Ancien joueur de Pro A sous les couleurs de la JDA et double champion de France a donné une interview à deux membres de la rédaction. L’occasion de revenir sur sa riche carrière l’emmenant de sa ville de Koulikoro au Mali jusqu’à défendre les couleurs de sa sélection lors de l’Afrobasket 2015.
Adriano : Avant de passer en revue ta carrière, on aimerait savoir ce que tu deviens aujourd’hui. Si tu as déjà entamé une reconversion et si tu joues encore au basket ?
Drissa Ballo : Oui, oui, effectivement, là, j’ai entamé une reconversion dans le transport. Maintenant les genoux sont un peu abîmés, mais je continue à jouer. Je joue à Champagnole, à une heure et quart de Dijon, en pré-nationale. Je jouais encore en nationale 3 à Strasbourg, mais la décision était de revenir vers Dijon vu qu’on a un petit garçon qui a bientôt trois ans. Vu que la famille est à Dijon, on a voulu se rapprocher.
Ruben : On va repartir aux racines de ta carrière, on va repartir sur la période au Mali. Souvent, quand on parle de l’Afrique ou du Mali, on sait que le football est le sport dominant. Mais on voudrait savoir si le basket a une place minoritaire ou s’il est tout de même assez présent ?
Drissa Ballo : Si, si, maintenant le basket commence vraiment à prendre de la place au Mali. Avec l’Afrobasket et la sélection a de très bons résultats. Ça fait déjà plusieurs années que le basket prend de plus en plus de place au Mali. Mais c’est vrai que le sport numéro 1 reste le foot. Mais le basket commence tout de même à s’y imposer.
Ruben : Toi, quand tu as commencé, c’était au début des années 2000 ? Et, est-ce que les infrastructures étaient faciles d’accès ?
Drissa Ballo : Alors, moi, j’ai commencé le basket en 2007 à Koulikoro. Au début, je ne faisais même pas du basket, je faisais du foot. J’étais gardien de but et je n’étais pas mal d’ailleurs. Et c’est mon grand frère qui faisait du basket. Bah, du coup forcément, j’ai grandi vite, j’ai vite atteint les deux mètres et je me suis dit qu’il fallait que je me mette au basket.
Adriano : Tu disais que tu étais gardien de but, je crois que Olajuwon le fut également. Je voulais te demander l’influence que peuvent avoir des idoles comme Hakeem ou Dikembe sur le continent africain ?
Drissa Ballo : C’est sûr que des gars comme Hakeem ou Dikembe ce sont des idoles. Mais moi, pour de vrai, mon idole, c’était Shaquille O’Neal. On m’appelait même Baby Shaq.
Ruben : Est-ce qu’au Mali, tu arrivais à suivre les compétitions comme la NBA ?
Drissa Ballo : Si, si, je suivais un peu les matchs NBA. Les résultats, les vidéos, je les voyais jouer. C’était comme un rêve en fait.
Ruben : Est-ce que ton arrivée en France est liée au Basket ?
Drissa Ballo : Effectivement, comme on l’a dit, j’ai commencé le basket à Koulikoro. Donc deux ans plus tard, on devait faire la sélection nationale des U16. Et moi, j’étais surclassé, et en fait, à l’époque, notre coach de la sélection connaissait un peu la JDA. Du coup, eux, ils avaient besoin d’un intérieur pour jouer en jeune et ils m’ont contacté et on a fait une vidéo. Et c’est comme ça que la JDA m’a fait venir du Mali pour faire sport étude.
Adriano : On va donc commencer par ta première saison en espoir. Quand on regarde tes stats, tu es premier aux rebonds et troisième en termes de points. Au vu des statistiques, ce n’était pas réellement une saison d’adaptation. Comme tu t’es fait à ce nouvel environnement et à ce nouveau style de jeu ?
Drissa Ballo : C’est une très bonne question. Ce n’était pas facile, quand tu quittes l’Afrique comme ça, surtout que j’avais 15 ans et en plus, je suis arrivé en octobre. Ça veut dire qu’il faisait vraiment froid et moi, je suis débarqué avec des shorts et des T-shirts. Voilà, et du coup le coach est venu me chercher et il m’a dit : »Mais attends, tu as débarqué en T-shirt et tout ».
Mais je ne pouvais pas savoir moi. Au début, c’était dur, surtout au niveau famille et tout ce n’était vraiment pas évident. Mais bon, je me suis bien adapté. Même au niveau basket ce n’était vraiment pas le même jeu qu’en Afrique. Ici, on est basé sur des systèmes et on doit plus se placer. Je me suis très vite adapté quand même.
Ruben : On parlait de la première saison, mais lors de ta deuxième, tu doubles les stats et tu étais en double double de moyenne. Tu deviens une pièce essentielle de ton équipe en espoir. Qu’est-ce qui a changé entre ces deux saisons d’un point de vue collectif et individuel par rapport à ton utilisation ? Si tu avais plus de ballons et de systèmes pour toi ?
Drissa Ballo : Effectivement, car avant que je commence à jouer en « espoirs », je jouais déjà en cadets. Où j’ai pas mal travaillé, où j’ai beaucoup bossé. Car je me rappelle ma deuxième année « cadets », je m’entraine avec les cadets, avec les « espoirs » et avec les pros. Du coup, je m’entrainais vraiment beaucoup, et bah, quand j’ai joué en « espoirs » pour la première, je découvrais beaucoup. Mais après, j’avais de l’expérience à ce niveau-là donc c’est ce qui a facilité les stats.
Ruben : Quand tu es arrivé en France, tu faisais quelle taille ?
Drissa Ballo : Je faisais 2,02 m, j’étais très grand déjà.
Adriano : Dans ta poule, on a regardé et on a souligné quelques noms comme Vincent Poirier, Moustapha Fall ou encore Clint Capela. Ce sont des joueurs que tu as affrontés sur des match-ups direct. Est-ce qu’il y en a un qui t’a plus marqué que les autres ?
Drissa Ballo : Effectivement, j’ai joué contre ces gars, car on est de la même génération. Si, si, j’ai souvent joué contre Clint Capela parce qu’il était à Châlons et que c’étaient les rivaux. Donc j’ai beaucoup joué contre ces gars, et le gars qui m’a vraiment impressionné ? Bah, c’est Clint Capela ! En « espoirs » déjà, niveau athlétique, il était vraiment au-dessus. Il avait vraiment des qualités hors normes !
Ruben : Tu nous as dit que tu t’entraînais avec les pros depuis les « cadets ». Mais de ce qu’on voit en ligne, lors de ta dernière saison « espoirs », tu as pu faire partie du groupe des pros lors de quelques rencontres. Tu as pu participer à quelques matchs. Comment ça s’est passé lorsque le coach t’a appelé pour te prévenir ? Et si ça représentait quelque chose de spécial à tes yeux ?
Drissa Ballo : Effectivement, ça, c’est quand même une fierté, on est content parce que, quand on commence le basket et qu’on est vraiment fan de ça, le rêve, c’est vraiment de passer professionnel. Et quand on t’annonce que tu seras dans les mêmes groupes que les pros, que tu vas t’entraîner avec eux, même si on ne va pas te donner beaucoup dans le jeu, quand même, tu pourras être amené à rentrer sur le terrain. Donc ça, c’est vraiment une fierté quand même et c’est l’aboutissement de tout le travail.
Je me rappelle que ma première rentrée en pro, c’était en coupe d’Europe, je crois. Je n’avais pas été mal d’ailleurs. Franchement, c’était vraiment une fierté et j’étais très content.
Adriano : Tu as joué en Pro A et en Eurocup, tu as affronté des équipes comme l’Asvel ou le Bayern. Est-ce qu’il y a un match qui t’a particulièrement marqué et si tu te souviens de tes premiers points en professionnel ?
Drissa Ballo : Je crois que mon premier point, c’était bien ce match (face au Bayern Munich), sur la passe de T.J. Campbell, je crois. Je crois que c’était lui. Franchement, j’étais trop content, premier panier en pro, c’est quelque chose. Je crois que j’avais aussi fait une entrée en Pro A, contre l’ASVEL. Il y avait qui à l’intérieur ? Il m’avait impressionné tout de même. Je ne me rappelle plus du tout, mais ça m’avait impressionné.

Adriano : Grâce à cette saison, tu découvres la sélection nationale malienne. Tu nous avais dit que tu avais déjà joué avec les jeunes, mais comment as-tu vécu cette première convocation avec l’équipe une ?
Drissa Ballo : Franchement, ça, c’était WOW ! Quand on t’appelle et on te dit que tu vas représenter ton pays, c’est quand même une fierté de pouvoir le représenter, surtout à 19 ans. Aller avec la sélection 1, ce n’était pas donné à tout le monde.
Adriano : Avant cette sélection à l’Afrobasket, est-ce que tu étais retourné au Mali pour jouer dans les sélections jeunes ?
Drissa Ballo : Non, parce que quand on faisait la préparation pour faire la coupe d’Afrique des moins de 16 ans. J’ai eu l’opportunité de venir à Dijon, et en plus, ils étaient pressés pour que je vienne. Du coup, j’ai dû quitter la sélection pour venir ici. Ma première vraie sélection était donc avec l’équipe A.
Ruben : Quand tu arrives, tu fais l’Afrobasket en 2015, le Mali fait un beau parcours vu que vous aviez terminé septième de la compétition. Vous avez perdu contre le pays organisateur, la Tunisie. Un parcours tout de même satisfaisant avec plein de victoires. Est-ce que tu pourrais nous en parler, car être en sélection lors d’une compétition ce n’est pas la même chose que lors d’un match de qualification ou amical.
Drissa Ballo : Oui parce que, lorsque ce sont les qualifs, ça tombe au moment de la saison. On a deux, trois semaines en décembre pour la sélection. Mais là, on s’est préparé un mois parce que c’était l’été et on a pu en profiter pour travailler.
On avait un très bon groupe, c’étaient mes grands frères quoi ! Ils m’ont bien adopté et je me suis bien intégré. J’avais un rôle défini dès la première sélection.

Adriano : A ton retour de cet Afrobasket, tu découvres un autre club. Tu vas à Hyères-Toulon en Pro B pour ta première saison professionnelle complète. L’enjeu était de gagner de l’expérience pour retourner avec la JDA ? Et est-ce qu’ils te suivaient encore ?
Drissa Ballo : Effectivement, quand je suis parti à Toulon, c’était en prêt. Parce que la JDA était en Jeep Elite, ils jouaient la coupe d’Europe, et moi, j’étais encore un petit jeune. Je savais qu’en restant à Dijon, ils n’allaient pas me donner l’opportunité de jouer. Ils m’avaient proposé de rester, mais avec mon agent, on est plus partis sur des prêts.
Ruben : On a vu qu’à certaines périodes de changement de club, tu privilégiais le temps de jeu.
Drissa Ballo : Oui et je n’ai pas du tout regretté vu qu’on a fait une très belle saison. On a fini champions de France de Pro B.
Ruben : Cette saison, tu tournes en 3 points et 5 rebonds en 13 minutes. En peu de temps de jeu, c’est très efficace, on a vu en regardant les feuilles de matchs que tu avais un rôle de back-up de Jonathan Tornato. Un joueur confirmé et également ancien de la JDA. Que peux-tu nous dire sur ce rôle de back-up, un rôle important, encore plus au poste 5.
Drissa Ballo : J’étais vraiment là pour apprendre à jouer au haut niveau. Et, être derrière Jonathan Tornato, qui est un très bon gars d’ailleurs, ça c’est très bien passé, on a eu une très bonne saison ensemble. Mon rôle dans l’équipe c’était d’apporter de l’énergie. Déjà en « espoirs », j’étais meilleur rebondeur et tout, du coup, ils m’ont dit : » tu rentres, tu défends et tu te donnes à 200%. Tu prends des rebonds et en attaque tu prends ce qu’on te donne. »
Ruben : Le poste de pivot peut être parfois ingrat !
Drissa Ballo : C’est ça, on est vraiment dépendant des autres. Mais ce rôle, je pense que je l’ai très bien fait. J’ai fini meilleur rebondeur à la minute. Le coach était très content de moi et on a passé une très bonne saison.
Adriano : Tu es donc allé à Toulon, une ville complètement différente de Dijon que ce soit au travers du climat ou de la ville. Tu peux nous dire comment tu t’y es adapté et si des joueurs t’ont servi de mentors ?
Drissa Ballo : Ca c’est bien passé, même si c’était quand même un changement, changer de ville tu dois t’adapter encore. Mais avec les championnats « espoirs » tu visites plusieurs villes donc tu t’y habitues. Mais à Toulon ça va, le climat, la mer et tout, ça change de Dijon. J’ai kiffé cette ville.
Effectivement, il y avait Anthony Christophe, un meneur qui avait joué à la JDA aussi quand j’étais en « espoirs ». On avait un très bon groupe, il y avait lui, William Howard qui avait à peu près le même âge, Clément Cavallo. Donc voilà, ce sont des gars qui m’ont vraiment aidé à m’adapter.
Ruben : C’était un effectif très soudé ?
Drissa Ballo : Oui, niveau collectif, la cohésion d’équipe, franchement, il n’y a rien à dire. Pour te dire, on a encore un groupe WhatsApp où on met encore des messages alors que ça fait 10 ans.
Ruben : La première saison se termine avec un titre de champion. Malgré ça, tu n’es pas resté à Hyères et tu n’es également pas revenu à la JDA. Est-ce qu’ils t’ont quand même proposé une offre ?
Drissa Ballo : Justement, parce qu’à la fin de cette saison on a bien parlé avec mon agent, et il m’a dit que la meilleure décision ne sera pas de revenir à Dijon. Car le poste était déjà rempli et puis les français qui étaient là à ce poste ne jouaient pas beaucoup. Et moi, un petit jeune, si je revenais, j’allais cirer le banc. C’est pour ça que je ne suis pas revenu à Dijon.
Adriano : Est-ce que tu avais eu d’autres offres en Pro A ?
Drissa Ballo : A ce moment je n’avais pas eu d’offres en Pro A mais, j’en avais pas mal eu en Pro B.
Adriano : D’un point de vue statistique, cette saison à Aix-Maurienne est semblable à ta précédente. Est-ce que tu peux nous parler du rôle que tu avais, et si on te donnait plus d’importance ?
Drissa Ballo : A Aix je jouais un petit peu plus, mais pareil j’étais derrière un américain. Au final j’avais le même rôle qu’à Toulon. Sachant qu’à Toulon c’était Jonathan Tornato, c’était un très bon joueur, mais là, c’était un Américain. Ils ont un statut, il fallait que les minutes qu’on me donnait je devais les rentabiliser au maximum.
Ruben : Tu restes efficace, c’est une saison similaire de ce point de vue. Malgré tout, à la fin de saison vous terminez seizième. Tu as donc connu en deux saisons l’exact opposé entre le titre et le danger de relégation. Qu’as-tu retenu de cette saison « mauvaise » alors que tu étais régulier ?
Drissa Ballo : Sur le plan individuel, je pense que par rapport au temps de jeu que j’avais, j’ai rempli mon rôle. On vécu une saison compliquée collectivement, niveau esprit d’équipe et tout ça n’avait rien à voir avec Toulon. Alors que c’est important. Du coup je crois, qu’il fallait qu’on gagne le dernier match et que Charleville perde pour se maintenir. C’est ce qui s’est passé, on a fini par se maintenir mais c’était compliqué.
Adriano : Après cette saison tu signes à Blois, toujours le même rôle de back-up solide, tu partages les minutes au poste 5 avec Jonathan Fairell qui, juste après votre titre en Pro B, jouera les playoffs de Pro A avec la JDA. Tu l’as un peu conseillé de venir à Dijon ?
Drissa Ballo : Non même pas. Franchement, je pense qu’il a eu l’opportunité de venir à Dijon et il l’a saisi.
Cette saison à Blois, collectivement ce n’était pas trop mal. On avait un bon groupe, mais individuellement pareil, j’étais derrière Jonathan Fairell, et c’était frustrant parce que quand tu sais que tu peux donner plus et qu’on ne te met pas sur le terrain… Je me rappelle, c’était le deuxième match de championnat, face à Evreux, Jonathan Fairell n’était pas dans le match, le coach me met sur le terrain et je mets 16 ou 18 points, et je prends 9 ou 10 rebonds. Ça prouve quand même que je peux jouer. Et le match d’après je joue dix minutes je crois.
Malgré tout ça, on a fait une très bonne saison, deuxième fois champion de France. Individuellement c’était compliqué, mais collectivement on est champions de France.

Ruben : Vu qu’individuellement c’était compliqué, est-ce que ce titre avait la même saveur que le premier ?
Drissa Ballo : Individuellement je n’étais pas satisfait de ma saison, mais on est quand même champion. Donc c’est toujours une joie, surtout le trophée c’est la deuxième fois que je l’ai dans mes mains. J’étais content, ça rajoutait un truc dans mon palmarès.
Adriano : On va passer sur une année un peu plus noire, avec une grosse blessure après cinq minutes avec le GET Vosges. Un de tes coéquipiers te tombe sur le genou et tu ne pourras plus jouer jusqu’à la fin de saison. Comment s’est passée cette blessure et comment tu as vécu ta rééducation ?
Drissa Ballo : Ca c’était compliqué parce que, déjà avant ça, ma première année « cadets » je m’etais fait les ligaments croisés, j’avais déjà des séquelles. Et là, je signe au GET Vosges, premier match j’ai mon coéquipier qui me tombe sur mon genou, et fissure du ménisque, saison terminée. Mentalement c’était très dur, parce que dans ce milieu, si tu ne joues pas et ne fais pas une bonne saison, l’année d’après ce sera compliqué de trouver un club.
Ruben : En dessous de la Pro A, si on n’est pas une star, c’est rare d’avoir un contrat de plus d’un an. Chaque saison tu joues pour celle d’après ?
Drissa Ballo : En France les très grands contrats c’est rare. Ce ne sont que des contrats d’un an ou deux. Effectivement, c’est exactement ça.
Ruben : Après cette saison-là, tu trouves un point de chute et tu signes au Portel, en Pro A. Mais tu n’as pas l’occasion de jouer.
Drissa Ballo : C’est pour ça que la carrière d’un joueur ne se joue pas à grand-chose. Parce que le coach me suivait depuis longtemps, depuis Toulon il me suivait déjà. Il aimait bien mon profil, et malgré que j’étais blessé, il a voulu faire un pari. Il s’est dit : »Même si t’es blessé, ce n’est pas grave, nous on te signe pour que tu puisses prouver à ce niveau là. »
Du coup j’arrive, je me suis fait opérer, je viens à la prépa et c’est très compliqué. En plus il y avait Frank Hassell, un intérieur, un Américain. Il était vraiment très fort. Donc voilà, j’arrive je crois que je signe au mois de juin, on reprend en août. J’ai toujours le problème de genou. On voit que c’est très compliqué aux entraînements et que mon genou gonflait. Avec le club on a trouvé un commun-accord pour mettre fin au contrat.
Adriano : Après avoir quitté Le Portel, tu signes à Lorient en National 1, ta première année à cet échelon. Tu restes un joueur solide puis tu signes à Andrézieux. Ton rôle change et tu deviens l’un des joueurs avec le plus d’expérience. Est-ce que tu as changé ton jeu en tant que titulaire et intérieur dominant ?
Drissa Ballo : C’est vrai que quand je suis venu en National 1 à Lorient, c’était en cours de saison. J’étais le poste 5 titulaire là-bas et mon jeu a changé. Il fallait que je sois présent offensivement. Mais c’était compliqué collectivement.
Ruben : C’est lors de cette saison à Lorient où tu mets le plus de points par match.
Drissa Ballo : C’était un peu compliqué avec le coach en vrai. Il me faisait moins jouer vers la fin mais, au début, je crois que je tournais à 14 points de moyenne. Je mettais beaucoup de points au début, mais après les stats, elles chutent.
Adriano : Cette année où tu scores plus, je voulais te demander c’était quel type de panier que tu mettais ?
Drissa Ballo : C’était vraiment le jeu poste bas. Je prenais des rebonds offensifs. J’aimais vraiment aller au rebond offensif.
Ruben : Après ces deux saisons, tu décides de partir en « National 2 » où tu fais une grosse saison individuelle à Furdenheim. Malgré tout, vous êtes quand même relégués, mais tu es quand même resté. Tu y es resté au total trois ans. Tu y avais un rôle de leader. On voulait te demander si tu préférais ce rôle de leader à un échelon plus bas ou celui de back-up dans de meilleures équipes ?
Drissa Ballo : Avoir le rôle de leader. Après, je suis parti à Furdenheim parce que le coach m’avait contacté et avec Andrézieux ça s’était très mal passé. C’était compliqué à cause des blessures ainsi qu’avec le coach. Pourtant j’avais fait des très gros matchs, quand je rentrais j’étais efficace de suite.
En plus ma femme est tombée enceinte, elle a accouché à Dijon. J’ai pas mal bougé et changé d’équipes, je me suis dis qu’il fallait trouver une stabilité et penser à la reconversion. Déjà avec les genoux c’était compliqué et tu ne peux pas jouer au basket de haut niveau jusqu’à quarante ans. C’est là que le coach de Furdenheim m’a contacté, il y avait aussi d’autres équipes de N1 qui étaient intéressées. Il a fallu que je fasse un choix, soit rester pro ou descendre en « National 2 » et faire la reconversion à côté.
Adriano : Cette année tu n’avais pas seulement le basket, tu avais entamé de quelle manière ta reconversion ?
Drissa Ballo : Ma première année en N2 j’avais un statut pro, je ne faisais que ça. Du coup on a préparé ma reconversion, c’est-à-dire passer mes permis poids lourd. Il a fallu que je fasse tout ça à Furdenheim.
Ruben : J’ai quand même une question car, toi, avec la taille que tu fais, tu te dis que tu veux être chauffeur poids lourd ?
Drissa Ballo : En fait, ça c’est le métier de mes rêves depuis tout petit. Parce que j’ai un cousin au Mali qui était routier, chaque fois qu’il venait à la maison avec son semi-remorque je pleurais pour partir avec lui. Depuis tout petit je suis vraiment fan de ça, si je n’avais pas été basketteur pro j’aurais été routier depuis très longtemps. Je me suis donc dis que j’allais faire ma reconversion là-dedans. Le but c’est de prendre de l’expérience dedans et pourquoi pas ouvrir ma propre société plus tard.
Ruben : On a revu ta carrière jusqu’à maintenant, on a quelques questions plus générales à te poser. Quand tu as joué en N1 tu as affronté le pôle France. Est-ce que tu as pu les affronter ? Et est-ce qu’il y a un joueur qui t’a particulièrement impressionné ?
Drissa Ballo : Effectivement, quand on a joué contre eux, Ousmane Dieng m’avait impressionné. Voir des jeunes avec autant de talent, j’ai dit WOW ! Ca se voyait déjà qu’il avait de l’avenir. A l’époque, il n’avait que seize ans et il était déjà très bon.
Adriano : En lisant des articles à ton propos, nombreux de tes coachs te définissent comme un « tronc d’arbre », soit un pivot solide et rebondeur. Comment tu décrirais ton jeu ?
Drissa Ballo : Mon jeu, c’est vraiment d’apporter de l’énergie et prendre des rebonds. Je peux mettre des points aussi. Je peux faire un peu de tout, à part le shoot. On va pas se mentir, je ne suis pas un shooter. J’aime prendre des rebonds et donner de l’impact.
Adriano : L’Afrobasket vient de se terminer, le Mali s’est incliné en finale face à l’Angola, ton frère suit tes pas dans cette sélection. J’aimerais avoir ton point de vue en tant que supporter, ancien joueur et bien-sûr, grand frère.
Drissa Ballo : Franchement, c’est énorme ce qu’ils ont fait. C’est une équipe jeune, il ne reste plus qu’un seul gars de notre génération. La plupart sont des jeunes. Voir ce qu’ils ont fait, ils sont rentrés dans l’histoire. J’étais fier de l’équipe, de mon frère. C’est la même génération qui a terminé vice-champions du monde U19 face aux USA.
Je crois que c’est la première fois que le Mali atteint les finales de l’Afrobasket.

Ruben : Pour terminer, on voulait te poser une question sur ton frère, Oumar Ballo, il vient de signer en Italie après être allé à la FAC aux USA, puis il a fait la Summer League avec le Heat. En tant que grand frère et ancien joueur pro, quel regard tu portes sur son début de carrière.
Drissa Ballo : Franchement, ce petit je suis fier de lui, et le voir maintenant grandir comme ça, c’est une fierté. Parce qu’il a commencé en Espagne à Gran Canaria, il a fait deux ou trois ans là-bas. Puis, il est parti à Gonzaga où c’était compliqué. Après il est parti dans l’Arizona et là il a tout explosé. Justement cet été on est parti le voir aux USA parce qu’il avait inscrit son nom à la draft. C’était cool, on a pu voir Klay Thompson vu qu’ils sont dans la même agence et s’entraînent ensemble. Ca m’a permis de rencontrer des joueurs NBA.
Je suis fier de lui, il ne s’est pas fait drafté mais ce n’est pas une fin, il est encore jeune, il va faire une bonne saison en Italie et il fera à nouveau la Summer League l’année prochaine.
Adriano : Aujourd’hui, est-ce qu’il te bat en 1v1 ?
Drissa Ballo : Physiquement maintenant il est plus athlétique, il est au-dessus, mais j’ai plus d’expérience. Je me rappelle car, il était venu me voir en France à Andrézieux, on a fait des 1 contre 1 et je les avais gagnés. Mais maintenant, je ne sais plus, c’est à voir. Il a pris du muscle et de l’expérience, il y a moyen qu’il gagne !