Jordan Walsh, un enfer carcéral dans le Massachussets

Surprenant Boston Celtics. Malgré un coup d’arrêt avec deux défaites de suite face aux (mauvais) Bucks et face aux (très bons) Pistons, les hommes de Joe Mazzulla surpassent les attentes au sein de cette (affreuse) Conférence Est. 4ème avec un bilan positif, Boston parvient à rester compétitif en l’absence de leur franchise player Jayson Tatum. La faute à un Jaylen Brown en feu, un Pritchard égal à lui-même, un Neemias Queta solide, un Hugo Gonzalez espagnol avec tout ce que cela implique, mais également un Jordan Walsh en pleine éclosion. 

Un surnom : Alcatraz

Commençons par la commencement. Jordan Walsh est un archétype défensif parfait pour un défenseur extérieur. C’est pour ce potentiel sans limite de ce côté du terrain qu’il a été drafté en 2023, à la 38ème place. Avant sa sélection dans le Massachusetts, on écrivait à son sujet :

Lorsque l’on regarde Jordan Walsh jouer au basket, la qualité qui saute aux yeux c’est évidemment sa défense. L’ailier avait une mission bien précise matchs après matchs et cela consistait tout simplement à faire en sorte que le meilleur scoreur adverse passe la pire soirée possible ».

Promesse tenue. D’autant plus qu’il est très actif pour réaliser des stunts, soit le fait de gêner le passage au panier d’un adversaire lorsque, au hasard, Anfernee Simmons se fait dépasser en 1 contre 1.

Il est difficile de décrire à quel point l’envergure est un atout pour un spécialiste défensif, mais Jordan Walsh nous permet d’y voir plus clair. Il ne mesure « que » 2 mètres, certes, mais ses bras tentaculaires s’étendent sur 2m20, soit plus que Mikal Bridges, les jumeaux Thompson ou encore Draymond Green. De plus, il est très costaud, avec des larges épaules qui lui permettent de tenir au contact sur les drives des extérieurs les plus imposants de la ligue.

Pour aller avec ce cocktail déjà explosif, il est rapide et utilise très bien ses atouts physiques. Cette vitesse lui permet de naviguer à travers les écrans, de rattraper ses erreurs mais aussi d’intervenir en second rideau lorsque c’est nécessaire. Il peut ainsi tout à fait être le défenseur de celui qui prend l’écran, et de celui qui le pose, missions pour lesquelles ses dimensions lui permettent de switcher à volonté, ou de gêner la passe vers le joueur qui coupe. En somme, la polyvalence à l’état pur. 

Ses incroyables prédispositions pour la défense sont la seule et unique raison qui lui ont permis de gratter quelques minutes dans un Boston champion (61 matchs cumulés en 2023-2024 et 2024-25) qui place le spacing au centre de tout. La saison dernière, l’ailier a joué 52 matchs, un total encourageant nuancé par seulement 7,8 minutes de moyenne par apparition. Ces miettes ont tout de même montré qu’il y avait un vrai joueur NBA en défense, mais qu’effectivement il y a BEAUCOUP de travail pour qu’il devienne un joueur NBA en attaque, on y reviendra. 

En défense donc, c’est un poison, un enfer, une sangsue… Tous les synonymes de « collant » font bien l’affaire. Jordan Walsh sait que son salut passe par une attitude irréprochable, donc il s’applique à faire vivre un calvaire à chaque attaquant à qui il est assigné. Ce n’est pas un hasard si Derrick White, l’homme à tout – bien – faire par excellence, l’a surnommé le Garbage Man.

Pour ceux qui se demanderaient si Derrick White était tout à coup devenu vil avec ses coéquipiers, rien à voir. Monsieur Blanc parle simplement de sa capacité à faire le sale boulot. Seulement, Jordan Walsh ne veut pas se contenter de cela. Selon lui (et selon nous), Alcatraz est un bien meilleur surnom pour décrire l’expérience Jordan Walsh en défense. 

J’ai pensé à ‘Alcatraz’. J’aime bien Alcatraz. Le fait de mettre les gens en prison, comme un défenseur, tu les enfermes, sur une île. J’ai toujours eu de la fierté à faire ça. J’ai toujours aimé l’idée de verrouiller le meilleur joueur d’en face et de le sortir de son match. J’ai toujours adoré ça.Jordan Walsh avant le match face aux Knicks.

Ses longs bras lui permettent d’être très dangereux sur interception et de contester les tirs très efficacement. De plus, il est très concentré et dispose de bons instincts défensifs. Le résultat, ce sont des indicateurs très bons. 2,8% de steal percentage et 1,3% de block percentage selon le site Cleaning the Glass.

Pour ces deux statistiques qui mesurent la capacité à faire des interceptions et des contres, Jordan Walsh se trouve dans le top 10% des joueurs à son poste, soit une place parmi l’élite de la NBA. Si l’on exclut les pivots, ils ne sont que 6 joueurs en NBA avec au moins 2% de steal percentage et 1,2% de block percentage. Une place parmi l’élite on a dit. 

Un rouage essentiel pour Joe Mazzulla

Cette saison, Jordan Walsh a défendu Cade Cunningham, Austin Reaves, Donovan Mitchell, Franz Wagner, Paolo Banchero et Karl-Anthony Towns. Un intrus ? Karl-Anthony Towns est bien installé au poste de pivot des New York Knicks. Du haut de ses 2 mètres, l’ailier des Celtics a été positionné en défenseur principal de KAT par le sorcier Joe Mazzulla. Pour ceux qui ont suivi les séries de Playoffs de Boston de ces dernières années, ce n’est pas une surprise.

En effet, Mazzulla a souvent placé Jayson Tatum sur le pivot adverse pour permettre au pivot celte d’être libre (notamment éviter de se retrouver sur les pick-and-roll). Le plus marquant a été sa défense sur Daniel Gafford lors des Finales NBA 2024, face aux Mavericks. On s’éloigne du sujet me direz-vous ? Absolument pas. En l’absence du sextuple All-star, c’est bien le natif de Dallas qui a repris ce rôle et sert les intérêts de Neemias Queta. 

Grâce à ses bras surdimensionnés et son intensité sans limite, il peut « jouer plus grand que sa taille » comme le veut l’expression. Fort heureusement, il est un excellent rebondeur et peut tenir la dragée haute face à certains pivots, en plus de pouvoir les défendre lorsqu’ils ne s’appellent pas Joël Embiid ou Nikola Jokic par exemple (qui le peut ?). Cette faculté permet également à Joe Mazzulla d’installer un small-ball lorsque la situation le demande, pour installer Josh Minott, autre bonne surprise, et Jordan Walsh dans la raquette. 

Jordan Walsh face aux Knicks, tout en intensité. Crédit : AP Photo/Charles Krupa
Jordan Walsh face aux Knicks, tout en intensité. Crédit : AP Photo/Charles Krupa

Jordan Walsh, un temps de jeu obtenu par l’attaque

Donc la défense, aucun problème. Maintenant, s’il est aussi fort en défense, pourquoi ne jouait-il pas plus ? L’attaque évidemment. Au contraire du handball, on ne change pas à chaque possession au basket. Impossible donc d’être longtemps sur le terrain si vous êtes trop pénalisants pour votre équipe d’un côté du terrain (mise à part si vous vous appelez Luka Dončić et autre Trae Young).

Avant cette saison, il n’y avait rien ou presque en attaque. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu de descendre au second tour de la Draft, alors qu’il était jeune et qu’il possède un profil athlétique incroyable. C’est aussi ce qui lui a valu de ne pas jouer sous les ordres d’un coach très exigeant offensivement comme Joe Mazzulla, notamment, comme on l’a dit, sur la faculté à tirer à 3-points.

Pourtant, depuis le début de saison, Jordan Walsh a triplé son temps de jeu, passant de 7 minutes de jeu de moyenne en 2024-25, à 21 minutes de moyenne en 2025-26. Mieux, Jordan Walsh est titulaire tous les matchs depuis le 12 novembre, soit 14 matchs de suite. Pas mal pour un joueur qui a passé 5 minutes cumulées lors des 6 premiers matchs de la saison. 

Outre les absences qui lui permettent de gratter du temps de jeu, Jordan Walsh a progressé en attaque. Le plus flagrant, c’est un exceptionnel 48,8% à 3-points en en prenant uniquement 2 par match, et sur un tout petit échantillon. Ce n’est clairement pas un rythme soutenable pour l’ailier de 3ème année, cependant cela montre qu’il est capable de shooter. Sa mécanique a progressé, elle est plus fluide et il se mue en sniper d’élite sur ce début de saison. Il est clairement en surchauffe au tir mais cela lui donne quelque chose de précieux : du temps sur le parquet. 

Jordan Walsh sans hésitation lorsqu’il est laissé ouvert par Turner. Crédit : NBA

Jordan Walsh ne fait pas que tirer derrière l’arc. Malgré des imperfections évidentes, il attaque plutôt bien les défenseurs qui le serrent trop pour profiter de sa taille, sa vitesse et son explosivité pour attaquer le cercle et tenter de scorer au panier. Ces drives peuvent d’ailleurs souvent finir en dunk si l’on ne le considère pas comme une menace. 

Il apporte aussi énormément au rebond offensif. Déjà très bon rebondeur défensif, il utilise ses qualités pour peser de tout son poids de l’autre côté du terrain. C’est un aspect essentiel de son jeu. Généralement non défendu derrière l’arc quand l’adversaire doit aider au cercle, il a tout le loisir de profiter de ces espaces pour s’imposer au rebond offensif. En témoignent trois rebonds offensifs très importants en fin de match face aux New York Knicks, dans une victoire. 

Un rebond offensif qui se traduit en point pour le numéro 27 des Celtics. Crédit : NBA

Ces progrès se sont traduits en performance chiffrée importante pour Jordan Walsh. 22 points face aux Wizards en étant parfait (8/8) au tir, 17 points face aux Lakers et 20 points face aux Bucks, le tout en l’espace de 4 matchs, pour un joueur qui n’avait jamais dépassé 10 points en un match avant cette saison.

Rien n’est acquis, ce début d’exercice 2025-26 ne pourrait être qu’un conte de fée pour Alcatraz. Néanmoins, avec les progrès qu’il a réalisés et un coach qui semble lui accorder sa confiance, les Boston Celtics ont peut être débloqué un nouveau joueur de rotation très important pour leur futur. 

Les Celtics expérimentent et gagnent des matchs. Voilà un bilan surprenant pour nos amis les leprechauns qui sont dans une année de transition. Exit les Jrue Holiday, Al Horford et autre Kristaps Porzingis, il y a un nouveau shérif en ville qui nous vient tout droit du Texas. Le TD Garden tient son nouveau chouchou, et il s’appelle Jordan Walsh.

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