Cela fait une dizaine de matchs que la saison a commencé, l’heure de faire un premier bilan pour les Français qui foulent les parquets NBA. Ils sont une quinzaine cette saison à être sous contrat avec une équipe NBA, dont la plupart ne sont qu’à leur début de carrière dans la grande ligue. La France est même le 3ème pays le plus représenté derrière les États-Unis et le Canada. Alors entre rookies maladroits, sophomores stars, vétérans et nouvelles surprises voici comment ont débuté notre quinzaine de Français dans ce début de saison.
Rudy Gobert et Nico Batum, les vétérans français
Le premier réalise sa moins bonne saison statistique depuis la saison 2015-2016 avec seulement 11 points accompagnés de 10 rebonds de moyenne. Pourtant, la franchise de Minnesota lui a accordé sa confiance en le prolongeant à hauteur de 110 millions sur 3 ans, liant le joueur jusqu’en … 2028. Et si offensivement, le rôle de Rudy Gobert est encore plus limité qu’avant, le côté défensif est toujours bien présent.
Toujours aussi dissuasif, les adversaires prennent moins de tirs au cercle (-8%) et sont moins efficaces (-7,3%) ce qui le place dans l’élite de la défense intérieure. Le poids de l’âge commence certainement à se faire sentir pour Gobzilla qui approche des 33 ans. Un autre problème pour Rudy est que le contexte collectif est décevant pour des Wolves en deçà des attentes du début de saison avec un bilan et un fond de jeu mitigé. L’arrivée de Julius Randle n’est, pour l’instant, pas très convaincante et on pourrait s’attendre à du mouvement du côté de Minneapolis.
Le second, Nicolas Batum, est revenu à Los Angeles cet été, désormais orphelin de Paul George et Kawhi Leonard, qui n’a toujours pas joué un match. L’ailier de 36 ans est toujours dans ce rôle de glue guy en sortie de banc (17 minutes par match en moyenne), capable de défendre sur tous les postes. Mais celui qui a pris sa retraite internationale à un gros problème sur ce début de saison : il ne tourne qu’à 30% de réussite à 3 points, son plus petit pourcentage depuis son arrivée en 2020 aux Clippers. Un point à vite régler pour aider cette surprenante équipe des Clippers menée par un Norman Powell en feu.
Des rookies français en manque d’adresse
La cuvée de rookie de cette saison a un accent bien français avec 4 joueurs sélectionnés au premier tour : Zaccharie Risacher et Alexandre Sarr respectivement les deux premières places de la draft, ainsi que le choix numéro 6 (Tidjane Salaün) et 25 (Pacôme Dadiet). Ce dernier n’a quasiment pas joué avec les New York Knicks, n’ayant foulé les parquets que 28 minutes au total dans ce début de saison.
Zaccharie Risacher a rapidement profité de la blessure de DeAndre Hunter pour se positionner dans le 5 majeur des Atlanta Hawks. L’ailier longiligne produit exactement ce qu’on pouvait attendre de lui : une bonne défense sur les ailiers adverses tout en apportant un peu de scoring et de playmaking en attaque. L’ancien de Bourg-en-Bresse, réalise globalement un début de saison prometteur mais avec une adresse inconstante (42,7 eFG%). Il est sûr de lui et n’hésite pas à être agressif dès que l’occasion se présente. Il progresse à chaque match, avec en point d’orgue, cette pointe à 33 points face aux New York Knicks. Un des autres points importants est son entente avec Trae Young avec qui il semble y avoir une vraie alchimie.
Il se positionne bien évidemment dans la course au ROY, d’autant qu’elle n’a jamais été aussi ouverte que cette saison, avec un niveau général des rookies assez homogène, comme on pouvait s’y attendre. Et un de ses concurrents n’est autre qu’Alexandre Sarr.
Le pivot profite de Brian Keefe son coach, qui a décidé de faire jouer de précieuses minutes à tous les jeunes talents de la capitale. Sarr réalise un début de saison poussif offensivement, et c’est surtout son adresse qui pose problème. Avec un affreux 37,5 eFG%, dont 19% à 3 points en 5 tentatives par match, c’est l’un des joueurs les moins efficaces de toute la NBA. Mais il ne se décourage pas et continue de prendre ses tirs qui finiront par rentrer à un moment donné. On voit même des situations où il remonte le ballon pour créer du jeu en transition, chose assez exceptionnelle pour un intérieur de 2 mètres 16. De plus, son début de saison reste impressionnant par son impact défensif, notamment avec 2,4 contres de moyenne en seulement 25 minutes de temps de jeu. Il est déjà en train de s’inscrire dans la liste des pivots français qui terrorisent les adversaires, et on a sous les yeux un futur candidat DPOY.
Enfin le dernier français de cette cuvée a le même problème que précédemment mentionné : l’adresse. Tidjane Salaün est le joueur le moins efficace de toute la ligue avec 27,3 d’eFG%. En moyenne sur 3 tentatives derrière l’arc, il n’en rentre que 0,7. Un début de saison décevant, alors que sa présaison avait séduit le monde de la NBA et laissé espérer de meilleurs performances individuelles. Sa blessure au doigt qui l’a éloigné des parquets pour les deux premiers matchs, le gène encore peut-être, mais il faut rapidement régler la mire s’il veut rester sur le terrain. D’autant plus qu’il a la confiance du coach et que cette équipe des Hornets est frustrante et se repose beaucoup trop sur Lamelo Ball en ce début de saison.
Bilal Coulibaly, a star is born
Il ne se passe plus un jour sans que Bilal s’offre une comparaison avec une superstar de la ligue. Dès son premier match face aux Celtics, il montre ses progrès en playmaking en battant son record de passes décisives (6). Deux jours après face aux Cavs, il bat son record en carrière du nombre de points inscrits (23). Puis lors d’une double confrontation face aux Hawks, il éteint défensivement Trae Young, avant de battre de nouveau son record avec 27 points à 11/14 aux tirs.
Les progrès de Bilal sont impressionnants et il devient progressivement le leader offensif et défensif de cette jeune équipe des Wizards. Il est tout simplement l’une des stars montantes de ce début de saison de toute la NBA et son éclosion se fait plus tôt que prévu. Il tourne à quasiment 16 points, 5 rebonds 3 passes, 1 interception, 1 contre de moyenne en 35 minutes de jeu, le tout a des superbes pourcentages : 63,5 d’eFG%. Avec l’excitation et la surprise, vont doucement arriver les attentes et la pression et c’est à ce moment précis qu’on verra dans quelle catégorie Bilal se place.
Victor Wembanyama ou comment banaliser l’exceptionnel
La plupart des observateurs s’accordent pour dire que le début de saison de Victor Wembanyama est en demi-teinte. Pourtant ses moyennes sont excellentes pour un joueur de cet âge, mais pas suffisante par rapport aux attentes placées en lui. Et si le début de saison de l’alien est qualifié de décevant c’est qu’il a réussi à banaliser l’exceptionnel. Dans ses 8 premiers matchs, il a tout de même sorti un five by five, un match à 20 rebonds ou encore un match à 9 contres. Puis il vient d’enchaîner 3 matchs excellents dont cette pointe à 50 points … en seulement 27 minutes ! Nouveau record en carrière mais surtout le premier à atteindre cette barre mythique en aussi peu de temps. Depuis le début du mois de novembre, l’alien semble avoir enfin lancé sa saison comme on l’attendait
Son problème, comme beaucoup de Français cette saison, est l’adresse à 3 points. Mais depuis qu’elle revient à son niveau, les compteurs s’affolent. Il en tente 7,5 par match soit 2 de plus que la saison précédente, ce qui en fait le pivot qui tente le plus de tirs derrière l’arc de toute la NBA. Forcément, on le voit beaucoup moins proche du cercle, là où il est inarrêtable. Est-ce une nouvelle volonté des Spurs ou du joueur, c’est dur à dire.
Cependant, il est toujours autant dominant défensivement, avec 4 contres (!) de moyennes par match. Les adversaires voient leur réussite baisser de 16% près du cercle quand il est sur le terrain, ce qui en fait le joueur le plus dissuasif de toute la ligue. Effectivement, le début de saison de l’alien français est légèrement décevant par rapport aux attentes, mais il ne faut pas oublier qu’il n’a que 21 ans, qu’il a un impact hors du commun, mais surtout que les Spurs gagnent des matchs.
Les autres français qui se montrent
Si beaucoup de compatriotes sont contraints de rentrer en Europe, Guerschon Yabusele, a réussi l’inverse, notamment après une grande compétition aux Jeux Olympiques et ce poster sur LeBron James qui a marqué les américains. Et on peut dire que son retour est réussi. Quasiment 10 points et 5 rebonds de moyenne, avec des excellents pourcentages, Yabusele est un des atouts majeurs de la rotation des Sixers. En l’absence d’Embiid, il a joué pas mal de minutes au poste de pivot. Face aux intérieurs plus petit, il fait parler sa puissance et face aux intérieurs dominant à l’intérieur il utilise sa qualité de shoot. On attend de voir sa relation avec le pivot camerounais, mais une chose est sûre : Guerschon a la confiance de son coach Nick Nurse.
Il a probablement dépassé ce que nous attendions de lui. […] Mais il a été solide tous les soirs, et très bon certains matchs. Il ne commet pas beaucoup d’erreurs, ce qui est énorme pour nous en ce moment. Il joue toujours très dur en étant bon pour nous.
S’il y a bien un Français qui profite des absences du côté des Hornets c’est Moussa Diabaté. L’ancien joueur des Clippers avait signé un 2-way contract avec Charlotte avant le début de la saison. Il profite d’une rotation intérieure des Hornets complètement décimée où Taj Gibson (oui il est encore vivant) est titulaire. Véritable aspirateur à rebonds, il a capté 41 rebonds sur ses 3 derniers matchs en 25 minutes de moyenne. Il a même signé son premier double-double en carrière face au Magic avec 12 points et 15 rebonds. Il faudra voir s’il a toujours le même rôle quand les blessés vont revenir mais ce qui est sûr c’est que Moussa Diabaté marque des points auprès du coaching staff des Hornets.
Le Français Rayan Rupert à Portland a réalisé son meilleur match en carrière contre OKC avec 14 points à 4/7 derrière l’arc. Mais à part ce match, Rayan est toujours très discret. Pour l’instant Chauncey Billups lui laisse du temps de jeu, mais le coach des Blazers semble plus que jamais sur un siège éjectable. Le contexte n’est pas idéal pour Rupert, qui passera certainement par la G-League pour se développer cette saison.
Enfin, les saisons se suivent et se ressemblent pour Ousmane Dieng, qui, comme les deux saisons précédentes, trouve pour l’instant sa place dans l’effectif avec un temps de jeu limité : 12 minutes et une production statistique qui ne décolle pas. Quand le jeune ailier (21 ans) est sur le terrain, il n’est pas mauvais, sauf que les tirs ne rentrent pas (30% à 3 points, 40% au total). Avec les blessures de Isaiah Hartenstein et Chet Holmgren, Ousmane Dieng se retrouve à être le joueur le plus grand disponible dans cette équipe. Peut-être que le coach va nous sortir une carte spéciale : Ousmane Dieng dans un rôle de pivot ? En-tout-cas il va falloir s’accrocher dans un effectif jeune et talentueux où chacun cherche à faire son trou.
Les français qui ne jouent pas
Pour terminer cet article, il faut également mentionner quelques français qui essaie toujours de faire leur place en NBA. En premier, on peut citer Armel Traoré, qui a signé un 2 way contract avec les Lakers et qui a débuté sa saison dans l’équipe G-League associée. En sortie de banc, il signe un double-double dans une victoire de son équipe dans laquelle on retrouve Quincy Olivari, Maxwell Lewis ou encore … Bronny James.
Chez les Spurs, le deuxième français Sidy Cissoko attend toujours d’avoir réellement sa chance, lui qui n’a foulé les parquets que 12 minutes au total cette saison.
Enfin, vous l’avez peut-être oublié, mais notre Français Killian Hayes est toujours aux Etats-Unis, où il joue avec l’équipe affiliée des Brooklyn Nets. L’objectif clair est de reprendre confiance en son jeu et en son tir avant de tenter de retourner dans une équipe NBA. Et on peut dire que ça fonctionne correctement pour l’instant avec deux matchs alentours des 20 points et 7 passes. Alors, dernière chance avant un retour attendu en Europe ?
On peut affirmer que le début de saison des français est globalement bien. La jeunesse française est l’une des plus prometteuse, la plupart des joueurs performant actuellement ne sont que dans leur deuxième ou troisième saison maximum ! De belles promesses qui va très certainement continuer sur cette lancée, avec la future arrivée de Nolan Traoré ou encore Noah Penda et annonçant un avenir radieux pour l’équipe de France. Pas mal non ? C’est Français.