Joel Embiid a fait son retour tant attendu lors de la victoire 109-105 des Sixers contre le Thunder d’Oklahoma City le 2 avril. Il a eu du temps pour retrouver la forme avant le début du play-in. Il défiera le Heat de Jimmy Butler jeudi à 1h. Que peut-on attendre de Philadelphie pendant les playoffs ?
Etat des lieux
Après une saison à 47 victoires et 35 défaites, les Philadelphia 76ers se retrouvent en 7e position à cause d’une série de tie-breakers qui ont joué en leur défaveur, eux qui étaient 3e en fin janvier. Cela est dû en grande partie à la blessure de Joel Embiid au genou qui fait qu’il n’a joué que 39 matchs. Avec lui sur le parquet, les Sixers affichent un bilan de 31-8, soit 79,5% de victoires. Sur une saison complète, le bilan avec ce même pourcentage aurait été de 65 victoires, une de plus que Boston.
S’il est impossible de dire que Philadelphie aurait atteint cette barre cette saison avec un Embiid apte à jouer, cela montre qu’ils avaient clairement le niveau pour finir au moins 2e, place occupée par les New York Knicks à 50 victoires. Les Sixers ont un bilan de 30 victoires et 7 défaites lors des matchs auxquels Tyrese Maxey et lui ont participé. Cela représente un pourcentage de victoire de 81.
Embiid a raté deux matchs depuis son retour, dont le dernier après s’être fait mal au genou lors de la rencontre précédente. La décision de mettre au repos Embiid dans un match aux enjeux importants a été prise par mesure de précaution. Il n’a donc pas joué dimanche lors de la victoire 107-86 sur les Brooklyn Nets, qui a mis fin à la saison, mais il devrait être prêt à jouer lors de l’ouverture des playoffs, rapporte Tim Bontemps d’ESPN.
Depuis son retour, Embiid a repris là où il s’est arrêté. 30,4 points, 9,2 rebonds, 5,2 passes décisives, 1,4 interception et 1,2 contre en 30 minutes de moyenne au cours de 5 matchs. Des statistiques très proches de ce qu’il a affiché cette saison avant sa blessure où il était en route pour remporter le trophée de MVP pour la deuxième fois de sa carrière. Il est donc certain que le Embiid qu’on va voir en playoffs sera le Embiid auquel on a été habitué de voir. La question est maintenant, qui sera sur son chemin?
Les possibles chemins de Philadelphie
En tant que 7e, Philadelphie va disputer un match avec la 8e tête de série pour savoir qui va affronter New York. Le 8e? Miami. L’année dernière, le Heat est passé du statut de 7e tête de série avant les play-in à celui de finaliste de la NBA. Les Sixers peuvent ils être l’équipe qui réalisera cet exploit cette année ?
Je pense qu’avec Embiid et l’avantage du terrain, et avec Nick Nurse sur la ligne de touche cette fois, Philly a l’avantage sur une équipe de Miami qui n’a pas eu l’air d’être elle-même cette année et qui sera privée de Terry Rozier, Duncan Robinson et Josh Richardson. Et donc avec cette victoire, Philadelphie devrait pouvoir affronter les New York Knicks au premier tour.
Les Sixers pourraient très bien battre les Knicks dans une série de playoffs, qu’O.G. Anunoby joue ou non, car il n’y a aucune garantie qu’Anunoby restera en bonne santé à l’avenir. Julius Randle sera absent, mais New York reste une équipe redoutable, menée par un Jalen Brunson exceptionnel cette saison. Mais la principale raison de préférer les éviter le plus longtemps possible est l’intensité physique avec laquelle ils jouent. Une série contre New York serait probablement une affaire sanglante, axée sur la défense, qui pourrait laisser les Sixers dans un état moins qu’idéal par la suite.
Les fans des Knicks ne seront peut-être pas aussi à l’aise avec les antécédents de l’entraîneur Tom Thibodeau en matière de playoffs. Mais on a l’impression d’avoir affaire à une autre équipe des Knicks, un groupe agréable qui défend et partage le ballon et qui a absolument écrasé ses adversaires au cours des 23 matches qu’Anunoby a disputés depuis qu’il a été transféré depuis Toronto. Ce serait une série difficile, mais Philadelphie devrait pouvoir passer.
Au deuxième tour, Philadelphie se retrouverait face au vainqueur de la série entre Milwaukee et Indiana. Pourrait-on assister à un upset? Les Bucks ont perdu leur dernier match de la saison régulière et ont donc obtenu le match qu’ils ne souhaitaient probablement pas, face à une équipe d’Indiana qui les a battus quatre fois sur cinq en saison régulière, y compris lors des demi-finales du tournoi de la saison à Las Vegas.
Les Bucks n’ont réalisé que 17-19 lors de leurs 36 derniers matches et aborderons cette série avec des questions de santé après que Giannis Antetokounmpo a manqué les trois derniers matches en raison d’une entorse au mollet. Khris Middleton est apparemment toujours incertain, et plusieurs vétérans des Bucks ont connu une baisse de régime spectaculaire au cours des deux ou trois dernières saisons. Les parcours comparatifs des entraîneurs Rick Carlisle et Doc Rivers en playoffs ne semblent pas non plus favoriser les Bucks. Tyrese Haliburton a retrouvé son niveau en avril après un retour compliqué de blessure et Pascal Siakam est un expert de la défense sur Giannis. Alors peut-être, juste peut-être…
Dans les deux cas, que ce soit Milwaukee ou Indiana qui les attend, les Sixers sont attendus en Finales de Conférence. Milwaukee aurait possiblement un Giannis affaibli et surtout, le facteur Doc Rivers, un entraîneur que Embiid et Philadelphie connaissent très bien, pour le meilleur comme pour le pire. Lui qui a passé les trois dernières saisons à Philadelphie et s’est heurté à un plafond de deuxième tour de playoffs qui lui est familier. Indiana est une équipe qui découvre les playoffs ensemble pour la première fois sous l’ère Tyrese et qui possède un style de jeu qui serait assez difficile à adapter en playoffs de par leur manque de qualité défensive.
A moins que Miami devienne la première équipe de l’histoire à atteindre les Finales de Conférence en tant que tête de série numéro 8 durant deux années consécutives, Boston devrait atteindre les Finales de Conférence. Des versions pires de ce noyau des Celtics ont tourmenté Embiid et les Sixers en playoffs au cours de la dernière demi décennie. Après avoir disputé un match 7 contre les Sixers en demi-finale de la Conférence Est l’année dernière, les Celtics ont remplacé Marcus Smart et Robert Williams III par Jrue Holiday et Kristaps Porziņģis à l’intersaison. Le pari était énorme, mais il s’est avéré payant.
Les Sixers n’ont jamais disposé d’autant d’options pour défendre l’une ou l’autre des ailes des Celtics. Ils ont également le bon entraîneur en la personne de Nick Nurse – qui n’a pas peur de lancer de surprendre ses adversaires, même en playoffs- pour tirer parti de cette flexibilité de l’effectif.
Malgré tout, on s’attend à ce que Boston gagne, comme il l’a toujours fait depuis 2018, même si Philadelphie s’est adjoint les services d’un entraîneur réputé comme Nick Nurse. Une élimination en Finales de Conférence représenterait un bon parcours et un progrès pour Embiid et Philadelphie.
Cela dit, ce scénario part du principe que les Sixers battent Miami. Et si Jimmy Butler et compagnie offrait un mauvais tour à Embiid, et ce dernier devait se battre contre les Bulls ou les Hawks? Miami a les armes après tout pour battre les Sixers. Dans ce cas-là déjà, il paraît improbable, presque impossible que Philadelphie ne gagne pas le deuxième match de play-in.
Mais dans ce cas, Boston les attend au premier tour. Avoir les Celtics en Finales de Conférence ne serait pas idéal pour Philadelphie, mais au cours des playoffs, avec la fatigue et les blessures qui s’accumulent, l’équipe peut être plus facilement mis à mal. Au premier tour, alors qu’elle est encore fraîche et a plus de repos qu’une équipe qui vient de faire deux matchs de play-in, la tâche devient beaucoup plus difficile.
Si les Sixers tombent à la huitième place, ils seront probablement de gros outsiders. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils seront morts. Le retour de De’Anthony Melton mardi soir permet aux Sixers de disposer d’un autre guard/ailier pour affronter Jayson Tatum et Jaylen Brown, ainsi que Nicolas Batum, Kelly Oubre Jr. et Tobias Harris.
Les Sixers ont une chance réaliste de battre n’importe quelle autre équipe de l’Est, mais il serait beaucoup plus difficile de battre les Celtics au premier tour. Il y a cependant un moyen pour les Sixers de surpasser les attentes mentionnées au-dessus, mais pour cela, il va falloir que leur leader se surpasse comme il ne l’a jamais fait avant.
Embiid en playoffs
Joel Embiid a été historiquement mauvais pendant les playoffs 2023 de la NBA. La moyenne de points d’Embiid est passée de 33,1 en saison régulière à 23,7 en playoffs, ce qui constitue la plus forte baisse (-9,4) pour un MVP dans l’histoire de la ligue.
Embiid est le seul MVP de la NBA à n’avoir pas dépassé le stade de la demi-finale de conférence au cours de sa carrière. Dans l’histoire de la NBA, seuls Steve Nash et Derrick Rose n’ont pas participé aux finales de la NBA, mais ils ont tous deux pris part aux finales de conférence.
Alors que Jayson Tatum a marqué 51 points, un record pour un match 7 de la NBA, dont la plupart ont été marqués contre la défense périmétrique défaillante d’Embiid, le MVP en titre a réussi à marquer 15 points en tirant à 5 sur 18. Il a pris huit rebonds, commis quatre pertes de balles, a contré deux joueurs et a délivré une passe décisive. Son +/- était de -28 lors de la défaite 112-88 dans un match à enjeu capital.
Bien sûr, il a joué avec une entorse du genou pendant la majeure partie des playoffs, mais il se sentait « très bien » pas plus tard que la semaine précédente. C’est la neuvième fois qu’Embiid est confronté à l’élimination en playoffs. Il en est à 3-6 dans ces matchs, avec des chiffres qui n’ont rien à voir avec ceux d’un MVP.
Embiid dans un match à élimination : 22,0 points, 11,2 rebonds, 4,6 pertes de balle, 2,0 passes décisives par match, 38,8% au tir, 25% à 3 points.
Embiid en saison régulière: 27,9 points, 11,2 rebonds, 3,4 pertes de balle, 3,6 passes décisives par match, 50,4% au tir, 34,1% à 3 points.
Par le passé, il a connu des difficultés dans les grands moments des playoffs, mais on l’a souvent laissé se débrouiller. Cela semble moins probable cette fois-ci, maintenant qu’il y a un MVP sur son CV. Pourquoi a-t-il tant de mal ? Que ses fans veuillent l’admettre ou non, le jeu d’Embiid dépend fortement de sa capacité à obtenir des fautes et à se rendre sur la ligne. Au cours des trois dernières saisons régulières, Embiid a effectué en moyenne 17,1 tentatives de lancers francs pour 100 possessions. Au cours des trois dernières post-seasons, ce chiffre est tombé à 13,5.
Sa dépendance au tir à mi-distance est également assez volatile. Lorsqu’il est en pleine forme, le jeu d’Embiid en face-à-face et en pull-up semble impossible à contrer. Mais lorsque ces tirs ne tombent pas, Embiid n’est pas assez rapide pour s’adapter. Cela ne veut pas dire qu’il n’a pas un grand réservoir de mouvements au poste qu’il pourrait utiliser pour se rapprocher du panier, mais il ne les utilise tout simplement pas.
Les pertes de balle sont un autre problème. S’il s’est amélioré dans cette catégorie en saison régulière, il est historiquement mauvais dans la gestion du ballon en playoffs. Embiid est l’un des huit joueurs de l’histoire de la NBA à avoir joué plus de 1 000 minutes en playoffs et à avoir commis en moyenne au moins cinq pertes de balle pour 100 possessions.
Cinq des joueurs de cette liste ont également une moyenne d’au moins 10 passes décisives par 100 possessions, et la moyenne d’Embiid de 4,1 dépasse seulement celle de Shawn Kemp de 2,9. Combinez les 5,3 pertes de balle d’Embiid pour 100 possessions avec ses 12,9 tirs manqués, et vous obtiendrez un nombre impressionnant d’opportunités de contre-attaques pour les adversaires.
Enfin, aussi bon qu’Embiid ait été en tant que protecteur d’arceau tout au long de sa carrière, les playoffs ont mis en évidence son manque de mobilité sur le périmètre. Bien entendu, tout cela n’est pas l’apanage d’Embiid. Les stratagèmes contre les grands joueurs traditionnels sont relativement évidents depuis que les Golden State Warriors ont glorifié le « small ball » au début de leur dynastie. Très peu de pivots, surtout lorsqu’ils sont obligés de jouer en dehors de la raquette, peuvent survivre à des attaques sans position ou avec des pick-and-rolls. Mais ça rajoute encore un problème à Embiid en playoffs.
Pendant des années, la conversation sur Embiid a porté sur le MVP. Maintenant que les médias lui en ont donné un, la responsabilité des playoffs est la prochaine étape. Pour emmener les Sixers plus loin qu’ils ne l’ont fait depuis son arrivée, pour permettre à Philadelphie d’atteindre les Finales de Conférence pour la première fois depuis qu’Allen Iverson était le MVP de la ligue, Embiid devra répondre présent. Et tant qu’il ne le fera pas, il n’y a aucune raison de croire que Philadelphie ira loin.
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