
La deuxième aventure entre Chris Paul et les Clippers aura été brève puisque les Angelinos ont décidé de se séparer du meneur seulement quatre mois après l’avoir signé.
C’est un petit séisme qui s’est abattu sur le monde de la NBA ce mercredi matin lorsque les Clippers ont annoncé qu’ils se séparaient de Chris Paul. Rapidement, beaucoup ont crié au scandale puisque le désormais ex-meneur des Clippers joue sa dernière saison en carrière dans la franchise qu’il a porté pendant de nombreuses années. Pourtant, si on se penche sur le début de saison de CP3, cette décision est loin d’être une aberration si on met toutes les considérations affectives de côté. Alors entre choix humainement critiquable, mais en accord avec la réalité du terrain, où placer le curseur ?
Une idylle qui n’a jamais vraiment repris
Le 21 juillet dernier, Chris Paul signe chez les Voiliers pour y jouer sa dernière campagne en carrière. Dès le départ, le message est clair de la part des dirigeants et notamment de Tyronn Lue : le « Point God » ne jouera pas tous les matchs et certains soirs, il ne rentrera pas en jeu.
« Avant que nous le recrutions, nous lui avons dit qu’il ne serait pas un gars qui jouera tous les soirs. Il l’avait compris. Il joue depuis si longtemps qu’il peut nous aider à gagner autrement », confiait Tyronn Lue au milieu du mois de novembre.
Avec ce message clair, cela n’a pas empêché Chris Paul de faire un retour en grande pompe à Los Angeles. Chaleureusement accueilli par les fans, il n’a pas pu cacher son émotion lors de sa première conférence de presse sous les couleurs des Clippers. Sauf qu’après ces belles retrouvailles, la réalité du terrain est venue rattraper les Voiliers et elle a fait mal, très mal.
Si Chris Paul était sur le déclin depuis quelques années, il pouvait encore apporter. Il sortait notamment d’une saison aux Spurs où il avait joué les 82 matchs, tous en tant que titulaire, avec 8,8 points de moyenne en 28 minutes de jeu. En arrivant aux Clippers, il devait apporter en back-up de James Harden dans une équipe compétitive qui a des aspirations de titre. Cependant, depuis son arrivée, l’ancien des Warriors n’a pas proposé grand chose d’intéressant. Avec 14 minutes au compteur, il ne mettait que trois points par soir avec des pourcentages horribles : 32% au tir et 33 derrière l’arc.
Pire encore, il n’a joué que 16 des 21 matchs des Clippers, non pas à cause d’une blessure, mais parce que Tyronn Lue s’est rendu compte, comme beaucoup, que la légende de la franchise ne pouvait pas survivre sur un terrain NBA. Trop peu impactant en attaque, inexistant en défense, trop lent pour un jeu qui ne cesse d’aller plus vite, le constat était simple : envoyer la star d’hier au fond du banc des Clippers.
Un retour au jeu fantôme
Chris Paul n’est cependant pas la seule raison de la tempête traversée par les Clippers. Comme Lawrence Frank, le General Manager de Los Angeles, l’a expliqué dans le communiqué annonçant le cut de CP3, il ne le « tient pas pour responsable des mauvais résultats de son équipe ».
Preuve étant, CP3 passe cinq matchs sans jouer et les Clippers n’en ont remporté qu’un, en double prolongation face à Dallas. Après une défaite contre Orlando le 20 novembre, un match où le meneur a joué 23 minutes il publie un post sur ses réseaux sociaux annonçant officiellement sa retraite, comme un appel du pied à son entraîneur pour qu’il lui donne du temps du jeu de manière plus régulière.
Véritable appel du pied ou non, le fait est que le vétéran entre sur le parquet lors de la victoire face aux Hornets, sa première franchise en NBA et joue encore 23 minutes. Une rencontre où il est plutôt bon même si la feuille de stats ne retranscrit pas l’apport réel du septuple All-NBA Team (3 points, à 1/5 au tir et 1/3 de loin). Néanmoins, cette belle apparition n’est qu’une légère éclaircie dans un ciel bien gris et dès les rencontres suivantes, il continue d’enchaîner les mauvaises prestations.
Face à un joueur de 41 ans inefficace sur le terrain sur le peu de minutes qui joue, le couperet tombe : les Clippers coupent l’ancienne gloire de la franchise. Un geste qui aurait été évident pour tous les autres joueurs de la Ligue si peu efficace, mais on parle de Chris Paul, l’histoire entre les deux est trop importante pour que cela s’arrête si brutalement. Du moins, c’est ce que l’on pourrait croire.
Une logique implacable
Dès l’annonce de cette séparation, les réseaux sociaux s’enflamment et les fans n’hésitent pas à charger les Clippers en disant qu’ils manquaient de respecter à leur plus grand joueur. Un reproche légitime quand on sait que l’annonce est arrivée à 2h du matin, heure d’Atlanta, la ville où se trouve actuellement les Clippers. Sauf qu’on parle d’une équipe NBA qui a besoin de résultats. Les Clippers ne signent pas Chris Paul en juillet pour qu’il se fasse un pré-retraite au soleil. Non, ils le voulaient pour qu’il puisse encore apporter sur un terrain de basket malgré le fait qu’il avait passé la barre des 40 ans.
Or, cet apport, personne ne l’a jamais vu. Comme dans toute entreprise, quand un employé ne répond pas aux attentes, on s’en sépare et on parle d’une franchise possédée par Steve Ballmer, l’ancien dirigeant de Microsoft. On ne peut donc pas reprocher aux Clippers d’appliquer la froide logique des entreprises.
Sauf que chez les Voiliers, le « Point God » n’est pas la seule recrue catastrophique. Brook Lopez ne répond pas non plus aux attentes et est, lui aussi, actuellement hors de la rotation de Tyronn Lue. Alors face à un Chris Paul pas bon sur le terrain, mais apprécié par les fans et surtout légende de la franchise et un Brook Lopez que tous les fans des Clippers veulent voir partir, le choix aurait dû être vite fait. Pourtant, c’est le meneur qui a pris la porte. Ce constat implique une question : que s’est-il passé entre le multiple All-Star et les Clippers ?
Les raisons
Afin de trouver la réponse, deux personnes entrent en scène : Lou Williams et Shams Charania. Pour ceux qui commencent à prendre le train de la NBA, tout d’abord bienvenue, il faut savoir que Lou Williams est un joueur important des Clippers entre 2017 et 2021 où il a remporté deux fois le titre de Sixième Homme de l’Année entre 2018 et 2019. Il est courant que celui que l’on appelle l’ »Underground GOAT » ait de bonnes infos sur les franchises et plus particulièrement sur ce cas de figure puisque l’arrière vit à Atlanta, la ville où se trouve actuellement les Clippers pour défier les Hawks ce mercredi.
« CP tenait les joueurs et les entraîneurs responsables [de la situation actuelle des Clippers]. Il y a eu une scène où il s’est adressé à l’équipe pour s’excuser en disant que ses critiques venaient du fait qu’il voulait jouer pour une bonne équipe. De l’autre côté, il critiquait aussi le front office et cela a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. » Lou Williams sur Run It Back
Même son de cloche du côté de Shams Charania : « Son leadership ne correspondait pas aux Clippers. Il n’a pas hésité à demander des comptes aux joueurs, aux entraîneurs et à la direction, ce qui a été vu comme une perturbation par l’équipe ». Il ajoute que Tyronn Lue et Chris Paul ne se parlaient plus depuis plusieurs semaines.
Au vu de ces déclarations, deux écoles vont s’opposer : ceux qui vont dire que Chris Paul a tenté de redonner un coup de fouet à son équipe et de par son rôle de vétéran et pour tout ce qu’il a apporté aux Clippers, il a le statut pour faire une telle chose. De l’autre, ceux qui vont dire qu’il n’avait pas le rendement nécessaire pour tenir ses coéquipiers responsables des mauvais résultats de son équipe alors que lui-même n’était pas bon.
Un deuxième constat qu’il faut compléter en rappelant que James Harden porte les Clippers comme il peut tandis que Kawhi Leonard est encore bon même s’il a déjà raté dix matchs. Pire encore pour le dossier Chris Paul, Tyronn Lue a été contraint de lancer les jeunes (Kobe Brown et Kobe Sanders) pour tenter de combler les contre-performances du duo Lopez – Paul et de pallier la blessure de Bradley Beal, mais il doit aussi envoyer Nicolas Batum au feu plus que prévu. Le Français joue 19 minutes par soir et le poids des années commence également à se faire sentir.
Comme on pouvait s’y attendre, il y a réellement eu une scission entre les Clippers et CP3 qui a donné lieu à cette fin en eau de boudin.
La suite
Désormais sans équipe, que va faire Chris Paul ? Partir à la retraite ou se lancer un dernier défi histoire d’essayer de ramener une bague avant de définitivement raccrocher les baskets ? Dans son communiqué, Lawrence Frank écrit qu’il « voulait travailler le meneur avec lui sur la suite de sa carrière », mais au vu des éléments rapportés par Lou Williams et Shams Charania, la fracture semble vraiment exister.
Du côté des Clippers, il reste encore quelques mois pour tenter de sauver la saison et tenter enfin de signer un joueur qui pourra apporter en sortie de banc. Également, il faut que les Voiliers récupèrent leurs blessés à savoir Bogdan Bogdanovic dont le retour n’est pas encore prévu, mais aussi Jordan Miller qui avait montré des choses intéressantes malgré un temps de jeu restreint en début de saison. Début 2026, la franchise de Los Angeles devrait retrouver Derrick Jones Jr., blessé au genou depuis la mi-novembre. Reste à savoir si les Clippers auront réussi à calfeutrer les trous de leur navire d’ici là.
Entre Chris Paul et les Clippers, il reste un dernier rendez-vous potentiel. Le retrait du maillot de futur Hall of Famer, mais avec cette fin d’histoire compliquée aura-t-il réellement lieu ? L’avenir nous le dira, mais ce ne serait pas la première fois que les Clippers et CP3 enterrent la hache de guerre.
Les deux camps avaient connu un premier climat de tension en 2017 lorsque le meneur a quitté la franchise en tant qu’agent libre pour rejoindre Houston sans négocier un sign-and-trade. Un climat refroidi lors de la fameuse affaire des portes secrètes en janvier 2018 lorsque l’ex-Clipper s’était servi d’une porte cachée reliant les deux vestiaires du Staples Center pour aller régler ses comptes avec ses anciens coéquipiers après un match houleux entre Clippers et Rockets.
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