Les Playoffs approchent à grand pas, et avec ceux-ci, un flot continu de couverture médias sur les télés nationales des Américains, soir après soir, jour après jour. Bientôt, et encore plus qu’en saison régulière, nous serons submergés de débats, cotes de paris, review des performances de la nuit, pronostics et de fameuses « hot takes » de chez ESPN ou TNT.

Evidemment, certaines équipes seront plus médiatisées que d’autres, et les débats sur la legacy de tel ou tel joueur vont prendre le pas sur les prestations d’autres joueurs. On y est habitués, chaque année les mêmes choses sont plus ou moins servies aux spectateurs. Et pourtant, on en a marre… La télé américaine à des problèmes avec sa couverture médiatique, problèmes que nous allons tenter d’expliquer dans cet article : pourquoi les émissions de télé nationale sont elles mauvaises pour les fans ?

First Take Broadcast Set Design Gallery
Les émissions de télévision américaines offrent un contenu de plus en plus pauvre au consommateur. Crédit: Caroline Pettinato.

L’éternelle recherche de buzz : l’oubli du beau basket ?

Les médias sont la pour faire du buzz, de l’audience. Les gros budgets suivent aux gros budgets, et les émissions quotidiennes parlant d’actualité doivent retranscrire et débattre des performances des équipes ou joueurs. En théorie, les débats devraient donc se répartir en fonction des performances plus ou moins bonnes de chacun. Malheureusement, les débats ne récompensent pas vraiment les équipes qui le méritent le plus ; sur ESPN et ses shows quotidiens comme First Take, on se concentrent d’avantage sur les Lakers ou les Warriors que sur une équipe comme les Rockets. 

L’idée n’est pas ici de ne pas prendre en considération les belles saisons de L.A ou des Warriors (respectivement 3èmes et 7èmes de l’Ouest), mais bien de souligner le manque de coup de projecteur sur des sujets moins « hype ». Sur ESPN ou TNT, on entends rarement parler des Clippers, des Pacers, ou même des Cavaliers, pourtant 1ers de l’Est ! Comment créer de l’intérêt pour les équipes qui jouent le mieux sans les présenter correctement ? Les chaines sont aussi responsables de cela dans la programmation télé, où l’on privilégie largement les équipes avec des superstars afin de faire de meilleures audiences, ce qui est logique, mais qui prive un peu plus le consommateur de matchs de meilleure qualité.

De plus, les éternels débats du GOAT ou de « top combien All-Time » pour tel ou tel joueur, affaiblissent énormément la qualité du débat médiatique. Tous les deux jours, Shannon Sharpe et Stephen A. Smith vont aller s’écharper sur le débat Jordan-LeBron, et mettant en avant le dernier match des Lakers, et on recommence dès le match suivant des Lakers… TNT n’est pas en reste non plus, bien que les émissions se concentrent sur les soirs de matchs à l’antenne uniquement.

Sur TNT, les takes se multiplient sur le fait que telle ou telle franchise n’a pas ce qu’il faut pour aller chercher le titre, on recherche des phrases chocs pour décrédibiliser, pour se moquer même. Bien que les médias ont un devoir d’afficher un produit vendeur, la méthode des shows télé est-elle réellement bénéfique pour couvrir le sport ?  Le débat mérite d’être ouvert.

Des journalistes pas au niveau ? 

Les programmes sont fait pour faire du buzz, mais ceux qui créent la séquence sont avant tout les journalistes. Parmi les intervenants très réguliers des émissions phares comme NBA Today, Inside the NBA ou First Take, combien apportent une réelle analyse tactique et ne lancent pas juste leurs opinions sans preuve, parfois même des takes fausses ?  

Les exemples très récents se multiplient ; Shaquille O’Neal qui revient avec sa comparaison Bol Bol-Victor Wembanyama, Kendrick Perkins qui annonce que « les Lakers sauvent la saison NBA », ou encore les commentaires ridicules du beef Lebron James-Stephen A. Smith, évidemment surmédiatisés. Cette incompétence va de pair avec la recherche par les chaines de faire des vues, car les analyses de certains sont tellement inexistantes que l’on se demande s’ils sont la pour autre chose que pour raconter tout ce qui leur passe par la tête…

Les intervenants sur les plateaux  sont donc un facteur crucial du problème. Cependant, il faut souligner que les intervenants ne sont pas seulement mauvais de par les volontés de chacun de lancer la première idiotie venue, mais aussi du fait des egos surdimensionnés de ceux-ci, prenant la place par rapport à un débat intéressant. En effet, l’apport d’anciens joueurs tels que Shaq, Kenny Smith et Charles Barkley sur TNT ou Kendrick Perkins sur ESPN créé une formidable tribune pour ceux-ci, afin de détourner le débat vers eux mêmes.

Combien de fois Shaq a-t-il réagi comme un enfant en amenant sur la table ses bagues de champions pour se sortir d’un débat difficile ?  Pourquoi Perkins s’accorde-t-il le crédit des superbes saisons du Thunder de KD et Westbrook? Encore une fois, le fond perd sur la forme, et l’analyse de pourquoi certains joueurs performent est absente. 

Evidemment, les chaines veulent continuer sur ce modèle : Stephen A. Smith à été prolongé pour 100M de dollars et Shannon Sharpe (un ancien joueur de football américain) est également glorifié à l’antenne. Les bons journalistes partent (JJ Reddick en tant que coach et Richard Jefferson avec l’équipe commentaires) et certains intervenants potentiellement intéressants ont moins de temps de parole (Bob Myers, Jamal Crawford ou Vince Carter).

Stephen A. Smith, Shannon Sharpe
Crédits : HBCU GAMEDAY

« Ce que le public demande » : comment justifier la médiocrité

Après tout, peut être que les défauts énoncés plus tôt sont justifiés, et qu’ils n’en sont pas finalement. C’est vrai, les consommateurs veulent peut être un débat du GOAT tous les 3 jours, ou des débats de classement all-time, ou bien de parler des Lakers plus que des Cavs et du Thunder, dominants pourtant le reste de la ligue.

Le fan de NBA est surement a l’affut de débats où celui qui a gagné le plus de titres gagne, ou bien lorsque celui qui crie le plus fort l’emporte, c’est bien connu. Plus sérieusement, on pourrait tout aussi bien garder les mêmes émissions, en les rendant toujours axées sur le débat, mais aborder les sujets de manière pédagogique et pas juste expliquer pourquoi Curry est un meilleur meneur que Magic.

En se cachant derrière l’excuse de la volonté du spectateur, les chaines oublient qu’elles n’essaient même pas d’offrir un contenu plus attaché à l’explication de ce qui marche ou pas pour les équipes, et en se focalisant sur ce qui fait des bons joueurs des bons joueurs. Pourquoi ne pas essayer d’être moins dans la forme et plus sur le fond ?  Les chaines vont-elles vraiment perdre de l’argent en tentant une couverture plus axée sur le jeu et pas la création de narratifs ?

Le meilleur exemple étant la poussée d’agenda pour faire passer Draymond Green en leader de la course au DPOY, qui démontre bien l’incroyable influence de la télévision sur les thèmes que le spectateur est censé aimer. En effet, comment contredire l’argument de la volonté du consommateur quand rien de plus cohérent n’est utilisé ?  C’est Charles Barkley (loin d’être irréprochable) qui parlait lui même de ce déséquilibre:

Les télés américaines ont un problème : leur modèle. Les intervenants et les biais des chaines censées présenter l’actualité NBA faillent à leur devoir à cause de recherches ridicules de buzz et de clics. Un bon rafraichissement ne semble pas en vigueur bien que nécessaire, mais heureusement chaque fan peut trouver son bonheur grâce à la multiplicité des plateformes disponibles. Cependant, pour être vraiment au fait de ce que la télé ne vous dit pas, lisez Le Roster.

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