Les Jeux Olympiques de 1956 à Melbourne, en Australie, ont été marqués par une atmosphère politique tendue et des performances sportives remarquables. Le tournoi de basket-ball, qui s’est déroulé dans ce contexte, a une fois de plus démontré la domination des États-Unis tout en mettant en lumière l’émergence de nouvelles puissances basketballistiques.
Contexte historique
Les Jeux de Melbourne furent les premiers à se tenir dans l’hémisphère sud, marquant une expansion géographique significative pour le mouvement olympique. Cependant, le contexte politique international était tendu, avec des crises telles que l’insurrection de Budapest et la crise du canal de Suez, entraînant le boycott de plusieurs nations. Les Jeux Olympiques ont beau se vouloir en dehors des questions politiques, ils n’échappent pas aux tensions de l’époque.
L’Égypte, l’Irak, le Cambodge et le Liban ont annoncé qu’ils ne participeront pas aux Jeux olympiques en réponse à la crise de Suez, lorsque l’Égypte a été envahie par Israël, le Royaume-Uni et la France. Les Pays-Bas, l’Espagne, la Suisse et le Liechtenstein ont boycotté l’événement pour protester contre l’écrasement de la révolution hongroise par l’Union soviétique. La République populaire de Chine a choisi de boycotter l’événement parce que la République de Chine avait été autorisée à concourir. Malgré cela, la compétition de basketball s’annonçait prometteuse avec la participation de 15 équipes, dont des puissances émergentes du bloc soviétique et d’autres régions du monde.
La compétition de 1956
Le tournoi de basket-ball se déroule du 22 novembre au 1er décembre 1956. Les matchs se jouèrent au Royal Exhibition Building, un lieu historique construit à la fin du 19e siècle qui ajoute une touche particulière à l’événement.
De 23 équipes aux deux éditions précédentes, le tournoi olympique est passé à 15 équipes. Un nombre assez faible et expliqué en partie par les nombreux boycotts. Les équipes étaient réparties en quatre poules, avec quatre équipes dans trois des poules et seulement trois dans la quatrième. Chaque équipe a joué une fois contre chacune des autres équipes de sa poule. Les deux premières équipes de chaque poule se sont qualifiées pour les quarts de finale, où elles ont à nouveau été réparties en poules de quatre.
Les équipes ont à nouveau affronté toutes les autres équipes de leur poule, les deux premières de chaque poule accèdent à la demi-finale et les deux dernières entrent dans une poule pour les 5e à 8e places. Les équipes éliminées ont également disputé des matchs de consolation, avec la même structure que les quarts de finale et les finales, mais pour les places 9 à 15.
Une nouveauté en 1956: l’horloge des tirs. Introduit en 1954 en NBA, la FIBA l’a adopté cette année-là, mais au lieu des 24 secondes que l’on connaît bien, le compte à rebours était de 30 secondes. Cela a permis d’éviter les matchs comme la finale de 1952 où les équipes pouvaient arrêter le jeu complètement.
Les États-Unis, champions olympiques et du monde en titre, arrivent avec une équipe composée de joueurs universitaires et amateurs, en accord avec les règles olympiques de l’époque. Entraîné par Gerald Tucker, leur équipe est menée par Bill Russell, qui deviendra plus tard une légende de la NBA, et K.C. Jones, un autre futur grand nom du basketball professionnel. Russell et Jones avaient fait équipe pour mener l’Université de San Francisco à deux championnats NCAA consécutifs en 1955 et 1956. Russell aurait pu devenir professionnel et ne pas participer aux Jeux Olympiques, mais le pivot voulait vivre l’expérience des Jeux Olympiques.
L’Union soviétique de Jānis Krūmiņš et Stanislovas Stonkus, médaillée d’argent aux derniers Jeux Olympiques et médaillée de bronze à l’EuroBasket 1955, étaient également dans la course. L’Uruguay, médaillé de bronze aux derniers Jeux Olympiques et quadruple champion d’Amérique du Sud en titre, pouvait compter sur Oscar Moglia, le meilleur marqueur au Championnat du Monde 1954.
Le Brésil, médaillé d’argent au dernier Championnat du Monde, avait Wlamir Marques et Zenny « Algodão » de Azevedo, deux joueurs nommés dans le 5 majeur du tournoi de 54. Enfin, les Philippines, médaillés de bronze en 54 et vainqueur des Jeux d’Asie cette année-là disposaient de Carlos « Caloy » Loyzaga, lui aussi nommé dans le 5 majeur du Championnat du Monde à Rio de Janeiro.
Les moments clés
Le tournoi fut marqué par des matchs intenses et une compétition féroce. Les États-Unis dominèrent la phase de groupes, montrant une supériorité technique et athlétique indéniable. Leur style de jeu rapide et leur défense solide leur permirent de remporter leurs matchs avec une marge confortable. L’équipe, qui a marqué en moyenne près de 100 points par match, a battu chacun de ses adversaires par au moins 30 points.
Les Américains ont battu le Japon par 58 points, la Thaïlande par 72 points et les Philippines par 68 points en phase de groupe avant de battre la Bulgarie par 41 points, le Brésil par 62 points et l’Union soviétique par 30 points pour atteindre les demi-finales sans avoir été battu. Les États-Unis ont battu l’Uruguay par 63 points pour atteindre le match pour la médaille d’or. Le meilleur marqueur de l’équipe américaine est Russell, avec 14,1 points par match, tandis que Jones affiche une moyenne de 10,9 points.
L’Uruguay comptait dans ses rangs Oscar Moglia, meilleur marqueur du tournoi avec 26,0 points par match. Mais il fut malheureusement absent pour ce match et sans lui, sa nation n’avait aucune chance. 38–101 fut le score final de cette demi-finale. Finalement, la nation sud-américaine a remporté la médaille de bronze en battant la France de Robert Monclar, père de Jacques, 62–71.
De l’autre côté, si l’URSS atteint le stade de la compétition à laquelle on les attendait, ils n’ont pas particulièrement brillés. Jānis Krūmiņš, le géant letton de 2,20m, n’a joué qu’à 5 des 8 matchs pour cause de blessure. Dans la première phase de groupe, la France les a battu 76-67 avec 15 points de Roger Antoine, dans un match où les Bleus entraînés par Robert Busnel ont employé une défense de zone rare à l’époque pour surprendre la superpuissance européenne.
Dans la deuxième phase de groupe, les USA les battent 55–85 dans un match qui servira d’aperçu avant la finale. Malgré tout, l’URSS a réussi à prendre sa revanche sur la France avec une victoire 56-49. Les 12 points d’Antoine n’ont pas été suffisant face aux 27 de Krūmiņš.
Pas de médaille pour les Bleus, et ce alors qu’ils avaient battu l’Uruguay lors de la deuxième phase 66-62, mais un beau parcours pour une équipe de France qui ressortait d’un EuroBasket décevant. Mené par le Marocain (son surnom) Henri Grange, alors triple champion de France en titre avec l’ASVEL, cette équipe reste une des meilleures de l’histoire de la nation.
La finale, disputée le 1er décembre 1956, oppose les États-Unis à l’URSS, qui comme en 1952, représente un affrontement hautement symbolique dans le contexte de la Guerre froide. Les Américains remportèrent la finale avec un score de 89-55, ainsi que leur quatrième médaille d’or consécutive en basketball olympique. Bill Russell se distingue particulièrement par ses performances dominantes, notamment en défense et au rebond. Le meilleur marqueur de cette finale était Robert Jeangerard, avec 16 points pour le joueur des Phillips 66ers de la National Industrial Basketball League.
Avec 99,1 points de moyenne et seulement 45,6 points encaissés par rencontre, ils affichent un différentiel de +53,5 points. Un record qu’aucune autre équipe américaine n’a approché depuis. Un symbole d’une domination sans partage.
Impact et héritage
Les Jeux Olympiques de 1956 ont eu un impact durable sur le développement du basketball mondial. La performance des États-Unis réaffirma leur suprématie dans le sport, inspirant de nombreux jeunes athlètes à travers le monde. La rivalité avec l’URSS commença à se dessiner plus nettement, posant les bases de nombreuses confrontations futures.
Le basketball aux Jeux Olympiques de 1956 à Melbourne représente un chapitre crucial dans l’histoire du sport. Il symbolise non seulement la domination continue des États-Unis mais aussi l’émergence de nouvelles puissances et l’influence croissante du basketball à l’échelle mondiale.
[…] 1956 […]