Le Portugal n’est pas connu pour le basket. Là-bas, c’est le football qui prend toute la place. Pourtant cette année, l’équipe nationale a vécu un moment historique. Elle a participé à l’EuroBasket pour la quatrième fois seulement de son histoire, après 1951, 2007 et 2011.
C’est un petit événement mais qui veut dire beaucoup car le Portugal n’a jamais vraiment existé sur la scène internationale. Et cette fois, il y a un joueur qui change tout : Neemias Queta. Pivot des Boston Celtics, champion NBA, il est devenu une star et une fierté nationale. Grâce à lui le Portugal a pu enfin rêver un peu plus grand. Alors, une question se pose : est-ce que ce pays, longtemps en retrait, peut vraiment devenir une nation de basket ?
Une décennie d’absence
Le Portugal n’avait plus participé à l’EuroBasket depuis 2011. Entre 2011 et 2024, l’équipe nationale n’a jamais réussi à se qualifier. Ils ont échoué lors des éliminatoires pour l’EuroBasket 2017 (1 victoire seulement, contre la Biélorussie), pour la Coupe du monde 2019 (1 victoire, 3 défaites) ou encore pour l’EuroBasket 2022 où leur bilan cumulait seulement 5 victoires contre 5 défaites sur deux tours. Ils n’ont pas non plus participé aux Coupes du monde 2023 ou aux Jeux olympiques 2024.
Mais cette année est différente. Le Portugal a entamé les qualifications pour l’EuroBasket 2025 en deuxième tour de pré-qualifications, dans un groupe avec la Bulgarie, la Roumanie et Chypre. Ils ont réussi à terminer premiers et passer au tour suivant. Dans un groupe avec Israël, la Slovénie et l’Ukraine, ils ont réalisé un bilan de 2 victoires pour 4 défaites, se sont classés troisièmes mais ont réussi malgré tout à décrocher leur place à l’Euro !
Pour confirmer cette montée en puissance, le Portugal a affronté l’Espagne en match de préparation, une nation parmi les plus titrées d’Europe. Et ils l’ont battue pour la première fois de leur histoire en match officiel, 76-74. Neemias Queta n’y a pas été pour rien : 17 points, 9 rebonds. Un petit tournant pour le basketball portugais.
Neemias Queta, l’homme qui change tout
En 2021, Neemias Queta est devenu le premier basketteur portugais à rejoindre la NBA, drafté par les Sacramento Kings. Aujourd’hui, il évolue aux Boston Celtics, champions NBA en titre et son rôle va sûrement encore grandir. Rien que sa présence donne une autre dimension à la sélection portugaise. Pour la première fois, le pays peut compter sur un joueur NBA au cœur de son projet.
À l’EuroBasket 2025, Queta a montré qu’il n’est pas seulement une curiosité mais bien un leader. Contre la Tchéquie, il a réalisé une performance ahurissante : 23 points, 18 rebonds, 4 contres et 2 interceptions. Depuis que les statistiques de rebonds sont comptées dans la compétition, aucun joueur portugais n’avait jamais réalisé une telle domination.
Ce genre de prestation donne une nouvelle crédibilité au Portugal. Comme le disait son coéquipier Rafael Lisboa :
C’est une compétition énorme pour nous… on y va en outsiders, mais on croit en nous pour sortir de la phase de groupes et aller plus loin.
Pour sa toute première qualification en huitième de finale de l’EuroBasket, le Portugal nous aura impressionné. Opposés aux champions du monde allemands, les Lusitaniens ont tenu la route pendant trois quart-temps avant de craquer dans le dernier. Le score final (85-58) reflète moins la réalité d’un match accroché que la brutalité du dernier quart-temps, remporté 33-7 par une Allemagne qui a enfin réglé la mire.
Le pivot des Celtics a signé un double-double (18 points, 11 rebonds) et donné le ton des deux côtés du terrain, notamment dès la première mi-temps avec un contre sur Dennis Schröder. À la pause, le Portugal créait la surprise en menant d’un point (32-31), porté par l’activité de Queta et l’adresse ponctuelle de ses coéquipiers.
Le scénario a basculé en fin de rencontre. Alors que le Portugal n’avait qu’un point de retard à l’entame du dernier quart (52-51), la fatigue s’est faite sentir. Queta, omniprésent jusque-là, n’a pas pu contenir seul la vague allemande. Franz Wagner (16 points) et Dennis Schröder (16 points) ont retrouvé de l’efficacité, pendant que Maodo Lo et Andreas Obst sanctionnaient enfin de loin. Le Portugal n’a inscrit que 7 points dans les dix dernières minutes, incapable de répondre au à la force du collectif adverse.
Cette défaite reste néanmoins historique. Le Portugal a prouvé qu’il pouvait rivaliser avec une des meilleures équipes du monde. En plus d’être un nouveau pivot dominant européen, il va devenir un symbole pour les jeunes joueurs au Portugal. Depuis son arrivée en NBA, les médias portugais parlent du basket avec un regard nouveau. On peut parler d’un début d’un “effet Queta” au Portugal. Avec lui comme star, le pays ne se contente plus de participer. Il rêve désormais de s’imposer sur la scène européenne, comme l’ont fait avant eux des nations surprises comme la Slovénie avec Luka Dončić.
Des signes qui laissent espérer
Le Portugal n’est pas encore une grande nation de basket, mais il y a de plus en plus de signes qui font penser que les choses avancent. Ces signaux sont visibles à travers les joueurs de l’équipe nationale, les clubs du pays et même dans l’organisation d’événements qui font parler du basket.
Commençons par Travante Williams. Cet Américain a pris la nationalité portugaise en 2023 et il est vite devenu un joueur important de la sélection. Son style est énergique, agressif en défense et il a de l’expérience en Europe. Cet été, il a signé en France avec Le Mans. À l’EuroBasket, Travante a marqué 11 points de moyenne. Sa présence dans l’équipe nationale a donné un vrai coup de pouce au pays et ouvre la voie à une potentille attractivité pour d’autres naturalisés.
Ensuite, il faut regarder du côté des clubs portugais. Encore aujourd’hui, le basket au Portugal vit dans l’ombre du football mais certains clubs travaillent pour progresser et attirer des talents. Le FC Porto a fait un petit coup médiatique cet été en recrutant Axel Toupane, joueur français champion NBA en 2021 avec les Milwaukee Bucks. Son expérience en NBA et en EuroLeague peut aider à élever le niveau du championnat portugais et aider l’équipe en EuroCup.
Du côté de Lisbonne, le Benfica domine toujours la ligue nationale. Ils ont gagné leur quatrième titre consécutif en 2025 et représentent le pays dans les compétitions européennes, notamment en Basketball Champions League la saison passée. Avoir ces deux grands clubs de football investis sérieusement dans le basket donne au sport une vraie visibilité dans le pays.
Un autre signe encourageant, ce sont les jeunes et la formation. Chaque année, à Lisbonne, le Portugal Basketball Festival réunit des dizaines d’équipes de plusieurs pays européens. L’édition 2025 a rassemblé plus de 40 équipes venues de 9 nations différentes, dans les catégories de U15 à U23. C’est un moyen pour les jeunes joueurs portugais de se confronter à un bon niveau et de se montrer. C’est aussi une manière d’attirer plus de passionnés vers le basket.
Il ne faut pas oublier les autres joueurs portugais qui commencent à émerger. Rafael Lisboa, par exemple, est le meneur de jeu qui représente l’avenir de la nation. Il est allé participé au camp organisé par Neemias Queta et il montre que la sélection ne repose pas uniquement sur le nouveau big man des Celtics.
Si on parle de scouting, Ruben Prey est lui aussi une source d’avenir prometteur du basket portugais. Ce jeune ailier de 20 ans évolue à Saint John’s University en NCAA, où il entame sa deuxième saison (sophomore). Joueur plutôt complet, capable de défendre, de créer pour les autres et de sanctionner de loin, il attire déjà l’attention des scouts et pourrait se présenter à la Draft NBA prochainement. S’il poursuit sa progression, il pourrait devenir l’un des visages de cette nouvelle génération portugaise.
Avoir plusieurs joueurs compétitifs à l’international est une étape indispensable pour faire grandir une sélection. Le pays a une base de plus en plus solide pour rêver plus grand.
Le Portugal peut-il devenir un futur pays de basket ?
Avec Neemias Queta en NBA, des joueurs comme Travante Williams qui apportent leur expérience et des clubs qui s’ouvrent davantage à l’international, on peut dire que le Portugal vit une période positive. Mais la question est plus grande : est-ce que tout cela suffit pour faire du Portugal une vraie nation de basket ?
Quand on regarde l’histoire récente du basket européen, certains pays ont réussi à franchir un cap grâce à l’arrivée d’une star mondiale. La Grèce, par exemple, s’est appuyée sur Giánnis Antetokoúnmpo pour remettre son équipe nationale sur le devant de la scène. La Slovénie a explosé au niveau international grâce à Luka Dončić et Goran Dragić avant lui. Même un pays comme la Finlande commence a profité de Lauri Markkanen pour grandir sur la scène européenne.
Le Portugal a Neemias Queta, qui n’a pas encore le niveau des joueurs précédents, et il manque d’autant plus une large base de joueurs de haut niveau. En Grèce ou en Slovénie, les stars ne sont pas seules : elles sont entourées de joueurs compétitifs en EuroLeague ou dans les championnats majeurs d’Europe. Pour le Portugal, le talent est encore limité. On retrouve quelques noms comme Rafael Lisboa ou Diogo Brito mais le réservoir reste petit par rapport à des nations comparables. Il faut espérer que les Portugais se révèlent aussi dans les compétitions jeunes.
Un autre point faible est l’infrastructure. Le basket portugais n’a pas la même popularité que le football, ni les mêmes moyens financiers. Les clubs participent parfois à des compétitions européennes comme la BCL ou l’EuroCup, mais ils ne jouent pas encore les premiers rôles. Or, ce sont ces confrontations régulières contre le haut niveau européen qui permettent aux joueurs de progresser et aux clubs d’attirer de nouveaux talents.
Cela dit, tout n’est pas négatif. Le Portugal est en train de poser des bases intéressantes. Le fait d’avoir battu l’Espagne en match de préparation en 2025, le fait d’avoir tenu tête à l’Allemagne. Le pays peut rivaliser, au moins sur un match, avec une des plus grandes nations du basket mondial. Si cette progression continue, si de plus en plus de jeunes s’inspirent de Neemias Queta et si les clubs continuent à attirer des joueurs de calibre international, alors le Portugal peut rêver d’un futur plus grand.
Le Portugal a entamé un chemin qui pourrait faire de lui un pays de basketball. Il manque de la profondeur dans l’effectif, des clubs plus puissants en Europe et une base plus large de jeunes talents. Pourtant, avec le temps et les bons investissements, rien n’empêche d’imaginer le Portugal comme une équipe plus régulière dans les grandes compétitions internationales.