Darrell Armstrong Heart and Hustle

Darrell & Bo, le Heart and Hustle du Magic d’Orlando

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Pour cette saison 2023-24, le Magic d’Orlando a choisi de nous sortir un maillot Classic Edition des plus pertinents. Si tout le monde a pour réflexe d’évoquer la période T-Mac, mon sentiment est tout autre, mon esprit de contradictions sans doute. À mes yeux, ce jersey, c’est la découverte d’une équipe unique en son genre de part sa destinée et son âme : le Magic d’Orlando 1999-00. Surnommé « Heart and Hustle » par le GM de l’époque John Gabriel, et emmené par Darrell Armstrong et Bo Outlaw, deux joueurs qui ont une place toute particulière dans mon cœur de fan.

Avant de vous parler de ces deux énergumènes qui étaient l’incarnation du mot Hustle, poser quelques éléments de contexte s’impose : je me dois de vous parler de cette saison 1999-00 où le Magic a indirectement eu une influence sur quelques événements marquants du futur de la ligue.

À la fin de la saison 1998-99, Orlando est allé au bout de ce qu’il pouvait faire et offrir à Penny Hardaway, la magie ne prend plus. L’objectif est clair : la free agency de l’année 2000. Alors exit la légende Penny, direction le Phoenix Suns, Horace Grant part à Seattle et le transfert qui éveillera mon attention de fan français sera celui de Nick Anderson aux Kings pour Tariq Abdul-Wahad. Une démarche que l’on qualifierait aisément de reconstruction voir de tanking lorsqu’on est taquin.

Ce Magic version 99 a été la première équipe de Doc Rivers, 38 ans à l’époque, avec qui il remportera son premier titre de coach de l’année, en année… 1 (pas mal), sans même jouer les playoffs. Pas une mince affaire donc. Par ce qu’emmener en playoffs une équipe composé principalement de joueurs ayant connu moins de 3 saisons NBA et dont la majeure partie des cadres étaient non draftés aurait relevé de l’exploit. Et pourtant il s’en est fallu d’un match, le 81ème face à Milwaukee et un shoot raté de Chucky Atkins pour échouer aux portes des playoffs.

Je vous parlais de joueurs cadres non draftés, on peut aussi souligner la singularité et la mentalité unique de cet effectif : à côté des incontournables Darrell and Bo, vous pouviez trouver Ben Wallace qui n’était absolument pas le joueur que l’on connait à sa sortie de Washington, John Amaechi ou Chucky Atkins. Mais il ne faut pas minimiser les apports du rookie extraordinaire et électrisant qu’était Corey Maggette, de l’une si ce n’est la meilleure saison de Tariq Abdul-Wahad selon moi, des shoots de Pat Garitty, et Mike Doleac, ainsi que l’expérience de Monty Williams ou Chris Gatling.

Mais en pré-saison cet effectif ne fait pas rêver, Sports Illustrated en fait des potentiels successeurs au pire bilan de l’histoire de la ligue rien que ça. Doc Rivers ne manquera de s’en servir comme source d’inspiration et de motivation dès l’ouverture du training camp. Lui qui a joué pour Pat Riley avait retenu une chose, la culture avant le jeu, et il comptait bien transmettre cette philosophie a ce groupe pour en faire des morts de faim.

« Un de mes pires meeting c’est lorsque j’étais à Orlando. Et Doc Rovers arrive et nous dit qu’on va être l’équipe qui bosse le plus en Floride. On s’est tous regardé en disant Oh my god. Parce que Miami (de Pat Riley) ça bosse dure. »

Tariq Abdul-Wahad

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a eu un effet Rivers. Jeune coach insouciant, il n’hésite pas à tenter des paris en alignant Bo Outlaw et Ben Wallace dans le 5 majeur. Bo jouant poste 3 et Ben Wallace poste 4, voici le spacing de l’époque. Cette team annoncée comme une des pires de l’histoire joue dure. Tariq Abdul-Wahad est rayonnant et fait parler son excellent jeu au poste, Darrell Armstrong est dans la lancée de sa saison précédente historique, et le duo Ben Wallace & Bo Outlaw fait vivre un enfer aux attaques adverses.

L’équipe parvient à se maintenir à l’équilibre lors des 20 premiers matchs avant d’enchaîner 4 victoires de suites portant leur bilan à un honnête 15-11 à la mi-décembre, avant de connaître un passage à vide avec 13 défaites en 14 matchs. Mais ce Magic a de la ressource, et le front office tente un coup pour relancer l’équipe. Tariq Abdul-Wahad et Chris Gatling sont envoyés à Denver en échange de Ron Mercer, Chauncey Billups (qui ne jouera plus de la saison) et Johnny Taylor. Mon cœur de fan est un chouïa déçu. Mais même si le français quitte le navire, Darrell and Bo maintiennent mon intérêt pour cette équipe si combative.

À l’image de ce match du 1er février au MSG. Le trade de Tariq Abdul-Wahad vient d’avoir lieu, l’équipe se présente face aux derniers finalistes NBA avec seulement 9 joueurs disponibles. Les floridiens infligeront une défaite de 21 points aux Knicks (98-77), porté par les 60 points de ces 4 joueurs de banc, dont 22 pour Atkins, non drafté quelques mois auparavant. Tout un symbole. Orlando se relance et retrouve le quasi équilibre au All Star Break. Les hommes de Doc Rivers continuent de s’accrocher jusqu’au milieu du mois de mars où une série de 7 victoires d’affilée porte leur bilan à un honorable : 38-36.

Les playoffs sont en ligne de mire qui l’eut cru ? Absolument personne. Les valeurs prônées par Doc Rivers reposent sur une solidarité exceptionnelle, où chaque soir 9 joueurs jouent une petite vingtaine de minutes par matchs et tournent entre les 8 et 16 points. Seuls Bo Outlaw et Ben Wallace scorent moins mais leur apport défensif est tel que leur rôle est prépondérant. Un équilibre solide, mais pas suffisant pour s’assurer la 8ème place avant le 81ème match.

Orlando est à 40-41, Milwaukee à 41-40. Un win or go home pour Orlando qui sera héroïque face au big three de Milwaukee et les 21 points de Tim Thomas en sortie de banc. Chucky Atkins, manquera l’ultime tir de ce match. Défaite rageante de 2 points. Orlando manque de peu une qualification qui aurait été l’une des plus imprévisibles de l’histoire si elle avait eu lieu. Et comme cette équipe ne fait pas les choses à moitié, elle remporte son dernier match, histoire de finir à l’équilibre, 41-41.

Comme prévu par John Gabriel, l’équipe sera démantelée en fin de saison. Ben Wallace et Chucky Atkins seront transférés aux Pistons pour Grant Hill. T-Mac sera signé. Duncan finira par rester aux Spurs. Darrell Armstrong et Bo Outlaw poursuivront l’aventure en en Floride. La suite on la connait. Grant Hill se blesse, et Tracy McGrady devient un joueur hors norme.

Pour beaucoup l’héritage du Heart and Hustle c’est le coaching de Doc Rivers aux Celtics, la carrière de Hall of Famer de Ben Wallace et son influence sur la culture des Pistons des années 2000, l’histoire et la carrière si singulière de John Amaechi, voir l’une des sources d’inspiration du coaching de Monty Williams. Mais pour ma part, mon héritage c’est ce duo marquant du début des années 2000, pour qui, de prime abord, on aurait donné au grand maximum une place de 10ème homme en NBA, et qui l’espace d’une saison ont donné tout son sens à la phrase que feu Flip Sanders aimait rappeler à Kévin Séraphin : « Il n’y a pas de mauvais joueur dans cette ligue, il n’y a que des mauvaises équipes ». Comprenez, tout est une question de contexte, et celui du Orlando Magic était parfait pour Darell Armstrong et Bo Outlaw.

Bo Outlaw et Darrell Armstrong Heart and Hustle
Bo Outlaw et Darrell Armstrong

Ce duo était avant tout deux joueurs fun à regarder mais qui ne payent pas de mine. Darrell est un meneur culminant tout juste au mètre 80, plutôt fluet, passeur gestionnaire et shooter fonctionnel, un mec auquel on peut facilement s’identifier. Mais il est surtout doté de qualités athlétiques impressionnantes et d’un cœur immense. Le gars défend le plomb, il n’est pas rare de percevoir sur les NBA Action qui nous parviennent mensuellement en France, ses plongeants d’enrager pour récupérer les ballons qui traînent sur le parquet. Pas rare également, de le voir claquer un bon vieux tomar ou d’aller coller un contre comme peu le fond. Je n’ai pas peur de le dire avant ceux de LeBron, il y a eu les chase down blocks de Darrell Armstrong.

Bo Outlaw c’est un peu le même genre de joueur dans l’idée, un type qui mettrait la tête là où vous ne mettriez pas les pieds, mais sans une once de dirty play. Quand son cas est évoqué, beaucoup parle d’un joueur qui a fait une immense carrière aux vues de ses qualités intrinsèques. Pas faux, au premier regard on aperçoit un joueur plutôt frustre balle en main, avec un tir relativement mauvais, et une mécanique à faire pâlir Shawn Marion. « Quand il shoot ces lancers francs, on dirait un tir bouchon » commentait George Eddy à l’époque.

Cependant, il ne faut pas omettre une chose, Outlaw disposait de qualités athlétiques hors normes, une puissance lui permettant de défendre les meilleurs intérieurs NBA, et une mobilité qui lui offrait la possibilité de défendre des extérieurs ce qui n’était pas si courant à l’époque. Ajouter à cela une détente lui permettant de jouer la tête au cercle en permanence et vous obtenez un potentiel défensif unique. Comme son compère, Bo est possédé lors ce qu’il sur le terrain, son activité est immense, un cœur gros comme ça. Ces contres en second rideau et ces dunks m’ont fait sauter de mon siège à plusieurs reprises.

Le destin faisant bien les choses, et malgré des débuts de carrières difficiles, ces deux là étaient fait pour se rencontrer, et c’est à Orlando que ça a eu lieu, avec en point d’orgue cette saison 1999-00. Mais l’histoire ne se résume pas uniquement à ça.

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