James Harden

James Harden est-il en train de gâcher sa fin de carrière ?

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Sortis en demi-finale de conférence par les Celtics après un Game 7 à sens unique, les Sixers peuvent nourrir des regrets, tant la possibilité d’enfin rejoindre les finales de conférence était présente. Encore plus après la cinquième manche remportée à la maison, grâce à un énorme James Harden, comme il le fut pour prendre le premier match et permettre à Philly de récupérer l’avantage du terrain.

Cet article a été écrit par Aurélien Annecca.

Oui mais voilà, ces deux matchs phénoménaux du Barbu sont entourés de sorties compliquées, pour ne pas dire insignifiantes. Encore une fois, le meneur n’a pas répondu présent dans des moments qui comptent. Il n’est pas le seul, certes. Mais la suite des événements fait qu’on va s’intéresser de son cas de plus près. En effet, peu avant la Free Agency, le numéro 1 de Philadelphie a activé sa player option et demandé son trade dans la foulée.

À présent, revenons sur sa carrière, pour arriver au point où tout a basculé, le Game 7 entre les Rockets et les Warriors de 2018, ainsi que les conséquences qu’a eu cette défaite de Houston sur la suite de carrière du joueur.

27 octobre 2012 : départ du Thunder pour les Rockets

Finaliste malheureux, le Thunder voit le Heat remporter le titre sous ses yeux. L’équipe peut être déçue, notamment de la production de James Harden, sixième homme à cette époque, qui devait mener la second unit et faire mal à la franchise floridienne. Il n’en sera rien. 12 points de moyenne, seulement, avec des pourcentages douteux. L’impact attendu n’est pas présent, alors que des négociations salariales se profilent. Les deux parties ne s’entendent pas et le Sixth Man of the Year quittera l’équipe, avec des millions de questions et suppositions sur ce qu’aurait donné le Thunder si Harden était resté avec Kevin Durant et Russell Westbrook.

À l’aube du début de la saison 12-13, les Rockets, avec Daryl Morey aux commandes, le récupèrent. Première saison avec Houston : 26 points, 6 passes, 5 rebonds, All-star. Aucun doute, la franchise texane tient sa superstar, et le General Manager va construire autour pour atteindre son objectif : gagner le titre.

Aux côtés d’Harden, on retrouve Chandler Parsons, sophomore. Et l’ailier assure avec 15 points, de la réussite à 3 points et de la défense. Pat Beverley arrive en NBA, apporte son énergie, ses qualités défensives et du shoot. Une petite base solide. La saison suivante, Dwight Howard rejoint l’équipe. Après un exercice compliqué chez les Lakers, le triple défenseur de l’année doit aider cette équipe à passer un cap. Malgré des stats convaincantes avec 18 points, 12 rebonds et presque 2 contres, ainsi qu’une présence au All-star Game, ça ne suffit pas et Houston sort au premier tour, battus par les Blazers (avec l’énorme shoot de Lillard qui crucifie les Rockets).

La saison suivante, Chandler Parsons quitte le navire pour rejoindre le rival Dallas. Pour le remplacer, l’excellent Trevor Ariza, en provenance des Wizards, s’installe dans l’aile. Houston progresse et remporte 56 matchs pour finir sur le podium de l’Ouest. Le parcours de Playoffs ira jusqu’en finale de conférence, butant sur les Warriors (ce qui se reproduira à plusieurs reprises). La saison suivante, la finalité est la même, mais le parcours s’arrête au premier tour, après une saison régulière tout juste finie à l’équilibre et une qualification sur le fil.

L’été 2016 marque un gros coup d’accélérateur dans le projet. Mike D’Antoni arrive sur le banc. Les joueurs avec du talent offensif et à la passe, il connait bien (hello Steve Nash). Le projet Capela, sélectionné à la Draft 2014 se développe bien et il s’installe comme titulaire au poste de pivot. À ses côtés dans la raquette on trouve Ryan Anderson, arrivé des Pelicans, ailier-fort moderne, capable de s’écarter et sanctionner de loin (40% de réussite à 3 points). Enfin, Eric Gordon renforce la second unit texane. Tellement bien qu’il finira même sixième homme de l’année. Un petit Lou Williams arrive dans la saison et les Rockets terminent 3e de conférence. Une saison énorme d’Harden, qui aurait pu se terminer par un titre de MVP, si Westbrook n’avait pas été légendaire. Au premier tour de la postseason, aucune discussion en revanche. Le Thunder est trop faible et l’affaire est pliée en 5 matchs. C’est maintenant l’heure pour un duel entre texans avec les Spurs qui se présentent. Le Game 5 démarre à San Antonio, avec une série à 2-2. L’arrière n’est pas très propre au shoot mais réalise un gros match avec un triple double à 33 points. Mais la prolongation de ce match est cataclysmique de la part du numéro 13 des fusées : aucun point, trois ballons perdus et surtout, ce shoot au buzzer, contré par Ginobili, qui permet aux Spurs de reprendre l’avantage dans la série. Et que dire du Game 6, à la maison, qui sera un véritable blowout, remporté par les Spurs de 39 points, pourtant dépourvus de Kawhi Leonard. 2/11 aux shoots, à peine 10 points. Cette élimination cuisante fait mal aux Rockets et surtout à Harden. Il faudra revenir, et cette fois-ci encore plus fort.

28 juin 2017 : Chris Paul rejoint les Rockets

Après avoir bien renforcé le groupe un an auparavant, Daryl Morey n’en a pas fini et veut passer à l’étape supérieur. La déception des Playoffs passée, il se remet au travail et frappe un grand coup : Chris Paul vient compléter le backcourt. Pat Beverley, après cinq ans de bons et loyaux services, Lou Williams, Montrezl Harrell, quelques pièces et un pick rejoignent les Clippers en échange du Point God. Mike D’Antoni obtient à nouveau un meneur All-time entre ses mains, un maître de la gestion et de la passe pour parfaire son système. De quoi soulager un peu James Harden. Le duo va réaliser une saison incroyable. Les Rockets terminent avec 65 victoires, meilleur bilan de l’Ouest et de leur histoire. Attaque la plus efficace de la ligue avec le meilleur offensive rating, Houston domine la NBA du début à la fin, avec plusieurs séries de victoires assez impressionnantes, dont une de 17 entre la fin janvier et début mars. La puissance offensive est incroyable, le système tourne bien, la défense est en place et bien solide. Les texans sont prêts. Prêts à se frotter aux Warriors de Stephen Curry, Kevin Durant, Klay Thompson, Draymond Green, Steve Kerr et compagnie. Deux premiers tours pour se mettre en jambes où les Wolves et le Jazz n’auront pas l’ombre d’une chance et la confrontation entre les deux monstres de la conférence arrive.

À l’issue du premier match, les Warriors l’emportent et prennent l’avantage du terrain par la même occasion. La réponse des Rockets ne se fait pas attendre : +22 au match suivant, dans une rencontre dominée de bout en bout pour revenir à la hauteur. Les physionomies sont totalement différentes mais les deux matchs suivants sont partagés entre les équipes. Une série à 2-2 avant un Game 5 qui s’annonce bouillant. Rencontre remportée par les Rockets. Malgré des pourcentages douteux des stars, l’essentiel est ailleurs et Houston se rapproche de l’exploit. Cependant, tout n’est pas rose dans cette histoire : Chris Paul se blesse en toute fin de rencontre et ne sera pas présent pour le match 6 chez les Warriors, où Golden State ne laissera aucune chance aux fusées. Rendez-vous pour un Game 7 d’anthologie.

28 mai 2018 : Game 7 entre Rockets et Warriors

Tout est en place. Houston, malgré l’absence du Point God, toujours souffrant, est prêt à renverser cette équipe décrite comme imbattable. Quand bien même un élément majeur manque à l’appel, les Rockets font très bien le travail en première mi-temps. Avantage aux locaux qui mènent de 11 points. La moitié du chemin est déjà fait, reste à confirmer lors du second acte de ce match. Seulement 15 points inscrits lors du troisième quart-temps, marqué d’un affreux 0 sur 14 depuis l’arc sur la période, au milieu de la malheureuse série de 27 shoots à 3 points loupés à cheval entre la fin du second quart-temps et le milieu du quatrième ! Les Warriors ont refait leur retard et prendront les devants pour ne plus lâcher les commandes. Score final : 101-92 pour Golden State, qui terrassera les Cavs en finales pour réaliser le back-to-back. On pourra revenir sur certaines décisions arbitrales, sur l’absence de Chris Paul, sur l’entêtement des Rockets à envoyer des briques depuis l’arc, le constat est le même. Houston échoue dans sa quête de titre. James Harden terminera ce match à 32 points mais un abominable 2 sur 13 de loin.

On prend les mêmes et on recommence ? Après tout, certaines circonstances expliquent ce revers et il ne manquait pas grand-chose pour aller au bout. Si la cuisse de Chris Paul tient le coup, la discussion n’est pas la même. D’ailleurs, en plus de Trevor Ariza et Clint Capela, le meneur arrive sur le marché, et d’après ce qu’il se dit, il ambitionne de prendre le max…

1er juillet 2018 : le début du déclin collectif

Les craintes augmentaient à l’approche de la Free Agency et rapidement le scénario cauchemar arriva. 160 millions sur 4 ans. Une des premières signatures et peut-être celle qui a scellé le destin de ces Rockets. Le Point God prend son contrat max, Clint Capela finit par être prolongé mais Ariza signe aux Suns. Carmelo Anthony, fraîchement coupé par les Hawks signe au minimum mais cela ne compensera pas le départ de l’ailier. Le début de saison est catastrophique et très vite Melo quitte la franchise puis Chris Paul se blesse. Afin de ne pas sombrer, James Harden porte Houston comme il peut et terminera la saison avec 36 points de moyenne ! Cependant, l’équipe est affaiblie par rapport à la saison dernière et les Warriors battront à nouveau les texans, au deuxième tour des Playoffs, en 6 matchs. La saison suivante sera une vaine tentative de sauvetage du projet avec un swap entre Chris Paul et Russell Westbrook, qui retrouve son ancien coéquipier. Saison tronquée par le Covid et qui se finira tristement sur un gentleman sweep des Lakers, futurs champions. C’est la fin du projet fou de Daryl Morey, qui meurt avec ses idées d’analytics, de trois points à outrance. Mike D’Antoni prend la porte et les Rockets vont repartir d’une feuille blanche. Blanche car Russell Westbrook sera envoyé aux Wizards avant le début de la saison. Malgré l’arrivée d’un nouveau coach et de John Wall, le barbu souhaite quitter la franchise dont il est l’emblème depuis 2012.

13 janvier 2021 : transfert de James Harden aux Nets

En ce début d’année 2021, la planète NBA va être secouée : James Harden quitte officiellement les Rockets pour rejoindre Brooklyn et former un trio de feu avec Kevin Durant et Kyrie Irving. Et tout se passe bien dans un premier temps. Le joueur sera une nouvelle fois All-star, tourne en 24 points, 11 passes et 8 rebonds avec les Nets. Les trois hommes sont trop peu souvent alignés ensemble mais l’équipe fait office de monstre à l’approche des Playoffs. Premier tour géré sans difficulté face aux Celtics et ce sont les Bucks qui se présentent. Ainsi que le début des problèmes. Moins d’une minute de jeu dans le premier match et Harden se voit contraint de quitter ses partenaires après une blessure. Il ne reviendra que pour le Game 5, alors que c’est au tour d’Irving d’être absent, et qui ne reviendra plus de la série. En manque de rythme, le MVP 2018 ne peut empêcher Milwaukee de triompher, avec une prestation chaotique lors du Game 7, 22-9-9 sur la feuille de match, mais 5/17 aux tirs dont un 2/12 de loin.

Les Nets repartent avec le trio la saison suivante et les résultats sont présents. Mais à partir de 2022 tout va basculer. Kevin Durant se blesse et Brooklyn s’écroule. Notamment parce que ça ne fonctionne pas entre Harden et Irving. L’entente est catastrophique et la franchise dans une spirale négative. Dans le même temps des rumeurs circulent sur un départ, une nouvelle fois, du guard arrivé un an auparavant. Son nom revient avec insistance du côté de Philadelphie avec un nouveau General Manager aux manettes depuis peu, en la personne de… Daryl Morey ! Le dirigeant aimerait collaborer à nouveau avec son joueur, et par la même se séparer de Ben Simmons, plus du tout en odeur de sainteté dans la ville.

10 février 2022 : transfert aux Sixers

13 mois, quasiment jour pour jour, après son départ de Houston, James Harden se retrouve à nouveau dans un gros trade, cette fois pour renforcer les Sixers et faire un duo avec Joel Embiid. L’histoire commence bien et ce tandem marche, avec le pivot qui continuer d’afficher une domination monstrueuse. Tandis que le nouveau meneur est en double-double avec 20 points et 10 passes sur le bout de saison réalisé avec la franchise. Après avoir écarté les Raptors, Philadelphie doit faire face au Heat, mené par Jimmy Butler. Et James Harden ne sera pas au rendez-vous… seulement 18 points pour 7 passes et des pourcentages faibles, l’histoire se répète pour le barbu, qui ne peut échapper aux critiques.

Après l’échec de 2022, Daryl Morey se retrousse les manches et offre à Doc Rivers un bel effectif qui doit enfin atteindre les finales de conférence, niveau atteint pour la dernière fois en…2001. Et la saison régulière est bien maîtrisée : Joel Embiid enfin couronné MVP, Tyrese Maxey continue sa progression et Harden met 21 points et termine meilleur passeur de la ligue (pas assez pour être All-star cette année-là visiblement). Malheureusement, ça ne passe toujours pas et les Celtics sortent les Sixers en demi-finale de conférence…

30 juin 2023 : demande de transfert

On en arrive à cette Free Agency. En possession d’une player option, Harden a réalisé un petit sacrifice l’été dernier pour offrir de la flexibilité à la franchise et il souhaite être mieux payé. Visiblement pas entendu par son management, il décide d’activer son option et demande à être transféré dans la foulée ! Un mouvement que personne n’a réellement anticipé et qui met les deux parties en difficulté. Or, le marché ne se bouscule pas pour le joueur et jusqu’à présent c’est l’impasse. Il se dit que sa demande a été réitérée mais que les Sixers ne braderont pas le joueur. Il pourrait même commencer la saison avec le maillot de Philly.

Petit récapitulatif pour faire un point sur sa situation :

2020-21 : démarrage aux Rockets avant un trade au Nets ;
2021-22 : démarrage aux Nets avant un trade aux Sixers ;
2022-23 : saison avec les Sixers et demande de trade à la fin de celle-ci ;
2023-24 : encore la grande inconnue.

En cas de départ, le joueur démarrerait une quatrième saison de suite avec un maillot différent.

Considéré parmi les meilleurs joueurs offensifs de l’histoire et possiblement top 5 parmi les arrières qui ont foulé les terrains NBA, Harden est petit à petit en train de ternir son image avec ses volontés de départ à répétition, pour des raisons sportives ou financières. Au point de passer d’une icône absolue chez les Rockets, pas loin de vaincre les Warriors au milieu de leur dynastie, à un joueur qui se fait bouger à chaque trade deadline ces dernières saisons. En route sur ses 34 ans (le 26 août prochain), le barbu se rapproche dangereusement d’une carrière vierge de titre collectif, comme des monstres l’ont connu avant lui, mais en y ajoutant pour sa part un héritage qui se dégrade au fur et à mesure que l’on avance. En souhaitant à James Harden qu’il finisse par s’installer quelque part pour sa fin de carrière, et y remporter une bague, pour ne pas rejoindre la caste des Iverson, Ewing ou encore Baylor, qui ont connu des fins décevantes, voire désastreuses…

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