Le Mali a commencé à jouer au basket dans les années 60, juste après l’indépendance. Très vite, une fédération a été mise en place, et le pays a fait ses débuts à l’AfroBasket en 1964. En 1972, les Aigles décrochent une médaille de bronze, la seule qu’on n’ait jamais eue. Depuis, on participe, mais on ne brille pas.
Ce qui est dur à comprendre, c’est que nos jeunes font des trucs incroyables, comme en 2019, quand les U19 ont joué une finale mondiale contre les États-Unis, mais les seniors, eux, n’arrivent pas à suivre. C’est comme si on avait des pépites, mais qu’on ne savait pas quoi en faire une fois qu’ils grandissent.
Cet article a été écrit par Cheickna Traoré.
Des performances en dents de scie et des failles structurelles
Pendant les qualifs pour l’Afro Basket 2025, le Mali a alterné entre le bon et le franchement inquiétant. Deux défaites d’entrée contre la RD Congo et le Soudan du Sud ont montré qu’on avait des soucis : défense trop légère, jeu collectif absent. Une victoire contre le Maroc a un peu calmé le jeu, puis en février, on a surpris tout le monde en battant le Soudan du Sud. La qualif est là, mais faut pas se mentir : on est loin d’être prêts.
Le championnat national, lui, c’est compliqué. D’après BasketMali.com, seuls deux clubs ont un budget qui dépasse les 50 millions FCFA. La plupart des joueurs jouent sans contrat, sans assurance. Mahamadou Kéita, ancien international, disait en 2022 : « On ne peut pas espérer rivaliser avec les grandes nations si nos joueurs ne sont pas payés, ni encadrés correctement. » Et il a raison. Le staff technique change tout le temps : six sélectionneurs en dix ans, sans vraie continuité. La formation est concentrée dans quelques villes, sans plan national. Le centre de Kabala, censé être un modèle, tourne à moitié, faute de moyens.
Contre l’Égypte, pour le premier match de l’Afro Basket 2025, on a pris une claque : 74–59. Dix points de retard dès le premier quart-temps. Sur le terrain, ça manquait de rythme, de physique et de lecture du jeu. On aurait dit une équipe qui joue sans vrai coach.
Une équipe actuelle pleine de potentiel, mais fragile
L’équipe est jeune, avec des gars qui viennent des campagnes U19 et U18, encadrés par quelques anciens. Siriman Kanouté, le meneur, a du feu dans les jambes, 16 points contre l’Égypte. Aliou Diarra, dans la raquette, impose le respect. Ibrahim Djambo, le capitaine, a de l’expérience, mais son corps commence à fatiguer. Cette génération a du talent, c’est clair. Mais elle est encore trop instable. On dirait qu’ils ont le “handle”, mais pas encore le “playbook”.
Malgré tout, y’a des choses qui donnent de l’espoir. Sira Thienou a lancé une colonie de formation pour les jeunes filles à Bamako. Sika Koné, star en WNBA, a mis son contrat entre parenthèses pour jouer l’AfroBasket féminin. Ce genre de geste, ça parle. Elle est devenue un symbole. Dans une interview à Africa Top Sports, elle disait : « Je veux que les jeunes filles maliennes sachent qu’on peut rêver grand, mais qu’il faut aussi servir son pays. »
Ce genre d’initiative donne du souffle au basket malien. Le sport commence à prendre sa place, même si le foot reste roi au Mali. Une étude du ministère des Sports en 2023 montre que le nombre de licenciés en basket a augmenté de 37 % en trois ans, surtout à Sikasso et Kayes. Des clubs comme le Stade Malien ou le Djoliba AC investissent dans leurs sections basket. Des académies privées émergent, comme celle de Modibo Diarra à Ségou.
Mais sans vraie réforme, un championnat pro, un staff stable, une politique de formation claire, tout ça risque de rester des efforts isolés. Et dans le basket, si tu n’as pas de structure, même les meilleurs finissent par s’éteindre.
Le Mali est à un moment décisif. L’AfroBasket 2025 est un vrai test. Si les Aigles veulent enfin décoller, il faudra plus que du talent : une organisation solide, une vision claire, et une vraie volonté politique. Sinon, on va continuer à briller chez les jeunes et à caler chez les grands. Et dans ce sport, on le sait : ce n’est pas le potentiel qui fait gagner, c’est ce qu’on en fait.