Après une période d’après-guerre de transition et un EuroBasket 1949 peu légitime, les années 50 voient l’avènement de la plus grande puissance de l’histoire du basket européen. Pourtant, à de multiples reprises, cette dynastie aurait pu être coupée dans son élan.
EuroBasket 1951, le retour des grands

La France, vice-championne d’Europe, est retenue comme hôte de l’édition de 1951 de l’EuroBasket, qui se déroule entre le 3 et 12 mai au tristement célèbre Vélodrome d’hiver, 8 ans avant sa démolition. Dix-huit équipes nationales affiliées à la FIBA ont participé à la compétition, un nombre record et plus de deux fois supérieur à celui des deux années précédentes.
Lors du tour préliminaire, les 18 équipes ont été réparties en quatre groupes. Deux de ces groupes comptaient cinq équipes chacun, les autres quatre. Les deux premières équipes de chaque groupe se sont qualifiées pour les quarts de finale. Les sept équipes qui s’étaient classées troisième et quatrième accédaient au tour de classement, ce qui laissait une place de plus dans ce tour, qui se disputait lors d’un face à face entre les deux équipes classées cinquièmes.
Les quarts de finale se sont déroulés en deux groupes. Les équipes accèdent au tour final en fonction de leurs résultats au premier tour. Les deux premières équipes accèdent au dernier carré, tandis que les équipes classées troisième et quatrième se disputent les 5e à 8e places.
Il est notable de mentionner que l’Égypte, championne d’Europe en titre et 5e à la Coupe du Monde 1950, n’est pas venue en France en 1951 défendre son titre. Ainsi, on peut s’attendre que les deux autres équipes médaillées en 1949, la France et la Grèce, puissent jouer des rôles majeurs cette année-là. Mais cette édition a aussi vu le retour des finalistes de 1947, l’Union Soviétique et la Tchécoslovaquie, après avoir raté le tournoi de 1949. Il est clair que ces pays comptent retrouver leurs médailles.
L’Union Soviétique triomphe dans la controverse
1951 a vu le retour au sommet du podium de l’EuroBasket pour l’Union Soviétique. Les champions de 1947 n’ont pas perdu de temps et ont écrasé la compétition au premier tour avec 4 victoires dominantes dans le groupe B pour une différence de points de +195 durant une période pré-horloge de tirs.
Placée dans le groupe B en quarts de finale, l’URSS a continué son bon élan au tour suivant en remportant ses 3 matchs, dont un 37-53 contre la Tchécoslovaquie du futur MVP Ivan Mrázek. Finissant première de son groupe, l’équipe soviétique avait des raisons d’être confiante avant de jouer les demi-finales. Disposant sans grande difficulté de la surprise bulgare en demi-finale, 72-54, l’Union Soviétique affronte en finale une équipe contre laquelle elle est familière: la Tchécoslovaquie.
Pourtant, ce fut le match le plus difficile de la compétition. La finale se termine par une grande controverse, lorsqu’à la dernière seconde, avec un score de 44-44, Stepas Butautas, le meilleur marqueur de la finale, reçoit une faute. L’égalité est rompue par le Soviétique Ilmar Kullam sur la ligne des lancers francs à une seconde de la fin, ce qui donne aux Soviétiques la victoire 45-44.
Cette victoire a été remise en question, car l’un des arbitres a d’abord signalé que Kullam avait marché sur la ligne de lancer franc pendant le tir et que, par conséquent, le point serait refusé. Après consultation d’un autre arbitre, le lancer franc a été confirmé et les Soviétiques ont remporté leur deuxième championnat d’Europe.
Les Soviets prirent 20 minutes pour fêter l’événement, le temps que l’action soit validée par les arbitres. Lors de la cérémonie de clôture, l’équipe de l’URSS a reçu un cadeau du président Vincent Auriol, un vase en porcelaine de Sèvres, ainsi que 16 étuis à cigarettes.
Si le reste du monde parle encore maintenant de ce lancer franc controversé, en Russie, l’arbitrage de l’officiel turc qui aurait permis à la Tchécoslovaquie de recoller au score reste encore dans les mémoires. Cependant, lors de la cérémonie de remise des prix, l’hymne national de l’URSS a été joué sous les huées au Vél d’hiver, la foule parisienne supportant les Tchécoslovaques qui les avaient pourtant éliminés.

La première grande équipe bulgare
La Bulgarie, elle, après avoir été battue par l’Union Soviétique, perdra le match pour la 3e place face à la France de Jacques Dessemme. Pas de médaille pour les Bulgares en 1951, mais cela reste leur meilleure participation à ce stade pour leur troisième EuroBasket.
Emmenés par leur leader Konstantin Totev, les Lions avaient déjà affiché leurs ambitions en terminant premiers du groupe C au premier tour. Certes, ils furent aidés par le retrait au dernier moment de la Roumanie, mais des victoires contre le Portugal et surtout la Grèce, 38-68, ont montré que l’équipe n’était pas à sous-estimer.
Arrivant dans le groupe A, la Bulgarie est placée dans un groupe compliqué avec la France, la Turquie et la Belgique. Finissant avec un bilan de 2-1 comme les hôtes et les Turcs, les Bulgares se sont qualifiés pour les demi-finales grâce à la différence de points en confrontation directe. Si la compétition s’est conclue par deux défaites, dont une nouvelle contre la France après celle au tour précédent, ce beau parcours fut le point de référence pour la première grande génération bulgare, coachée par Veselin Temkov.
Retour sur Terre pour la Grèce
Deux ans plus tôt, la Grèce avait obtenu la première médaille de son histoire avec une troisième place à l’EuroBasket. Mais en 1951, avec le retour des grandes nations européennes, l’équipe a dû faire face à un retour à la réalité. L’équipe, entraînée par Vladimir Vallas et possédant toujours des noms de l’épopée de 1949 dont le meilleur marqueur Faidon Matthaiou, avait terminé deuxième de son groupe lors de la première phase derrière la Bulgarie, battant le Portugal et la Roumanie, cette dernière par forfait. Ainsi, elle se qualifie dans le groupe B des quarts de finale.
Hélas, dans le deuxième groupe, la sélection grecque perdra lourdement ses trois matchs contre l’Italie, mais surtout la Tchécoslovaquie et l’URSS, les deux finalistes de cette édition. Après deux défaites contre la Turquie et la Belgique, la Grèce finit 8e de l’EuroBasket. Ce tournoi était une leçon pour l’équipe hellénique, et son premier vrai test. Désormais, elle connaît son niveau face à l’élite du continent, mais pourra-t-elle repartir de l’avant pour la prochaine édition?
EuroBasket 1953, bref retour d’une tradition

Comme c’était le cas auparavant, le champion en titre est l’hôte de l’EuroBasket en 1953. Le Stade Dynamo de Moscou est la scène sur laquelle les basketteurs se sont exprimés cette année-là entre le 23 mai et le 4 juin. Lors du tour préliminaire, les 17 équipes ont été réparties en quatre groupes.
L’un des groupes compte cinq équipes, les trois autres en comptent quatre. Les deux premières équipes de chaque groupe se sont qualifiées pour le tour final, tandis que les neuf équipes restantes ont été reléguées au classement. Le tour final s’est déroulé sous la forme d’un tournoi à la ronde à 8 équipes, sans autres éliminatoires.
Jouant à domicile, l’URSS, tenant du titre et finaliste des Jeux Olympiques de 1952, est l’équipe favorite de la compétition. Chez les outsiders, on retrouve la Tchécoslovaquie, finaliste du dernier EuroBasket mais ressortant des Jeux décevants. La France, médaillée de bronze en 1951 et 8e des JO, compte retourner sur le podium, mais attention à la Bulgarie, qui s’était vengé à Helsinki et qui a fini 7e. Cette équipe pourrait bien jouer un rôle majeur dans ce tournoi.
A noter également le retour de l’Égypte, les champions de 1949. L’équipe sort de Jeux Olympiques décevants où de lourdes défaites face à la France et le Chili les avaient éliminés au premier tour. Les Egyptiens, un an après la révolution qui a renversé le roi, comptent réaliser une performance plus honorable lors de cette compétition. Les conflits internationaux ont eu un impact sur la compétition. Le Liban et l’Égypte ont tous les deux refusé d’affronter l’Israël, résultant à deux victoires par forfait pour les blancs et bleus lors de cet EuroBasket.
Un triomphe dominant pour l’URSS
Sans grande surprise, les Soviétiques ont survolé la compétition en 1953 et ont remporté leur 3e EuroBasket. Placée dans le groupe C, l’équipe du MVP Anatoly Konev a remporté ses 3 matchs contre la Hongrie, la Belgique et le Danemark. Contre ces derniers, ils ont même gagné 118-14, la victoire la plus large de cette édition.
Lors de la phase finale, l’Union Soviétique est restée invaincue, battant ses 7 adversaires pour remporter le Championnat d’Europe sans contestation cette fois-ci. La différence de score moyenne est 32,1 en faveur des soviétique. A ce stade, il était difficile d’imaginer quelle équipe pourrait vaincre ce pays.

60% des points de l’équipe ont été marqués par les cinq joueurs titulaires, le meneur Butautas, l’arrière Gunars Siliņš, l’ailier Ilmar Kullam, l’ailier fort Konev et le pivot Otar Korkia. Un cinq de rêve qui était inarrêtable en Europe à cette époque.
La remontée hongroise
Après avoir raté l’EuroBasket 1949 et 1951, la Hongrie avait fait son retour en compétition aux Jeux Olympiques de 1952, où une élimination au premier tour ne laissait rien présager pour leur participation en 1953. Pourtant, la Hongrie fut la seule équipe (avec la Tchécoslovaquie) qui a su tenir tête à l’URSS lors de la compétition, perdant 64-54 au premier tour, puis 24-29 lors du tour final, la victoire la plus serrée pour les Soviétiques.
Avant d’arriver à la phase finale, la Hongrie avait décroché des victoires dominantes sur la Belgique et le Danemark lors de la première phase de groupe, se présentant comme une équipe dangereuse. Tibor Zsíros, le meilleur marqueur de l’équipe, fut particulièrement remarquable.
Avec des grosses victoires face à l’Israël, l’Égypte et la Yougoslavie et des défaites serrées face à l’URSS, la France et la Tchécoslovaquie, la Hongrie termine la phase finale avec un bilan de 4-3. Grâce à une différence de points supérieure aux Bleus, aux Tchécoslovaques et aux Israéliens lors de leurs confrontations directes, ils terminent 2e de la compétition et remportent leur première médaille d’argent.
Une élimination cruelle pour les Bulgares
La Bulgarie, avec le jeune talent Georgi Panov, comptait viser haut pour cet EuroBasket. Hélas, elle ne passera pas le premier tour, terminant 3e du groupe D. Pourtant, ils étaient si proches d’atteindre le tour final. Israël, la Yougoslavie et la Bulgarie ont tous les 3 terminé avec un bilan de 3-1.
Les équipes furent donc départagées par la différence de points en confrontation directe. Tous les matchs entre eux furent serrés, sauf la défaite 48-61 des Bulgares face aux Israéliens, qui fut le moment clé de cette phase de groupe. La Bulgarie devra donc se contenter d’une 9e place après avoir remporté ses matchs de classifications. Est-ce un accident de parcours, ou est-ce que la belle période du basket bulgare est déjà finie?
EuroBasket 1955, une introduction majeure

Après avoir terminé deuxième à l’EuroBasket, la Hongrie fut l’hôte de la compétition en 1953. 18 équipes se sont affrontées entre le 7 et 19 juin au Népstadion de Budapest, le Stade du Peuple construit en 1953. Un stade olympique pouvant accueillir jusqu’à 100 000 personnes.
Lors du tour préliminaire, les 18 équipes ont été réparties en quatre groupes. Deux de ces groupes comptaient cinq équipes chacun, les deux autres quatre. Les deux premières équipes de chaque groupe se sont qualifiées pour le tour final, tandis que les dix autres équipes ont été reléguées à la phase de classification. Le tour final s’est déroulé sous la forme d’un tournoi à la ronde à 8 équipes, sans autres éliminatoires.
Ce tournoi fut notable pour l’introduction de l’horloge de tirs. D’une durée initiale de 30 secondes, la nouvelle règle a eu un effet immédiat sur les tactiques et les entraîneurs ont complètement changé de style, passant d’un jeu de possession ralenti à un jeu de tir rapide.
En conséquence, le nombre de points marqués a augmenté par rapport aux éditions précédentes, et la victoire 140-44 de la Pologne sur l’Angleterre est un record qui tient encore aujourd’hui. Comme d’habitude, l’URSS, maintenant double championne en titre, est favorite de l’EuroBasket en 1955. Parmi les outsiders, on peut compter sur la Hongrie, deuxième de l’édition précédente, et qui joue devant son public.
La France, deux fois médaillée de bronze consécutivement et 4e de la Coupe du Monde en 1954, est attendue pour finir une nouvelle fois sur le podium de l’EuroBasket en 1955. Attention également à la Tchécoslovaquie, 4e de la dernière édition.
La Hongrie fait chuter l’URSS
Quand on parle des plus grands exploits de l’histoire du sport, être capable de remporter l’EuroBasket alors que l’URSS est au sommet de sa puissance est certainement un accomplissement qui se classe très haut. Et c’est bel et bien ce qu’a accompli la Hongrie en 1955.
Les Magyars avaient commencé le tournoi en force, remportant leurs 3 matchs dans le groupe B face à l’Italie, la Turquie et la Finlande de manière convaincante, et avec un János Greminger époustouflant. Le leader de l’équipe, son cœur, son esprit, ses poumons, était accompagné par Zsíros, la star d’une équipe ambitieuse.
Cependant, une défaite face à la Tchécoslovaquie pour débuter la phase finale, mettant fin à une série de 17 matchs sans défaite, aurait dû être un coup de massue vis-à-vis des ambitions hongroises. István Kutas, le directeur sportif, congédie l’équipe au milieu d’insultes choisies dans le vestiaire. Pour remonter le moral de ses coéquipiers, János Simon, le créateur d’ambiance, fait chanter les basketteurs qui ont le nez qui penche dans le bus, et l’équipe approche la suite de la compétition avec un meilleur humeur.
Après deux matchs, l’Union soviétique est la seule équipe encore invaincue. La Pologne avait perdu ses deux matches et les six autres équipes étaient à 1-1. L’équipe soviétique est restée invaincue grâce à une victoire facile sur la Yougoslavie, tandis que la Bulgarie et la Hongrie la suivaient de près (2-1). Les cinq autres équipes étaient à la traîne (1-2), la Tchécoslovaquie ayant perdu contre la Yougoslavie et la Pologne dans des matches consécutifs.
Mettant fin à la série d’invincibilité de l’Union soviétique, qui s’étendait sur 32 matchs et en était à son quatrième tournoi, la Tchécoslovaquie s’est imposée 81-74 pour porter l’Union soviétique à 3-1, à égalité avec une équipe hongroise qu’elle n’avait pas encore affrontée en compétition directe lors du tour final.
L’Union soviétique et la Hongrie ont chacune remporté leur match du cinquième tour, passant à 4-1 chacune avec deux matchs restants. Le sixième match les opposera l’une à l’autre, et l’égalité en tête du groupe est sur le point d’être rompue.

40 000 personnes rugissent dans les tribunes du Népstadion. Le public a vibré, s’est épris du basket, des joueurs, de l’ambiance euphorique, et à chaque panier hongrois, connaissances et inconnus se sont serrés dans les bras. L’équipe hongroise hôte a infligé à l’Union soviétique sa deuxième défaite dans l’histoire de l’Eurobasket avec un score de 68-82 où le duo László Hódi et Zsíros ont combiné pour 40 points. Cette victoire historique a donné lieu à des scènes de célébration nationale.
Le match contre les Soviétiques a peut-être été le point culminant de ma carrière.” a déclaré Zsíros. “Le match s’est très bien déroulé, j’ai eu des ailes. Je n’avais jamais rien ressenti de tel auparavant. Le public m’a vraiment poussé. Je ne saurais le dire : j’avais l’impression qu’ils me portaient. Ils me portaient sur leur dos, et tout ce que je faisais était extrêmement facile. Ce match m’a offert une expérience inoubliable.”
Pour la première fois, les Soviétiques n’étaient plus maîtres de leur destin. Les Hongrois avaient pris la tête du groupe et les Soviétiques ne pouvaient pas la reprendre directement. Ils étaient désormais à égalité pour la deuxième place avec la Bulgarie et la Tchécoslovaquie.
La victoire de la Hongrie sur la Roumanie offre la médaille d’or aux hôtes, qui sont la seule équipe à 6-1 dans le tour final. Les Soviétiques et les Tchécoslovaques ont tous deux terminé à 5-2, la Tchécoslovaquie remportant la médaille d’argent et l’Union soviétique, trois fois médaillée d’or, la médaille de bronze.

János Greminger fut nommé le MVP d’un EuroBasket où les hôtes ont su se surpasser. L’hymne national hongrois est chanté fièrement, interprété devant 40 000 personnes. Les joueurs de l’équipe hongroise ont été salués comme des héros, au même titre que l’équipe de football qui, à l’époque, dominait également l’Europe. Le point culminant de la fierté nationale, 1 an avant la révolution hongroise.
Le retour en force bulgare
2 ans après un échec cruel, la Bulgarie revient en 1955 avec des ambitions, et les affiche dès la phase de groupe de l’EuroBasket. Deux grosses victoires sur le Danemark et l’Allemagne de l’Ouest dans le groupe D, suivies d’une courte mais encourageante défaite face à la Tchécoslovaquie permettent à la Bulgarie de croire à un retour parmi les hautes places de la compétition.
Avec des victoires face à la Yougoslavie, la Roumanie, la Pologne et l’Italie, la Bulgarie se bat jusqu’au bout pour obtenir une médaille dans cette compétition. Hélas, une nouvelle défaite, 67-73 face à la Tchécoslovaquie, fait que l’équipe échoue aux pieds du podium. Cela dit, cette 4e place en 1955 reste une performance satisfaisante pour Panov et ses coéquipiers, et un signe que la génération dorée bulgare n’avait pas encore dit son dernier mot.
Le premier faux pas français
Jusqu’à présent, l’équipe de France a toujours répondu présente lors d’une compétition et a su bien se placer. Hélas, l’EuroBasket 1955 fut le premier où les Bleus ont déçu les observateurs. Placée dans le groupe A, la France commence avec deux victoires simples sur l’Autriche et l’Angleterre.
Mais deux défaites serrées face à la Pologne et la Yougoslavie font que les Bleus terminent 3e et sont renversés en phase de classification. Henri Grange et ses coéquipiers domineront leur deuxième phase, remportant les matchs qui les mèneront finalement à la 9e place de l’EuroBasket. Il n’y a plus qu’à espérer que la France se rattrape en 1957.
EuroBasket 1957, la stabilité du format

Après son beau parcours en 1955, la Bulgarie est l’hôte de l’EuroBasket 1957. 16 équipes se donnent rendez-vous entre le 20 et 30 juin au Stade national Vassil Levski de Sofia, nommé en l’honneur du héros national bulgare. Un stade olympique pouvant accueillir 43 230 personnes.
Lors du tour préliminaire, les 16 équipes ont été réparties en quatre groupes de quatre équipes. Les deux premières équipes de chaque groupe se sont qualifiées pour le tour final afin de disputer les huit premières places, tandis que les deux dernières ont été envoyées au tour de classement afin de disputer les 9e à 16e places. Le tour final s’est déroulé sous la forme d’un tournoi à la ronde à 8 équipes, sans autres éliminatoires.
La Hongrie, tenante du titre et toujours avec ses leaders János Greminger et Tibor Zsíros, compte bien conserver son titre. Attention à l’URSS cependant, ressortant d’une médaille d’argent aux Jeux Olympiques de 1956, rappelant qu’elle reste la meilleure nation européenne de basket.
Parmi les outsiders, on peut citer la France, qui après son mauvais parcours au dernier EuroBasket, s’est rattrapée aux JO en terminant 4e. Juste derrière eux se situait la Bulgarie, qui avait également terminé 4e en 1955, et qui compte faire une belle prestation devant son public. Enfin, la Tchécoslovaquie, qui avait vaincu la Hongrie et l’URSS lors du dernier EuroBasket avant de finir 2e, et qui compte cette fois-ci repartir avec la médaille d’or.
Retour au sommet de l’URSS
C’est peut-être la première fois que l’équipe d’URSS n’est pas considérée comme la favorite du Championnat d’Europe. À domicile, les Bulgares étaient confiants dans leur victoire. Après un 107-38 infligé à l’Autriche pour ouvrir le groupe B, l’URSS a annoncé la couleur et ses intentions. Emmenée par Stanislovas Stonkus, déjà le meilleur joueur soviétique aux Jeux Olympiques un an plus tôt, l’équipe a dominé la première phase de l’EuroBasket 1957 et s’est qualifiée pour le tour final.
La Roumanie et l’Union soviétique ont chacune battu leurs deux premiers adversaires, rejoignant ainsi la Bulgarie en tête de la poule. L’équipe soviétique a remporté une victoire serrée (62-60) sur l’équipe tchécoslovaque du futur MVP Jiří Baumruk, qui a mis fin à la série de 32 matchs sans défaite de l’équipe soviétique lors du précédent EuroBasket.
La Roumanie a perdu un nouveau match contre son adversaire du tour préliminaire, la Hongrie, et ces deux équipes se sont retrouvées à 2-1 derrière les Soviétiques et les Bulgares, qui avaient tous deux maintenu des records parfaits lors de leurs trois premiers matchs. Les duos Stonkus-Mikhail Semyonov et Panov-Ilija Mirchev étaient les joueurs à suivre durant cette phase finale de l’EuroBasket.

L’Union soviétique et la Bulgarie, qui s’améliorent chacune à 6-0, se préparent à un match entre elles deux qui déterminera le championnat dans le septième et dernier match du tour. L’Union soviétique était menée de 4 points à la mi-temps du match décisif contre la Bulgarie. La deuxième mi-temps a été marquée par une explosion du nombre de points marqués, les Soviétiques ajoutant 41 points aux 19 de la première mi-temps.
La Bulgarie n’a pas été en mesure de maintenir le rythme, ne marquant que 34 points en seconde période et s’inclinant face aux Soviétiques sur le score de 60-57. Et c’est ainsi que l’Union soviétique est à nouveau au sommet de la montagne, la Bulgarie se contentant de la deuxième place.
Le Comité pour la culture physique et les sports du Conseil des ministres de l’URSS a inscrit les noms des entraîneurs et des joueurs de l’équipe nationale de basket-ball de l’Union soviétique dans le Livre d’honneur.” Le magazine “Sports Games” a rapporté. “L’ensemble de la délégation sportive soviétique a été remercié pour sa performance réussie au 10e Championnat d’Europe.”
Le point d’orgue du basket roumain
Les années 50 furent la meilleure période du basket roumain. Leur seule participation aux Jeux Olympiques en 1952 fut suivie par leur meilleur parcours à l’EuroBasket en 1957. Deux ans plus tôt, Andrei Folbert est nommé dans l’équipe de l’EuroBasket, aidant la Roumanie à finir 7e. Il est de retour en 1957, cette fois-ci en étant accompagné par Armand Nováček qui termine meilleur marqueur de son équipe.
La Roumanie est passée à un point de remporter sa poule préliminaire à l’EuroBasket 1957 à Sofia, en s’inclinant face 66-65 à la Hongrie lors du match d’ouverture du groupe D. Mais cette défaite encourageante face au tenant du titre, et les deux victoires sur la Finlande et la Belgique ont montré que cette équipe n’était pas à sous-estimer.
Les Tricolores ont commencé le dernier tour en force. Mais la Roumanie a perdu un nouveau match contre son adversaire du tour préliminaire, la Hongrie, et ces deux équipes se sont retrouvées à 2-1 derrière les Soviétiques et les Bulgares, qui avaient chacun maintenu des records parfaits lors de leurs trois premiers matchs. Ils ont terminé le tournoi sur une série de 1-4, terminant avec un bilan de 3-4. Néanmoins, la 5e place à l’EuroBasket et les matchs serrés contre les prétendants aux médailles ont constitué le sommet du basket-ball roumain.
Nouvel échec italien
Depuis son retour à l’EuroBasket en 1951, l’Italie s’est stabilisée en tant qu’équipe compétitive, jouant dans le dernier tour et terminant dans le top 8 européen régulièrement. Hélas, 1957 marque le début d’une période difficile pour les Italiens sur la scène continentale.
Avec la star de Bologne Mario Alesini en tant que leader, l’Italie a remporté son premier match dans le groupe C face à l’Allemagne de l’Ouest. Mais une lourde défaite face à la Bulgarie, puis un revers déchirant face à la France avec le score de 59-61 élimine l’Italie dès le premier tour pour la première fois depuis 1947. Dans le tour de classification, l’Italie finit le tournoi avec un bilan de 6-1, perdant 57-50 face à la Turquie, et les Azzurri obtiennent une 10e place décevante à la fin de l’EuroBasket, la pire position de son histoire à ce stade.
EuroBasket 1959, introduction d’un nouveau format

Direction la Turquie pour l’EuroBasket 1959. Le stade Mithat Paşa d’Istanbul, qui abritait alors l’équipe de football du Beşiktaş, était le lieu de l’événement entre le 21 et 31 mai. 32 145 places dans ce qui sera le dernier tournoi européen joué en plein air. En effet, la FIBA a introduit une règle garantissant que toutes les nations hôtes devront disposer d’arènes couvertes pour les éditions à venir.
Ce tournoi fut également notable pour avoir stoppé le format qui était en place depuis déjà plusieurs éditions. Lors du tour préliminaire, les 17 équipes ont été réparties en quatre groupes. L’un des groupes comptait cinq équipes, les trois autres en comptent quatre. Les deux premières équipes de chaque groupe accèdent au tour final, tandis que les neuf autres équipes sont reléguées au classement.
Les deux premiers de chaque groupe se sont qualifiés pour le tour final afin de déterminer les quatre premières places du classement final, et les équipes restantes, les 5e à 8e places. Deux groupes de quatre équipes ont déterminé les places 1 à 8. Les résultats des matches entre les équipes qui ont partagé un groupe en demi-finale ont été reportés à ce tour.
L’URSS, championne en titre, est sans surprise favorite pour le titre. Elle ressort également d’une Coupe du Monde 1959 bizarre où elle aurait dû être championne, mais la FIBA a rétrogradé l’Union Soviétique et la Bulgarie aux deux dernières places de la phase finale après qu’elles aient refusé de jouer contre Taïwan, déclarant forfait pour des raisons politiques.
De plus, elle possède une arme spéciale. En 1959, le pivot Jānis Krūmiņš, qui mesurait 2,18 m, a fait ses débuts à une époque où la plupart des pivots atteignent tout juste les 2,00 m. Krūmiņš n’est pas comparable aux hommes athlétiques de taille similaire qui jouent aujourd’hui, mais sa taille était certainement intimidante. En 1959, les Soviétiques comptaient Krūmiņš, Aleksandr Petrov (2,08 m), Viktor Zubkov (2,04 m), Gennadi Volnov (2,01 m) et Yuri Korneev.
Parmi les outsiders, on retrouve donc la Bulgarie, ressortant également d’une Coupe du Monde controversée, mais aussi d’une deuxième place à l’édition précédente de l’EuroBasket. Jouant toujours avec Georgi Panov et Ilija Mirchev, elle reste une équipe dangereuse. La Tchécoslovaquie, avec le MVP en titre Jiří Baumruk, et la Hongrie, possédant toujours le noyau de l’équipe championne d’Europe en 1955, sont également des candidats à la médaille.
La confirmation pour l’URSS
Placée dans l’unique groupe de 5 équipes, le groupe C, l’Union Soviétique a dominé la première phase avec de larges victoires sur la France, l’Allemagne de l’Est, Israël, et l’Italie. Dans cette phase, Zubkov s’est démarqué comme un candidat au titre de MVP.

La deuxième phase a vu l’URSS être mise en danger pour la première fois. La Bulgarie menait 34-38 à la mi-temps de leur rencontre du groupe 1, et il aura fallu une excellente deuxième période et un Krūmiņš dominant avec 28 points pour arracher une victoire avec le score de 66-60. Cette victoire, ainsi que celle étriquée sur la Hongrie (60-69) et plus convaincante sur la Pologne (78-59) assurent aux Soviétiques une place dans la phase finale en restant invaincus.
Après deux victoires sur la Tchécoslovaquie et la France, l’URSS remporte son 5e EuroBasket en 6 participations. Viktor Zubkov est nommé MVP de la compétition, et l’Union soviétique continue de dominer le continent. Si la fédération n’avait pas décidé de boycotter le match contre Taiwan quelques mois plus tôt, l’URSS aurait réalisé un doublé Championnat du Monde-Championnat d’Europe la même année.
Le retour de la France
Après une 9e et 8e place aux éditions précédentes de l’EuroBasket, il était difficile d’être optimiste quant aux chances de l’équipe de France en 1959. Pourtant, cette édition marque le retour des Bleus parmi les meilleures équipes du continent.
Placée dans le même groupe que l’URSS, la France a commencé son tournoi avec une lourde défaite, 80-48, face aux futurs champions. Leur 9e défaite consécutive au Championnat d’Europe après avoir terminé l’édition de 1957 sur une série de 8 défaites.
Mais l’équipe s’est rattrapée et le tournant de cet EuroBasket pour eux fut la victoire 50-47 face à l’Italie, arrachée après avoir été mené 22-24 à la mi-temps par les Azzurri grâce à une belle performance de Jean-Claude Lefebvre. La France termine 2e et se qualifie pour la phase de demi-finale.
Placée dans le groupe 2, la France réussit l’exploit de remporter ses 3 matchs, même si ce fut difficile. Elle s’est faite peur face à la Belgique, où une avance de 13 points à la mi-temps fut grandement réduite grâce à un jeune Willy Steveniers. Au final, les Bleus s’en sortent avec une victoire 63-66. Contre la Tchécoslovaquie, la France était menée 20-26 à la mi-temps. Mais grâce aux 20 points de Maxime Dorigo, les Français ont retourné la situation pour remporter le match 52-49.
Lors de la phase finale, la France était menée 24-36 à la mi-temps contre la Hongrie. Mais grâce aux 21 points de Bernard Mayeur, les Bleus étaient sur le point de réaliser une nouvelle remontée spectaculaire. Hélas, ce fut insuffisant, et en combinant avec une défaite honorable de 88-72 face à l’URSS, les Français ont un bilan de 1-2 face aux adversaires de la dernière phase, ex-aequo avec la Tchécoslovaquie et la Hongrie.

La différence de points fait que la France se classe 3e, derrière les Tchécoslovaques et devant les Hongrois à 2 points près. Une nouvelle médaille pour les Bleus, mais sauront-ils continuer à agrandir le palmarès français dans les années à suivre, ou est-ce que l’EuroBasket 1959 fut un oasis dans une traversée du désert ?
Les années 50 ont vu l’installation de l’URSS au sommet du continent européen, avec très peu d’équipes capables de rivaliser avec elle. Est-ce que les années 60 verront une autre équipe défier le Goliath d’Europe de l’Est? Ou est-ce que la fin des années 50 a vu le début d’une dynastie unique en son genre?