De plus en plus d’enfants de familles françaises d’anciens basketteurs professionnels sont présents au plus haut niveau du basket mondial. Si c’est est un bonheur pour l’avenir du pays dans le monde du basket, cela se réalise grâce à l’héritage des parents. 

La famille Risacher, le professionnalisme

Le papa, Stéphane, s’établit d’abord en France avec le PSG Racing avec qui il remporte le titre national en 1997. Puis, en voyageant sur le vieux continent, il remporte la coupe de Grèce en 2002 et est champion d’Espagne en 2006. Témoin d’une carrière très longue avec 22 saisons en club professionnel, Stéphane est un ailier gaucher, bien physique avec 2 mètres 03 pour une bonne centaine de kilos, dans un profil finalement pas si éloigné de son fils.

Il est également connu pour l’équipe de France. Avec 124 sélections, Stéphane est bien présent dans les compétitions européennes, avec des Bleus qui se cherchent encore, dans l’ombre des autres nations. Le point d’orgue de sa carrière bleue est bien évidemment les JO de Sydney en 2000.

Stéphane Risacher en équipe de France. Crédit : FIBA

L’équipe réalise l’exploit de remporter une médaille d’argent, après avoir écarté le Canada de Steve Nash puis les Australiens à domicile. En finale, face aux Américains, on y croit jusqu’au bout mais la France s’incline finalement 85-75. Stéphane est bon sur la finale en ayant le temps de jeu le plus haut du match, et signant 15 points, deuxième meilleur scoreur du match.

En suivant d’abord les clubs de son père, puis jouant en cadet France à 14 ans, Zaccharie Risacher arrive à l’ASVEL en 2021 où il performe avec l’équipe U21, alors qu’il n’a que 16 ans. Il participe à quelques matchs avec le groupe professionnel et devient même le plus jeune français à être titulaire d’une rencontre d’Euroleague. Déjà en haut des mocks draft, Tony Parker, président de l’ASVEL, souhaite placer Zaccharie au cœur du projet pour la prochaine saison.

Déçu de son temps de jeu, le jeune ailier décide de partir à la JL Bourg, sous l’influence d’un coach dont on reparlera. Fort en saison régulière et haussant le ton lors des playoffs de la Betclic Élite, il séduit les scouts NBA, dans une cuvée de draft plus faible que d’habitude. Il est alors sélectionné en première position de la draft, par les Atlanta Hawks. Il se démarque par son professionnalisme et son aisance avec les médias, pour un joueur de cet âge, signe de la bonne éducation basket de sa famille.

Zaccharie Risacher, numéro 1 de la Draft 2024. Crédit : Théo Quintard

Dès son arrivée, il est parfaitement intégré par la star Trae Young, et par son coach qui le place titulaire dès le troisième match de la saison. S’il a d’abord eu du mal, particulièrement avec son tir extérieur, il est bien monté en puissance au cours de la saison. Profitant entre autres de la longue absence de Jalen Johnson puis du départ de DeAndre Hunter, il réalise au global une saison rookie satisfaisante. Il se permet même des grosses pointes au scoring, dont son record à 38 points contre les Nets, dans son quatrième match à plus de 30 points et 5 trois points rentrés.

On pouvait avoir peur avant la saison de la pression d’être first pick mais Zaccharie Risacher a bien assumé, dans une équipe des Hawks sans grandes ambitions. Dans le jeu, il a montré que son apprentissage du jeu en Europe est un gros avantage par rapport aux autres, notamment avec un jeu sans ballon déjà élite pour la NBA. Sa défense est également solide, mais comme le reste de tout son jeu, c’est améliorable.

Enfin, il est nécessaire de mentionner une certaine Aïnhoa Risaacher, la petite soeur de 17 ans, qui joue pour l’ASVEL et a déjà pas mal de temps de jeu pour une joueuse de cet âge. Récente vainqueure de la coupe de France U18, en étant MVP de la finale, elle est un nouvel espoir du basket féminin portant un nom que la France commence à bien connaitre.

La famille Fauthoux, les Landes au plus haut niveau français

Pour la famille Fauthoux, les Landes c’est la vie. Le père, Frédéric, est une légende du club de Pau-Orthez. Meneur de 1 mètre 80 et 79 kilos, on peut le classer dans la catégorie des physiques « lambdas ». Mais sur le terrain, il était bien connu pour sa hargne, sa combativité et son vice, et surtout pour sa qualité de shooteur et son sang froid dans les moments importants.

En passant 17 ans au club de Pau, dont sept en étant capitaine, son armoire à trophée est plutôt bien remplie, en sachant qu’il remporte 7 titres de champion de France et 3 coupes de France. Véritable légende de la région landaise, la fameuse coupe régionale porte désormais son nom.

Coupe de France de basket : le titre en 2007, "presque la fin rêvée" avec  l'Élan Béarnais pour Fred Fauthoux - ici
Frédéric Fauthoux porté par ses coéquipiers lors du titre et de son dernier match en 2007. Crédit : Franck Fife

Son après carrière de coach débute un peu par hasard, alors que le club de Pau cherche un coach pour les poussins où jouent son fils. Cela l’emmène jusqu’à l’élite du basket, dans un premier temps avec les Mets92 de 2015 à 2020, avec qui il laissera sa chance à des joueurs tel que Vincent Poirier.

Puis, il devient adjoint de l’ASVEL contenant un certain Victor Wembanyama et remporte le championnat. Sa cote d’entraîneur est assez haute et il repasse entraîneur principal de l’équipe de la JL Bourg. Là-bas, il donne pleinement sa chance à Zaccharie Risacher, montrant un de ses points forts : il n’a pas peur de faire confiance aux jeunes joueurs.

Entraîneur très proche de ses hommes et qui peut être assez sanguin, il prend la succession du meilleur coach français, Vincent Collet, à la tête de l’équipe de France masculine. Dans un changement total de style, il a donc désormais la lourde tâche de gérer une génération ultra-talentueuse dont certains joueurs qu’il a déjà côtoyé.

Une semaine globalement positive" pour les premiers pas de Frédéric  Fauthoux en Bleu - BeBasket
Frédéric Fauthoux, le nouveau coach de l’équipe de France. Crédit : fiba.basketball

L’équipe de France, Freddy la connaît bien, en ayant remporté en tant que joueur la médaille de bronze au championnat d’Europe de 2005. Il était aussi sur le banc en assistant des champions d’Europe U16 en 2014 avec Franck Ntilikina. La première échéance pour voir ce que cette équipe a dans le ventre ? L’EuroBasket, en septembre.

Sa fille Marine a commencé le basket toute jeune au club de Pau, forcément. Ensuite, elle rejoint le centre fédéral, où elle devient inséparable d’Iliana Rupert. Elle commence en professionnel à Tarbes, pas très loin de la région natale, et termine meilleur espoire de la ligue féminine en 2019.

En 2020, elle signe à l’ASVEL mais est prêtée la saison suivante, au Basket Landes, avec qui elle remporte deux coupes de France. En saison régulière, elle est une joueuse majeure tournant tout de même à 13 points, 3 rebonds et 5 passes décisives. Après une petite saison à l’ASVEL, elle part en Turquie avec le club de CK Mersin où elle retrouve Marine Johannes et Iliana Rupert.

Peut être une image de 3 personnes, personnes jouant au basket et texte qui dit ’ESPORCOLA BAŞARILAR BAŞARILARDİLİYORUM DİLİYORUM Dr. Osman Dr.OsmanAşkinBAK Aşkın BAK GENÇLİKV GENÇLIKVESPORBAKANI ÇLIKVESPORB SPOR BAKANI おるきさ MB SAMPIYUN MEN MALA ΦaMи 感 EN 以 KA TUI E’
Marine Johannes, Iliana Rupert et Marine Fauthoux avec la tunique de la formation turque. Crédit : club de CK Mersin

Draftée surprise en WNBA, par les New York Liberties, elle n’y a pour l’instant jamais joué un match.

Comme les filles de sa génération, elle est multimédaillée olympique avec le bronze en 2021 et l’argent en 2024. Lors de la finale perdue face aux Américaines, tout le monde se rappelle de ce shoot sorti nulle part, de sa propre moitié de terrain.

Boris Diaw et Elisabeth Riffiod, tauliers de l’équipe de France

On s’attaque ici à deux mastodontes de l’équipe de France. Elisabeth Riffiod, maman de Boris Diaw, est un emblème jouant 247 matchs avec la sélection, en étant capitaine quatre années. Le point culminant de toutes ces années avec la France est la médaille d’argent aux championnats d’Europe 1970.

La performance peut paraître assez simple mais c’est en réalité la première fois qu’une équipe féminine du bloc ouest s’immisce sur un podium du championnat d’Europe depuis la seconde Guerre Mondiale. Historique donc.

Elisabeth Riffiod (deuxième à gauche) et l’équipe de France féminine de basket. Crédit : le musée du basket

En club, elle remporte 6 titres d’affilée avec Clermont entre 1973 et 1978 dans une équipe surnommée les « Demoiselles de Clermont », pionnière dans l’image du sport féminin. Alors que les clubs français n’ont encore que le statut d’amateur, elles doivent rivaliser avec le club soviétique de Riga, imbattable à l’époque, et contre qui elles perdront quatre fois en finale de coupe d’Europe. Pour les plus curieux, il existe un superbe documentaire d’une heure résumant l’histoire de cette équipe, signé l’Équipe. 

Son fils Boris commence le basket dès son plus jeune âge. Avec ses potes du Centre Fédéral, dont Tony Parker, ils remportent le championnat d’Europe Junior 2000, signe qu’une génération dorée arrive en équipe de France.

Dès 2005, Diaw prend une place importante dans l’équipe, et est élu deuxième joueur du championnat tandis que la France prend une médaille de bronze. A partir de 2006, il est le capitaine de l’équipe, jusqu’à la fin de sa carrière.

On se rappelle des parcours gagnants en Europe des années 2010 avec une médaille d’argent en 2011, l’épopée en or de 2013 et le bronze en 2015, sans oublier la médaille de bronze aux championnats du monde de 2014. Ce qu’il lui manque en tant que joueur est une médaille olympique, qu’il remporte deux fois en tant que General Manager de l’équipe de France depuis 2019.

Au final, Babac et l’équipe de France c’est 247 sélections, comme sa mère, 4 médailles et un après carrière qui continue d’être lié aux Bleus.

L’équipe de France championne d’Europe 2013, avec son capitaine Boris Diaw soulevant le trophée. Crédit : Thanassis Stavrakis

Sa carrière en club débute en France avec Pau-Orthez, encore. Lancé dans le grain bain dès l’année 2000, il grimpe les échelons. Meilleur espoir en 2002, puis meilleur joueur français du championnat en 2003, Diaw fait parler ses qualités polyvalentes et aide l’équipe à remporter le championnat en 2001 et 2003. Tout cela lui ouvre les portes NBA, en étant drafté à la 21ème position de la draft 2003.

Il fait deux premières saisons timides aux Hawks, avant d’être échangé aux Suns où il va exploser. Passant d’un 5-3-2 à un 13-7-6, et d’un poste d’arrière à celui d’ailier, Boris est élu meilleure progression de la saison, premier Français à remporter un trophée individuel en NBA. Il réalise plusieurs triple-double, événement bien plus rare à l’époque, lui donnant le surnom de « 3D » outre-Atlantique.

Dans le même temps, l’équipe de Phoenix est menée par un Steve Nash MVP et a des ambitions de titre. Boris se fond parfaitement dans ce collectif porté sur l’attaque, dans son rôle de connecteur altruiste. Mais l’équipe butera contre les Mavericks en finale de conférence puis deux fois contre les Spurs au début des playoffs.

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Amare Stoudemire, Steve Nash et Boris Diaw, aux Phoenix Suns. Crédit : Charles Krupa

En 2008, un nouveau coach débarque dans l’Arizona et le courant entre lui et Boris ne passe pas. Il est alors échangé, direction Charlotte, version Bobcats. L’équipe vise le milieu de tableau et ne fait jamais mieux qu’un premier tour de playoffs, tandis qu’il continue de bien performer individuellement. Après 4 saisons, arrivé en 2012, Boris ne s’entend plus avec la franchise et négocie un buy-out. Il a alors le choix de signer où il veut et prend la décision de rejoindre son pote Tony aux San Antonio Spurs. Précieux dès son arrivée, il n’a évidemment aucun problème à s’adapter au jeu des Spurs.

En 2013, il fait donc partie des finales tragiquement perdues, après le shoot de Ray Allen au Game 6. Lui et l’équipe reviendront revanchards la saison d’après, où ils pratiquent un basketball léché, collectif et altruiste, comme une ode au jeu de Boris Diaw. De retour en finale, face au même Heat, il n’y aura pas de bavure cette fois. En défense sur LeBron James et bien utile en attaque, Boris contribue pleinement au succès. Il est même le Spurs qui joue le plus de minutes sur ces finales ! A 31 ans, et après 10 ans dans la ligue, il remporte le titre NBA.

Les Spurs et Boris Diaw (à gauche) remporte le titre NBA 2014
Les Spurs et Boris Diaw (à gauche) remporte le titre NBA 2014. Crédit : Greg Nelson

Pour finir, il continue deux saisons avec les Spurs se ponctuant par des échecs en playoffs et signe une petite saison avec le Jazz où il joue avec Rudy Gobert. Il effectuera un retour en France aux Mets92 avant de prendre sa retraite de joueur en 2018, à 36 ans.

Boris Diaw et sa maman Élisabeth Riffiod honorés à Bercy
Boris Diaw et sa maman Élisabeth Riffiod, pour un hommage de la famille, à Bercy. Crédit : FFBB

Un joueur altruiste et collectif, parfois de manière trop excessive, capable de magie à la passe, Boris a eu l’une des carrières françaises les plus remplies, tant en NBA qu’en équipe de France. Partageant l’amour du basket et le même nombre de sélections avec les Bleus, avec sa mère, les deux se sont vus honorés à l’été 2022. Désormais, à la retraite, Babac gravite toujours autour du basket et du sport, en étant GM de l’équipe de France, et président du conseil d’administration de l’INSEP.

Mère-fils, père-fille ou père-fils, les relations parents-enfants sont légions en France. Avec des centaines de sélections en équipe de France, des titres nationaux, des médailles européennes et des titres NBA, les familles françaises ont longtemps marqué le basket. Et ça ne fait que commencer. 

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