Alors qu’on arrive à la deuxième moitié des années 2000, il devient de plus en plus difficile de prédire qui va remporter l’EuroBasket avec les parcours surprenants des dernières éditions. Est-ce que 2007 va être différent, ou suivre cette direction?
EuroBasket 2007, le retour d’une deuxième phase de groupe

10 ans plus tard, l’Espagne est l’hôte de l’EuroBasket pour la 3e fois de son histoire. 16 équipes se sont affrontées entre le 3 et le 14 septembre 2007 dans 6 arènes, réparties dans 5 villes différentes : au Centre de Technification d’Alicante, avec 5 425 places, au Palais Municipal des Sports de Grenade, avec une capacité de 7 500 places, à Madrid à la Madrid Arena et au Palais des Sports de la Communauté de Madrid, prévus pour 10 500 et 15 500 personnes respectivement, à Palma de Majorque à la Palma Arena, pouvant accueillir 6 000 spectateurs et à Séville au Palais Municipal des Sports San Pablo, pouvant contenir 10 000 spectateurs.
Pour un retour en Espagne, on reprend également la même formule qu’à l’EuroBasket 1997. Les équipes ont été réparties en quatre groupes de quatre équipes chacun, où elles ont disputé un tournoi toutes rondes. Groupe A à Grenade, B à Séville, C à Palma de Majorque et D à Alicante.
Les trois meilleures équipes de chaque groupe se qualifient pour le deuxième tour de l’EuroBasket 2007 à la Madrid Arena, où elles sont réparties en deux groupes (A1, A2, A3, B1, B2, B3 dans le groupe E ; C1, C2, C3, D1, D2, D3 dans le groupe F). Les résultats et le classement des équipes au sein d’un même groupe sont reportés. Les quatre meilleures équipes du tour se qualifient pour les quarts de finale à élimination directe (E1 contre F4, E2 contre F3, etc.) au Palais des Sports de la Communauté de Madrid.
Les vainqueurs des demi-finales à élimination directe se qualifient pour la finale de l’EuroBasket 2007, où les deux équipes sont assurées de participer aux Jeux Olympiques de 2008. Les perdants disputent un match pour la troisième place. Avant le tournoi, les perdants des demi-finales et les équipes participant au match pour la 5e place étaient assurés de participer au tournoi de qualification olympique mondial 2008.
Championne d’Europe en titre et finaliste du Championnat du Monde après avoir battu la Team USA en demi-finale, la Grèce fait partie des équipes favorites de la compétition. Theo Papaloukas, nommé dans le 5 majeur de l’EuroBasket 2005 et du Mondial 2006 est le leader de l’équipe, et il est accompagné par Dimitris Diamantidis, également présent dans l’équipe type du précédent championnat d’Europe.
Finaliste seulement, car c’est l’Espagne qui a remporté la finale et ainsi, son premier titre majeur. Le retour de Pau Gasol, MVP de la Coupe du Monde, a fait un très grand bien à l’équipe après sa 4e place au précédent EuroBasket. Avec Juan Carlos Navarro, nommé dans le 5 majeur en 2005, et Jorge Garbajosa, présent dans l’équipe type du Mondial en 2006, à ses côtés, les Espagnols ont toutes les armes nécessaires pour être sacrés à domicile.
Finaliste du précédent EuroBasket et 8e du Championnat du Monde, l’Allemagne veut retrouver sa place sur le podium. Ils peuvent compter encore une fois sur Dirk Nowitzki, le MVP du précédent Championnat d’Europe, ainsi que le MVP de la NBA cette année-là.
Enfin, la France, médaillée de bronze en 2005 et 5e en 2006 sans Tony Parker, veut rester parmi l’élite du basket européen en 2007. Parker vient tout juste d’être nommé MVP des Finales, Boris Diaw était dans le 5 majeur du précédent EuroBasket, et Florent Piétrus était le meilleur joueur français au Mondial au Japon. L’équipe peut donc viser assez haut.
L’ours russe n’est pas mort

Depuis la dissolution de l’URSS et sa finale à l’EuroBasket 1993, la Russie n’a atteint la demi-finale qu’une seule fois, en 1997, et n’a plus depuis dépassé le stade des quarts de finale. En 2007, les Russes ont montré qu’ils restaient une nation majeure du basket européen.
Mais l’équipe nationale était en crise, surtout après avoir échoué à se qualifier pour le Championnat du monde, ce qui arrivait pour la première fois de son histoire. La préparation pour l’EuroBasket a duré 40 jours, mais le premier jour, seuls deux joueurs étaient présents à la base : Nikita Morgunov et Nikita Shabalkin. Les autres sont arrivés plus tard, et Andrei Kirilenko n’a rejoint l’équipe que quelques semaines plus tard, décidant de prendre plus de temps pour se reposer et récupérer. « Ceux qui ne savaient pas jouer se sont entraînés dès le début.” C’est ainsi que Sergei Bykov décrit la situation, commentant l’arrivée précoce des deux Nikita.
À l’époque, de nombreux joueurs de l’équipe nationale traversaient une période difficile dans leur carrière. Kirilenko était en conflit avec le nouvel entraîneur des Utah Jazz, Viktor Khryapa ne jouait presque jamais avec les Chicago Bulls, Sergei Monia était rentré en Russie après une expérience infructueuse en NBA et tentait de relancer sa carrière avec le Dynamo, et Sergei Bykov risquait de manquer l’EuroBasket à cause de la piqûre d’un insecte inconnu.
Au début, l’ambiance dans l’équipe était loin d’être idéale. La situation avec Aleksey Savrasenko, le seul pivot pur de l’équipe, était particulièrement tendue. L’entraîneur David Blatt misait sur du small ball et un basket rapide, ce qui explique pourquoi Aleksey a très peu joué lors des matchs amicaux.
Mécontent de sa situation, il a menacé de quitter l’équipe, ce qui a provoqué une réaction sévère de la part de Sergei Tarakanov, ancien joueur et actuel directeur sportif de l’équipe nationale, qui était prêt à laisser partir le joueur. Cependant, Blatt a réussi à désamorcer la situation. Finalement, Savrasenko est resté et a joué de nombreuses minutes décisives à l’EuroBasket.
Personne ne croyait sérieusement au triomphe de l’équipe en 2007. L’objectif principal était de se qualifier pour les Jeux Olympiques. La Fédération russe de basketball elle-même ne croyait pas vraiment à l’or, des primes n’étaient promises que pour l’argent et le bronze.
Placée dans le groupe A de l’EuroBasket, la Russie a bien entamé son tournoi avec une victoire 65-73 sur la Serbie dans un match bien maîtrisé. Kirilenko était excellent pour son premier match de la compétition. 24 points à 8-15, 12 rebonds et 3 contres, le joueur du Jazz n’était pas venu pour faire de la figuration.
Le deuxième match contre Israël fut beaucoup plus simple. Leurs adversaires ont résisté un quart-temps, puis se sont fait écraser pour le reste de la rencontre. Victoire 90-56 de la Russie. Nouveau double-double pour Kirilenko, 17 points à 6-11 et 13 rebonds, en plus de 5 passes décisives, 2 interceptions et 2 contres. Avec à ses côtés un Jon Robert Holden en grande forme, 18 points à 8-13, 5 rebonds, 3 interceptions, le succès était inévitable.
Puis vient alors le grand test pour la Russie : la Grèce. Les hommes de David Blatt n’ont pas tremblé face aux champions en titre. Ils ont rapidement pris le contrôle du match et n’ont pas laissé aux Grecs la possibilité de revenir dans la rencontre. Victoire 61-53 dans une bonne performance collective où cette fois-ci, Viktor Khryapa (13 points à 5-10, 5 rebonds, 3 interceptions) et Zakhar Pashutin (9 points à 3-4, 8 rebonds) entre autres ont brillé.
Le message est clair, la Russie est à craindre dans cet EuroBasket. C’est à ce moment-là, selon les joueurs, que l’équipe a vraiment pris confiance en elle. Ils ont réalisé que lors d’un match en particulier, ils pouvaient battre n’importe quel adversaire, quel que soit le niveau de l’équipe.
1er du Groupe A, la Russie se retrouve donc au deuxième tour de l’EuroBasket 2007. L’équipe commence cette phase avec une victoire tranquille sur la Portugal après notamment un très bon deuxième quart. Victoire 65-78, et encore une fois Khryapa fait un bon match. 11 points à 4-8, 11 rebonds, 4 interceptions. Sergei Monia réalise aussi une bonne performance avec 10 points à 4-5 et 5 rebonds.
Une défaite 69-81 contre l’Espagne n’a pas brisé le moral russe. L’équipe avait bien commencé son match grâce à la pierre angulaire de l’équipe, Kirilenko, qui finit la rencontre avec 21 points à 6-8. Mais hélas les locaux, sous l’impulsion de José Calderón et ses 17 points à 7-11 et 4 passes décisives, ont renversé la tendance. Mais les joueurs étaient convaincus qu’ils seraient en mesure de prendre leur revanche lors de la prochaine rencontre, car ils avaient déjà compris quelles erreurs devaient être corrigées.
La Russie a validé sa place en quart de finale en battant la Croatie 70-83 grâce à une excellente 2e mi-temps. Encore une fois c’est Kirilenko qui est la star du match, avec 20 points, 8 rebonds et 2 interceptions. Il a également été grandement aidé par Pashutin, qui a contribué avec ses 14 points à 4-4 au tir. 2e du groupe E, l’EuroBasket continue pour la Russie. Leur adversaire en quart ? Le médaillé de bronze en 2005.
Le match contre la France a été un véritable thriller. 16 changements de leader, huit fois le score était à égalité. Les deux équipes se rendent coup pour coup pendant les 40 minutes de jeu. Pourtant en tête à l’issue du troisième quart-temps, les Bleus commencent à craquer dans la dernière période.
Mais à 3:25 de la fin du temps réglementaire, Kirilenko commet sa cinquième faute et quitte le terrain. Le leader incontesté de l’équipe ne peut pas terminer la rencontre alors que le score est de 64-64. Mais celle-ci n’a pas perdu ses moyens : les autres joueurs se sont ressaisis et ont mené le match à la victoire. Khryapa en particulier a fini avec 16 points à 6-8, 7 rebonds, 6 passes décisives et 2 interceptions.
Victoire 75-71, et la France est la première équipe favorite éliminée. Plus tard, Andrei a avoué que c’est à ce moment-là qu’il a compris qu’il n’était pas obligé de porter seul l’équipe à chaque action. Il avait à ses côtés des coéquipiers qui pouvaient eux aussi prendre le jeu en main.
En demi-finale, les Russes devaient affronter la Lituanie. Kirilenko a admis qu’il avait toujours respecté cette équipe, mais pour lui personnellement, les matchs contre les Baltes ne semblaient pas difficiles. Les Lituaniens aimaient jouer un basket ouvert, ce qui convenait bien à aux Russes. Les paroles d’Andrei se sont confirmées dans la pratique : la Russie a remporté la victoire avec confiance, 86-74.
Si encore une fois Kirilenko a dominé les débats (29 points à 10-14, 8 rebonds, 3 interceptions, 3 contres), Khryapa a également démontré être un lieutenant de qualité : 15 points à 4-7, 5 rebonds, 2 interceptions. Le match aurait pu mal tourner cependant. Šarūnas Jasikevičius a tenté de provoquer les joueurs Russes autant qu’il le pouvait. Savrasenko n’a même pas pu le supporter et a reçu une faute technique pour sa réponse émotionnelle. Mais dans cette atmosphère tendue, l’équipe a su garder ses nerfs, et avait maintenant la finale de l’EuroBasket 2007 à préparer.
L’attitude envers l’équipe russe reste condescendante : oui, bravo, mais aucune chance contre l’Espagne. Les joueurs russes se souviennent qu’à leur arrivée dans l’arène, ils ont vu un bus à impériale préparé pour le défilé de la victoire de l’équipe espagnole.
La finale elle-même a commencé difficilement. Les hôtes ont rapidement pris l’avantage et menaient de 12 points. Cependant, trois minutes avant la pause, David Blatt a pris une décision inattendue : il a fait entrer sur le terrain le jeune Anton Ponkrashov, qui n’avait pratiquement pas joué pendant tout le tournoi. Il avait une seule mission : contenir José Calderón, qui avait déjà réussi cinq tirs à trois points. Et Anton a réussi. De plus, il a commencé à se montrer utile en attaque. Kirilenko fait le travail en attaque avec 17 points à 5-10 et 5 rebonds. Khryapa répond également présent, avec 7 points, 12 rebonds et 3 interceptions. L’écart au score a commencé à se réduire rapidement.
À 1:48 de la fin, Pau Gasol marque un lay-up et obtient la faute. Lui qui est à 14 points et 14 rebonds, il pousse un grand cri de rage alors que la salle explose. 59-54, les Espagnols commencent à y croire. Mais ils n’ont plus marqué un seul point après cela, les Russes ayant verrouillé leurs adversaires grâce à une défense acharnée.
Il reste 43 secondes, 59-58, balle pour l’Espagne. Navarro envoie le ballon à Pau Gasol au poste bas. Holden se ramène et lui chipe la balle qui remonte le terrain. Il reste 27 secondes et il a la balle de match. Il envoie la balle à Pashutin qui la lui rend immédiatement. J.R. Holden pénètre, feinte Calderón, tire à 45 degrés à mi-distance. Rebond contre l’avant du cercle, l’arrière du cercle, monte contre la planche, puis redescend dans le panier. 60-59, 2 secondes à jouer. Temps mort pour l’Espagne.
Touche sur la ligne médiane, le ballon est envoyé à Gasol au poste, qui se retourne, tire contre la planche, la balle tourne dans le cercle… et ressort. La Russie choque l’Espagne tout entière. Les Russes ont vaincu les Champions du Monde chez eux, et sont maintenant champions d’Europe pour la première fois depuis la fin de l’Union Soviétique.
Sans surprise, Andrei Kirilenko est nommé MVP de l’EuroBasket 2007, et est rejoint dans l’équipe type de la compétition par les Espagnols José Calderón et Pau Gasol, le Lituanien Ramūnas Šiškauskas et l’Allemand Dirk Nowitzki.
Cette victoire de l’équipe russe a marqué le début d’une nouvelle ère : dans l’année qui a suivi le triomphe à Madrid, les athlètes russes ont remporté des succès historiques dans le football, le hockey et d’autres sports. Après l’effondrement de l’URSS, de nombreuses écoles de sport russes ont connu un déclin. Les traditions étaient fortes, mais l’argent et les infrastructures faisaient défaut. À la fin des années 2000, dans le sillage de l’essor général du pays, le sport russe a atteint son apogée, qui s’est avérée être la dernière pendant de nombreuses années.
Le retour du Portugal
En 1951, le Portugal a participé à son premier EuroBasket. Et ce fut le seul pendant plus de 50 ans pour l’équipe nationale. Il faudra attendre 2007 pour revoir la sélection lusitanienne dans la compétition. En tant que petit poucet, l’équipe s’est tout de même bien débrouillée.
Personne ne croyait en l’équipe portugaise, ni en sa qualification pour la compétition, et encore moins en sa capacité à passer la phase de groupes. João Santos, capitaine de l’équipe cette année-là, est même allé jusqu’à dire qu’on traitait l’équipe comme “des pauvres petits” et “des extraterrestres”.
Au cours de ces années, le basket-ball portugais était en déclin. Les joueurs quittaient leurs clubs, incapables d’envisager des perspectives de carrière positives au Portugal, et beaucoup d’entre eux ont émigré. Les salaires impayés et les mauvaises conditions offertes par les clubs ont conduit à cette immense crise. Ces facteurs rendaient presque impossible de croire en une bonne performance du Portugal dans une compétition d’un tel niveau.
Lors de la phase de groupes, l’équipe portugaise a dû faire face à un tirage au sort difficile, puisqu’elle a été placée dans le groupe B aux côtés de l’Espagne, de la Croatie et de la Lettonie. Les deux premiers matchs ont confirmé le statut de petit poucet de l’équipe portugaise. Face aux voisins espagnols, ils ont encaissé un 56-82. Pau Gasol était l’homme du match avec 19 points à 8-12.
Une lourde défaite suivie d’une autre face à la Croatie. 90-68. Pourtant les Portugais avaient réussi à tenir la cadence et rester dans le match en première mi-temps. Le duo des João, Gomes et Santos, ont guidé l’équipe avec 17 points à 5-9 et 12 points, tous aux lancers francs, et 9 rebonds respectivement. Mais un 33-14 au 3e quart-temps a été fatal pour le Portugal. Roko Ukić (12 points à 6-9 et 4 interceptions) et Nikola Prkačin (10 points, 6-6 aux lancers francs et 5 rebonds) ont dominé la deuxième période.
Il reste un match face à un habitué de l’EuroBasket, la Lettonie. Avec plus rien à perdre, le Portugal a bien commencé la rencontre et a maintenu l’équipe lettone à une courte distance. Un troisième quart-temps décisif a permis aux Portugais d’obtenir une victoire 77-67. João Santos, avec 14 points et 8 rebonds, et Francisco Jordão, avec 11 points à 4-6 et 7 rebonds, ont été les héros de la rencontre. Grâce à cette victoire, le Portugal se qualifie pour le deuxième tour de l’EuroBasket 2007.
Après sa défaite contre la Russie, le Portugal obtient sa deuxième victoire en battant Israël. João Gomes a réalisé sa meilleure performance de l’EuroBasket avec 23 points à 9-18, 11 rebonds et 3 interceptions et a été clé pour que l’équipe prenne 14 points d’avance durant le premier quart. Les Israéliens tenteront de revenir à la fin du match mais c’est trop tard. Victoire 94-85 des Portugais. Mieux encore, l’équipe pouvait encore mathématiquement se qualifier pour les quarts de finale.
Bon, pour cela il fallait battre le champion d’Europe en titre, ce qui est plus facile à dire qu’à faire. Pourtant, le Portugal était bien lancé. João Santos a emmené l’équipe en avant avec 17 points, et la sélection des Quinas menait à la fin du premier quart-temps. Hélas, la Grèce a dominé le deuxième quart, et les Portugais n’avaient aucune solution pour arrêter Dimos Dikoudis. Le numéro 11 a fini la rencontre avec 17 points à 7-9 et 9 rebonds. Défaite 85-67 et le Portugal rentre à la maison.
Malgré tout, ils ont défié toutes les probabilités qui étaient contre eux. Les hommes de Valentyn Melnychuk ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour obtenir cette qualification tant désirée. Non contents de cela, ils sont allés encore plus loin en dépassant la phase de groupes. Les héros de 2007 ont inspiré toute une génération de jeunes supporters portugais et, aujourd’hui, ils s’apprêtent à revenir à l’EuroBasket en 2025.
Une première décevante pour la Serbie
Un an après la fin de la Serbie-et-Monténégro, la Serbie a participé à son premier tournoi en tant que nation séparée de l’ex-Yougoslavie à l’EuroBasket 2007. Après le départ de nombreuses légendes et l’arrivée de Zoran Slavnić sur le banc, les ambitions étaient revues à la baisse… et pourtant l’équipe a quand même réussi à ne pas atteindre ses objectifs. De loin les plus jeunes de l’EuroBasket (moyenne d’âge de 22,5 ans), ils ne se sont pas rendus à Madrid pour s’endurcir à travers trois matchs supplémentaires.
Placée dans le groupe A, la Serbie a commencé avec une défaite contre la Russie. Un jeune Miloš Teodosić s’est illustré avec 15 points, tandis que les vétérans Milan Gurović et Marko Jarić ont inscrit 24 points et 9 points et 5 rebonds respectivement, mais ce fut insuffisant.
Suite à ce match, une rencontre cruciale contre la Grèce a eu lieu. Ce match était serré de bout en bout. Dimos Dikoudis était inarrêtable avec 20 points à 7-9 et 8 rebonds. Côté serbe, Jarić était le leader avec 18 points et 6 rebonds, et avec les efforts de Darko Miličić (17 points à 7-12, 6 rebonds, 2 interceptions et 3 contres) et Zoran Erceg (9 points, 12 rebonds, 3 interceptions et 2 contres), les Aigles ont réussi à rester dans la rencontre et étaient devant à plusieurs reprises.
A 39 secondes de la fin, la Grèce menait 53-51. Jarić doit jouer le rôle de héros. Il tente de pénétrer, force un tir compliqué à 45 qui se rate. Ballon pour la Grèce, la Serbie doit faire faute. Kostas Tsartsaris est envoyé sur la ligne des lancers francs. Heureusement pour la Serbie, il rate le premier. Il met le 2e. 54-51, 14 secondes à jouer. Jarić remonte le terrain et subit une faute à la ligne médiane. Il met ses deux lancers. 54-53, 9 secondes à jouer.
Sur la remise en jeu, la Serbie rate complètement sa trap, et Dikoudis inscrit un dunk facile. 56-53, 5 secondes à jouer, plus de temps mort. Le ballon est envoyé à Milan Gurović, qui prend un tir contesté en déséquilibre loin derrière la ligne à 3 points… et qui rentre avec la planche ! 56-56. Le match part en prolongations.
Mais encore une fois, la Grèce passe devant. Dikoudis plante un tir à 3 points à 40 secondes de la fin. 68-64, temps mort pour la Serbie. Teodosić répond immédiatement et obtient un panier et une faute. Il convertit son lancer franc. 68-67, 30 secondes à jouer.
La Grèce remonte la balle. Michalis Kakiouzis joue l’horloge, va à mi-distance, puis ressort sur Vassilis Spanoulis seul à 3 points… qui rate. Rebond de Jarić qui sprinte à toute vitesse avec la balle et tente un tir à 3 points en pleine course mais il se fait contrer. La Grèce s’impose en prolongations. Nouvelle défaite pour la Serbie. Les défaites, cependant, ce n’est pas ce dont beaucoup en Serbie se souviennent de cet EuroBasket 2007, et Miličić s’en est assuré, en critiquant et insultant le trio arbitral dans une déclaration aux médias après la défaite contre la Grèce.
On se bat ici, on meurt, et ils nous volent”, avait déclaré Miličić à l’époque, en plus de nombreuses insultes envers les arbitres.
Mais il reste un match. Il faut battre Israël, et la Serbie peut avancer jusqu’au prochain tour de l’EuroBasket. La Serbie avait les Israéliens à sa merci vers la fin, mais a facilement gaspillé une avance de 12 points. Les 18 points, 13 rebonds et 4 contres de Darko Miličić ont été insuffisants. La Serbie termine bon dernier de l’EuroBasket 2007 avec 0 victoire et 3 défaites.
Certains pourraient qualifier cela de catastrophe, mais tout bien considéré, le mot qui convient le mieux est « réalité ». En cinq ans, la Serbie a changé cinq entraîneurs et près de 50 joueurs, période durant laquelle elle a fui l’inévitable rajeunissement, et s’est présentée à Grenade avec pas moins de 11 nouveaux visages par rapport à la Coupe du Monde au Japon l’année dernière.
Le plus difficile est de rompre avec certaines vieilles habitudes. Avec ses quatre médailles d’or remportées cet été 2007 dans les catégories juniors, la Serbie avait l’avenir le plus prometteur d’Europe. Mais pour l’instant, le présent reste frustrant et continuera de l’être à moins que des mesures drastiques ne soient prises.
L’Espagne, elle, ressent un autre type de frustration. Depuis 1999, elle a participé à 5 demi-finales et 3 finales. Et pourtant elle n’arrive toujours pas à obtenir ce trophée de l’EuroBasket tant désiré. Même en étant championne du monde en titre, même en jouant à domicile, elle n’y arrive pas. Quand est-ce que cette malédiction va s’arrêter ?