Kevin Durant (Phoenix Suns) en train de shooter
Kevin Durant en train de shooter

La saison des Phoenix Suns : le jeu

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Les questions qui traversent les esprits des observateurs des Phoenix Suns cette saison sont nombreuses. A juste titre. Cette équipe pose des équations à grand nombre d’inconnus, en attaque comme en défense. Après une intersaison agitée, un effectif quasi intégralement renouvelé, un nouveau coach et plus de 60 matchs joués, on peut peut-être analyser les cactus avec suffisamment de données pour que ça tienne la route.

Les pronostics parlaient de contenders évidents. Les perspectives étaient pleine d’espoirs. Pourtant, il y a toujours eu des doutes sur ces Phoenix Suns : quid de l’alchimie de cette équipe ? Des faiblesses de sa profondeur d’effectif ? De son rendement pendant les blessures ? Mais aussi, et c’est ce qui va nous intéresser aujourd’hui : quid du jeu développé par Frank Vogel et son staff ?

Ce qu’on pouvait imaginer en début de saison

En début de saison, on avait volontiers imaginé un jeu d’attaque léché et efficace. Quelque chose de terrifiant, aussi, parce qu’une équipe qui rassemble trois stars du calibre de Devin Booker, Kevin Durant et Bradley Beal, c’est pas pour être 20ème attaque de la league. Les ambitions étaient grandes, et les cartons de pré-saison, qui valent ce qu’ils valent, ont donné raison à l’enthousiasme de la fanbase des cactus.

Pour autant, un facteur important n’était pas à négliger : 90% des joueurs de la campagne 2021 n’étaient plus dans l’effectif, et les Suns 2023-24 partaient de 0 pour se construire une vie de groupe, une synergie de vestiaire et de terrain. Un facteur décisif dans la quête du Graal NBA que Phoenix chasse plus que jamais.

On comptait donc sur les arrivées d’Eric Gordon, Grayson Allen, Jusuf Nurkic et quelques autres. Avec en ligne de mire, une trade deadline à ne pas rater, pour s’ajuster correctement en fonction des réussites et des échecs collectifs ou individuels. Phoenix n’a pas perdu de temps. A l’image de son nouveau proprio très pressé, le staff s’est jeté dès le début de saison dans le développement de son plan de jeu : tests en tout genre, classiques revisités, ajustements fluides et principes de jeu à faire rentrer dans toutes les têtes. Vogel et son staff n’ont pas chômé.

La Défense

La défense des Phoenix Suns cette saison n’était pas une garantie. Le matériel à disposition de Frank Vogel n’est pas celui des Timberwolves par exemple : pas de gros protecteur de cercle, pas de défenseur élite sur point d’attaque (Josh Okogie n’ayant pas tenus les promesses placées en lui)… Pourtant, la progression fut constante, et les principes collectifs semblent désormais porter leurs fruits. Comment ?

Sur le début de saison, quelques défaites nous avaient mis la puce à l’oreille sur le gros point noir des Suns en défense : la raquette. On se souvient notamment de Lebron James arrachant la victoire de ses Lakers, avec un quatrième QT entièrement dédié à des drives perforant une peinture en coton. J’en parlais dans ce thread :

Mais les Suns vont petit à petit s’ajuster. Mieux boxer leurs rebonds défensifs (sous l’égide de Jusuf Nurkic, incroyable cette saison dans l’Arizona), mieux gérer leur défense switch, et voir un Kevin Durant devenir petit à petit un sérieux candidat à une All Defensive Team. Impeccable en aide, contreur dans les bons moments, toujours pas fabuleux au rebond mais dissuasif et leader, Durant va être le symbole d’une défense qui progresse par les efforts de ces attaquants.

Et avec lui : Beal, jamais en reste pour donner son énergie sur le porteur de balle adverse et dans les lignes de passes, Booker, toujours aussi fort en défense au poste. les Suns vont aussi pouvoir compter sur les aptitudes de Grayson Allen, agressif à souhait (et juste ce qu’il faut…), et de l’arrivée de Royce O’Neale, 3 & D d’expérience, immédiatement précieux des cotés du terrain.

Les progrès sont saisissants, et se vérifient dans les chiffres :

Sur le mois de Mars en cours, les Suns continuent de bosser sur cet aspect du jeu. On le sait, si les Suns comptent avant tout sur leur attaque pour être dangereux face à n’importe qui, la défense ne doit pas être en reste, et doit a minima être top 15 NBA pour éviter d’être pénalisante à outrance. Alors Vogel cuisinent sans relâche. Et les cactus commencent à envoyer des défenses de zone par séquence. Signe d’une équipe qui s’ajuste avec intelligence et qui continue d’amalgamer des solutions en vue des playoffs. On adore.

L’Attaque

C’est de ce coté du terrain qu’on était en droit d’attendre le plus des Suns. Simplement parce que le projet Bradley Beal + Devin Booker + Kevin Durant était suffisamment intrigant pour enflammer nos petits coeurs de fans. la conservation de l’architecte offensif Kevin Young dans le staff de Vogel était aussi un signe intéressant : son entente avec Devin Booker, nouveau meneur dépositaire du jeu offensif des Suns, devait être une garantie sur laquelle compter. Est-ce qu’on peut dire que les Suns ont délivré ?

Je dirais que oui. Si on met de coté un facteur d’absences et de blessures omniprésent cette saison pour les deux principaux créateurs et initateurs offensifs de l’équipe. Parce que lorsque Pipo et Mollo sont sur le terrain aux cotés de Kevin Durant, Grayson Allen et Jusuf Nurkic, eh bien on a tout simplement l’un des 5 majeurs offensifs le plus performant de league. Parmi les 5 avec + de 500 possessions joués ensemble, celui-ci se classe 1er aux points / possession, 1er à l’eFG%, avec un net rating de 10,9 (6ème de la league). C’est pas pour rigoler. Comment ? Un seul mot : la variance.

Cette attaque a tous les ingrédients pour mettre n’importe quelle défense (ou presque ?) dans la salsa verde. Bien sûr, sa force principale, c’est le tough shot making élite de ces 3 stars, dans des zones peu rémunératrices. Cela veut dire que même si une défense parvient à contrecarrer l’attaque quand elle cherche le 3 points ou le and 1, les Suns vont tout de même convertir efficacement des shoots difficiles. La moindre possession est donc rémunératrice, et les Suns de Vogel ont donc tout à gagner à multiplier les possessions et en avoir pus que leurs adversaires.

Mais grâce à la gravité des stars, les portes s’ouvrent pour les role players. Et personne d’autre dans la league ne résume mieux cela que Grayson Allen et ses statistiques fabuleuses au shoot. L’ancien de Duke est magistral et survole la saison pour les Suns. Enfin, les facultés sur drive / en pénétration de Bradley Beal permettent aux Suns d’avoir toutes les cordes à leur arc, et de pouvoir noircir la shotchart d’équipe sur toutes les zones du terrain.

Jusuf Nurkic et Frank Vogel se tape dans la mains - Phoenix Suns
Jusuf Nurkic et Frank Vogel se tape dans la mains – Phoenix Suns

Avant le shoot, il y a la création. Une des réserves avancées en début de saison, et toujours entendue chez les observateurs les plus (ringards) insistants, était le manque de meneur créateur. Bon. Clairement, on peut assurer aujourd’hui que les Suns ne manquent pas de playmaking : Booker et Beal, bien sûr, mais aussi Jusuf Nurkic !

L’ancien pivot des Blazers de Portland est d’une importance cruciale dans la circulation de la balle et la prise de décision des Suns. Et si c’est plus difficile quand il est sur le banc au repos, c’est parce que son QI basket est essentiel dans le jeu des Suns. Passes parfaites sur les cuts, orientation du jeu, compréhension des défenses adverses, le pivot est monumental dans l’animation offensive des Suns. La pioche de James Jones ? Brillante.

En ce qui concerne les schémas, il y aurait tant à dire, que ça en virerait à l’encyclopédie. Les Suns ne cessent pas d’essayer et de dessiner de nouvelles choses mois après mois. Des éléments performants disparaissent pendant des semaines, puis reviennent à la charge dans le jeu. On pense bien sûr à l’Octopus, ce Spain Pick and Roll à itérations infinies, qu’on avait noté dès le début de saison, et qui continue de faire son oeuvre :

La suite des opérations pour les Phoenix Suns

Dans le jeu, les Suns montrent petit à petit qu’ils sont appliqués à produire ce que Frank Vogel et son staff leur donne à faire. Et c’est un succès. Il faut bien sûr que tout le matos soit à dispo, que l’infirmerie soit vide. Mais affirmer que Vogel ne ferait pas son boulot à la tête des Suns cette saison en dirait davantage sur qui le dit, que sur le travail de coach Vogel lui même. Les idées sont bonnes, les résultats suivent quand l’équipe est complète. Le jeu est aussi beau à voir, et le plafond ne semble pas encore atteint.

Oh, tout ça ne fait pas des Suns une équipe imbattable. Il reste tellement de choses à s’assurer, à assurer, et notamment la santé et la présence du roster à son potentiel maximal. Mais Phoenix a réussi à construire quelque chose, en peu de temps, et malgré tout. Tant mieux. On a des espoirs et des déceptions à imaginer, avant que les playoffs ne démarrent.

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Damian Lillard indique l'heure

Je suivais tranquillement la NBA grâce à un pote, et puis j'ai vu Nash appeler un pick-and-roll avec Stoudemire, et depuis on est là. Le reste du temps, je vends à boire et à manger, je tweete, j'aime pas la Droite et je parle de ma chienne.

2 Comments

  1. […] Après avoir analysé les grandes lignes du jeu des Suns en début de semaine, il est temps de se pencher sur ces risques. Les identifier convenablement. Ils ne manquent pas, ils sont réels, mais ils ne sont pas toujours forcément étiqueté de la bonne façon… Oui, vous me voyez arriver avec mes gros sabots Crocs Hiker taille 44 : on va parler du narratif sur l’absence de meneur de jeu, blablabla… J’ai déjà la flemme, mais on va quand même en parler. Il n’y a pas que ça cela dit. Les Suns ont misé gros en renouvelant 90% de l’effectif (finaliste NBA 2021) en 1 an. Un bargain à part entière, qu’il faudra assumer en cas d’échec. Commençons par le début… […]

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