En ce mardi 6 août, toute la France du basket était devant les quarts de finale des Jeux Olympiques face à un favori de la compétition, le Canada. On ne donnait pas cher de la peau de nos Bleus, mais l’EDF s’est montrée très en forme, pour s’imposer brillamment face au Canada. Retour sur cette performance XXL de l’Equipe de France.
Isaïa Cordinier, le premier moteur
Pour ce match décisif, l’Equipe de France est plus que jamais attendu au tournant. Ainsi, Vincent Collet décide de changer de dispositif, et de faire évoluer son plan de jeu. Rudy Gobert est placé sur le banc, et le coach français teste un secteur intérieur composé de Guerschon Yabusele au poste 4, et de Victor Wembanyama au poste 5. Au poste de meneur, Vincent Collet place Franck Ntilikina, alors que le reste de l’équipe est composé de Isaïa Cordinier à l’arrière, et de Nicolas Batum à l’aile. Un 5 ultra défensif pour gêner les attaquants adverses.
Son choix s’avère payant dans ce début de match, à travers un joueur : l’arrière de la Virtus Bologne, Isaïa Cordinier. Ce dernier met de la vitesse, et dès qu’il a la balle, le Canada n’arrive pas à le stopper, et en plus la réussite est présente. Au bout de 4 minutes, le couteau suisse de l’Equipe de France est à 3 sur 3 à 3 points, et enflamme Bercy.
Défensivement, ce dernier n’est pas anodin aux difficultés offensives canadiennes, aux côtés de ses coéquipiers. Le Canada passe à côté de son début de match, et ses stars ne trouvent pas de bons tirs. La star Shai Gilgeous-Alexander ne trouve pas de tirs faciles et est en difficulté. Dillon Brooks n’arrive pas à shooter à trois points. Jamal Murray passe encore une fois à côté de son début de match. Le Canada se retrouve mené après le premier quart 23 à 10, l’Arena Bercy est ravi.
L’EDF en mode guerrier
Derrière Cordinier, l’Équipe de France s’est mise en mode combat, et plusieurs hommes ont pris le relai dès le second quart.
Guershon Yabusele, surnommé « The Dancing Bear » ou « l’Ours Volant » en français, a été l’un des éléments précieux du match. Entre shoots à trois points et pénétrations dans la raquette, le Français a fait jouer toutes ses connaissances de jeu pour aller chercher les fautes et a régulièrement frustré les Canadiens. Il finit ainsi le match à 8 sur 9 aux lancers francs et a été dominant offensivement.
Au sein de la raquette, Victor Wembanyama est passé un peu à côté de son match en attaque, malgré une présence défensive toujours aussi remarquable. Mais c’est un autre joueur, plus inattendu, qui a dominé : le pivot du Bayern Munich, Mathias Lessort.
Ce dernier a d’ailleurs été le troisième joueur le plus en vue dans ce match. Dès qu’il rentrait sur le terrain, l’intensité défensive et offensive augmentait d’un cran. En défense, on a vu ses adversaires essayer de lui rentrer dedans, sans grand succès. Et en attaque, le pivot martiniquais a été inarrêtable, et a déroulé son basket sur des Kelly Olynyk ou Khem Birch totalement dépassés par cette intensité hérité du jeu FIBA, et obligés de faire faute, envoyant le français 14 fois aux lancers francs, pour 9 lancers réussis.
Emmenés par ces 3 joueurs, la France mène de manière inattendue 55 à 29, face à un Canada totalement dépassé et sans solutions.
Le Canada revient… mais cela ne suffit pas
En seconde mi-temps, le visage affiché par le Canada est tout autre. Et cela se voit à travers le réveil du candidat MVP en NBA, Shai Gilgeous-Alexander. « SGA » enchaîne les gros mid-ranges et fait l’étalage de son talent extraordinaire. Il est bien supplée par moments par RJ Barrett, qui rentre des shoots difficiles. Les Canadiens repassent régulièrement sous la barre des 10 points, et reviennent
Mais cette Équipe de France a du cœur. Et au-delà des 3 joueurs précédemment cités, toute l’équipe a répondu présent. À commencer par le capitaine, Nicolas Batum. Il finit avec 0 point, mais il a joué 33 minutes et a tellement aidé l’équipe. Batman bouge partout pour créer des espaces, on le voit donner des indications en défense… Le capitaine était bien présent.
Un autre joueur n’a pas été en réussite du tout dans ce match, c’est Victor Wembanyama. Il finit le match avec 7 points, et surtout un 0/6 à 3 points. Mais Victor a sorti ses bras gigantesques pour gêner les hommes en rouge, et aura pris 12 rebonds dans ce match. Il est aussi l’auteur de 5 passes décisives, preuve de sa lucidité quand il ne réussit pas au shoot.
Evan Fournier, le tueur
Mais ce que nous retiendrons tous de ce match, c’est le shoot d’Evan Fournier. À 55 secondes du terme, le Canada est à 7 points et peut revenir proche des français. Les français sont perdus, font tourner le chrono, on arrive en fin de possession. Et à plus de 12 mètres, Evan tire un shoot « alleluia » pour l’histoire, qui rentre de manière improbable. La salle et toute la France du basket rugit. Le Canada vient de prendre un coup derrière la tête des Canadiens.
Evan a été clutch par ce shoot, mais pas seulement. Il finit à 15 points, mais avec surtout 12 points dans les 4 dernières minutes du match. Il a refermé le couvert comme dans ses grandes époques. Mais autant que ses shoots dans le dernier quart, il a été réellement précieux en défense, où il a fait les efforts qu’il fallait durant tout le match. Ses aides défensives ont été cruciales face aux talentueux attaquants canadiens.
La France renferme le couvercle, victoire 82 à 73. Exploit de cette Équipe de France qui a produit son meilleur match depuis plusieurs années.
La stratégie payante de Vincent Collet
Sur cette rencontre, Vincent Collet a enfin trouvé les bons ajustements, lui qui était sous le feu des critiques. Le coach de l’équipe de France a réussi à jongler entre ses joueurs comme il fallait. Malgré le souci à la mène entre Albicy et Ntilikina, qui ont eu du mal à exister face aux défenseurs canadiens, il a su proposer d’autres choses.
On a par exemple pu voir Isaïa Cordinier remonter la balle plus d’une fois, quand Franck n’arrivait pas à passer. Ou encore faire passer le jeu par Wemby pour ouvrir de l’espace aux autres joueurs et faire des passes faciles. Un jeu bien plus collectif, et se reposant bien moins sur des exploits.
Sur le plan défensif, la stratégie canadienne a été annihilée. Les ratés aux shoots canadiens, en dessous, ont bien aidé : ces derniers finissent à 38 % à la fin du match, et surtout un horrible 5/21 à 3 points. Mais ces échecs sont aussi liés à la très bonne défense française. SGA n’aura mis qu’un seul shoot derrière l’arc et Jamal Murray n’aura pas respiré à un seul moment.
Une grosse différence dans ce match, c’est le faite de n’avoir mis Rudy Gobert sur le terrain que pendant 3 minutes. Est-ce dû à son opération du doigt de la veille ou bien un réel choix du coaching staff ? Ce choix a en tout cas été positif pour l’EDF, et a surpris les canadiens. Vincent Collet aura su parler à ses troupes et les joueurs auront parfaitement mis en place le plan de jeu. L’Équipe de France, poussée par une salle totalement acquise à leur cause, a su aller chercher sa qualification pour les demi-finales des Jeux Olympiques.
Rendez-vous ce jeudi 8 août à 17h30, pour un match qui sent déjà la poudre contre l’Allemagne, surtout après la défaite de l’EDF au dernier match des phases de poules, contre cette même équipe.