Coby White
Crédit : Michael Reaves - Getty Images

Le renouveau de Coby White

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Longtemps décrié, Coby White a passé un cap cette saison. Au point de voir son nom revenir dans la course à la meilleure progression de l’année. L’arrière s’est très largement imposé comme un titulaire indiscutable de Chicago, jusqu’à redonner la joie à l’ensemble des observateurs. Mais comment a-t-il réussi cela ?

Espoirs et désillusions

Quand Chicago draft Coby White avec le 7e choix de la draft 2019, les espoirs sont élevés. Beaucoup le compare à ce moment-là à Gilbert Arenas de par sa capacité à prendre feu au scoring. Il faut dire que le guard sort d’une année réussie à North Carolina avec 16,1 points de moyenne. White confirme cela durant sa première saison dans la grande ligue avec quelques performances remarquables en sortie de banc. Il inscrit par exemple 27 points à 7 sur 11 contre New York alors qu’il ne joue que son 11e match NBA. On le voit d’ailleurs monté en puissance tout au long de l’année, au point de s’imposer comme l’un des meilleurs éléments de l’effectif. Il tourne en effet à 26,1 points de moyenne sur les 9 derniers matchs avant que la saison ne soit arrêtée.

White est tout logiquement promu titulaire à la mène la saison suivante par Billy Donovan. Mais l’expérience n’est pas une grande réussite. Coby White est un joueur qui demande encore à être développé pour assumer toutes ses responsabilités. Mais les Bulls, coincés dans les bas-fonds de l’est depuis le départ de Jimmy Butler en 2017 n’ont plus le temps. Ils obtiennent Nikola Vucevic à la trade Deadline 2021, avant de signer DeMar Derozan et Lonzo Ball l’été qui suit.

Ce dernier récupère le spot de starter à la mène, ce qui oblige Coby White à retourner sur le banc. L’ancien Tar Heels a alors du mal à faire la transition et n’a plus cette énergie et fraicheur qu’il apportait durant son année rookie. Et malgré les absences de Ball, White ne saisit pas les opportunités pour retrouver sa place de titulaire. Il réalise néanmoins une bonne fin de saison 2023, ce qui incite les dirigeants à le prolonger pour 33 millions sur 3 ans.

Le retour au premier plan

Avec l’absence prolongée de Lonzo Ball et le départ de Patrick Beverley, un spot ce libère au poste de meneur titulaire dans l’Illinois. Pourtant les dirigeants annoncent avant le début du training camp que rien n’est encore décidé. Arturas Karnisovas explique par exemple « qu’il y aura une concurrence féroce ». Il n’hésite pas à mettre l’accent sur la nécessité d’avoir un meilleur shooting extérieur puisque l’équipe sort alors d’une saison compliquée à ce niveau-là avec le plus faible nombre de tir à trois points tentés par rencontre.

Mais il ne va pas y avoir de compétition. Coby White s’impose d’emblée comme le meneur titulaire. Il montre de jolies progrès balle en main, mais aussi off-ball où il peut également contribuer positivement. Ce qui est indispensable compte tenu de la présence de Zach Lavine et de Derozan dans l’effectif. Le guard impressionne surtout par la confiance affichée puisqu’il est beaucoup plus vocal. Il se comporte en tant que leader et obtient le soutien public de ses partenaires.

Pourtant Chicago réalise un début de saison moribond. L’équipe présente toujours les mêmes limites et semble une nouvelle fois partie dans un exercice très compliqué. Coby White confirme certes les belles choses entrevues en présaison (15,3 points en novembre), mais il ne peut porter le collectif à lui tout seul. D’autant plus que Zach Lavine fait parler de lui en raison de certains comportements déplacés. Il est d’ailleurs annoncé out par Shams le 1er décembre, faisant rejaillir les rumeurs de transferts. Mais depuis son absence, Chicago se porte mieux, tant au niveau du contenu que des résultats avec 5 victoires en 8 matchs. Et Coby White n’y ait pas étranger.

Malgré les doutes, Billy Donovan (à droite) a continué à croire en Coby White (à gauche) en l’essayant dans différents rôles (David Banks / USA TODAY Sports)

Un shooteur élite

Depuis que Zach Lavine a été mis sur le côté, Coby White a pris les rênes du scoring. Il tourne en effet à 24,4 points sur les onze derniers matchs. Cela s’explique par une hausse de ses responsabilités, lui qui est passé de 11,7 tirs tentés quand Lavine était présent contre 17,1 en son absence. Il est surtout impressionnant de voir que Coby White est tout juste exceptionnel au niveau de son adresse en étant à 47,4% de loin avec 8,8 tentatives par rencontre. Il tourne par exemple à 42,1% sur les catch-and-shoot à trois points. Son efficacité le classe à la 6e place sur 18 parmi ceux avec au moins 5 shoots de ce type par match.

Coby White prouve surtout qu’il est en grande confiance cette année. Le combo-guard n’a pas peur d’assumer ces responsabilités quand son équipe en a besoin. Mais il ne cherche pas non plus à forcer le jeu pour lui. On l’a par exemple vu prendre feu contre La Nouvelle-Orléans avec 28 points (à 7 sur 9 de loin) en seconde mi-temps ou contre Miami avec 18 points dans le dernier quart-temps. Cela ne surprend pas l’intéressé, qui expliquait récemment que « je n’étais pas un joueur très performant (à mon arrivée en NBA) […] mais j’ai essayé de rester constant dans mon travail chaque année ».

On remarque également que Coby White est beaucoup plus agressif vers le panier, ce qui était l’un de ses gros défauts, notamment au moment de la draft. Il avait en effet tendance à attaquer assez peu le cercle et à éviter le contact. Or ce n’est plus le cas, lui qui a presque doublé son nombre de drives par match tout en augmentant le nombre de ses tentatives à moins de 1,3 mètre (29% de ses tirs ; 72ecentile). Même s’il manque encore d’efficacité dans ses finitions (59% ; 33e centile), cela lui permet néanmoins d’obtenir des fautes. Il tente par exemple 3,7 lancers de moyenne depuis l’absence de Zach Lavine. Il ne sera certes jamais un grand provocateur de fautes, mais cela lui donne l’occasion de scorer lorsqu’il est maladroit.

Le combo guard tourne cette saison à 17,6 points à 42,3% à trois points sur 7,4 tentatives. Il est le joueur le plus efficace sur un volume pareil (Sam Smith / NBA.com)

La progression (in)espérée au playmaking de Coby White

L’une des critiques principales faites contre Coby White portait sur son playmking. Le combo-guard a eu beaucoup de mal à assumer toutes les responsabilités à la création à son arrivée dans la ligue, poussant alors Billy Donovan à le mettre sur le banc. White avait notamment du mal à être efficace à la passe sur demi-terrain parce qu’il ne trouvait pas ses partenaires dans le bon timing. Il n’a en réalité jamais eu un super instinct de passeur, lui qui on le rappelle était présenté comme un fort scoreur à sa sortie de UNC.

Mais il s’est beaucoup amélioré depuis la fin de saison dernière. Il est par exemple beaucoup plus efficace sur pick-and-roll. White montre une réelle envie de faire jouer ses partenaires en n’hésitant pas à faire l’extra-passe ou en levant la tête dès qu’il reçoit le ballon en transition. Il s’inscrit d’ailleurs très bien dans cette attaque en mouvement affichée récemment par les Bulls. L’arrière tourne à 6,5 assists depuis l’absence de Lavine, contre 4,0 auparavant. Ces progrès se voient notamment dans la gestion du cuir puisque malgré cette hausse des responsabilités, il ne perd pas plus de ballon. Il a par exemple réalisé un match à 11 passes et 0 turnover contre Miami.

Il n’est bien évidement pas un créateur élite. La majorité de ses assists se font en réalité après qu’il a fait la différence un-contre-un. On peut néanmoins souligner ces progrès au niveau du handle qui lui permettent cela. Il avait en effet tendance à être un peu hésitant avec le ballon auparavant. Or cette saison il est beaucoup plus incisif dès qu’il a la balle en main. Coby White expliquait en avril dernier que « je joue plus simplement désormais […] il faut prendre des décisions en une fraction de seconde, et c’est là que j’ai l’impression d’avoir vraiment progressé ».

Une défense loin d’être aussi mauvaise qu’attendu

Au moment de son arrivée dans la ligue, de nombreux observateurs questionnaient sa capacité à défendre efficacement. Il faut dire que malgré sa grande taille pour son poste (1,96m), il possède une envergure négative le limitant (« seulement » 195cm). Mais on peut voir quelques progrès intéressants depuis deux saisons. Il s’est tout d’abord renforcé physiquement pour mieux résister aux chocs. Il ne sera sans doute jamais un monstre athlétique, mais cela lui permet au moins de mieux contester les shoots (même si Jimmy Butler lui a inscrit un bizzer beater sur la tête, et l’a plus globalement ciblé).

Néanmoins White possède de bons fondamentaux, surtout on-ball. Il est un défenseur très actif avec les mains, ce qui lui permet de gêner les lignes de passes. Le jeune joueur de 23 ans montre qu’il a une réelle envie de stopper son adversaire directe. Il était par exemple passé du 3e au 56e centile en défense sur isolation entre 2022 et 2023. Il est certes un peu moins efficace cette année, mais cela s’explique principalement par le début de saison manqué de l’ensemble de l’effectif.

Coby White est par ailleurs plus fort dans ses lectures défensives, et notamment sur pick-and-roll. Il défend d’une meilleure manière le ball-handler et explose beaucoup moins au contact de l’intérieur adverse. Il anticipe en effet beaucoup mieux les screens afin de rester dans l’action. Cette progression se remarque également off-ball où il est beaucoup plus focus, ce qui réduit le nombre de backdoor concédé. C’était d’ailleurs l’un de ses problèmes majeurs par le passé qu’il a réussi à corriger.

Coby White forme avec Alex Caruso un duo très complémentaire, tant en attaque qu’en défense (Sam Smith / NBA.com)

Que peut-on attendre pour la suite ?

Non Coby White ne continuera pas à shooter à 47,4% de loin sur le reste de la saison. Il est bien évidemment en surchauffe, et il parait difficilement viable de le voir maintenir une telle adresse. Il peut néanmoins tourner au-dessus de 40%, lui qui est cette saison à 42,3% dans l’exercice. Est-ce qu’il réussira à être aussi efficace dans ce rôle de scoreur avec le retour (éventuel ?) de Zach Lavine ? Là est toute la question.

Toujours est-il que Coby White montre qu’il a le potentiel pour être un titulaire en NBA. À voir maintenant quel est son plafond. Peut-il devenir à terme un grand scoreur grâce à son shoot, ou bien est-il voué à être un sixième homme chez un contender ? Âgé de seulement 23 ans, il n’a sans doute pas fini de s’améliorer. Il peut encore s’inscrire dans le projet à long terme de Chicago si jamais les Bulls décidaient de tout reconstruire.

Il est aujourd’hui un candidat secondaire dans la course au MIP. Sa progression est bien évidemment indéniable, mais il parait compliqué de lui décerner ce trophée. À moins qu’il devienne All-Star, puisqu’on sait que ce trophée récompense ces dernières années les joueurs parvenant à passer ce cap.

Coby White est clairement à l’origine du renouveau des Bulls cette saison. Autrefois décrié, il convint aujourd’hui l’ensemble des observateurs. Il est pour le moment un titulaire indiscutable du projet des Bulls qui cherche encore la voie à suivre. C’est une victoire d’autant plus belle pour lui qu’il a toujours été considéré comme un outsider. Cela rendrait surtout très fière son papa, décédé 2017, et qui est pour Coby White une source d’inspiration quotidienne.

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