Les équipes qui ont forcé un match 7 après avoir été menées 3-0

En 2023, nous avons assisté à un match 7 en Finales de Conférence Est avec un enjeu historique à la clé. Le Miami Heat cherchant à devenir la deuxième équipe à atteindre les Finales de la NBA en étant 8e tête de série, et les Boston Celtics cherchant à devenir la première équipe à remporter une série après avoir été menée 3-0.

Au final, Miami s’est imposé et est allé en Finales NBA pour affronter les Denver Nuggets. Cela dit, nous avons déjà évoqué l’histoire de la première 8e tête de série qui a réussi à aller jusqu’aux Finales de la NBA, alors nous allons plutôt aborder l’histoire des retours à 3-0 dans l’histoire des playoffs de la NBA et comment on est arrivé au match 7 de chaque série.

Comme nous le savons tous, être mené 3-0 dans une série de playoffs NBA marque généralement la mort de l’équipe. Toutefois, vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’à certaines époques, il n’était pas possible d’être mené 3-0. La NBA a plus de 75 ans et au cours de ces 75 années, en particulier lorsque la NBA a ajouté des équipes, la structure des playoffs a changé à plusieurs reprises. Avant 1975, il n’y avait que trois tours dans les playoffs de la NBA et lorsque le premier tour a été ajouté, il s’agissait d’une série au meilleur des trois manches.

En 1984, le premier tour a été prolongé pour devenir une série au meilleur des cinq manches, ce qui explique que si vous creusez les bilans des playoffs des années 80, 90 et du début des années 2000, vous trouverez des balayages 3-0. Enfin, en 2003, le premier tour est devenu une série de sept matchs, comme les autres.

Si l’on se base sur le fait que deux décennies de basket-ball en playoffs se sont déroulées avec une série au meilleur des cinq matchs au premier tour, cela vous donne une idée de l’absurdité que représente pour les concepteurs des règles de la NBA le fait qu’une équipe revienne de 3-0. Les playoffs sont censées déterminer quelle est la meilleure équipe et perdre ses trois premiers matchs contre une autre équipe est une indication assez claire que l’on n’est pas aussi bon que l’autre équipe.

Gary Payton défendant sur Michael Jordan lors des Finales 1996
Gary Payton défendant sur Michael Jordan lors des Finales 1996

Dans l’histoire de la NBA, 15 équipes ont été menées 3-0 et ont réussi à forcer la tenue d’un match 6. La plus remarquable de ces équipes est celle des SuperSonics de 1996, qui ont forcé les Bulls à disputer un sixième match après avoir été menés 3-0 lors des Finales de la NBA.

Et bien que cette équipe des Sonics ait été une grande équipe dans l’histoire de la ligue, elle s’est heurtée à la machine que représentaient les Bulls de 96 dirigés par Michael Jordan, qui ont remporté 72 victoires. Ainsi, pas de match 7 dans ce cas-là. Chicago n’aime pas les matchs 7. Qu’en est-il du match 7 ? Sur les 15 équipes qui ont forcé un match 6, quatre d’entres-elle dans l’histoire de la NBA ont forcé un match 7 dans les playoffs de la NBA.

Match 7, New York Knicks vs Rochester Royals

La première fois que cela s’est produit, c’était en 1951. Oui, vous avez bien lu, 1951. Les New York Knicks contre les Rochester Royals lors des finales de la NBA en 1951. Nous n’allons pas trop parler de cette série car nous n’avons malheureusement pas d’enregistrement de ce match et, en regardant le box score, rien ne ressort vraiment des remontées. Face à l’élimination, les Knicks ont remporté une victoire de six points dans le quatrième match, une victoire de trois points dans le cinquième match et une victoire de sept points dans le sixième match contre leur adversaire local.

Arnie Risen prend un rebond sur Harry Gallatin sous le regard de Jack Coleman (10) et Vince Boryla (12)
Arnie Risen prend un rebond sur Harry Gallatin sous le regard de Jack Coleman (10) et Vince Boryla (12)

Il convient de noter que c’est la toute première fois que des Finales de la NBA se terminent par un septième match, qui, de l’avis général, été un qui aurait coupé le souffle de ses spectateurs. Le match était à égalité en fin de partie, 75-75, lorsque Bob Davies réussit deux lancers francs pour donner l’avantage aux Royals, qui remportèrent le titre avec une victoire de 79-75.

Les Royals de Rochester étaient emmenés par leur meilleur joueur, le hall of famer Arne « Stilts » Rison, qui a marqué 24 points et pris 13 rebonds dans le septième match pour battre les Knicks de 4 points. Cela reste le seul titre de l’organisation, qui s’appelle aujourd’hui les Sacramento Kings. Les Knicks atteignent la finale les deux saisons suivantes, mais s’inclinent à chaque fois et ne remportent pas de titre avant 1970.

Dikembe Mutombo célébrant sa victoire au premier tour
Dikembe Mutombo célébrant sa victoire au premier tour

Match 7, Denver Nuggets vs Utah Jazz

La deuxième équipe à avoir forcé un septième match en étant menée 3-0 était les Denver Nuggets de 1994. Les Nuggets se sont révélés être une équipe difficile à éliminer lors des playoffs de 1994. Après avoir perdu les deux premiers matchs d’une série au meilleur des cinq manches contre les Supersonics de Seattle, Denver s’est repris pour gagner trois matchs d’affilée et devenir la première tête de série n°8 à battre une tête de série n°1.

L’image de Dikembe Mutombo se laissant tomber par terre, serrant le ballon de basket et célébrant la victoire est devenue si emblématique qu’elle a servi d’introduction à la cérémonie de retrait de son maillot lorsqu’il a pris sa retraite plus de 15 ans plus tard.

L’équipe suivante était le Jazz de l’Utah, cinquième tête de série. En demi-finale de conférence, les Utah Jazz se sont retrouvés avec un déficit de 3-0 et cette équipe a été surclassée. Pendant toute cette série de sept matches, aucun joueur des Nuggets n’a marqué plus de 16 points en moyenne par match. Leur meilleur marqueur était Mahmoud Abdul-Rauf, qui n’a jamais fait partie d’une équipe d’étoiles et qui était surtout connu pour être l’un des meilleurs tireurs de lancers francs de tous les temps.

Malgré tout cela, ils ont miraculeusement remporté les matchs 4, 5 et 6 avec une marge moyenne de quatre points seulement. Dikembe Mutombo, qui était probablement leur meilleur joueur, a réalisé un match 6 incroyable avec 23 points, 12 rebonds et cinq contres. Il a réalisé une moyenne de 5,4 contres sur l’ensemble de la série.

Abdul-Rauf allant vers le panier lors du match 7 face au Jazz
Abdul-Rauf allant vers le panier lors du match 7 face au Jazz

Cependant, ils s’inclinent 81-91 face au Jazz dans le match 7, grâce aux 31 points, 14 rebonds et 6 passes décisives de Karl Malone. Utah a contrôlé le match 7 et menait de 15 points à l’entame du quatrième quart-temps. Le Jazz de l’Utah s’est ensuite incliné face aux futurs champions, les Rockets de Houston, lors des finales de conférence. En 1997 et 1998, l’Utah a atteint les finales de la NBA pour la première et la dernière fois (jusqu’à présent) et s’est incliné à chaque fois en six matchs face aux Bulls de Chicago. Parce que comme on a dit, Chicago n’aime pas le match 7.

Avec les jeunes stars Mutombo et LaPhonso Ellis, Denver semblait prêt pour un long parcours, mais après avoir été balayés par les San Antonio Spurs au premier tour la saison suivante, les Nuggets ont manqué les playoffs à chacune des huit saisons suivantes, et il faudra attendre l’arrivée de Carmelo Anthony pour changer la donne.

Match 7, Portland Trail Blazers vs Dallas Mavericks

La troisième équipe à avoir forcé la tenue d’un match 7 a été les Portland Trail Blazers en 2003, au premier tour. Comme les Nuggets, les Portland Trail Blazers n’avaient pas de superstar dans leur équipe. Le meilleur joueur de la saison régulière était Rasheed Wallace, mais ce dernier a été surpassé dans la série par son coéquipier Bonzi Wells, qui a marqué plus de points, pris plus de rebonds et délivré plus de passes décisives que lui, et qui a réalisé une performance héroïque de 45 points dans le deuxième match, que les Blazers ont tout de même réussi à perdre.

Les Blazers semblaient sur le point de perdre, car ils étaient confrontés à un Dirk Nowitzki en pleine forme, qui avait marqué 42 points dans le match 1 et 46 points dans le match 3. À ses côtés, ses co-vedettes étaient Steve Nash et Michael Finley, et ensemble, les Mavericks considérés comme une équipe en pleine ascension. Entre-temps, les Trail Blazers avaient atteint les finales de conférence en 1999 et 2000, perdant dans le quatrième quart-temps du dernier match une large avance dans le septième match contre les Lakers la dernière fois qu’ils ont atteint ce stade.

L’équipe vieillissante de Portland, qui comprenait Arvydas Sabonis et Scottie Pippen, allait se battre une dernière fois contre les Mavericks. Les Blazers ont écrasé les Mavericks de 19 points dans le quatrième match, ont échappé au cinquième match avec une victoire de quatre points grâce aux 22 points et aux 9 rebonds de Zach Randolph et ont de nouveau écrasé les Mavs de 22 points dans le sixième match.

Dirk Nowitzki défendu par Rasheed Wallace lors du match 7
Dirk Nowitzki défendu par Rasheed Wallace lors du match 7

Mais lors du match 7, les Blazers se sont inclinés 95-107. Ils ont réussi 42 % de leurs tirs et Dirk Nowitzki a marqué 31 points, pris 11 rebonds et effectué 3 contres, ce qui leur a permis de remporter la série. Le match 7 était à égalité à la mi-temps et les Mavericks ne menaient que de deux points à l’entame du quatrième quart-temps.

Mais Dallas a pris le dessus dans le quatrième quart-temps, emmené par l’Allemand. Nick Van Exel mérite également une mention, puisqu’il a marqué 26 points en sortie de banc. Sabonis a pris sa retraite, Pippen a joué pour Chicago une dernière saison et Rasheed Wallace a rejoint les Pistons de Detroit alors que Portland manquait les playoffs les cinq saisons suivantes.

Match 7, Boston Celtics vs Miami Heat

Enfin, la dernière équipe en date à avoir réussi à forcer un match 7 après avoir été mené 3-0 fut les Boston Celtics en 2023, lors des Finales de Conférence contre le Miami Heat. En 2023, les Boston Celtics ont forcé un match 7 après avoir été menés 3-0 contre le Miami Heat en Finales de Conférence. Boston, finaliste en titre, a connu des hauts et des bas durant ces playoffs, nécessitant six matchs pour battre Atlanta alors que l’équipe de Trae Young n’était vu que comme une formalité pour eux.

Ils se sont retrouvés menés 3-2 face à Philadelphie avant de finalement éliminer les 76ers dans un match 7 dominant avec des Joël Embiid et James Harden fantomatiques. L’opinion générale était que Boston était une très bonne équipe, mais avec la fâcheuse tendance de jouer avec sa proie plutôt qu’en finir le plus efficacement possible.

De leur côté, le Miami Heat, malgré une saison régulière difficile, ont surpris Milwaukee en cinq matchs, menés par un Jimmy Butler des grands jours, puis battu les New York Knicks en six le Heat était toujours en position d’outsider. Miami, sous-estimé mais exemplaire dans leur mentalité, la fameuse Heat Culture, leur avait permis d’aller plus loin que les analystes n’auraient pu imaginer. Ainsi, pour la troisième fois en quatre saisons, les deux équipes se sont retrouvées en Finales de Conférence, et si les équipes étaient familières avec l’une et l’autre, le scénario lui ne l’était pas.

Boston semblait bien parti pour remporter le match 1 à domicile, mais comme ils l’ont fait tant de fois durant cette campagne de playoffs, ils ont craqué au 3e quart, alors que Jimmy Butler a poussé son équipe jusqu’à la victoire.

Les Celtics semblaient encore une fois en passe de remporter le match 2, mais après que Grant Williams ait provoqué Jimmy Buckets, la bête s’est réveillée et il a lancé un run en fin de match qui a permis au Heat de retourner en Floride avec une avance de 2-0. Le match 3 quant à lui fut une masterclass collective de la part de Miami, avec Gabe Vincent menant les troupes, mais également de belles performances de la part de Duncan Robinson et Caleb Martin, alors que Boston semblait n’avoir aucune envie de revenir.

Le Heat mène 3-0, avant un match 4 pour possiblement balayer les Celtics, alors que personne ne s’y attendait en début de série. Le Heat surprend, les Celtics déçoivent énormément, et on se dirige tout droit vers un sweep. Mais c’est à ce moment que le roster talentueux de Boston va enfin se réveiller. Ils remportent 116-99 un match 4 plié dès le troisième quart-temps, menés par Jayson Tatum et ses 33 points et 11 rebonds.

De retour à la maison, les C’s réalisent un nouveau match dominant: score final 110-97. Tatum et Jaylen Brown ont bien joué, mais ce sont Derrick White et Marcus Smart qui ont impressionné lors de ce Game 5. De retour en Floride, le match 6 fut beaucoup plus compliqué. Malgré les 31 points de Tatum, Miami est resté au coude à coude tout le long, ne voulant pas retourner à Beantown pour un match 7.

A 3 secondes de la fin, Al Horford fait faute sur Jimmy Butler sur un tir à 3 points. Jimmy met les 3 lancers et Miami mène d’un point. En sortie de temps mort, Derrick fait la passe à Smart qui tire à 3 points. Tir manqué, mais qui suit au rebond? Nul autre que White, qui prend le rebond offensif et renvoie le ballon en plein air. Victoire 104-103 au buzzer pour Boston qui force un match 7 capital. Le public de Miami est sous le choc.

Caleb Martin rebounds the ball during the first quarter against the Boston Celtics in game seven of the Eastern Conference Finals. (Maddie Meyer/Getty Images)
Caleb Martin aura surclassé tout le monde lors du match 7 entre le Heat et les Celtics

Le match 7 commence au TD Garden, et sur la première action de Boston, Jayson Tatum retombe mal sur le pied de Gabe Vincent, et sa cheville tourne. C’est une catastrophe, qui se produit si tôt dans le match. Après cela, Brown fait un match catastrophique avec 19 points à 8 sur 23 aux shoots, dont 1 sur 9 à 3 points.

Pendant ce temps, du côté de Miami, Caleb Martin fait le match de sa vie. 26 points et 10 rebonds, à 11 sur 16 aux shoots. Derrick White et Robert Williams III feront tout pour limiter la casse, mais ce fut insuffisant. 103-84 pour Miami qui ira finalement en Finales NBA, et se fera battre en 5 matchs par les Nuggets de Nikola Jokić

La difficulté de revenir de 3-0

Alors, pourquoi est-il si difficile de revenir de 3-0 ? Pourquoi est-il aussi difficile de forcer un match 7? Faisons un peu de maths. Supposons que, dans une série, les deux équipes soient à égalité et qu’elles aient chacune 50 % de chances de remporter un match.

Une équipe prend une avance de 3-0 et l’équipe B doit gagner quatre matchs d’affilée. Statistiquement, les chances que l’équipe B gagne la série sont de 0,5 x 0,5 x 0,5 x 0,5, soit 6,25 % de revenir et gagner le match 7. Mais cette estimation est bien plus élevée qu’elle ne devrait l’être car, en général, l’équipe qui prend une avance de 3-0 est bien meilleure que l’équipe qu’elle vient de battre trois fois d’affilée.

Examinons donc la question sous un autre angle. Pour que l’équipe A ait plus de 50 % de chances, c’est-à-dire qu’elle ait la majorité des chances de gagner trois matchs d’affilée sur une autre équipe, elle doit avoir une probabilité moyenne de victoire de 80 % dans chaque match. Ainsi, l’équipe B qui doit revenir à 3-0 doit maintenant gagner quatre matchs d’affilée où son pourcentage de chance de gagner chaque match individuel est de 20 %. Donc 0,2 x 0,2 x 0,2 x 0,2, c’est 0,16 %, soit 1 sur 625. C’est pourquoi personne n’est jamais revenu dans une série où il était mené 3-0, même après avoir forcé le match 7.

Mais la série Celtics vs Heat est particulière. Les Celtics étaient la tête de série la plus élevée pour une bonne raison. Sur le papier, ils étaient les favoris. Mais il y a une raison pour laquelle Gaël et moi avons prédit que cette série irait jusqu’au match 7. Nous avions l’impression que les deux équipes étaient à égalité.

Dans l’histoire de la NBA, une seule équipe a jamais été menée 3-0 en tant que tête de série supérieure et a forcé un match 6 : le Magic d’Orlando contre les Celtics de Boston lors des Finales de Conférence lors des playoffs 2010. Dans ce cas précis, il n’y a jamais eu de match 7. Ce n’est donc pas le même scénario que pour les Nuggets ou les Blazers. Avec deux équipes visiblement à niveau égal, il paraissait plus probable qu’une remontée se fasse.

Pourtant, Boston s’est incliné en match 7, comme toutes les autres équipes qui l’ont forcé après avoir été mené 3-0. La question est donc, verra-t-on un jour une équipe réussir à faire une remontée et remporter un match 7 après un déficit de 3-0? Seul le temps nous le dira.