L’histoire des retours des joueurs européens de la NBA vers l’Europe est fascinante, marquée par des trajectoires variées qui reflètent les dynamiques du basket-ball mondial. Depuis les années 1990, la NBA est devenue un véritable aimant pour les talents européens, mais certains joueurs ont fait le choix de revenir jouer en Europe, que ce soit pour des raisons personnelles, financières ou sportives. Voici un panorama de cette tendance.
Cet article a été écrit par Elias Semaan.
Les pionniers européens en NBA
Avant de comprendre les raisons des retours, il est important de se rappeler l’histoire de l’arrivée des joueurs européens en NBA. Les premiers joueurs du Vieux Continent à s’imposer dans la ligue américaine datent des années 1980 et 1990. Dražen Petrović, Vlade Divac et Arvydas Sabonis font partie des pionniers qui ont ouvert la voie. Ces joueurs ont prouvé que les Européens pouvaient non seulement intégrer la ligue nord-américaine, mais aussi y exceller.
Le succès de stars européennes comme Dirk Nowitzki, Pau Gasol, Tony Parker et, plus récemment, Luka Dončić et Giannis Antetokounmpo, a fait exploser le nombre de recrues internationales. Cependant, tous les joueurs européens n’ont pas eu le même succès ou ne sont pas restés sur le sol américain. Certains ont fait le choix de retourner en Europe, pour différentes raisons.
Les raisons des retours
- Temps de jeu et rôle limités en NBA
L’une des raisons majeures des retours des joueurs européens est le manque de temps de jeu ou un rôle insatisfaisant en NBA. De nombreux joueurs qui dominent en Europe se retrouvent en bout de banc ou avec des rôles mineurs aux États-Unis. Parfois, ils préfèrent revenir en Europe, où ils peuvent retrouver un rôle de leader. Un exemple marquant est celui de Nikola Mirotić, qui après plusieurs saisons solides en NBA (Bulls, Pelicans, Bucks), a choisi de rejoindre le FC Barcelone en 2019, où il est devenu une star en Euroleague.
- Adaptation culturelle et vie personnelle
Vivre aux États-Unis peut représenter un défi pour certains joueurs européens. L’éloignement de la famille, l’adaptation à une nouvelle culture, et le rythme de vie intensif de la NBA peuvent peser lourdement sur leur moral. Le cas de Sasha Vujačić est parlant. Après avoir remporté deux titres NBA avec les Lakers en 2009 et 2010, Vujačić est retourné en Europe avant de revenir brièvement en NBA.
- Opportunités financières et sportives en Europe
Avec l’émergence des clubs européens disposant de moyens financiers conséquents, comme le Real Madrid, le FC Barcelone, l’Olympiakos ou le CSKA Moscou, jouer en Europe peut être tout aussi lucratif que de rester en NBA, tout en offrant des avantages supplémentaires (proximité familiale, meilleure qualité de vie). Certains joueurs, ayant déjà gagné suffisamment d’argent en NBA, optent pour un retour afin de jouer dans des clubs compétitifs européens. Par exemple, Sergio Rodríguez a fait un aller-retour entre l’Europe et la NBA, jouant pour les Kings et les Sixers, avant de retourner au Real Madrid, puis à l’Olimpia Milan.
- Vieillissement et fin de carrière
En fin de carrière, plusieurs joueurs européens ayant passé de nombreuses années en NBA choisissent de revenir au bercail pour terminer sur une note plus familière. Ils apportent leur expérience et contribuent au développement de la ligue européenne tout en jouant à un niveau toujours compétitif. Peja Stojaković, par exemple, a brièvement envisagé un retour en Europe avant de prendre sa retraite.
Quelques exemples notables de retours
- Arvydas Sabonis : Après une carrière légendaire en Europe, Sabonis est arrivé en NBA en 1995, relativement tardivement à cause de problèmes politiques et de blessures. Après ses années avec les Portland Trail Blazers, il est retourné en Europe, jouant pour le Zalgiris Kaunas avant de prendre sa retraite.
- Dražen Petrović : Après un passage difficile aux Blazers, il s’est imposé avec les Nets. Avant sa mort tragique, il avait exprimé des désirs de revenir en Europe à terme, notamment pour jouer en EuroLeague.
- Ricky Rubio : Après avoir fait ses débuts avec le FC Barcelone, Rubio a été drafté par les Minnesota Timberwolves, mais n’a pas immédiatement rejoint la NBA, choisissant de rester en Europe quelques années avant de traverser l’Atlantique.
- Sergio Llull : Drafté par les Denver Nuggets en 2009, Llull n’a jamais joué en NBA, préférant rester en Europe où il est devenu l’une des stars du Real Madrid. Bien que ce ne soit pas un retour à proprement parler, son choix de rester en Europe illustre les options financières et sportives attrayantes offertes par le basket européen.
Une aventure ratée en NBA
- Antoine Rigaudeau
Malgré son succès en Europe, Antoine Rigaudeau tente l’aventure en NBA relativement tard dans sa carrière. En janvier 2003, à 31 ans, il signe un contrat avec les Dallas Mavericks. Son passage en NBA sera toutefois très bref. En raison de blessures et de difficultés d’adaptation au style de jeu rapide et physique de la NBA, Rigaudeau ne jouera que 11 matchs avec Dallas.
Il marque en moyenne 1,5 point par match, n’ayant jamais vraiment l’occasion de s’imposer dans la rotation de l’équipe. Ce court passage illustre à quel point il peut être difficile, même pour des stars européennes établies, de s’adapter à la NBA, surtout lorsqu’elles arrivent tardivement dans leur carrière.
- Nando De Colo
Fort de son succès en Europe, Nando De Colo attire l’attention des recruteurs NBA. Il est sélectionné au 53e rang de la draft NBA 2009 par les San Antonio Spurs, mais reste en Europe pour parfaire son développement avant de rejoindre la NBA.
En 2012, De Colo fait finalement ses débuts en NBA avec les San Antonio Spurs, une équipe reconnue pour son jeu collectif et son intégration réussie des joueurs internationaux (avec notamment des stars comme Tony Parker, Manu Ginóbili et Tim Duncan). Cependant, malgré ses qualités, De Colo peine à s’imposer dans la rotation des Spurs. Il joue un rôle mineur durant ses deux saisons à San Antonio (2012-2014), avec des moyennes de 3,8 points et 1,7 passe décisive en 11 minutes de jeu par match.
En février 2014, De Colo est transféré aux Toronto Raptors, où il termine la saison. Bien qu’il ait un peu plus de temps de jeu à Toronto, il ne parvient toujours pas à devenir un joueur clé en NBA. Après la saison 2013-2014, il décide de retourner en Europe, où il va connaître les plus grands succès de sa carrière.
- Boban Marjanovic
Boban Marjanović a souvent été utilisé de manière stratégique en NBA. En raison de sa taille exceptionnelle, il peut dominer sous le panier en termes de rebonds et de points dans la raquette, mais il est également limité par sa vitesse et son endurance. Ses statistiques en carrière sont modestes, avec des moyennes de 6,0 points et 3,9 rebonds par match en 9 minutes de jeu. Cependant, lorsqu’il est utilisé correctement, il peut être incroyablement efficace.
En 2019, lors d’un match avec les Mavericks, Boban Marjanović a établi un record personnel en inscrivant 31 points et capturant 17 rebonds en seulement 31 minutes, montrant ainsi son potentiel lorsqu’il reçoit du temps de jeu prolongé.
- Šarūnas Jasikevičius
Après avoir dominé l’Europe, Jasikevičius tente l’aventure en NBA en 2005 en signant avec les Indiana Pacers. Malgré son immense succès en Europe, son passage en NBA n’est pas à la hauteur des attentes. Les systèmes de jeu et le style de basket aux États-Unis ne favorisent pas les meneurs comme Šaras, plus axés sur la vision du jeu et les passes. Il joue deux saisons avec les Pacers, avec des moyennes de 6,8 points et 2,9 passes décisives en 23 minutes par match. En 2007, il est transféré aux Golden State Warriors, mais son temps de jeu diminue et il décide de retourner en Europe à la fin de cette saison.
Le retour des joueurs européens de la NBA vers l’Europe est une tendance qui montre que le basket-ball est devenu un véritable sport global. Si la NBA reste l’objectif ultime pour beaucoup, l’Europe offre une alternative compétitive et attrayante pour ceux qui cherchent des rôles plus importants, une meilleure qualité de vie, ou tout simplement un retour aux sources. Que ce soit par choix personnel ou par nécessité, ces retours continuent de marquer l’histoire du basket européen.