Guerschon Yabusele monte au dunk dans le match France - Monténégro.

Équipe de France : une raquette séduisante, une attaque encore en chantier

Après ces deux premières victoires contre le Monténégro (81-75) et la Grande-Bretagne (74-67), cette nouvelle équipe de France a été séduisante, avec tout de même quelques zones d’ombre pour le moment. Retour sur certains points clés.

La satisfaction du secteur intérieur

En l’absence de joueurs majeurs comme Victor Wembanyama, Rudy Gobert ou Mathias Lessort, c’est une raquette new-look que possède la France ici. Sur ces deux premiers matchs, on a encore vu que cela sera un point fort de cette équipe grâce à la diversité des profils.

Si Vincent Poirier a été mis en difficulté en défense face à Nikola Vucevic, il a tout de même été intéressant dans sa protection de cercle, notamment par sa défense en drop ou en roamer.

Alexandre Sarr a quant à lui montré qu’il serait valuable par son profil d’intérieur apportant du spacing sur PnP. Capable de shooter ou de poser un dribble pour aller au cercle, il est parfait à associer offensivement aux côtés d’un autre intérieur. Attention néanmoins à son footwork défensif qui laisse encore à désirer, et qui le limite sur des schémas plus traditionnels. C’est d’ailleurs pour cette raison que Frédéric Fauthoux l’utilise principalement en hedge.

J’ai beaucoup aimé le match de Mam Jaiteh contre la Grande-Bretagne (12 points, 5 rebonds) où il a montré qu’il était un très bon poseur d’écran, à la fois pour démarquer un shooteur ou pour rouler vers le cercle. Il y a également eu quelques passes très intéressantes, à la fois sur short-roll ou des positions plus statiques qui pourraient être à surveiller pour la suite.

Guerschon Yabusele a quant à lui été plus discret, disposant d’assez peu de systèmes pour le moment. Mais il a tout de même montré qu’il pouvait prendre feu, comme dans le 2ᵉ quart-temps contre la Grande-Bretagne. Tous ces intérieurs possèdent des profils très différents qui offrent une grande diversité à Fauthoux. Cela permet notamment d’alterner les schémas défensifs (drop, hedge, switch) et offensifs.

On a également vu que l’Équipe de France avait cette volonté de mettre la pression aux rebonds offensifs afin de récupérer des deuxième chances. Au-delà du profil des joueurs, le sélectionneur a mis l’accent sur des schémas visant à justement se créer ces opportunités.

Défense : protection de cercle et création de chaos

En continuant sur le secteur intérieur, la France a été très bonne pour dissuader l’équipe adverse d’aller au panier. On a vu beaucoup d’aides depuis le corner opposé pour justement venir en aide, et forcer l’extra-passe. Attention tout de même aux paniers ouverts concédés, qui ont permis à leurs adversaires de trouver de l’adresse. Cette stratégie fonctionne néanmoins très bien car cette Team France possède une très longue envergure, avec des ailiers capables d’assumer efficacement ce rôle de protecteur de cercle secondaire-tertiaire.

Un autre aspect important de la défense des Bleus est cette capacité à créer des turnovers adverses. Que ce soit en mettant la pression sur le point d’attaque, ou en utilisant cette envergure justement. Cela a notamment permis à cette équipe de se créer des opportunités de contre-attaques, idéales quand on voit certaines limites affichées sur demi-terrain.

Une création offensive en manque d’agressivité

C’est l’un des points faibles majeurs de la France, une constante depuis la retraite de Tony Parker. L’Équipe de France a toujours beaucoup de mal à être efficace sur drive, la faute à l’absence de slasheurs d’élite (au niveau international). Cela mène alors à quelques possessions statiques où il est impossible d’accéder à la raquette, forçant des tirs compliqués. On peut regretter que cette équipe n’ait pas été plus agressive sur PnR, notamment contre le Monténégro afin de cibler Nikola Vucevic.

Si Matthew Strazel a été meilleur face à la Grande-Bretagne sur cet aspect, il n’en reste pas moins une sorte de 3&D sur le backcourt qui n’est pas vraiment élite sur drive.

C’est là que Théo Maledon a pu se mettre en valeur, lui qui est le meilleur driveur de l’Équipe de France. On a d’ailleurs vu la différence dès qu’il était sur le parquet, apportant de la percussion lui permettant de scorer près du cercle ou de faire la passe à un coéquipier ouvert.

Nadir Hifi a par ailleurs pu se mettre en évidence lors du 1er match par sa capacité à créer de la folie offensive à partir de rien. Si son profil fait débat, il reste tout de même (selon moi) valuable à cette équipe, notamment pour apporter du scoring sur de courtes séquences.

Les débuts compliqués de Zaccharie Risacher

Le numéro 1 de la Draft 2024 connaît un début de préparation compliqué, où il n’arrive pas encore à peser offensivement, alors qu’il est annoncé comme l’un des leaders de cette équipe. Ancien joueur de Fauthoux à la JL Bourg, il a pourtant profité de quelques systèmes très intéressants pour le démarquer, mais il n’a pas encore trouvé d’adresse.

Il a été meilleur contre la Grande-Bretagne, où il a été utilisé en bout de chaîne pour punir à 3pts ou pour attaquer les closeouts et finir avec un énorme dunk !

On a néanmoins vu qu’il avait commencé sur le banc lors du 2ᵉ match, son coach privilégiant Bilal Coulibaly qui réalise un très bon début de préparation grâce à sa défense sur le point-of-attack et sa capacité à se projeter rapidement en transition. À voir maintenant si la France jouera avec ces deux jeunes en même temps, ou si les minutes seront réparties afin de toujours avoir l’un des deux sur le parquet.

Quelle est la suite pour cette Équipe de France ?

Avec les départs de Frank Ntilikina, Ousmane Dieng et surtout Moussa Diabaté (pourquoi ?), il reste 14 joueurs pour 12 places. Un groupe de 8 joueurs semble aujourd’hui assuré d’être retenu : Strazel / Maledon / Risacher / Coulibaly / Cordinier / Yabusele / Poirier / Sarr.

Pour les derniers spots, je partirais sur :

  • Hifi, pour sa capacité à scorer sur de courtes séquences
  • Jaiteh, en tant que pivot remplaçant physique derrière Poirier
  • Hoard, dans un rôle d’intérieur fuyant capable de porter un peu la balle et une défense polyvalente.

Ma dernière interrogation est entre Sylvain Francisco et Elie Okobo, qui sont tous les deux de très bons créateurs on-ball. Sylvain Francisco est notamment l’un des meilleurs joueurs d’EeuroLeague sur drive, un aspect qui manque grandement à cette équipe de France. Mais il est beaucoup moins efficace dès lors qu’il est off-ball. Elie Okobo est quant à lui très bon dans la création individuelle, notamment sur PnR où il est très bon pour « mettre en prison » son défenseur. Son problème étant qu’il n’est pas non plus un driveur d’élite et que son profil fait une petite redite avec celui d’Hifi.

Aujourd’hui je pencherais davantage pour Sylvain Francisco qui, par sa capacité à mettre la pression au cercle, apporte quelque chose qui manque à l’Équipe de France en dehors de Maledon. Mais il n’est pas exclu que Fauthoux privilégie Okobo et Francisco à Hifi, ou même qu’il conserve TLC.

En tout cas cette préparation montre que la France possède un large vivier de talents, étant la seule équipe de cette compétition à avoir un effectif 100% EuroLeague et NBA. Hâte de voir les matchs contre l’Espagne !

 
 

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