Dave Bing

Dave Bing, Flou Artistique

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Dave Bing vient de passer trois années aux commandes de l’attaque de l’université de Syracuse, le moment est venu pour lui de faire le grand saut vers la NBA. Sans aucun répit, l’ancien Orange passe son été à travailler sur les playgrounds pour parfaire son jeu en compagnie de professionnels aguerris. Car lors de chaque intersaison, une sorte de compétition informelle se tient dans les rues de New York, Washington, Philadelphie et Baltimore, où les jeunes talents de High School et de NCAA se mêlent aux stars de la NBA.

Selon Bing, c’est l’endroit idéal pour s’améliorer et apprendre. Lui, c’est à Washington qu’il s’entraîne la plupart du temps sous la tutelle d’un certain Elgin Baylor. Ce dernier n’est pas le seul à le conseiller, puisque Red Auerbach vit à seulement trois pâtés de maisons du playground préféré de Bing. Le coach des Boston Celtics, friand de ces rencontres, vient lui aussi enseigner les rudiments du basketball aux joueurs présent.

« Red Auerbach venait nous voir et il nous aidait. Parfois il jouait même avec nous. Il n’était pas mauvais même s’il avait toujours un tir old school à deux mains. »

Dave Bing

Dave Bing rêve de devenir un Knicks, cependant c’est à pile ou face que son destin se joue. D’un côté, les New York Knicks, de l’autre les Detroit Pistons. Les deux franchises n’ont qu’un seul souhait, remporter le premier choix afin de s’offrir les services de Cazzie Russell. L’ailier de Michigan aligne 31 points et 8 rebonds de moyenne et il est aussi le rookie le plus convoité et mis en avant depuis Wilt Chamberlain. L’équipe de la Big Apple gagne le first pick et c’est sans surprise qu’elle jette son dévolu sur Russell.

Les Pistons ne reçoivent pas la pépite supposée de cette loterie et Bing n’atteint pas son rêve de devenir un Knicks. Toutefois, après une saison dans l’élite, les deux parties se sont bien accommodées de leur mauvaise fortune.

Crédit/Sports Illustrated
Crédit : Sports Illustrated

La Sensation Dave Bing

Dave Bing n’a pas déçu, mais on ne peut pas en dire autant de Cazzie Russell. Même s’il est un joueur intéressant, il n’est pas le crack attendu et finit sa première campagne avec 11 points et 3 rebonds. Par contre, côté Pistons on se frotte les mains, car la nouvelle recrue est une perle. Bing termine la saison 1966/67 avec 20 points, 4 rebonds et 4 passes de moyenne par rencontre.

Grâce à lui, le public de Detroit se trouve une star attractive et cesse de bouder leur franchise. Dave Bing apporte un renouveau qui mets du baume au cœur à ces Pistons bien sinistre, cela même si le bilan reste peu flatteur avec seulement 30 victoires pour 51 défaites. Bill Russell a d’ores et déjà adoubé Bing pour son tempérament blagueur et sa gentillesse, et l’ensemble de la ligue est dithyrambique à son sujet quand il est question de son talent.

« Oscar Robertson est le meilleur meneur de jeu de cette ligue. Mais Dave Bing n’est pas loin derrière lui. »

Wayne Embry

On voit la même chose du côté des coachs, avec Alex Hannum qui n’hésite pas à déclarer que Bing est une des futures superstars de la NBA. C’est ainsi qu’il remporte haut la main le trophée de Rookie of the Year. Pourtant, tout n’a pas été simple. Son entraîneur et partenaire, Dave DeBusschere, a dû attendre que son meneur s’acclimate au jeu de la ligue professionnelle.

Les choses commencent mal avec un zéro pointé lors de sa première face aux Cincinnati Royals. Un début loin d’être fracassant, mais après un mois de compétition les choses évoluent rapidement et s’ensuit moult performances à 20 points et plus. Pour DeBusschere c’est le moment d’en faire un titulaire. C’est ainsi que ses minutes augmentent et qu’il affiche presque 22 points jusqu’à la fin de saison avec un carton à 47 unités face aux Baltimore Bullets en mars 1967.

C’est une saison réussie pour le meneur des Pistons qui a séduit toute la ville de Detroit et ses fans. Son style de jeu est un vent frais dans les mornes plaines de cette franchise qui galère depuis quelques années. Il devient un phénomène grâce à sa capacité à remonter le ballon en dribblant tous ses adversaires un à un pour scorer ou distiller un caviar avec une touche funky des plus modernes. Les jeunes fans du Michigan ne s’y trompent pas. Ils rêvent de faire la même chose que lui sur les parquets, comme cet adolescent nommé Earvin Johnson qui se plaît à imiter sa nouvelle idole dont il va grandement s’inspirer.

Crédit/Detroit Free Press/Ed Haun
Crédit : Ed Haun – Detroit Free Press

Quand Bing fait Boom

C’est le moment de l’explosion pour Dave Bing. Maintenant qu’il a convaincu tout son monde, il est devenu naturellement le leader des Pistons. La franchise qui a jusque là compté sur le jeune Dave DeBusschere pour assurer le rôle de joueur/entraîneur nomme Donnie Butcher à sa place afin de remettre l’équipe sur de bons rails.

Les résultats se font sentir et le bilan en fin de saison est de 40 victoires pour 42 défaites, synonyme de quatrième place à l’Est et d’un retour en playoff après cinq années d’absence. Dave Bing a été tout simplement étincelant. Il devient le meilleur scoreur de la ligue avec 27,1 points de moyenne et finit aux portes du podium du trophée de MVP.

En réalité il n’est pas vraiment le meilleur marqueur de cette saison 1967/68. Oscar Robertson inscrit plus de 29 points, mais ne participe qu’à 65 rencontres. Dave Bing est aussi loin d’avoir la même efficacité que le Big O. Le meneur des Royals est sur un rythme de 1,44 point par tirs quand son homologue des Pistons en est à 1,13. S’il semble que Bing a franchi un cap, il lui reste encore beaucoup de choses à améliorer dans son jeu afin d’être un attaquant pleinement efficace.

Sur les vingt scoreurs les plus prolifiques de la ligue, il n’y a que John Havlicek qui est moins efficace que lui. Bing est un casseur de défense, mais son shoot est encore loin d’être une arme sûre. C’est une fois de plus sur les playgrounds de Washington qu’il travaille son geste au côté de son partenaire Eddie Miles qu’on surnomme « The Shot » et « The Man with the Golden Arm ». Ce n’est d’ailleurs pas le seul aspect de son jeu qu’il souhaite améliorer.

Il sait pertinemment qu’il a besoin de faire mieux en défense. La transition de la NCAA à la NBA a révélé des faiblesses dans ce domaine. Bing trouve qu’il fait encore trop de fautes stupides et veut gommer cette imperfection, chose qu’il réussit à merveille et qui lui permet de devenir un défenseur redoutable tout le long de sa carrière.

Oui, Dave Bing vient d’exploser statistiquement. Cependant, il lui reste encore du pain sur la planche s’il souhaite également faire des étincelles en playoff. Pour le moment, ses Pistons sont encore trop courts pour espérer vaincre les Celtics qui viennent de leur infliger un 4-2 lors des phases finales. Il lui faut du renfort et c’est Walt Bellamy qui rejoint les Pistons en cours de saison 1968/69 dans un transfert impliquant la star locale Dave DeBusschere qui file à New York.

Walt Bellamy, comme on a déjà pu le voir, est loin d’être la solution aux problèmes des Pistons. Dave Bing est sensiblement sur le même rendement que la saison passée. Sa moyenne est désormais de 23,4 points, mais elle est en réalité due à un Pace plus faible. Il est dans ses standards et cela ne suffit pas à faire décoller les performances de son club. Donnie Butcher est remercié en cours de route et c’est le teigneux Paul Seymour qui le remplace. Rien n’y fait, le bilan est de seulement 30 victoires.

C’est un coup d’arrêt dans le développement de l’équipe après de réelles touches d’espoirs. La stabilité qui semblait s’être installée vient de voler en éclat et ce n’est rien à côté de ce qui se trame en coulisse. L’explosion de Bing sur les parquets a fait de lui le chouchou du public, mais il est désormais à l’origine d’une véritable déflagration qui fait grincer des dents à Detroit.

Crédit : Hugh Grannum – Detroit Free Press

Home Sweet Home

Comme chaque intersaison, Bing se rend à Washington. Cependant, c’est pour désormais y organiser des camps d’entraînement, toujours en compagnie de son mentor Elgin Baylor. Le but est d’aider les jeunes les plus talentueux des quartiers de cette ville de basket et de leur permettre de s’extirper des ghettos de la capitale. Bien qu’il soit un Piston, le cœur de Dave n’est pas à Detroit. Un attachement totalement légitime pour ce natif de D.C, mais qui l’amène à prendre une décision forte avant le début de saison.

La nouvelle tombe, Dave Bing signe avec les Washington Capitols en ABA. C’est la panique à Detroit où on rappelle qu’il est toujours sous contrat et qu’il lui reste deux saisons à honorer. Toute cette séquence se déroule dans une ambiance brumeuse instiguée par Earl Foreman tout nouveau propriétaire des Oakland Oaks. L’homme d’affaires annonce qu’il déplace la franchise californienne à Washington. Puis il dévoile la venue de stars de la NBA sans citer de noms, ainsi que l’arrivée d’un entraîneur célèbre.

Pour ajouter du piquant à la situation, la vedette des Oaks qui n’est autre que Rick Barry, ne veut absolument pas aller poser ses affaires à l’Est du pays. Puis, les premières informations fuitent, le futur coach est Alex Hannum, champion il y a peu avec Philadelphie et Wilt Chamberlain. Ensuite, c’est au tour de l’ailier des Los Angeles Lakers, Elgin Baylor, de faire la une des journaux en étant déclaré partant pour les Capitols.

Comment refuser cette offre pour Bing ? Avec sa ville de natale, un coach de choix, son mentor et un joli salaire à six chiffres bien supérieur à son contrat en NBA dans la balance, il lui est impossible de dire non. Dans ses déclarations, le meneur justifie ses décisions en toute franchise, l’argent a son importance et jouer pour sa ville est un facteur décisif dans cette décision.

« Le basketball est un sport usant pour le corps, il me reste peu d’années devant moi. Je dois faire ce qui est bon pour moi. Detroit et la NBA ont suffisamment profité de mon talent ces dernières années. Washington est ma maison et je suis heureux d’y être de retour. » 

Dave Bing

Il n’empêche qu’il ne peut pas prendre part à la ABA à cause de son contrat, et cela est impossible à contourner. Comment les Pistons peuvent envisager se construire un avenir avec une star qui par sa situation devient intransférable et qui s’apprête à plier bagage dans deux saisons. Désormais, lorsqu’on parle de celui qui était devenu l’enfant chéri de Detroit, la mention « controversé » précède son nom. Dave Bing la solution est maintenant Dave Bing le problème. Pourtant il semble que de son côté, celui qui pose dans les journaux ballon de l’ABA en main, n’y voit aucun souci.

Je suis un pro, et je pense être un des meilleurs. Le fait que je quitte éventuellement l'équipe ne modifiera pas mon style de jeu. Je pense que les fans des Pistons sont assez intelligents pour réaliser que le basketball est un métier, comme n'importe quoi d'autre, et que je dois profiter de toute opportunité pour m'améliorer.

Mais voilà, tout n’est au final que de la poudre aux yeux. Earl Foreman a annoncé beaucoup de choses sans vraiment avoir de certitudes. Tout d’abord c’est Alex Hannum qui affirme qu’il ne s’est jamais engagé avec les Capitols, il est plus tard suivi par Elgin Baylor qui avoue ne jamais avoir été réellement contacté. Il y a Rick Barry qui opte finalement de suivre le mouvement et de rejoindre la capitale. Enfin, Earl Foreman, laisse tomber le projet Dave Bing et décide de mettre toutes ses billes dans la signature du jeune arrière Charlie Scott.

Point d’ABA, et point de retour à Washington pour Dave Bing. Le voici donc obligé d’honorer ses engagements avec Detroit sans savoir quelle suite est possible entre lui et son équipe. Toutefois, on semble ne pas vouloir lui en tenir rigueur et son nouveau coach, Butch Van Breda Kolff, compte bien sur sa star pour avancer et bâtir une équipe solide. Il ressort même gagnant de cet épisode en réussissant à négocier un contrat juteux de 450 000 dollars sur 3 ans. Enfin, il n’y a aucun regret à avoir puisque l’année suivante, la NBA parvient à contraindre l’ABA de déplacer sa franchise de Washington à Norfolk où ils deviennent les Virginia Squires.

Traversée du désert

Saison 1969/70, après la controverse, place au jeu. Dave Bing réalise sa meilleure campagne individuelle, mais les Pistons restent calamiteux. La greffe Bellamy n’a pas fonctionné et le bilan n’est que de 31 victoires et c’est sans regret que Detroit se sépare de son pivot. Cependant, il y a de quoi se consoler avec la draft de 1970, le premier choix de loterie leur revient et c’est l’occasion de se renforcer avec un autre intérieur XXL, Bob Lanier en provenance de St Bonaventure.

Même s’il n’est pas encore en pleine mesure de son talent, l’impact de Lanier se ressent sur les résultats, qui sont jusque-là les plus probants de l’ère Bing avec 45 victoires. Ironie du sort, Detroit qui est à ce moment-là pensionnaire de la conférence Ouest est dernière de sa division et ne participe pas aux phases finales. Car seulement deux équipes de chaque division se voient qualifier pour les playoffs, soit quatre équipes par conférence.

Individuellement, Dave vient de signer ce qui est sans doute sa meilleure saison en carrière. Il inscrit à nouveau 27 points par rencontre, cependant il faut mettre une chose ou deux en perspective. Lors de son année sophomore, il inscrit 27,1 points en jouant 122 possessions chaque soir, soit 19,7 points sur 75 possessions avec 1,13 point/tirs tentés. Lors de cette saison 1970/71, il inscrit 23,4 points par 75 possessions avec 1,29 point/tirs tentés. Le travail commencé quelques saisons plus tôt porte ses fruits et il est désormais un bien meilleur scoreur.

La saison 1971/72 marque un tournant dans sa carrière. Lors d’un match d’exhibition, son ancien partenaire Happy Hairston, devenu un Lakers, lui enfonce sans le vouloir un doigt dans l’œil droit. La blessure est sévère, il faut passer sous le bistouri, et ce sont trois chirurgiens qui l’opèrent pendant six longues heures avec de minces espoirs de sauver cet œil meurtri. Une catastrophe pour lui qui est déjà fortement diminuée de l’œil gauche.

En effet, lorsqu’il est enfant c’est un banal incident sur un cheval à bascule qui le voit se prendre un clou dans l’œil gauche et de diminuer fortement sa vision. Sa vue est corrigée par une lentille de contact, mais elle est malgré cela bien en dessous de la moyenne. Désormais, il est dans le flou avec ses deux yeux, mais il en faut plus pour déstabiliser Bing.

Il insiste fortement pour revenir aux affaires, et reprend part au jeu après deux mois d’inactivité qui le prive de 37 rencontres. Il parvient malgré son handicap à danser au milieu d’un théâtre d’ombres dans lequel il ne voit plus que des silhouettes sans visages qu’il ne distingue que par la couleur des maillots. Il reste efficace même si quelque part cela marque le début de son déclin, ne retrouvant jamais vraiment sa capacité de scoring acquise à force de travail.

S’il demeure un marqueur tout à fait capable avec environ 16 points par 75 possessions et 1,15 point/tirs tentés jusqu’à la fin de sa carrière. Il ne lui est plus possible de trouver la mire et d’afficher le rendement de son prime.

J’ai pensé aux choses que je devrais faire pour m’adapter. Mais même si vous essayez de vous préparer mentalement, il était plus évident pour les autres que pour moi que je n’étais pas le même joueur. Il m’a fallu un certain temps avant de réaliser que je ne pouvais pas faire les choses que je faisais avant. Sans aucun doute, je ne tire pas aussi bien que je l’ai fait. Et je ne joue pas avec le même flair.

Cette année compliquée finit par un bilan de 26 victoires et 56 défaites pour Detroit, Van Breda Kolff est remplacé par Terry Dischinger qui est lui-même succédé par Earl Lloyd. Bob Lanier trop esseulé, et malgré 26 points et 14 rebonds de moyenne, ne peut faire oublier ce marasme. Au début de la saison suivante, les choses paraissent prendre une allure identique avec un départ timide de deux victoires pour cinq défaites.

Au revoir Earl Lloyd et c’est l’ancien ailier fort de la maison, Ray Scott, qui devient le head coach des Pistons. Il redresse la barre et mène la franchise à 40 succès, mais c’est encore une fois insuffisant pour rejoindre les phases finales. Cependant, ce changement d’entraîneurs semble marquer un tournant vers un nouveau genre de jeu porté d’avantage sur la défense. On peut même considérer que ce sont les débuts du style « col bleu » que met en place Scott dans la culture de la franchise. C’est un virage qu’apprécie Dave Bing qui se concentre plus sur la défense depuis son accident oculaire.

Le succès…

Les Pistons attaquent l’exercice 1973/74 avec sensiblement le même effectif, mais le jeu mis en œuvre par Ray Scott l’an passé porte ses fruits. Désormais Detroit est la troisième meilleure défense de la NBA et cela leur permet de signer une saison record de 52 victoires pour 30 défaites. Bing et Lanier sont les stars de cette équipe de role player qui joue dur et ils deviennent la quatrième place forte de la ligue derrière les Milwaukee Bucks, les Boston Celtics et les Chicago Bulls.

Ce sont ces derniers qu’ils doivent affronter au premier tour des playoffs de la conférence Ouest. Nous sommes toujours sur un modèle ou seulement quatre équipes se qualifient par conférence. Ce premier round ressemble plus à un second dans le texte. Une série rugueuse et très engagée entre deux franchises qui galèrent depuis 1966. La défense est au cœur de cet affrontement et doit se jouer sur un match 7 décisif.

Malheureusement, le héros de cette rencontre se nomme Clifford Ray. Le pivot des Bulls se montre redoutable en défense et limite Bob Lanier à 23 points et 40 % de réussite aux tirs. Il le domine également aux rebonds et permet à Chicago de remporter la série sur le score serré de 96 à 94.

C’est Dave Bing, qui malgré sa maladresse dans ce match (39 %) ramène les siens à deux points à 28 secondes de la fin de la rencontre. C’est aussi lui qui perd le ballon sur une remise mal ajustée qui voit Dennis Awtrey dévier la gonfle vers Norm Van Lier. Dennis Awtrey, héros de cette série alors qu’il ne joue que 10 minutes pour zéro point, mais avec une interception cruciale. C’est une énorme désillusion pour les Pistons, pourtant une fois de plus, l’espoir est permis. Malheureusement, l’histoire se répète et la perspective d’un avenir meilleur s’effondre et Dave Bing n’y ai pas étranger, même s’il montre un enthousiasme tout particulier avant le début de la saison 1974/75.

« J’ai fait partie de toutes les mauvaises saisons à Detroit. Vous pouvez être sûr que je veux faire partie des bonnes maintenant. »

Dave Bing

… puis la jalousie

C’est un été tout particulier pour les Detroit Pistons. Puisque le propriétaire et fondateur de la franchise, Fred Zöllner, décide à 73 ans de mettre son bébé en vente. Le repreneur se nomme William Davidson et il choisit de récompenser Ray Scott qui vient de réaliser la saison la plus victorieuse de l’histoire de Motor City. Une démarche tout à fait compréhensible, la nouvelle direction souhaitant conserver une continuité avec ce coach qui semble avoir trouvé la recette du succès.

Or, ce n’est pas au goût de tout le monde dans le vestiaire. Un des plus contrariés s’appelle Don Adams, l’augmentation de Ray Scott lui reste en travers de la gorge. Pour lui, son entraîneur n’est pas le seul à mériter une revalorisation de son salaire. Il pense que les joueurs ont également le droit à un bonus. Il en parle à son leader, Dave Bing, qui lui aussi se persuade que la situation est injuste.

Au lieu de solidifier la franchise en cherchant à sécuriser le poste d’entraîneur, William Davidson vient de semer la zizanie et de casser la dynamique. De son côté, Ray Scott voit son vestiaire lui échapper et il perd progressivement pied en prenant les choses trop personnellement. Cette saison 1974/75 est un fiasco, les Detroit Pistons sombrent à cause de guerres d’egos interne sur fond de jalousie.

Pourtant, cette augmentation semble légitime et l’attitude de Dave Bing peut paraître exagérée. Il a déjà un beau contrat, et n’a rien fait de significatif avant l’arrivée de Scott. De plus, il est clairement sur la pente descendante. Depuis plusieurs années, il traîne des problèmes de genoux qui commencent à sérieusement impacter ses performances. Désormais, il a 31 ans et ses meilleures années sont derrière lui, rien ne justifie qu’il reçoivent un plus gros chèque.

Ray Scott décide dans un premier de couper Don Adams et fait le choix de transférer Dave Bing contre Kevin Porter des Washington Bullets. Il explique vouloir un meneur capable d’accélérer le jeu, mais c’est bien sa relation tendue avec Bing qui est à l’origine de cet échange. Bing est lui des plus vindicatif lorsqu’il évoque son ancien coach dans les journaux. Ray Scott, finit par perdre son job au cours de la saison suivante n’arrivant plus à regagner la confiance du vestiaire.

Dave Bing rejoint enfin sa ville natale.
Dave Bing rejoint enfin sa ville natale.

Fin de carrière

Enfin, le gamin des quartiers de Washington revient à la maison pour porter le maillot de l’équipe de la capitale, et ce n’est pas tout. Puisque désormais il est membre d’un collectif qui peut prétendre au titre. Les Bullets viennent de perdre en finale contre les Golden State Warriors de Rick Barry, mais restent un client sérieux grâce au trio Wes Unseld, Elvin Hayes et Phil Chenier. C’est d’ailleurs son association avec ce dernier qui ravit Dave Bing.

« Je suis heureux de revenir à Washington. Je pense qu’avec Phil Chenier nous pouvons devenir le meilleur backcourt de NBA. »

Dave Bing

C’est une saison moyenne que réalisent les Bullets de coach K.C Jones. Pourtant, toutes les stars sont présentes, mais elles passent de 60 victoires à 48 victoires. Elles terminent deuxièmes de leur division derrière leurs futurs adversaires, les Cleveland Cavaliers. Cette série de playoffs, la première des Cavaliers, entre dans la légende. Il faut sept matchs pour départager les deux clubs et il faut trois tirs décisifs dont un dans le Game 7 pour que les Cavs s’imposent dans ce qu’on surnomme depuis le Miracle de Richfield.

Le retour des observateurs est cinglant, l’ajout de Dave Bing a détruit la cohérence des Bullets. Pour beaucoup il est évident qu’il est un meilleur joueur que Kevin Porter. Par contre, Porter apportait une alchimie que Bing n’a pas réussi à reproduire. L’ancienne star de Detroit en paye le prix la saison suivante. Son temps de jeu chute à 23 minutes, et pour ne rien arranger, ses genoux commencent à sérieusement grincer. Il ne participe qu’à 64 rencontres et il est transparent lors des playoffs (Les Bullets perdent au second tour des playoffs face aux Houston Rockets) où il ne joue que sept minutes par rencontre.

En septembre 1977, il est coupé par Washington qui dans la foulée remporte le titre face aux Seattle SuperSonics. De son côté, Dave Bing retrouve des minutes au sein de Boston Celtics calamiteux qui ne gagnent que 32 matchs, la pire saison des C’s depuis 1950. C’est sur cette note désastreuse que se termine le parcours de Dave Bing en NBA.

Malgré la présence de grande légende à ses côtés, son passage à Boston est des plus anecdotique.
Malgré la présence de grande légende à ses côtés, son passage à Boston est des plus anecdotique.

75 Greatest ?

On a coutume dans cette série de remettre en contexte les statistiques des joueurs afin de saisir plus facilement la teneur du rendement des stars de l’ère du Run & Gun. Si on aligne les chiffres de Dave Bing sur 75 possessions (le nombre de possessions jouées par une star de nos jours), il affiche environ 16 points, 6 passes et 3 rebonds de moyenne en 901 rencontres.

En se basant sur ces statistiques, on trouve une quinzaine de joueurs avec le même rendement sur un nombre de matchs équivalent ou plus élevé. Parmi les plus connus, Nick Van Exel, Mike Bibby, Derek Harper, Terry Porter et Dennis Johnson. Des meneurs de renom qui pour certains ont des réalisations collectives et individuelles supérieures à celles de Dave Bing. Pourtant, aucun d’entre eux ne fait partie des 75 Greatest comme le fait Bing.

Par exemple, Dennis Johnson, c’est trois titres, un MVP des finales et malgré cela personne ne songe un instant en faire un des 75 plus grand de ce sport. La présence de Dave Bing dans cette prestigieuse liste est un mystère. Effectivement, le joueur est formidable et il a inspiré Magic Johnson. Cependant, au vu de son parcours, rien ne justifie tant d’honneur.

Il y a bien un titre de meilleur scoreur, mais il le doit au fait qu’Oscar Robertson ne joue que 65 rencontres. Au-delà de cela, c’est seulement trois campagnes de playoff en neuf saisons avec Detroit, que des éliminations au premier round. Deux saisons décevantes pour les Bullets où il essuie de nombreuses critiques et enfin une des pires saisons de l’histoire des Celtics.

De 1966 à 1978, il n’est même pas évident que Dave Bing fasse partie des dix meilleurs joueurs de cette période. Son génie, ses passes ne suffisent pas à monter un dossier sérieux le concernant. Quand on évoque son parcours, on parle beaucoup d’événements hors terrains pour faire ses louanges. Sa réussite entrepreneuriale, sa générosité, son humour, son professionnalisme, etc. Mais rien qui ne soit un moment de basketball entré dans la légende.

Dave Bing en pleine discussion avec Sam Jones des Boston Celtics lors de la cérémonie des 50 Greatest. Crédit : Kevin Reeves – NBAE via Getty Images

Conclusion

Dave Bing est pour sûr un des joueurs mémorables des années 60 et 70. Son style de jeu moderne, ses arabesques, ses passes et sa personnalité ont séduit fans, observateurs, partenaires et adversaires. Malheureusement pour lui, à chaque fois que Detroit semble tenir le bon bout, un événement vient tout gâcher. Sa blessure à l’œil, ses envies d’ailleurs, des histoires d’argent sont autant d’aléas qui l’empêchent de marquer son époque collectivement.

Dur au mal, il a joué une bonne partie de sa carrière avec un genou totalement foutu. Il a également excellé en artiste des parquets alors que sa vision le laissa complètement dans le flou. C’est sans doute l’exploit le plus incroyable de sa carrière. Bing a également été un véritable mentor pour de nombreux futurs joueurs de NBA qu’il a accueillis dans ses camps d’entraînement. Avec notamment, Campy Russell, Ralph Simpson et John Brisker.

Il a reçu bien des honneurs mérités dans sa vie. Or, il doit ses récompenses de prestige à des actes qui se déroulent hors des lignes des parquets. Grâce notamment, à un engagement sans failles et une grande générosité envers les communautés des villes de Washington et Detroit. Cette dernière, il ne souhaite pas y jouer, mais une pièce de monnaie en décide autrement. Puis, il veut la quitter, mais le sort le pousse à y rester. Le destin voulait absolument lier Bing à Detroit, une cité qui le voit devenir un entrepreneur de talent multimillionnaire et dont il finit par être le maire, c’est assez incroyable.

Alors oui, on peut contester sa place dans l’histoire. Une présence parmi les plus grands joueurs de tous les temps qu’il est compliqué à justifier. Ce qui est tout à fait normal lorsqu’on décide de remettre sa carrière à plat. Car malgré toutes les bonnes choses qu’on puisse dire à son sujet, sa position parmi la crème de la crème de NBA laisse également planer, un certain flou artistique.

Richard DRIE

43 ans - Rédacteur - Contrairement à ce qui se raconte, je n'ai pas côtoyé George Mikan. Mais je m'efforce de raconter du mieux que je peux l'histoire de la NBA. Avec un gros penchant pour les années 60 et 70. Le bon vieux temps des moustaches et des shorts courts.

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