Dans une semaine marquée par un détour au Mexique et le In-Season Tournament qui continue de faire débat, revenons sur 5 observations importantes.
Le réveil de Bennedict Mathurin
Le Canadien semble enfin avoir lancé sa saison, lui qui connait un début d’exercice compliqué (13,9 points à 43,8 %). Il a été un élément majeur des trois victoires de son équipe, notamment contre Milwaukee avec ses 26 points et 11 rebonds. Il réalise surtout l’interception en fin de rencontre sur Giannis Antetokounmpo pour gagner le match. Le sophomore a d’ailleurs montré quelques progrès en défenses on-ball assez intéressante. Même si ce n’est pas encore élite, cela reste encourageant pour la suite de sa carrière.
C’est surtout en attaque que Bennedict Mathurin s’est montré à son avantage. L’ailier des Pacers a été plus incisif, que ce soit on-ball en drivant davantage ou off-ball avec de bons cuts. On sait que c’est une partie importante de son jeu, car il tente 45 % de ses tirs au cercle (92e centile). Même s’il manque encore de réussite (seulement 50 % ; 12e centile), il met une pression au panier qui lui permet d’obtenir des lancers. Il était en effet élite l’année dernière avec un shooting fouled percentage de 20,2 %, soit le 2e à son poste. Il a toutefois un peu plus de mal cette saison (12,2 % ; 80e centile). On le voit par ailleurs très actif aux rebonds, où ses qualités athlétiques sont un avantage pour se faire sa place.
Avec son profil, il est le joueur parfait pour le style pratiqué par sa team, à savoir beaucoup de jeu rapide. Indiana est en effet la 6e équipe en fréquence de transition et possède la 2e pace de la ligue. Le Canadien doit néanmoins encore s’améliorer au niveau du tir, car il tente pas mal de pull-up de loin malgré sa maladresse. Il ne semble pas avoir progressé au shoot — pour le moment — comme le prouvent ses chiffres à trois points qui sont identiques à l’année dernière (33 % sur 4 tentatives).
Keyonte George est le meilleur meneur du Jazz
Après seulement 8 matchs, Will Hardy a fait un joli cadeau d’anniversaire à son rookie en lui offrant sa première titularisation en carrière. Et on peut dire qu’il le lui a bien rendu. Auteur d’une prestation convaincante contre Indiana, Keyonte George confirme les belles choses entrevues depuis le début de saison. Il montre qu’il est un bon passeur, comme le prouve ses 9 assists pour 1 ballon perdu. Sans prendre de grands risques, il apporte de la sérénité et de l’organisation à une équipe qui en manque cruellement depuis le départ de Mike Conley.
Il peut, certes, encore manquer de lucidité en fin de match, comme contre Memphis, mais cela reste très intéressant. L’ancien joueur de Baylor possède une bonne vision sur pick-and-roll pour trouver ses coéquipiers. Son premier pas lui permet notamment d’initier des décalages et ainsi créer des situations de kick-out. Il sera intrigant de voir comment George se comporte en l’absence de Walker Kessler. Cela devrait en effet ouvrir la raquette des mormons avec Lauri Markkanen et John Collins en tant qu’intérieurs.
Le rookie profite bien de l’absence de concurrence à son poste pour se faire sa place. Aucun joueur dans l’effectif ne possède ses qualités de gestion et de passing, ce qui se ressent au niveau des balles perdues. Le Jazz est dernier avec 18,5 turnovers chaque soir. Il doit néanmoins encore progresser sur ses choix de tirs. George tente aujourd’hui beaucoup de trois points (56 % de ses shoots) pour une faible réussite de 25 %. Pour autant, cela n’est pas inquiétant puisqu’il prouve qu’il n’a pas peur de les prendre dans les moments chauds.
Les Bulls ne méritent pas Alex Caruso
Comment est-ce que le divin chauve arrive à toujours être à 100 % malgré les échecs répétitifs ? On peut en tout cas dire que l’ancien joueur des Lakers est l’une des rares satisfactions dans le marasme chicagoain. L’arrière s’est montré héroïque, encore une fois, contre Phoenix. Alors que son équipe était menée de 15 points après 4 minutes, Alex Caruso a renversé la rencontre. Il a remis son équipe sur de bons rails grâce à 3 shoots consécutifs à trois points. C’est tout le United Center qui s’est remis à espérer avec son énergie défensive débordante.
Même si Chicago s’incline finalement en prolongation, Caruso n’a rien à se reprocher (+24 de +/—). Il est l’un des rares joueurs à tout donner pour ce maillot cette saison. « Bald Mamba » est bien évidemment l’un des meilleurs défenseurs extérieurs de la ligue. Il est excellent off-ball pour gêner les lignes de passes avec 3,7 déflections par match, soit le 6e de la ligue. Il n’a pas peur de mettre son corps en danger en provoquant de nombreux passages en force. Le Texan d’origine parait également plus en phase avec son shoot extérieur, lui qui est pour le moment à 44 % de loin.
Alors qu’il est encore sous contrat jusqu’en 2025, son profil va bien évidemment intéresser beaucoup de contenders. Ne serait-ce pas le moment de tout faire casser quand on voit les résultats et certaines attitudes catastrophiques ?
Le développement de Mitchell Robinson
Savez-vous qui prend le plus de rebonds offensifs par match ? Oui c’est bien le pivot new-yorkais, qui semble avoir passé un cap. L’ancien de Western Kentucky prouve cette saison qu’il est tout simplement l’un des intérieurs les plus importants pour son équipe. Tom Thibodeau demande à sa team d’être agressive aux rebonds afin de pallier à la maladresse de ses joueurs. Les hommes de la Big Apple sont en effet dernier au pourcentage au tir. Et Robinson remplit bien cette tâche avec 6,3 prises par match. Il est actuellement le 5e meilleur rebondeur de la ligue en récupérant 12,4 ballons chaque soir.
C’est surtout dans la gestion de ses fautes qu’il a progressé. Alors que c’était l’un de ses plus gros problèmes depuis son arrivé en NBA, il n’a pas commis plus de 4 fautes cette saison. Il joue pourtant presque 30 minutes par match, ce qui est son record en carrière. Il prend moins de risques qu’avant et privilégie davantage les rebonds aux contres en hautes altitudes. Mitchell Robinson reste néanmoins très bon en second rideau pour réaliser des blocks spectaculaires.
Il a par ailleurs montré contre les Hawks ou les Clippers qu’il s’est amélioré dans sa lecture des pick-and-roll. Avec ses mains actives, il a gêné les tentatives de lobs de ces opposants (4 steals à chaque fois), offrant de nombreuses contre-attaques à ses coéquipiers. On peut voir une petite progression au niveau de son footwork qui lui permet de mieux défendre au large. Il est bien évidement un élément majeur de la défense de sa team qui possède la 3e meilleure de NBA.
Le manque de création de Memphis
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. Mais que se passe-t-il quand la quasi-totalité de l’effectif n’est pas là ? Pour les Grizzlies cela donne le pire bilan de la ligue avec tout juste une victoire en neuf rencontres. Bien évidemment, la suspension de Ja Morant impacte négativement les oursons. Desmond Bane essaie de jouer les superhéros, mais il n’est pas en mesure d’assumer de telles responsabilités. Ses 37 points contre Utah n’ont pas suffi. On peut dire pareil de Jaren Jackson Jr, qui réalise sa meilleure saison offensive en carrière (21,4 points à 49,6 %).
Pourtant Memphis possède la pire offense de la ligue, à cause de ce manque de création. Marcus Smart est certes un guard qui peut en assumer une partie, mais il n’est pas non plus élite. Il a l’un des pires turnovers percentage à son poste (20,8 % ; 13e centile) tout en ayant un assist-to-usage ratio proche de la moyenne (1,12 ; 48e centile). On remarque d’ailleurs qu’ils sont en difficulté sur attaque placée, où ils affichent la 3e pire efficacité.
Bien évidemment les nombreuses absences obligent Taylor Jenkins à jongler dans ses rotations et à faire appel à des éléments de bout de banc. Il a par exemple titularisé Jacob Gilyard contre le Jazz, qui a certes réalisé une bonne performance (14 points et 8 passes), mais n’est pas un joueur d’une équipe contender. Le départ de Tyus Jones fait beaucoup de mal tant il était important pour la seconde unit. Son profil de gestionnaire était parfait, et personne dans l’effectif actuel ne semble avoir un profil similaire au sien.