Ce qu'a réalisé le Stade Rochelais depuis 3 ans est un exploit formidable.

L’épopée du Stade Rochelais, de la nationale à la première division

Le Stade Rochelais, après une saison exceptionnelle, vient d’être promu en Betclic Élite, la première division du basket français. Pourtant, il y a 3 ans à peine, l’équipe enchaînait les saisons passées entre la nationale 2 et 1.

Le Stade Rochelais ou les bases d’un projet visant l’élite

Par où commencer ? L’histoire entre la ville et le basket débute en 1932, date de création du club sous le nom de Rupella. Le club a déjà connu la deuxième division de 1988 à 1996 mais il doit poser le bilan et redémarre en 6ème division. Entre 2013 et 2018, l’équipe fait le yoyo entre la NM2 et la NM1. En 2018, alors en Nationale 1, le club de basket fusionne avec l’entité du club de rugby, sport local évoluant au plus haut niveau français et européen, et le club devient le Stade Rochelais. Cette union a pour projet un meilleur budget et un meilleur développement des équipes amateurs de jeunes et féminines, mais surtout de passer un nouveau cap au niveau professionnel.

C’est alors qu’ici que l’épopée commence. Les deux premières saisons sont compliquées avec une 9ème place en 2018-2019 puis une 12ème place en 2019-2020. Durant cette période marquée par le COVID, Aymeric Jeanneau arrive en tant que Manager Général. C’est un ancien international français (56 sélections) mais qui, depuis sa retraite en 2013, travaille au sein du staff de la SIG Strasbourg, l’un des meilleurs clubs de France. Son arrivée marque alors la volonté du club de mieux structurer l’équipe et de préparer le Stade Rochelais à viser encore plus haut.

Durant l’intersaison, le club affiche ses ambitions et recrute plusieurs joueurs passés par la Pro B, notamment Gaëtan Clerc, un meneur-arrière polyvalent et complémentaire du meneur et capitaine en place Arnauld Thinon. La fin de saison 2020-2021 est tronquée pour cause sanitaire, mais le Stade Rochelais termine avec une encourageante 3ème de sa poule avec 17 victoires en 26 matchs.

La montée en Pro B

Le début de saison 2021-2022 est compliqué et marqué par les blessures mais l’équipe accroche le top 5 de sa poule (14 victoires – 12 défaites) lui permettant de passer à la phase suivante, où les 5 meilleures équipes des deux poules s’affrontent. A partir de ce moment, l’équipe enchaîne les victoires : 9 en 10 matchs, assurant une 5ème place au classement final. Les playoffs commencent et l’équipe roule avec confiance et passe le premier puis le second tour 2-0 pour arriver en demi-finale face à Caen. Les deux premiers matchs sont serrés et les équipes repartent dos à dos, il faudra un match décisif pour savoir qui va en finale.

Au match 3, à domicile, la fin de match est tendue, et c’est à ce moment que la magie opère.

Sur ce buzzer-beater, Gaëtan Clerc permet aux jaune et noir d’aller en finale de Nationale Masculine 1 pour affronter Mulhouse.

Le Stade Rochelais est favori et l’assume en remportant les deux matchs et accédant à la Pro B, pour la deuxième fois dans l’histoire du club. Du mois de février jusqu’à cette nuit du 10 juin 2022, ils n’ont perdu que 2 matchs. Mieux encore, c’est le début d’une ferveur locale et la salle Gaston Neveur bat des records d’affluence avec 9 matchs d’affilée à guichets fermés. Cette même salle est alors modernisée pour répondre aux exigences de la LNB, portant sa capacité à 1677 places.

Vidéo. Basket-ball (Nationale M1) : monumental, le Stade Rochelais retrouve la Pro B
Le Stade Rochelais est promu en Pro B, le 10 juin 2022

L’aventure du Stade Rochelais en Pro B

Pour sa première saison, l’équipe recrute des joueurs expérimentés et qui ont déjà évolué à ce niveau dont Jérome Sanchez (32 ans) et Alexis Tanghe (32 ans). Elle décide également de changer de coach et prend le pari d’être guidée par Julien Cortey qui n’a pourtant aucune expérience à ce niveau. Bien aidé par l’américain Robert Turner (22 points de moyenne), l’objectif est atteint et l’équipe se maintient avec 15 victoires en 34 matchs.

Le capitaine Arnault Thinon ne joue quasiment plus et annonce sa retraite à la fin de la saison. Cependant, il décide de rester dans la ville en devenant chargé des opérations basket. Et il fait partie de ceux qui ont décidé du formidable recrutement de l’intersaison. Le Stade Rochelais signe 5 joueurs, futures pièces maitresses de cette saison 2023-2024.

  • Le premier est un intérieur anglais, ayant passé 4 ans en NCAA avec Montana State, du nom de Jubrile Belo.
  • Le second est Johan Lofberg, ailier et international suédois, tournant à 15 points de moyenne en Pro B la saison précédente.
  • Le troisième est Chérif Haidara, un poste 4 et international malien qui était en NM2, il y a encore 2 ans.
  • Le quatrième est Mathéo Leray, fraîchement champion d’europe U20 et prêté par le Cholet Basket, possédant une vision de jeu et une qualité de passe élite.
  • Enfin, La Rochelle compte dans ses rangs Tray Buchanan l’un des meilleurs joueurs du championnat chypriotte, avec des qualités de shooteur exceptionnelles.

Avec seulement un budget de 2,6 millions (le 13ème sur 18), la direction monte un effectif complémentaire et le club ne cache pas ses ambitions d’accrocher une place en playoffs à la fin de la saison.

Effectif du Stade Rochelais Basket de la saison 2023-2024. De gauche à droite en haut : Victor Diallo, Johan Lofberg, Jubrile Belo, Alexis Tanghe, Chérif Haidara, Jérome Sanchez, Lucas Hergott, Louis Pinon Et de gauche à droite en bas : Boris Bourrichon, Mathéo Leray, Michael Bur, Aymeric Jeanneau, Charles Kloboukoff , Julien Cortey, Gaëtan Clerc et Tray Buchanan

Sauf que l’équipe roule sur la compétition et caracole en tête du championnat de la première à la dernière journée. Elle termine avec un bilan de 27 victoires et 7 défaites (dont 3 défaites sur les 3 dernières journées). La force majeure de cette équipe ? Une défense de plomb. L’équipe est tout simplement la meilleure défense de Pro B n’autorisant que 70.4 points de moyenne, la moyenne du championnat étant à 80 !

Le coach Julien Cortey mène son équipe avec brio et se voit honorer d’être le coach adjoint de l’équipe Monde au All-Star Game français puis est élu comme meilleur coach du championnat de Pro B.

En attaque, Tray Buchanan prend les affaires en main. Il réalise une pointe à 45 points contre Denain, avec un exceptionnel 8/9 à 3 points. Il termine logiquement MVP du championnat avec 17,4 points et 3 passes de moyenne dont un 41.4 % de réussite à 3 points, en 6.7 tentatives. Il est bien aidé par toute l’équipe, avec jeu assez collectif, bien huilé par Mathéo Leray et Gaëtan Clerc.

Avec 45 points, Tray Buchanan affole les compteurs de la Pro B - BeBasket
Tray Buchanan, MVP de Pro B de la saison 2023-24

L’ultime point fort de cette équipe, c’est son public. La salle Gaston Neveur est une véritable forteresse, avec (presque) l’ensemble des matchs à guichets fermés. Bien poussé par ses supporters, l’équipe ne perd qu’un match à domicile, quand elle est assurée de finir première du championnat.

Et en temps normal, le premier de Pro B est assuré de monter à l’échelon supérieur. Sauf que cette année ce n’est pas le cas, dû au passage de 18 à 16 équipes en Betclic Elite, seul le vainqueur des playoffs de Pro B est promu. Alors, certains observateurs pensent que La Rochelle ne pourra garder éternellement cette dynamique en playoffs et perdra tôt ou tard chez eux.

En quart de finale, les rochelais s’imposent 2-1 face à Gries-Souffel avec seulement 54 points encaissées durant le match décisif. En demi-finale, le Stade s’impose 2-0 face à Rouen (73-70 et 70-61) et voilà l’équipe qualifiée en finale face à Boulazac.

Le match aller est à La Rochelle et tous les ingrédients qui font la réussite de cette équipe sont au rendez-vous. Une ambiance et un public en feu, accompagné d’une défense n’autorisant que 49 points, le tout avec Tray Buchanan (19 points et 4/7 à 3 points) et Johan Lofberg (15 points) en leaders offensifs. La première manche est rochelaise (67-49) et les maritimes ont l’occasion d’achever la saison 3 jours plus tard à Boulazac.

Pour le match retour, le club organise une diffusion sur écran géant, à l’intérieur du gymnase et c’est bien évidemment à guichets fermés. Les deux équipes sont sous tension et on le ressent dans le jeu, avec énormément de fautes sifflées et très peu d’adresse. A 3 points, La Rochelle envoie un 6/30 tandis que Boulazac n’en marque que 5 en 33 tentatives. Mathéo Leray sort du banc et mène tout le monde à la baguette tout en faisant le show : des passes aveugles, ou entre les jambes des adversaires, il finit à 10 passes décisives pour le match le plus important de la saison.

Dans un quatrième quart-temps qui est une véritable guerre de tranchées, Tray Buchanan a deux lancers francs pour plier l’affaire, mais il manque le second laissant le meneur de Boulazac remonté tout le terrain pour marquer un lay-up égalisant le match à 60 partout.

En prolongations et malgré de nombreux lancers francs loupés, le Stade Rochelais s’impose 72-67, laissant ses joueurs et tous ses supporters exulter. 

 

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C’est une qualification historique pour le club qui jouera pour la première fois au plus haut niveau du basket français.

Le lendemain, de retour dans la ville, l’ensemble du joueur et du staff partagent des moments historiques. Alors certes, on est loin des masses impressionnantes dans le port de La Rochelle quand l’équipe de rugby est championne d’Europe mais il faut un début à tout.

Un maintien dans l’élite qui s’annonce déjà compliqué

Malgré l’incroyable succès, les membres du staff du Stade Rochelais vont avoir plus de travail que jamais. Bien qu’affichée comme ambition, l’accession à la Betclic Elite se fait légèrement en avance pour le club rochelais. Déjà 13ème budget de Pro B cette année, il sera sans doute le plus petit de première division.

En Pro B, le budget moyen est autour de 3,5 millions d’euros, nous on est à 2,6. On est le 12e club sur 18. On a des communautés d’agglomération qui ont fait du basket un choix prioritaire. Jusque-là, nous étions un choix secondaire, mais c’est en train d’évoluer. On a un niveau de subventions qui est assez faible au regard des autres villes. On est pauvre également en terme d’infrastructures, mais tout ça est susceptible d’évoluer si on arrive à créer un engouement.

Aymeric Jeanneau, le Directeur Général

Le gymnase actuel n’est pas aux normes de la première division. Et si le projet d’une nouvelle salle d’une capacité de 4000 places existe déjà depuis quelques temps, cela ne serait pas avant 2027. La solution la plus immédiate est de réaliser quelques aménagements pour entrer dans les normes ou de jouer dans une autre salle de la région. L’engouement a bien été présent, en espérant que les institutions de la région en prennent conscience, pour que le rugby ne soit plus le seul sport omniprésent.

De plus, un bon nombre de joueurs majeurs vont quitter le club : Tray Buchanan s’était déjà engagé avec Le Mans avant que les playoffs débutent, le club a officiellement annoncé les départs d’Alexis Tanghe, Chérif Haidara et Johan Lofberg. Cependant, certains joueurs sont sûrs de rester et auront leur chance : Jérome Sanchez et Gaëtan Clerc le capitaine et leader vocal de ce groupe, présent depuis la nationale 1. Ces derniers jours, le club a également officialisé la prolongation de Mathéo Leray pour 2 ans et de Jubrile Belo pour 1 année.

Alors faut-il miser sur ces joueurs qui ont réussi à monter ou changer complètement l’âme de ce groupe, le tout avec un budget moindre ? La réponse est certainement, comme souvent, entre les deux propositions. Cependant, un élément à ne pas sous estimer est la prolongation du coach Julien Cortey jusqu’en 2029 dont l’avenir au plus haut niveau semble radieux. Une équipe dont le système de base est une grosse défense à plus de chances de réussir directement à l’échelon supérieur, à conditions d’avoir un ou deux joueurs forts portant l’attaque mais qui, à l’heure actuelle, ne sont pas dans l’effectif.

Ce qu’a réalisé le Stade Rochelais depuis 3 ans est un exploit formidable et son maintien la saison prochaine en Betclic Élite ne vas pas être une mince affaire. On le sait ce genre de performances peuvent parfois s’avérer quelques années plus tard, comme un poison, notamment sur un plan financier. Mais le club peut compter comme depuis toutes ses années, sur ses supporters qui soutiendront les joueurs dans la défaite et les moments compliqués et sur des recrutements malins pour construire une belle équipe. 

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