont pour coutume de s’illustrer, le futur quadruple MVP va livrer une partition qui va marquer les esprits.
Après un premier jumper pour se mettre en jambe, LeBron va se muer en parfait chef d’orchestre et se charger de donner le La à ses coéquipiers. À l’issue du premier quart-temps, il a déjà distribué 5 passes décisives. Le génie va ensuite enfiler son costume d’illustre soliste et monter en intensité panier après panier. Il conclut d’ailleurs la première période avec deux tirs à longue distance, dont un au buzzer depuis le logo des Knicks.
À moins de 4 minutes de la fin du match, Cleveland mène par la plus petite des marges (98-99) et c’est à ce moment précis que King James décide de sortir le grand jeu. Il plante un premier tir à trois-points pour accentuer l’avantage des visiteurs (98-102), puis un autre pour creuser l’écart (98-105), et encore un autre pour définitivement fendre la Big Apple en deux (99-110). À 1 minute du baisser de rideau, LeBron inscrit son septième tir primé du soir sous le regard impuissant de Spike Lee. Il porte ainsi son total à 50 points à 16/30 au tir (dont 7/13 à 3-points) avec 10 passes décisives, 8 rebonds et 4 interceptions. Le chevalier de l’Ohio a enfin été touché par la grâce dans la « Mecque du basket ». À un tel niveau qu’il récidivera, un an plus tard, avec une nouvelle performance de folie au Madison Square Garden : 52 points (à 17/33 au tir), 11 passes et 9 rebonds.
Les Kings sont morts, vive le King !
En 2013, LeBron James est dans les plus belles années de sa carrière, tant sur le plan individuel que collectif. Avec son iconique numéro 6 dans le dos, le joueur du Heat est champion NBA, MVP, et trône au sommet de la Ligue. Le 26 février, Miami est au cœur d’une longue série de victoires. L’équipe floridienne, première à l’Est, en est à 11 succès consécutifs lorsqu’elle reçoit les Kings, derniers à l’Ouest. Alors que tous les observateurs s’attendent à une nette victoire des hommes d’Erik Spoelstra, Sacramento va déjouer les pronostics et valeureusement tenir tête aux champions en titre.
Les deux équipes sont au coude-à-coude durant une très grande partie de la rencontre. En première période, LeBron se montre plutôt discret et prend très peu de tirs, mais c’est par son altruisme qu’il aide ses « Heatles » à faire parler la poudre. Que ce soit ses deux “amigos” que sont Dwyane Wade et Chris Bosh, ou les autres pierres angulaires qui garnissent les rangs de son équipe (Ray Allen, Mario Chalmers, Udonis Haslem, Chris Andersen…), King James trouve tous ses coéquipiers. En grand seigneur, il finira la partie avec 16 passes décisives (son record personnel à l’époque).
Au retour des vestiaires, l’ailier prend enfin le match à son compte et inscrit 12 points dans le troisième quart-temps. Mais dans la dernière minute du quatrième quart-temps, le MVP peine à asséner un coup fatal aux Kings. Il perd un ballon, rate un tir, et voit Wade rater deux lancers-francs cruciaux. De l’autre côté, les Californiens, pourtant menés de 8 points à 1’30 du terme, recollent au score grâce à deux tirs derrière l’arc de Marcus Thornton et un panier de Demarcus Cousins. Il n’en fallait pas plus pour réveiller la bête. Dans la deuxième prolongation, LBJ réalise un sans-faute magistral : 11 points (3/3 au tir et 4/4 aux lancers-francs), 3 rebonds, 3 passes et une victoire arrachée aux forceps par la volonté d’un roi qui ne voulait pas abdiquer.
La suite, on la connaît. La deuxième plus longue série de victoires de l’histoire de la NBA (27) s’achèvera le 27 mars 2013 face aux Chicago Bulls, à 6 succès du record absolu (les 33 victoires des Los Angeles Lakers de 1972). Miami terminera la saison régulière avec 66 victoires pour 16 défaites, le meilleur bilan de l’histoire de la franchise. En playoffs, ils réaliseront le back-to-back en s’imposant contre les San Antonio Spurs dans une finale entrée dans la légende. Et tout cela n’aurait pas pu être possible sans la présence du Chosen One.
LeBron James had the perfect season with the 2013 Miami Heathttps://t.co/Odyd67F6Cj pic.twitter.com/an0RbhpFgE
— Hoop Central (@TheHoopCentral) August 2, 2020
Légendaire James
La saison 2021-2022 de LeBron James est sûrement l’une de ses plus impressionnantes. À l’âge de 37 ans, le vétéran des Lakers réalise l’un de ses exercices les plus prolifiques depuis son arrivée dans la Ligue, près de 20 ans plus tôt. Il tourne à 30,3 points de moyenne, soit sa deuxième meilleure saison au scoring en carrière. Mais si l’ailier semble être dans la forme de sa vie, c’est moins le cas des « Purple & Gold » qui, au mois de mars, affichent un bilan négatif de 27 victoires pour 35 défaites. Pour ne rien arranger, les “Angelinos”, qui restent sur 4 revers consécutifs, reçoivent Golden State à la maison (43-20, 2e à l’Ouest).
Les années passent, mais certaines choses ne changent jamais. Les affrontements entre LeBron James et les Warriors de Stephen Curry sont toujours des matchs à ne pas rater. Surtout pour le premier qui ne se ménage jamais face à ses grands rivaux. Ce match en est la preuve. La star de Los Angeles inscrit 13 points dès les douze premières minutes. Dans le deuxième quart-temps, son rythme ne faiblit pas. The King attaque la raquette des Warriors avec une telle force et une telle vélocité qu’on croirait revoir le gamin d’Akron qui évoluait au lycée Saint Vincent-Saint Mary. Avec les absences d’Anthony Davis et de Draymond Green, LeBron impose sa loi sous le cercle. Et quand ce n’est pas dans la peinture, il martyrise la défense adverse à longue distance, comme son shoot sur la tête du pauvre Moses Moody avant la mi-temps.
Tout en permettant aux siens de rester dans le match, l’ailier offre un véritable show au public de la Cité des Anges. À l’entame du dernier quart-temps, LeBron James sublime encore plus son récital en marquant trois tirs primés à la suite devant une foule en fusion. Dans le money time, il offre sur un plateau d’argent le dagger à Carmelo Anthony qui ne se fait pas prier pour plier l’affaire. Les locaux s’imposent 124 à 116 contre les futurs champions de 2022. À 37 ans, LeBron vient de coller 56 points (19/31 au tir dont un 6/11 à 3-points), son plus haut total avec les Lakers, à l’une des meilleures équipes défensives de la Ligue.
Dans une carrière comme la sienne, ces matchs presque oubliés enrichissent à peine le récit de sa légende. Néanmoins, ils nous rappellent pourquoi LeBron James est considéré comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire par tous, et comme le G.O.A.T. pour les plus convaincus d’entre nous. À 40 ans, ses moments les plus emblématiques sont derrière lui et l’annonce de sa retraite est de plus en plus proche. Mais par le biais de ces archives, souvenons-nous de l’héritage qu’il offrira à la NBA, de l’excellence dont il a fait preuve tout au long de sa vie professionnelle, et des souvenirs qu’il a déjà laissés dans nos cœurs et nos mémoires.