Peu de monde s’attendait à ce que le Miami Heat, sans Tyler Herro pour débuter la saison, ne soit compétitif à l’Est. Et pourtant, ils sont actuellement en course pour obtenir l’une des meilleures places de la conférence. Si beaucoup de crédits reviennent à Erik Spoelstra et Norman Powell entre autres, le progrès depuis plusieurs semaines de Kel’el Ware est un facteur à ne pas ignorer.
Début de saison compliqué pour Kel’el Ware
Lorsque le Miami Heat ont transféré leur star mécontente Jimmy Butler aux Golden State Warriors au milieu de la saison dernière, cela a mis fin à une époque couronnée de succès qui avait manifestement fait son temps. Mais cela a également marqué le début d’une nouvelle ère, donnant au Heat l’occasion de se construire autour d’un effectif plus jeune qui comprend désormais six de leurs propres choix de premier tour.
Suite à la blessure au pied de Bam Adebayo il y a quelques semaines, le Miami Heat avait besoin de solutions immédiates pour leur poste de pivot. Malheureusement, Pat Riley et la direction n’ont finalement pas remédié au manque évident de profondeur à ce poste avant la saison 2025-26. Adebayo et Kel’el Ware sont les deux seuls véritables pivots de l’effectif standard du Heat.
Il dispose certes du rookie Vladislav Goldin, sous contrat two-way, mais celui-ci semble encore trop inexpérimenté pour avoir pu disputer la moindre minute de jeu, même après la blessure d’Adebayo. Nikola Jović a obtenu quelques minutes en tant que pivot small ball lorsque Kel’el Ware fait une pause, mais le Serbe est lui-même confronté à ses propres difficultés.
De plus, Keshad Johnson a également été contraint de jouer quelques minutes en tant que pivot small ball, mais il s’est montré pratiquement inutilisable pendant ces minutes. Il ne restait donc qu’une seule véritable solution pour Miami jusqu’au retour d’Adebayo : donner un rôle plus important à Ware.
La bonne nouvelle pour le jeune intérieur, c’est qu’il était titulaire en NBA dès sa deuxième saison. La mauvaise nouvelle, c’est que cela signifiait que les difficultés et les erreurs de Ware, joueur de 21 ans encore en phase d’apprentissage et de développement, étaient presque impossibles à ignorer. Au cours du premier mois de cette saison, Kel’el Ware a connu des hauts et des bas. Comme on pouvait s’y attendre pour un joueur aussi jeune, il a connu un début de deuxième saison en dents de scie.
Kel’el Ware est sans conteste l’un des joueurs les plus talentueux de l’équipe, mais on a pu comprendre clairement pourquoi il en est aussi l’un des joueurs les plus frustrants. Et il était difficile pour le Heat de compter autant sur un élément si irrégulier.
Il a beaucoup appris ces derniers mois. Il n’y a pas si longtemps, Spoelstra a publiquement mis Kel’el Ware au défi de s’améliorer pendant la pré-saison, quelques mois seulement après lui avoir demandé « d’améliorer son professionnalisme, sa constance et son approche au quotidien » à la suite de ses débuts décevants dans la ligue d’été en juillet.
La défense de Kel’el Ware en pick-and-roll était à améliorer, et les équipes adverses continuaient de tester cet aspect de son jeu. C’était l’une des raisons pour lesquelles les Heat ont concédé 19 points de plus avec lui sur le terrain lors des deux premières semaines de la saison qu’en son absence. Lors d’un match contre les Lakers, il a été mis sur le banc pendant une grande partie du match après une entame difficile. Kel’el Ware a même commencé la deuxième mi-temps sur le banc.
Nous essayions simplement de maîtriser la situation », a déclaré l’entraîneur du Heat, Erik Spoelstra, minimisant sa décision de laisser Kel’el Ware sur le banc pendant une grande partie du match. « C’est très nuancé. Quand vous avez deux joueurs dynamiques en pick-and-roll [Luka Dončić et Austin Reaves] comme eux. »
Le mentorat de Bam Adebayo
Quand on est un jeune joueur avec du potentiel mais encore perfectible, on a besoin d’un guide. Et Bam Adebayo, un autre pivot prometteur à une époque qui a mis du temps avant d’enfin devenir un All-Star est le joueur parfait pour Kel’el Ware. Adebayo s’est légèrement amélioré chaque saison pour s’imposer comme une star, et Ware est en avance sur le calendrier par rapport au parcours professionnel de son coéquipier.
Je vais vers lui comme un frère. Je ne vais pas vers lui en tant que capitaine, je suis un mentor », a déclaré Bam Adebayo à propos de l’équilibre entre son rôle de capitaine et celui de coéquipier lorsqu’il aide Ware en coulisses. « C’est donc une période difficile pour lui dans cette aventure NBA. On s’implique, on cligne des yeux, et pour moi, ça fait déjà neuf ans. Et on va forcément rencontrer des difficultés en cours de route. La question est simplement : comment va-t-il tirer les leçons de ces difficultés ? C’est une leçon pour lui. »
Lorsque le Heat a battu les Golden State Warriors, en effectif réduit, 110-96, Kel’el Ware n’a marqué que 7 points et a réussi 3 tirs sur 10. Cependant, il a su se faire remarquer ailleurs dans les statistiques, en prenant 16 rebonds dans la soirée, dominant le panier et captant 4 rebonds offensifs. Adebayo a révélé après le match qu’il n’avait cessé de répéter à Ware qu’il n’avait pas besoin de marquer pour avoir un impact positif sur les matchs. Il a déclaré :
Il commence à comprendre. Je lui ai toujours dit qu’il n’était pas nécessaire de marquer 15 points et de prendre 15 rebonds pour avoir un impact sur la victoire. Parfois, ça peut être 7 points, mais 16 rebonds. Quand je lui ai expliqué ça, je pense qu’il a mieux compris et que ça lui a enlevé de la pression. »
L’intervention d’Udonis Haslem
En plus du soutien d’une star actuelle de l’équipe, Kel’el Ware a bénéficié des retours d’un intérieur qui connaît mieux le Miami Heat que quiconque d’autre parmi ceux qui ont enfilé le maillot de l’équipe floridienne après la défaite du Heat face aux Knicks à New York, suite à 20 rebonds offensifs.
Immédiatement après le match, j’ai envoyé un SMS à Kel’el et je lui ai dit : « Récupère toutes les images de [Mitchell Robinson, le pivot des Knicks] dans le match, regarde toutes les images, tous les rebonds offensifs qu’il a pris sur toi, comment il s’est positionné tôt et t’a poussé sous le panier », a déclaré Haslem lors de la couverture NBA de Prime Video. « Tu ne peux pas rebondir si le ballon n’est pas devant toi. Tu dois avoir le ballon devant toi si tu veux prendre un rebond. »
Ware a accepté le défi. Au match suivant, il a totalisé 16 points, 14 rebonds, 1 interception et 3 contres, avec le meilleur plus/moins de l’équipe (+8). Tout cela alors qu’Adebayo n’était pas présent sur le parquet du Kaseya Center pour la revanche contre New York.
Il s’agit simplement de jouer avec plus de force, avec plus d’agressivité », a déclaré Ware à propos de son approche lors du match. « Il s’agit simplement de montrer que ce n’est pas facile de pousser là-bas. »
Son impact lors des matchs récents
Kel’el Ware commence enfin à montrer les qualités que le Miami Heat espérait voir chez lui cette saison. Au cours des huit derniers matchs, il affiche une moyenne de 14,5 points, 14,4 rebonds, 1,1 interception et 1,5 contre par match, avec 56 % de réussite.
Il suffit de regarder Ware sur le terrain pour constater que quelque chose a changé. Ce sont les qualités intangibles qu’il montre sur le terrain qui sont de bons signes : efforts, énergie, émotion. Cela montre qu’il commence à se sentir de plus en plus à l’aise et à prendre du plaisir, tant dans le système que dans son rôle.
Il enchaîne les bons jours », a poursuivi Spoelstra. « Et ce qui est important dans ces matchs, c’est qu’il en ressent l’importance, il joue des minutes significatives. Il comprend la responsabilité de bien jouer, et il reconnaît que si ça ne se passe pas bien, il doit corriger le tir. C’est une grande amélioration par rapport à l’année dernière, où il ne reconnaissait pas vraiment ce qui se passait. »
Sa meilleure performance de la saison vient tout juste d’arriver contre les 76ers. Ware a inscrit 20 points et 16 rebonds contre Philadelphie. Il a capté plus de 10 rebonds pour la huitième fois consécutive et enregistré son septième double-double de la saison. Une fois qu’il est impliqué dès le début, il devient de plus en plus menaçant en attaque, ouvrant même la voie à de beaux tirs en périphérie. Quand il est aussi actif dans la raquette, cela fait une énorme différence. Avoir le soutien des vétérans de l’équipe, cela aide beaucoup aussi.
Je l’ai encouragé, l’entraîneur l’a encouragé », a déclaré Norman Powell lorsqu’on lui a posé des questions sur Ware. « Je lui ai dit que j’essayais de m’identifier à eux, car je suis un peu plus âgé qu’eux. Je lui dis toujours qu’il y a un compteur. Imaginez-le comme dans [NBA 2K] à l’époque. Il devrait y avoir un compteur, une jauge de Takeover dans le jeu. Et je lui ai dit que le bas correspondait à la G League et le haut à un talent générationnel. Et je veux qu’il soit ce talent générationnel à chaque match, car c’est le talent qu’il a. »
L’objectif de tirer le meilleur parti du grand Kel’el Ware ne vise pas seulement à améliorer son jeu individuel. Lorsqu’il est performant des deux côtés du terrain, l’équipe du Heat est tout simplement beaucoup plus complète. Cela leur donne une certaine diversité dans leurs alignements, puisqu’ils peuvent rebondir sur le frontcourt Adebayo-Ware, tout en sachant qu’il peut avoir un impact individuel lorsqu’Adebayo a besoin de souffler.
Cette équipe se nourrit de l’énergie de son jeune pivot, comme l’a montré la série de points marqués au deuxième quart-temps lors de la large victoire contre les Chicago Bulls. Les ailiers de Miami ont continué à attirer l’attention, laissant Ware libre sous le panier pour des lobs. Il a également été très efficace en défense, bloquant des tirs et provoquant même des interceptions qui se sont transformées en dunks en transition.
Il reste à savoir si la récente série de Kel’el Ware représente un moment décisif. Même si tout ne sera pas parfait, tant qu’il reste mentalement fort et qu’il se bat contre l’adversité, tout ira bien. C’est lorsqu’il apporte un impact constant que cette équipe du Heat donne le meilleur d’elle-même.
