Replongeons-nous dans le contexte de l’époque. Nous sommes alors fin janvier, quand Los Angeles se déplace à Boston pour la deuxième et dernière fois de la saison. Lors de la première rencontre, on avait eu le droit à un match haletant qui a vu les Lakers prendre les devants à l’entrée du money-time avant que les Celtics ne refroidissent le Staples Center la Crypto.com Arena. Après une prolongation arrachée par Jayson Tatum à 20 secondes de la fin grâce à un fadeaway sur Lebron, les Celtics s’imposeront 122-118. C’est donc avec un air de revanche que Los Angeles s’avance dans le Massachusets. La mission s’annonce cependant compliqué pour les Lakers qui, avant ce match, pointent à la 13ème place de la Conférence Ouest tandis que les Celtics caracolent en tête à l’Est.
Une ambiance électrique pour une rivalité historique
Dans un TD Garden plein à craquer, Jayson Tatum pénètre dans les tunnels avec un maillot, pour le moins provocateur, où Kobe porte un t-shirt des Celtics. Une façon de dire que bien qu’il soit un fan absolu du Black Mamba, il roule bel et bien pour la franchise rivale. Un vêtement qui ne tarde pas à irriter les fans angelinos. Oui, la rivalité, bien que moins présente ces dernières années subsiste toujours. Les deux équipes pénètrent sur le parquet, prêtes à en découdre. Place au match !
Un match équilibré
En première mi-temps, les deux équipes se répondent coup pour coup. D’un côté, les Celtics comptent sur leur collectif bien huilé malgré un duo Tatum-Brown peu inspiré, de l’autre, Los Angeles s’en remet à un Lebron James bien seul. Anthony Davis est bel et bien présent, mais revient tout juste de blessure et commence le match sur le banc. Malgré cela, les Lakers rentrent à la mi-temps avec une avance de 6 points, 54-48.
Au retour des vestiaires, les Celtics reviennent petit à petit dans le sillage d’un Jayson Tatum qui semble préchauffer en inscrivant 3 tirs à 3 points dans le 3ème quart-temps, oui, ça fait beaucoup de 3. A l’entame du dernier quart-temps, les deux équipes sont dos à dos, 81-81. Dans cet ultime entracte, Los Angeles profite de l’erreur au démarrage de Tatum, qui a visiblement oublié son shoot sur le banc. Les joueurs vêtus de vert vont accuser jusqu’à 7pts de retard dans le milieu du quart-temps. Cependant, comme souvent cette saison, la bande à Mazzula ne va pas s’effondrer et va revenir pour nous offrir une fin de match à suspens.
Le corps arbitral entre en jeu
Il n’est jamais facile d’arbitrer un match d’une rivalité telle. Vous savez pertinement que chaque action va être scrutée à la loupe et qu’on vous fustigera pour chaque call litigieux. Cependant, compliqué de passer à côté de la performance des arbitres ce soir-là tant elle a été médiocre. L’une des premières actions marquantes s’est produite à la fin du 3ème quart-temps quand Schröder se fait siffler une faute inexistante sur Tatum qui avait manqué un lay-up facile. L’allemand se roule au sol de frustration et prend une technique assez stupide. Les esprits sont alors bien échauffés par les coups de sifflet discutables des arbitres du soir pendant que le TD Garden donne de la voix. Il reste alors environ 3 minutes et on sent qu’on est à un simple coup de grisou de complètement dynamiter la salle, et quel coup cela va être… On rentre dans les ultimes minutes de ce match quand Tatum drive sur Anthony Davis qui défend proprement en évitant le contact. L’arbitre ne le voit pas de cet oeil et siffle faute, ce qui amènera AD et Lebron a montré leur incompréhension suite à ce coup de sifflet. Darvin Ham est donc contraint d’utiliser son challenge, qu’il remportera. Bien qu’il soit réussi, il est important de notifier qu’il n’est donc plus disponible pour la fin du match. Spoiler : cela risque d’avoir son importance.
Une dramaturgie folle
Nous voici maintenant dans les derniers instants de ce match quand, à la surprise générale, Patrick Beverley inscrit un 3pts ! Lui qui était plus qu’en difficulté dans ce secteur, et pas que, permet à Los Angeles de prendre 2 points d’avance à 51 secondes de la fin. Brogdon égalisera derrière, sur la ligne des lancers, avec la fiabilité qu’on lui connaît. La possession suivante est compliquée pour les Lakers et AD se retrouve dans une position où on ne veut pas le voir, derrière la ligne à 3pts. Celui-ci loupe alors sans grande surprise son shoot, quand, sorti de nulle part… Patrick Beverley, encore lui, vient faire une claquette dunk ! C’est son premier dunk depuis plus de 3 ans, la salle est sous le choc, a commencé par Lebron qui n’en revient pas. Derrière, Jaylen Brown dégaine rapidement, mais loupe pour un rebond de… Patrick Beverley bien sûr ! Avec moins de 15 secondes au chrono et une avance de 2 points pour les Angelinos, les Celtics sont obligés de faire faute. Pat Bev’ va donc sur la ligne des lancers et fait 1/2. Difficile de lui en vouloir quand on voit ce qu’il a fait avant, mais ce loupé laisse Boston à une possession. Après un bon mouvement de balle, Tatum trouve Horford dans le corner qui réalise un surprenant écart puisque la balle touche le haut de la planche. On se dit alors que les Lakers vont prendre le rebond et sécuriser la win. Mais vous vous doutez bien que cet article ne serait probablement pas sorti si c’était le cas… En effet, c’est bel et bien Jaylen Brown qui va s’arracher au rebond devant des Lakers attentistes et va même inscrire le panier avec la faute mal venue de Beverley, encore et toujours. Le sosie numéro 1 de Kaaris ne tremble pas sur la ligne et égalise.
Un ultime coup de théâtre
4,1 secondes. C’est le temps qui reste aux Lakers pour aller arracher une précieuse victoire chez le rival historique. On se dit alors que la balle ira à Lebron James, qui est le seul avec Beverley, à avoir sorti la tête de l’eau. Sur la remise en jeu, Schröder trouve le King qui arrive lancer à toute allure en direction de la raquette. Les épaules de Brogdon ne suffisent pas et l’absence de Robert Williams se fait ressentir dans la peinture verte, Lebron semble alors se diriger vers un lay-up facile. La balle quitte sa main gauche quand, stupéfaction, il loupe. A vitesse réelle, on ne comprend pas vraiment, mais la réaction de Lebron ne laisse que peu de place au doute. Celui-ci explose littéralement de rage, dans une chorégraphie digne des plus grands spectacles contemporains. Il laisse écalter sa frustration et parvient à peine à se contrôler pour ne pas percuter les arbitres de plein fouet. On attend maintenant le ralenti. Le résultat est sans appel : Tatum fait une faute évidente sur le bras gauche de Lebron l’empêchant de finir son geste. L’arbitre, pourtant situé juste en dessous, ne voit rien. Les fans des Lakers crient au scandale diplomatique et ont envie d’exploser leurs écrans, quand les fans des Celtics, d’un sourire malicieux, se réjouissent de la situation à l’image d’un Tatum qui fait de grands signes « non » pour signaler qu’il ne l’a pas touché. Pour couronner le tout, Patrick Beverley qui a réalisé 90% de ses highlights de la saison sur ce match, se saisit d’une caméra pour montrer à l’arbitre qu’il y avait bel et bien faute. Il écopera d’une faute technique, mais quel spectacle, ce fut ! A ce moment là, les Lakers n’ont pas encore perdu mais cette action les a fait dijoncter et Jaylen Brown, en prolongation, va sonner le glas de ce match. Victoire 125-121 des Celtics. Lebron, qui a inscrit 41 points, 9 rebonds et 8 passes, est exténué. Il semble croire que tout est contre lui, entre les mauvaises performaces de ses coéquipiers et la performance des arbitres du soir.
Après le match, Lebron réagira au micro de la presse, le visage complètement désabusé :
« Je ne comprends pas… J’attaque la peinture autant que des joueurs qui shootent des dizaines de lancers francs par match. Je ne comprends pas… »
AD sera encore plus direct :
« On s’est fait voler. C’est inacceptable, pour être honnête… »
Les arbitres ont reconnu après le match qu’ils avaient fait une erreur sur cette dernière action. Autant vous dire que ces excuses sont plutôt mal passées du côté de la Lakers Nation qui ne digère pas cette défaite.
Sur le bilan comptable, on pourrait être amenés à se dire que si l’arbitre avait sifflé faute, Lebron aurait mis au moins un lancer et cette victoire aurait permis aux Lakers de ne pas passer par le play-in. Mais avec des si, on coupe du bois, on met Paris en bouteille… Ou les Lakers en play-offs.