Pour les Celtics, les dernières saisons ont tendance à se suivre et à se ressembler. Car pour la troisième année consécutive, les hommes en vert se font éliminer de la course au titre par les Syracuse Nationals. La presse décrit Al Cervi, l’entraîneur des Nats, comme un génie qui a une fois de plus « outcoaché » Red Auerbach, son homologue de Boston. Dans la foulée, Bob Cousy annonce que sa carrière prendra fin dans trois ans. Avec un coach en difficulté et une star prête à raccrocher ses sneakers, l’avenir des Celtics semble incertain.
AVRIL 1956 – Un transfert lourd de conséquence
Avant la draft de 1956, un homme se frotte les mains, car il pense avoir réussi un transfert qui selon lui restera dans les annales. Cet homme c’est Ben Kerner, l’habile propriétaire des Saint-Louis Hawks. En avance sur son temps, il sait parfaitement comment faire pour remplir une salle.
Dans les années 50 et 60, le basketball professionnel n’intéresse pas grand monde. La plèbe lui préfère le championnat universitaire et il est souvent compliqué de se trouver un public. Kerner n’offre pas que du basket, lorsqu’on vient voir les Hawks, on vient aussi voir un show fait de concerts, représentations ou autres feux d’artifice. Mais les dirigeants de clubs savent aussi que les spectateurs veulent voir des stars locales et Ben Kerner a une occasion en or d’attirer encore un peu plus les foules dans l’enceinte du Kiel Auditorium.
Car du côté de Boston, le pivot All Star Ed Macauley, originaire de Saint-Louis, a le mal du pays. Il est un des chouchous des fans de l’époque. Avec sa belle gueule et son talent, Kerner peut faire tourner la billetterie à fond et offrir un lieutenant de haut niveau à sa star Bob Pettit. C’est donc sans hésiter qu’il transfère son second choix de draft contre Macauley.
Les Rochester Royals possèdent le first pick et ils ont déjà prévenu qu’ils sélectionneront le meneur originaire de la Big Apple, Sihugo Green. Là encore, c’est un choix basé sur la provenance du joueur, Rochester se situant dans l’état de New York. Les Celtics, eux, annoncent être grandement intéressés par le pivot de San Francisco University, Bill Russell. La presse en parle sans pour autant témoigner le moindre enthousiasme et préfère s’attarder sur l’arrivée de Macauley à Saint-Louis.
Aujourd’hui, il est courant de raconter que cette opération est motivée par le racisme qui règne en Géorgie. Mais on vient de le voir, ce trade est effectué avant la draft. Ben Kerner ne transfert pas un joueur noir contre un joueur blanc, il échange un choix de loterie. De plus, les Royals montrent avec Sihugo Green que les franchises privilégient la signature d’un athlète issu du cru plutôt que le talent pur. Est-ce que les Hawks auraient sélectionné Bill Russell avec ce second choix ? Rien n’est sûr. Ed Macauley est une vraie star et l’avenir proche s’apprête à prouver que Ben Kerner a eu totalement raison de l’acquérir. Cependant, un futur plus lointain indique que c’est une décision catastrophique.
MAI 1956 – La Masterclass des Boston Celtics
La cuvée de 1956 voit 92 joueurs être choisis, ce qui est beaucoup quand on sait que la NBA ne compte que huit équipes. Boston se retrouve avec neuf recrues qu’il faut tester avant le début de la prochaine saison. En réalité, trois d’entre elles sont déjà fortement attendues, Bill Russell, Tom Heinsohn et K.C Jones. Seul l’échassier Dave Boldebuck (deux mètres treize) semble pouvoir lui aussi se faire une place sur le banc des Celtics. Mais c’est en NIBL qu’il trouve un contrat avec les Wichita Vickers Oilers, aux côtés d’un autre géant, Swede Halbrook et ses deux mètres vingt et un.
Les Celtics sont fébriles, il plane beaucoup de doutes sur les deux recrues de San Francisco, mais cela ne concerne pas leur niveau de jeu. K.C Jones est déjà reconnu comme un des meilleurs défenseurs à son poste. La presse a encore en mémoire la finale NCAA de 1955 dans laquelle il éteint la star de LaSalle, Tom Gola. Quant à Bill Russell, il vient tout juste d’établir le record de saut en hauteur de son université en franchissant une barre à deux mètres et six centimètres avant de rater de peu une autre à deux mètres dix. C’est un record toujours d’actualité en 2025, preuve des qualités athlétiques hors normes de Bill Russell.
Premier souci, le duo invaincu de San Francisco vient de gagner deux titres NCAA, grâce à cela ils sont conviés à participer aux Jeux olympiques de Melbourne. Prendre part aux jeux c’est manquer le début de saison et se présenter dans l’équipe vers la fin décembre. Deuxième souci, on craint qu’à cause de cela, le rusé propriétaire des Harlem Globe Trotters, Abe Saperstein, ne parvienne à les convaincre de signer pour lui.
Les Rochester Royals tiennent leur parole et sélectionnent Sihugo Green. Lester Harrison, le boss des Royals, explique son choix lors d’une interview. Il ne veut pas engager une recrue pour qu’elle démarre sa régulière en décembre, ce n’est pas envisageable. Avec son joueur/entraîneur Bobby Wanzer, ils considèrent Sihugo Green comme le basketteur le plus complet de la draft, « est de loin ». Il termine sa carrière après 504 rencontres pour 9 points, 4 rebonds et 3 passes de moyenne.
Il est facile de se moquer des errements du staff des Royals (et Dieu sait qu’ils seront nombreux à travers l’histoire). Mais dans ce cas, ils n’étaient pas les seuls à être septiques. Si son talent de défenseur ne fait aucun doute, plusieurs coachs regrettent que Russell manque de technique en attaque. Pour eux, il faut absolument qu’un pivot dominant soit un scoreur et ce domaine est clairement son point faible.

Tom Heinsohn, pick numéro six de la draft et choix territorial des Celtics, n’est pas convié aux Jeux olympiques de Melbourne. L’ailier en provenance de Holy Cross réussit une remarquable année avec 27 points et 21 rebonds de moyenne, ce qui lui vaut une sélection en compagnie de Bill Russell dans la First All American Team. Son statut de star universitaire lui promet une place dans le cinq majeur de Boston qui a bien besoin de renfort à son poste.
Les Celtics réalisent une superbe draft avec un transfert qui fait encore partie aujourd’hui des échanges les plus malins de l’histoire de la loterie. Mais surtout, c’est trois excellents choix qui semblent plus évidents de nos jours qu’ils ne l’étaient en 1956. Les Celtics ont pris des risques en faisant fi des craintes autour de Bill Russell, une décision qui fait de Red Auerbach un génie et qui propulse les Celtics au rang de franchise mythique.
INTERSAISON 1956
Lors des années 50, les étés ne sont pas animés par des Free Agency scrutées au microscope comme c’est le cas aujourd’hui. Dans cette ligue de huit franchises seulement, il y a peu de places et pas forcément beaucoup de candidats. Si la draft permet de bons coups, il faut souvent ne rien attendre d’extraordinaire des signatures estivales d’agents libres.
Cependant, cela ne veut pas dire que c’est une période sans enjeux et surtout en ce qui concerne les Celtics. Ils doivent attaquer la prochaine régulière avec le doute de voir Bill Russell et K.C Jones partir avec les Harlem Globe Trotters. Sans oublier Frank Ramsey absent depuis l’an passé pour cause de service militaire et qui est toujours indisponible jusqu’en janvier. Si Boston souhaite bien démarrer sa saison, il lui faut réussir à conserver la majorité de son effectif.
Walter Brown, le propriétaire des C’s annonce avec joie qu’Arnie Risen resigne pour une année de plus. L’ancien champion de 1951, avec les Royals, repousse son projet de retraite et de retour à son métier d’assureur. C’est une aubaine, car sans Arnie Risen, les Celtics n’ont plus un seul pivot digne de ce nom en stock. On trouve derrière lui beaucoup de besogneux capables de faire le job, mais aucun n’a la taille d’un vrai bigmen.
C’est d’ailleurs un des enjeux de l’été des Celtics, prolonger ses grands gaillards, avec notamment Jack Nichols. Ce vétéran de 29 ans affiche 14 points et 10 rebonds de moyenne l’an dernier et comme pour Risen sa signature est une bonne nouvelle même si l’arrivée de Tom Heinsohn change son rôle dans l’équipe. Dans la presse, on ne peut pas parler de lui sans évoquer le fait qu’il mène en parallèle de sa carrière des études pour devenir dentiste. Jack Nichols, étudiant-dentiste « is the old » Nikola Jokic drafté pendant une publicité Taco Bell.
Un autre costaud est une priorité, le policemen Jim Loscutoff. C’est Bob Cousy qui explique cela, chaque club à son policemen. Il s’agit là d’un type de joueur bien particulier susceptible de défendre sa star à n’importe quel moment. La NBA des années 50 adore voir de la bagarre et les sales coups sont nombreux. C’est pour cela que les entraîneurs aiment avoir un homme rugueux capable de protéger la vedette de l’équipe et personne ne fait cela mieux que le musculeux Loscutoff.
Enfin, on resigne également Dick Hemric et Togo Palazzi. Le premier est un intérieur qui ne fait qu’un bref passage en NBA (138 rencontres), le second est un ailier ancien All American avec l’université de Holy Cross comme Tom Heinsohn et Bob Cousy. Lou Tsioropoulous est lui le troisième rookie signé par la franchise à la différence qu’il fait partie de la cuvée de 1953. Lui aussi est retenu depuis deux saisons pour cause de service militaire et son arrivée permet de compléter l’effectif.
Le seul renfort extérieur qui n’est pas un rookie est Andy Phillip en provenance des Fort Wayne Pistons. Le vétéran de 34 ans n’est plus aussi impactant qu’auparavant, mais ce quintuple All Star, deux fois All NBA et Hall of Famer, est un remplaçant de luxe pour Bob Cousy. Celui qu’on surnomme « The Whizzer » (la fusée) est un grand meneur par la taille (188 cm), mais c’est aussi un vrai talentueux.
Andy Phillip est élu meilleur passeur de la ligue trois années de suite, avec notamment une pointe à 8,2 assists de moyenne, ce qui est extraordinaire à cette époque. C’est une belle signature pour Boston, même si Phillip n’est plus dans sa meilleure forme.
En attendant Russell
Le 17 décembre 1956, on apprend la signature de Bill Russell avec les Celtics pour une saison et un montant de 17 000 dollars. C’est pourtant bien loin des sommes proposés par Abe Saperstein et les Harlem Globe Trotters. Le fait est que Russell a été grandement énervé par la méthode de Saperstein. Ce dernier n’a jamais négocié directement avec lui, préférant le faire avec Phil Woolpert, son entraîneur à San Francisco.
Pour Bill Russell, cette négociation entre hommes blancs est un affront. Furieux, il refuse toutes les offres de Saperstein. Les Trotters tentent de rattraper le coup via leur star Goose Tatum. Il vante les qualités de Bill Russell lors d’une interview et explique qu’il peut gagner bien plus d’argent avec les Trotters qu’avec les Celtics. Il évoque des contrats allant jusqu’à 32 000 dollars la saison, mais l’intégrité de Bill Russell n’est pas à vendre.

Bill Russell rejoint les Celtics, mais c’est sans son compagnon K.C Jones qui intègre l’armée pour une durée de deux ans. Boston conserve les droits sur le joueur, mais Jones se voit bien faire carrière dans le football, son arrivée demeure incertaine. Bill Russell prend part à son premier match de NBA le 22 décembre 1956, mais voyons d’abord comment les Celtics ont géré le début de saison sans lui.
Boston participe à 24 rencontres sans sa recrue et malgré son absence, la bande à Cousy s’en sort très bien avec un bilan de 16 victoires pour 8 défaites. Les Celtics ne sont pas les plus efficaces en attaque, mais ils sont les plus prolifiques avec plus de 105 points par rencontre. Bob Cousy (23,5 points) et Bill Sharman (20,5 points) sont fidèles à leur réputation de meilleur backcourt de la NBA.
C’est le club qui court le plus avec un Pace qui est de loin le plus élevé de NBA avec 118 possessions jouées par match, l’ère du Run & Gun commence. On remarque que Boston défend également très bien et aucune équipe ne parvient à inscrire plus de 100 points en moyenne contre elle. Les bases de ce qui s’apprête à faire le succès des Celtics sont déjà présentes. Avec l’ajout de Bill Russell et le retour de Frank Ramsey, on peut alors se dire que cette équipe peut devenir invincible.
Les Débuts de Bill Russell
La presse semble mitigée lorsqu’il s’agit de Bill Russell. Il est sans doute une des recrues les plus visibles médiatiquement de l’histoire du basketball tout en générant peu d’enthousiasme quand il est temps de discuter de son possible impact. Le jeune homme fascine déjà, mais son jeu intrigue. Est-ce que Bill Russell à la capacité de rendre une équipe de NBA invincible comme cela fût le cas avec les Dons de San Francisco et la sélection nationale lors des Jeux olympiques ?
Alors que George Mikan vient de définitivement mettre un terme à sa carrière, la question est de savoir s’il est bel et bien le prochain bigmen dominant de la ligue. Certains en doutent, puisqu’un pivot élite se doit d’être un grand attaquant comme l’ancien Lakers à lunettes où Neil Johnston des Warriors. La première rencontre de Bill Russell tend à confirmer les craintes à son sujet.
Le 22 décembre 1956, les Celtics affrontent les Saint-Louis Hawks de Bob Pettit. Pour ses débuts, on peut dire que Bill Russell participe à un match exceptionnel. Alors certes aucune des deux équipes ne passe les 40 % de réussite aux tirs, mais la fin de la partie se joue dans les dernières secondes. Menés au score de deux points, les Celtics par le biais de Jim Loscutoff récupèrent un rebond crucial et appellent un temps mort.
Sur la remise en jeu, Bob Cousy s’empare de la gonfle et sert le meilleur scoreur de la rencontre Tom Heinsohn qui marque un double pas pour revenir à égalité 93 partout. Puis Boston parvient à reprendre le ballon et le magicien Bob Cousy trouve Bill Sharman qui bien que toujours blessé à la jambe réussit à crucifier les Hawks avec un tir décisif à cinq mètres du panier. Les 11 052 spectateurs du Boston Garden exultent et retiennent que c’est encore Bob Cousy qui a conduit leur équipe au succès.

Le grand Bill a pris ses marques en ne jouant que 21 minutes et n’a pas convaincu ceux qui le jugent trop court en attaque. Avec seulement 6 points à 3 sur 11 aux tirs, ses détracteurs ont de quoi se réjouirent, mais une majorité d’observateurs sont eux déjà sous le charme. Car Russell a aussi capté 16 rebonds et réussit quelques contres et interceptions qui ont pesées dans le résultat de ce match.
Vous ne pouvez pas juger le gamin sur un match. Il était crispé comme on pouvait s’y attendre. Mais il m’a montré suffisamment de choses pour me laisser croire qu’il sera exceptionnel. – Red Holzman (coach des Hawks)
Après trois rencontres, les questions demeurent puisque Bill semble toujours en galère. En 29 minutes de jeu, il ne marque que 6 points à seulement 22 % de réussite. Il n’y a pas lieu de succomber à la panique, car Bill Russell ne cherchera jamais à s’inventer une vie. Il n’est pas un scoreur et il le sait. C’est grâce à sa défense qu’il est un gagneur et scorer est secondaire. Le temps de trouver la mire et les onze rencontres suivantes, il inscrit 16 points de moyennes à 45 % avec 22 rebonds en prime. La machine Russell est lancée et s’apprête à tenir ce même rythme pour un bon millier de matchs.
Le duel des Titans à déjà commencé
Après 18 mois passés sous le drapeau, le temps est venu pour Frank Ramsey de troquer sa tenue de marines contre la tunique verte et blanche des Boston Celtics.
Je suis en forme. J’espère que je pourrais m’intégrer dans l’équipe. Ils fonctionnent tellement bien. J’espère qu’ils vont m’utiliser. Frank Ramsey
Tout comme pour Bill Russell, trois rencontres suffisent pour que Ramsey trouve ses marques dans l’effectif de Red Auerbach. Cet arrière/ailier de seulement un mètre quatre vingt dix est un bon rebondeur et un solide défenseur, mais c’est aussi une vraie fusée en attaque. Son rôle devient vite celui du dynamiteur en sortie de banc, il est encore aujourd’hui pour beaucoup un des premiers grands sixièmes hommes de NBA.

Mais hormis le retour de Ramsey, ce début d’année 1957 commence sous le signe de la controverse et c’est Bill Russell qui se trouve au centre de celle-ci. En effet, sa domination défensive n’est pas au goût de tout le monde et notamment celui d’Eddie Gottlieb, le propriétaire des Philadelphia Warriors. Le boss des champions en titre en a gros sur le cœur et part en croisade contre le pivot de Boston.
Selon lui, les autres propriétaires de NBA en ont autant assez que lui de voir Bill Russell pratiquer une « one man zone ». Il rajoute qu’ils sont aussi excédés de le regarder multiplier les Goal Tending (contre en phase descendante) sans aucune sanction des arbitres. Ce n’est pas juste un témoignage de mauvaise foi ou des propos tenus sous la colère. Gottlieb annonce qu’il porte plainte auprès de la ligue, c’est du sérieux.
Notre Paul Arizin se dirige au panier pour un simple double-pas et quand le ballon redescend Bill Russell chasse le ballon. Si ce n’est pas un Goal Tending qu’on me dise ce que c’est ? Je vais le demander à Maurice Podoloff. Eddie Gottlieb
Red Auerbach ne tarde pas à réagir et affirme qu’il n’y a pas de controverse et qu’il s’agit ici d’une question de raisins aigres. Auerbach fait référence à la fable d’Ésope dans laquelle un renard incapable d’atteindre des raisins suspendus décide de se dire qu’ils étaient sûrement trop acides et donc sans intérêt. Une dévalorisation de l’objet convoité qui rappelle au coach des Celtics l’attitude de ses homologues envers Bill Russell.
Personne ne le voyait aussi bon. Il a dépassé toutes les prévisions. Il n’y a pas de Goal Tending. Il a un timing merveilleux et il attrape toujours le ballon au plus haut du tir. Red Auerbach
Mais Gottlieb n’en démord pas et s’il accepte le fait que Russell réalise des actions défensives d’éclats, pour lui beaucoup ne respectent pas les règles. Il faut alors l’intervention de Jocko Collins, un des superviseurs de la NBA. Il vient à la rescousse de Bill Russell accusé de camper sous le cercle en attendant de pouvoir bloquer des tirs. Collins affirme le contraire et explique qu’il voit le pivot des Celtics être partout en défense, suivant à la trace des joueurs sans jamais rester sur le même spot : « Comment peut-on dire qu’il pratique une one man zone ? »
Suite à cette intervention, Eddie Gottlieb se ravise, mais sans oublier de conseiller aux arbitres de garder un œil attentif sur Bill Russell. Objectivement, oui, Bill Russell a pour habitude de contrer des ballons en phase descendante. Même si les officiels de l’époque en sifflent une bonne partie, il n’est pas impossible qu’ils soient passés à côté de nombre d’entre eux. C’est une colère un brin excessif, mais pas complètement irrationnel.

Le mois de février pointe le bout de son nez et la controverse continue entre les Warriors et les Celtics. Cette fois, c’est Walter Brown, boss des Celtics, qui monte au créneau. Sa cible ? Un certain Wilt Chamberlain de l’université du Kansas. Brown trouve inadmissible que Chamberlain reçoive un salaire pour jouer en NCAA. Une somme qu’il annonce comme supérieure au 22 000 dollars par an que perçoit Bob Cousy, joueur de NBA le mieux payé.
Brown est remonté comme une pendule. Il accuse Wilt d’avoir fait du prosélytisme sur les équipes de NCAA afin de décrocher une proposition hors norme. Il blâme la « moralisatrice » ligue universitaire de s’être travestie pour s’offrir les talents de Wilt. Pour lui il n’y a qu’une solution, disqualifier Chamberlain de NCAA et le bannir de la NBA.
Cette réaction virulente intervient au moment où la NBA vient de voter à sept voix contre une, que les Warriors obtiendront les droits sur Wilt Chamberlain via un territorial pick lors de la draft de 1959. Or, les Celtics se voyaient bien signer le Stilt pour l’associer avec Bill Russell. La NBA leur coupe l’herbe sous le pied et ce n’est pas au goût de Brown qui tente de renverser la situation, dépité de voir son principal adversaire acquérir la poule aux œufs d’or.
Il est assez incroyable d’observer que la rivalité entre Bill Russell et Wilt Chamberlain est en marche alors que ce dernier n’est encore qu’un sophomore à l’université. Les Celtics et les Warriors sont déjà en guerre, chacune des équipes essayant de mettre à mal l’actuelle ou future star de leur ennemi le plus coriace. Maurice Podoloff, commissaire de la ligue, se dit surpris par les propos de Brown, mais prétend n’avoir aucun commentaire à faire. En somme, circulez il n’y a rien à voir.

Boston rafle tout
Le 4 mars 1957 est un jour de fête pour les Celtics qui pour la première fois de leur histoire deviennent champion de l’Eastern Division. La saison n’est pas encore complètement terminée, mais les Syracuse Nationals ne sont pas en position de pouvoir rattraper leur retard. Suite à cette nouvelle, Boston lâche la rampe un court instant et perd quatre rencontres à la suite. Cette série de revers s’explique aussi par l’absence de Bob Cousy qui repose son genou avant le début des playoffs.
C’est sur un large triomphe face aux Knicks que l’exercice 56/57 s’achève avec un bilan global de 44 victoires et 28 défaites. Boston est la seule équipe à dépasser les quarante succès sur cette saison qui se joue sur 72 matchs et ce n’est pas tout. C’est également elle qui rafle tous les trophées individuels avec le MVP (Most Valuable Player) et le Rookie de l’année.

Dans une NBA qui n’a que 11 ans d’existence, le maître des contres-attaques, des passes aveugles et du dribble dans le dos est un phénomène qui transcende les foules. Son impact sur le succès de la ligue est hors norme et pour la première fois de sa carrière son talent permet à sa franchise d’être au sommet.
Le vote des joueurs n’a fait que confirmer ce que je répète depuis six ans. C’est le meilleur. Que puis-je vous dire sur ce gars que vous ne connaissez pas déjà ? Tout ce que je sais c’est qu’il met ses 20 points à chaque rencontre, qu’il est le meilleur passeur depuis 5 saisons et qu’il gagne comme jamais auparavant. – Red Auerbach
Bien évidemment, le titre de meilleure recrue de l’année ne peut revenir qu’à… Tom Heinsohn ! L’ailier fort de Bean City s’est installé comme prévu en titulaire indiscutable et réussit une saison à 16 points et 10 rebonds de moyenne. Le fait qu’il n’est pas concouru aux Jeux olympiques lui permet de participer à l’entièreté de la saison contrairement à Bill Russell qui ne joue que 48 rencontres.
Les Celtics remportent toutes les récompenses, mais ces succès sont aussi ceux de l’université de Holy Cross qui retire une fierté énorme de voir deux anciens de ses pensionnaires dominer la ligue professionnelle. En 1957, le trophée de coach de l’année n’existe pas encore, mais il ne fait aucun doute que ce prix serait revenu de droit à Red Auerbach. L’entraîneur au cigare rêve maintenant de retrouver les Syracuse Nationals en playoff afin d’obtenir sa revanche sur cette équipe qui l’a éliminé trois saisons de suite.

Conjurer le Sort
Grâce à leur bilan, les Celtics se voient propulsés directement en finale de l’Eastern Division. Ce n’est pas le cas des Syracuse Nationals qui doivent affronter les Philadelphia Warriors en Semifinal de division, le premier à deux victoires rejoint les Celtics. Les Nats s’imposent sans trop de difficulté face à des Warriors privés de leur star Paul Arizin blessée à la cuisse. Le duo d’intérieur Dolph Schayes/Red Kerr domine un Neil Johnston trop seul pour espérer leur tenir tête. Syracuse est aussi bien aidé par un certain Togo Palazzi, ailier des Celtics vendu en décembre aux Nationals.
Voilà donc deux rivaux qui se retrouvent pour la quatrième année de suite en playoff, sauf que cette fois, l’avantage est du côté de Boston. Dans les colonnes du journal « The Morning Union », Gene McCormick décrit les Celtics comme l’équipe la plus morte de faim de l’histoire de la NBA. La première rencontre de cette finale de Division tend à lui donner raison avec une victoire 108 à 90 de la bande à Cousy.
Les deux rookies dominent avec 16 points et 31 rebonds pour Bill Russell et 19 points et 11 rebonds pour Tom Heinsohn. La traction arrière n’est pas en reste avec 18 points et 11 passes pour Cousy et 20 points pour Bill Sharman. Cependant, les facteurs X de cette rencontre se nomment Jim Loscutoff et Jack Nichols qui rappelons-le fait des études de dentiste en parallèle de sa carrière. Les deux malabars se sont chargés de secouer la star des Nats, Dolph Schayes. L’ailier vedette de Syracuse termine avec 21 points grâce à un beau 15 sur 15 aux lancers francs, mais signe un piteux 3 sur 13 aux tirs.
Il se rattrape le match suivant avec 31 points, 15 rebonds et 4 passes, mais le quintette des Celtics est intouchable. C’est encore Tom Heinsohn qui s’illustre avec 30 points et 7 rebonds, 20 points et 30 rebonds de Russell, 25 points et 11 passes pour Cousy, Sharman, 18 points et Ramsey 15 en sortie de banc. Boston affiche un solide 45 % de réussite quand les Nats plafonnent à 35 %. Ils ne sont tout simplement pas assez fort pour chercher une victoire contre l’armada d’Auerbach.
Si ce mec apprends à tirer moi je ne veux pas me trouver sur son chemin. Il te rend fou. – Earl Lloyd (à propos de Bill Russell après le Game 2)
La troisième rencontre est plus serrée, avec deux équipes tendues par l’enjeu qui affichent un affreux 29 % de réussite. Tom Heinsohn n’est pas dans son assiette cette fois avec un horrible 4 sur 21 aux tirs. Mais celui qui a des choses à se reprocher à la fin du match se nomme Dolph Schayes.
Alors qu’il ne reste plus que 18 secondes dans le quatrième quart, les Nats appellent un temps mort. Le plan est simple, donner la balle à Schayes et le laisser filer au panier pour tenter un contact avec un défenseur afin d’inscrire deux points et d’obtenir un lancer. Mais lorsque « Dolphie » fonce vers le cercle, il ne trouve qu’Heinsohn sur son chemin. La jeune recrue des Celtics saute, mais il n’y a pas de contact. Schayes est surpris et peut-être conscient qu’il est en train de rater sa manœuvre.
Tout ce que j’avais à faire, c’était de m’arrêter et de laisser Heinsohn me tomber dessus. Il allait le faire, c’est sûr. J’aurais alors pu lancer le ballon et provoquer une faute. Mais je me suis emballé. J’ai continué, j’ai raté le contact avec Heinsohn et le panier. – Dolph Schayes
Cette finale de division est considérée comme un véritable bain de sang où la supériorité des Celtics sur leur adversaire saute aux yeux. Red Auerbach après sa défaite l’année passée contre ces mêmes Nationals disait avoir besoin d’un pivot pour l’emporter. Ce bigmen il l’a avec Bill Russell et la presse est dorénavant formelle, personne ne peut battre les Celtics cette saison. Que ce soit les Minneapolis Lakers ou les Saint-Louis Hawks, autres potentiels finalistes, le titre NBA semble déjà acquis pour Boston.

Boston Celtics VS Saint-Louis Hawks, la Finale
Tout comme les Celtics, les Hawks se sont débarrassés facilement des Minneapolis Lakers de Clyde Lovelette sur le score de trois victoires à zéro. La logique est respectée, la meilleure équipe de l’Est et la meilleure équipe de l’Ouest s’affrontent pour le titre. Pour les entraîneurs Red Auerbach et Alex Hannum, la bataille commence à coup de déclarations dans la presse avant même le début de la série.
Le coach des Celtics annonce avoir une surprise défensive pour son homologue de Saint-Louis qui lui prétend avoir développé de nouveaux systèmes pour faire déjouer Boston. En réalité, les Celtics s’adonnent à de longues séances de tirs. Red Auerbach le dit, ils ne pourront pas gagner contre Saint-Louis en étant aussi maladroits que contre les Nationals. Du côté de Saint-Louis, on espère surtout que la blessure au poignet gauche de Bob Pettit ne le handicape pas trop. Alex Hannum sait que son équipe a besoin de frôler la perfection pour vaincre Boston et il annonce tout faire pour que ce soit le cas.
Parfait, les Hawks ne le sont pas lors du premier match, mais ils remportent malgré tout la première rencontre. Les craintes sur l’adresse aux tirs des Celtics se vérifient avec seulement 35 % de réussite. Pourtant, il faut deux overtimes à Saint-Louis pour l’emporter. Une claquette de Tom Heinsohn à cinq secondes de la fin du match force la première prolongation. À la fin de celle-ci, une interception d’Andy Phillip permet à Bob Cousy de marquer à mi-distance et de ramener le score à 113 partout.
Grâce à Tom Heinsohn, les Celtics parviennent à mener 121 à 118, mais Bob Pettit ne lâche pas son équipe. Il inscrit cinq points consécutifs pour égaliser, 123 à 123. Sur une remise en jeu, Jack Coleman score deux points alors qu’il ne reste plus que 27 secondes au chronomètre. Bob Cousy a une dernière occasion de revenir au score, mais il rate sa chance, Saint-Louis s’impose et montre que rien ne sera facile dans cette finale.

Les Celtics ont besoin de corriger deux choses pour gagner ce Game 2, être plus adroits et dominer le rebond. Dans le premier match, ces deux aspects du jeu leur ont cruellement manqué. Avec 81 rebonds contre 53, Boston a contrôlé son panier, mais aussi celui des Hawks avec une avalanche de rebonds offensifs. Bien sûr, c’est en grande partie grâce à Bill Russell qui capte à lui seul 25 rebonds.
Pour l’adresse, c’est un petit 39 %, mais pour l’époque c’est déjà pas mal, surtout quand votre adversaire et lui limités à 35 %. Bob Pettit est complètement à côté de ses baskets, bien muselés par des Celtics particulièrement agressifs en défense. Il termine avec un honteux 3 sur 16, laissant le titre de meilleur joueur du match à Frank Ramsey, auteurs de 22 points à 73 % de réussite. Victoire facile des Celtics 119 à 99.
Tout est allé bien pour Boston, et rien n’est bien allé pour nous. Boston à simplement joué comme ils l’ont fait toutes l’années. Mais je ne suis pas inquiet, nous avons gagné un match clé hier et nous pouvons le refaire. – Alex Hannum (coach des Hawks)
Alex Hannum à raison, puisque c’est avec un schéma similaire au premier match que les Saint-Louis Hawks triomphent. Les Celtics sont excessivement maladroits avec seulement 29 % de réussite et ils ne sont pas assez dominants au rebond pour s’imposer grâce à ce secteur.
Cette rencontre démarre sur un incident hors du commun entre Red Auerbach et Ben Kerner, le propriétaire des Hawks. Lors de l’échauffement, Bill Sharman trouve que le panier est trop bas. Le coach des Celtics s’excite et demande à le faire mesurer par les officiels. Ben Kerner sort du bois et commence à invectiver le coach des Celtics. Verdict, Red Auerbach à tort, et cela donne des ailes au boss de Saint-Louis qui continue son récital. Red Auerbach ne supporte pas l’affront, il se dirige vers Kerner et envoie un coup de poing qui sèche le patron des Hawks sur place.
Après la rencontre, Kerner jubile, car même s’il a pris un uppercut, son équipe repart avec un succès. Bob Pettit est cette fois l’homme du match avec 26 points et 28 rebonds. Certes, il n’est pas dans son plus grand soir avec un 9 sur 33 qui fait tache. Cependant, c’est lui qui crucifie Boston sur un tir longue distance à 42 secondes du terme. Victoire 100 à 98, dans un climat plus que tendu.

Pas le temps de se reposer puisque le Game 4 se joue en back to back. La santé de Bill Russell inquiète, car le pivot celte se plaint d’une douleur au dos, mais il assure qu’il est prêt à tout donner et courir. Il ne s’est pas montré à son aise lors des trois premières rencontres avec des performances offensives catastrophiques. Ce n’est pas le cas dans ce match qu’il domine de la tête et des épaules.
Avec 17 points à 70 % de réussite, il est le parfait complément de Bob Cousy, auteur de 31 points et 8 passes. Une fois de plus, c’est sa présence au rebond qui est déterminante dans cette rencontre serrée. Les deux équipes ont réglés la mire, surtout les Hawks avec Bob Pettit, Cliff Hagan et Ed Macauley qui marquent 80 points à 50 % d’adresse. Le match se joue sur des détails et le rebond est la clé pour Boston dans cette victoire 123 à 118.

Malgré un Bob Pettit de gala, les Celtics s’imposent facilement dans ce Game 5. Encore une fois, le rebond a été fatal pour Saint-Louis. Si Bob Pettit capte 15 rebonds, 14 d’entre eux sont réalisés en première mi-temps. Il est complètement dépassé par Bill Russell qui gobe 14 de ses 23 prises en seconde période.
Pour ne rien arranger, Boston est dans un bon jour avec 46 % de réussite. Notamment Bill Sharman, auteur de 32 points bien accompagné par les 23 points de Tom Heinsohn, également très adroit. Cependant, le meilleur Celtics est Bob Cousy avec 21 points, 19 passes et 8 rebonds. Lui qui n’est pas très régulier depuis le début de cette finale est proche du triple double, menant de main de maître le jeu de son équipe qui en a profité pour sur performer en attaque.
Après une rencontre aussi aboutit offensivement, Boston retombe dans ses travers. Seulement 30 % de réussite dans le Game 6 et un rebond dominé par les Hawks. Les ailiers de Saint-Louis sont intraitables avec Bob Pettit, Cliff Hagan et Jack Coleman, auteur de 60 rebonds à eux trois. Toutefois, c’est encore un match au couteau pour ces Hawks qui doivent attendre la dernière seconde pour s’imposer.
Car pour la troisième fois dans cette série, Saint-Louis l’emporte de deux tout petits points. Le score est de 98 partout quand Bob Pettit tente sa chance sur un tir long dans le corner alors qu’il ne reste qu’une poignée de seconde. Toujours aussi performant avec 32 points, la star des Hawks manque son shoot, mais c’est la recrue Cliff Hagan qui surgit et donne la victoire aux siens grâce à une claquette décisive.
Cliff Hagan explose lors de ces phases finales, il passe de seulement 14 minutes de jeu pour 6 points de moyenne en saison régulière à 17 points et 11 rebonds en 32 minutes en playoff. Il profite de l’absence de Willie Naulls pour se montrer à son avantage et il vient de s’installer comme le nouveau lieutenant de Bob Pettit.

Un match de Légende
Le climat avant ce Game 7 est toujours des plus épidermiques. En effet, Red Auerbach n’en démord pas, pour lui, il restait trois secondes de jeu après la claquette décisive de Cliff Hagan. L’officiel responsable du chronomètre est lui formel, le match était fini. On rumine un peu cette défaite à Boston et l’on regrette que personne n’ait réussi à bloquer Hagan.
Dans cette rencontre, les petits détails ne permettent pas de départager les deux équipes à la fin du temps réglementaire. Le score est de 103 à 103 après un geste légendaire de Bill Russell. D’abord, il égalise grâce à deux points inscrits en pénétration. Puis, Ed Macauley se saisit du ballon et envoie une longue passe à Jack Coleman.
Bill Russell ne quitte pas la gonfle des yeux, Jack Coleman s’en empare et fonce vers le panier. Russell s’approche, fait un petit saut de cabri avant de s’élever pour contrer le tir de Coleman. Tom Heinsohn ne se remettra jamais de cette phase de jeu mythique. Le Celtic a pendant des années répété en tous lieux que ce contre est l’action la plus incroyable qu’il a eu l’occasion de voir. En attendant, les deux équipes sont en prolongation.
Frank Ramsey est intenable dans le temps supplémentaire avec 7 points, mais il rate deux lancers francs qui permettent à Jack Coleman d’être encore une fois clutch dans cette série. Bill Sharman à l’occasion de tuer le match, mais il fait une gamelle et le score reste à 113 partout. Comme lors de la première rencontre, les deux équipes doivent jouer une deuxième prolongation.
Coup dur pour les Hawks, Bob Pettit blesse son poignet gauche déjà meurtri. Le docteur James London, présenté comme un « physicien » s’occupe de le soigner. Saint-Louis prend la tête à plusieurs reprises, mais Tom Heinsohn parvient toujours à remettre les siens sur de bons rails. Sur l’action qui suit, il commet sa sixième faute et il est exclu du terrain sous l’ovation des 13 909 spectateurs du Boston Garden. Ils viennent de voir leur rookie réaliser un match extraordinaire avec 37 points et 23 rebonds.
Puis c’est Frank Ramsey qui sort du bois avant que Slater Martin et Med Park scorent chacun un lancer franc, 124 à 123. Saint-Louis a perdu quatre joueurs pour six fautes, ce qui contraint Alex Hannum de prendre part au jeu, lui qui fait toujours partie du roster des Hawks. C’est lui qui récupère le rebond sur le deuxième lancer de Med Park, mais il s’emmêle les pinceaux et fait un marché, balle aux Celtics et plus que 12 secondes au chronomètre.
Sur l’action qui suit, les Hawks commettent une faute tardive sur Cousy qui inscrit sa pénalité, 125 à 123 pour Boston. Alex Hannum appelle un temps mort alors qu’il ne reste plus qu’une poignée de secondes. Son plan est simple, faire une passe longue pour Bob Pettit.
Hannum s’occupe de la remise en jeu avec un missile qui traverse tout le terrain, frappe le panier, et retombe miraculeusement dans les mains de Bob Pettit. La star des Hawks qui est à un mètre du cercle n’a plus qu’à déposer le ballon dans le filet, mais celui-ci ne rentre pas. Dernier espoir, Chuck Share fait une claquette à 20 centimètres de l’anneau, mais il manque également sa tentative, les Celtics sont champions.
Bob Pettit, 39 points et 19 rebonds est le héros maudit du jour, il déclare avoir bossé dur toute la saison pour être en finale est il vient de rater le tir le plus important de tous. De son côté, Tom Heinsohn est célébré comme jamais après un match d’anthologie ou il a été formidable de bout en bout.

Si je ne me bats pas pour mes joueurs, ils ne se battront pas pour moi. – Red Auerbach
Cette phrase prononcée par Red Auerbach lors d’une interview en mars 1957 est peut-être le socle de la dynastie Celtics. Une équipe qui ne lâche jamais rien, coach et joueurs déterminés à gagner quoiqu’il en coûte. Si Auerbach n’est pas sur le terrain pour mettre des paniers ou prendre des rebonds, il est impliqué comme aucun autre entraîneur ne l’est en NBA. Il vit chaque seconde de chaque match avec une intensité rare et ses hommes en font de même.
Alex Hannum confirme à la fin de cette finale que les Celtics sont trop fort et que leur esprit combatif a été la clé de leur succès. Cependant, il conclut en disant que ses Hawks regardent vers l’avenir et qu’ils sont déjà en marche pour la prochaine saison. Saint-Louis veut sa revanche.